Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub
[blocks in formation]

très-blan

Cet albinos a la peau che, très-fine et nullement écailleuse ou furfuracée; ses cheveux sont lisses, d'un blanc de lait, doux au toucher; les sourcils et les cils sont aussi blancs que les autres poils. Les paupières ont une forme semi-lunaire, il ne les ferme que difficilement pendant le jour,'

la nuit elles restent entr'ouvertes. Le blanc de l'oeil est pur, la pupille assez large, se contractant souvent. L'iris est d'une couleur rose si on le regarde au grand jour; il est violet si on le regarde rouge à la lumière diffuse. La portée de

d'un

la vue de cet albinos est très-courte, cependant il distingue les plus petits objets en les approchant à trois ou quatre pouces de ses yeux. Il n'est point nyctalope comme la plupart des albinos, c'est-à-dire qu'il ne voit pas mieux la nuit que le jour.

Les traits les plus remarquables dans les yeux de cet enfant est un mouvement d'oscillation et de balaucement prompt et continuel par lequel les deux yeux s'approchent ou s'éloignent régulièrement tous

deux ensemble, alternativement du côté du nez ou du côté des tempes; ce mouvement de va et vient du globe oculaire était bien plus prononcé dans la première enfance. L'ensemble de la physionomie du jeune Augustin est fort agréable, son front large et élevé annonce l'intelligence; son teint de lys ferait envie aux coquettes de la ville, et ses joues sont vivement colorées par l'incarnat de la santé. Ses formes extérieures sont bienproportionnées, leur conformation n'offre aucune anomalie, enfin sa décoloration semblerait ètre l'effet du hasard, si le hasard existait dans la nature.

Des personnes riches et bienfaisantes se sont p!u à développer les qualités intellectuelles dont cet albinos est doué; sa mémoire est très-vaste. Il y a quelques années il récitait correctement cent trente trois fables que des dames lui avaient apprises; aujourd'hui il les a en partie oubliées; mais en lui soufflant quelques vers il se rappelle les autres; la lecture a pour lui plus d'attraits que les jeux de son âge, et il n'oublie pas ce qu'il a lu. Son langage est plus épuré que celui de ses petits camarades dont il est l'oracle. Il sent qu'il n'est pas né les rudes travaux pour il toutes les occasions de s'élever et de la campagne, aussi cherche-tde s'instruire. Sa jeune ambition serait satisfaite s'il pouvait quitter son école de village, où il n'a plus rien à apprendre, pour entrer à la mutuelle de Lille ou il espère apprendre beaucoup.

(Messager Patriote du Nord).

LE BÉNÉDICITÉ DE SAINTQUENTIN. - Que ce titre ne vous effraie pas, belles et gentilles lectrices, il ne s'agit pas ici de ce bénédicité tout affublé de latin que vos aïeules récitaient encore avec une si grande ferveur au cominencement de chacun de leurs repas. Eclus d'une pensée religieuse, celui-là, après s'être échappé du monastère, vint heurter à la porte de chaque foyer domestique, et prit place à table comme un membre de la famille. Admis d'abord comme une nécessité, il fut ensuite conservé comme une habitude, jusqu'à ce que l'indifférence l'eût rendu une inutilité, et que la civilisation en eût fait justice complète en le restituant exclu sivement aux ordres monastiques. Celui dont j'ai à vous parler, naquit au contraire d'une pensée d'amour. Bien que son observance ne se pratiquât que dans une seule de nos provinces, la civilisation cependant ne l'a guère mieux traité que son frère aîné. Lui, qui fût au tems jadis si fêté par la noblesse, si choyé par la bourgeoisie, si caressé par tous; hélas ! à l'heure où je vous parle, le nombre de ses adorateurs est bien minime. Lui aussi a été tué par l'indifférence.

Voici, ce qu'à propos de son origine, je suis parvenu à déchiffrer, il y a peu de jours, sur un parchemin appartenant à la bibliothèque d'une de nos villes de Picardie.

Au tems ou le Saint-Quentimois était appelé le Vermandois

dans l'histoire, il existait à SaintQuentin (vers 1250 environ), une dame à la blonde chevelure et aux yeux bleus, dont la beauté était devenue proverbiale dans cette ville. Raoul IV, comte de Soissons et du Vermandois, poétiseur aux fraîches inspirations, en devint éperdument amoureux. La chronique ne dit pas si la gente dame octroya au noble chevalier le don d'amoureuse merci; mais elle ajoute qu'un jour le comte donna à Saint-Quentin un splendide repas, our assistait à sa gauche le côté du cœur la dame de ses pensées. Avant de toucher à aucun mets, Raoul proposa aux convives, au lieu de réciter en cominun le bénédicité d'habitude, d'en dire un de sa façon. Se doutant qu'il s'agissait de quelques joyeuse chansonnette de la façon du sire, pages, varlets, écuyers et chevaliers ne demandèrent pas mieux. Le comte se prit alors à chanter, d'une voix galante, une ballade tout nouvellement rhithmée en l'honneur de sa mie; à chaque strophe revenait ce refrain:

Ah! belle blonde
Au corps si gent!
Perle du monde

Que l'aime tant f

D'une chose ai bien grand désir.............
Eh! c'est un baiser vous tollir!

et ce refrain devenait pour chaque preux le signal d'accoler sa voisine en bon an, bonne étrenne.

Si le comte Raoul y trouva son avantage, ces chevaliers ne parurent pas non plus mécontens des profits qu'ils en retirèrent; car il n'en fut pas un seul qui, de re

tour à sa chatellenie, ne s'empressât de mettre en usage un bénédicité si facile à réciter.

Tant que les coeurs furent simples et les mœurs naïves, cette coutume, que l'on baptisa du nom de Bénédicité de St.-Quentin, par honneur pour la dame qui l'avait inspiré, se perpétua bien religieusement de génération en génération,

et la cérémonie des baisers survé

cut intacte longtems après que les habitans du Vermandois eurent perdu de souvenir la chansonnette du comte Raoul de Soissons.

Il y a quelques années encore, il n'existait pas de réunions de famille dans le St.-Quentinois, sans que chaque convive, après avoir pris place à table, ne s'empressât de donner à sa voisine le baiser

d'amitié. C'était un concert dont les motifs devaient aller droit au cœur, que celui-là, où des lèvres amies faisaient seules entendre leur claquement harmonieux ! c'était là aussi une sainte et vénérable coutume, trop empreinte d'une franche cordialité et d'une sincère fraternité, pour qu'elle pût se maintenir au milieu d'un monde où l'égoïsme fait trop souvent battre le cœur.

Aujourd'hui que la plupart de nos vieilles coutumes sont perdues, que nos usages nationaux disparaissent de nos mœurs, que nos traditions populaires s'effacent chaque jour de nos souvenirs, que nos croyances mêmes tombent une à une sous la faulx de la civili

[blocks in formation]
[ocr errors]

MERVILLE. La terre de Merville appartenait autrefois à Saint Maurand, fils d'Adalbald et de Saint Rictrude, fondatrice de l'abpatron de baye de Marchiennes, Douai. Il était chancelier du roi Thierri III, lorsque Ebroin fit assassiner son père et Leudèse, maire du palais, son cousin. Cette persécution, qui porta aussi sur Saint Léger, Saint Amé, et sur tous ceux qui avaient part au gouvernement, le détermina, ainsi que toute sa famille, à embrasser l'état monastique. Il fonda, l'an 674, près de Merville (1), dans un lieų nommé en latin Broilum (2), un monastère de Bénédictins, dont il fut le premier abbé, après avoir été ordonné diacre par Saint Amand. A la mort d'Ultan, abbé de Saint Furcy, à Péronne, à qui Saint Amé avait été confié durant son exil, Saint Maurand reçut de Thierri

[merged small][ocr errors]

(2) Broilum, Brolium Brulium, Brolius et autres, signifient bois, forêt. C'est d'eux que nous sont restés Breuil. Breuille, Bruille, Brule; de là des noms de famille Dubreuil,

sation, le Bénédicité de St.-Quen- Dubruille, Dubrulle. Bruilum est parfois em

tin ne devait pas échapper à la

ployé pour désigner un pré.

III un ordre de se charger de ce prélat et de le conduire dans son monastère. Il l'accueillit avec plaisir et engagea Saint Amé à prendre la conduite de ces religieux, à qui il donna tous ses biens.

Ce saint évêque mourut vers l'an 690. Son corps fut conservé à Broyle jusqu'en 870, où par crainte des Normands, les religieux s'étant retirés à Douai, l'y transportèrent. Merville s'accrut considérablement pendant les deux siècles que dura ce monastère, mais l'un et l'autre furent détruits par les Normands. Merville se releva depuis, et forme une petite ville, d'une propreté remarquable et très-renommée par son commerce de toile et de linge de table.

Les religieux de Broyle sécularisés, se fixèrent à Douai, et furent connus depuis sous le nom de chapitre de Saint Amé. Ils ne relevèrent point le monastère, mais ils firent bâtir une chapelle sur son emplacement, et cette chapelle devint par la suite un couvent de capucins.

Une bulle du pape Luce III, de l'an 1183, est relative à Merville; c'est une donation faite à l'abbaye de Maroeul.

La seigneurie de Merville appartint longtems au chapitre Saint Amé, et la cure de son église était à la nomination du prévôt de ce chapitre.

Merville fut brûlé par les français dans la guerre qu'ils eurent avec les flamands en 1347.

Il y avait avant la Révolution, dans cette ville, uu couvent de capucins, un autre de religieuses de l'ordre de Saint Dominique, dit de Sainte Catherine de Sienne, et un collége, dit d'Humanités, desservi par des prêtres séculiers.

Le magistrat de Merville était l'un des chefs-collèges de la Flandre maritime et à la nomination du roi. Il se composait d'un majeur et de sept échevins, qui y exerçaient toute justice à l'exception des causes réelles qui se portaient pardevant les officiers du seigneur.

Labourre, dans le voisinage de la Assise sur la Lys et le canal de belle forêt de Nieppe, Merville offre un séjour agréable.

A une lieue de cette ville, sur la route qui conduit à Hazebrouck, dans la forêt de Nieppe, était autrefois une maison de chanoines

réguliers, de l'ordre de la Sainte Trinité, nommée Préavin, et fondée en 1595, par Robert de Bar, seigneur de Cassel. Robert Gaguin, depuis général de son ordre et auteur d'une histoire de France, y prit l'habit. Il était né à une lieue et demie de là, au village de Calonne, sur la Lys; il y mourut le 22 juillet 1502.

Merville compte près de 6000 habitans.

D

DUBOIS, ARCHEVÊQUE DE CAMBRAI. Le cardinal de la Trémouille étant mort à Rome et laissant l'archevêché de Cambrai

[ocr errors]
[blocks in formation]

[ocr errors]

Tu fais des rêves bien ridicules ! Eh! pourquoi ne me feriez vous pas archevêque comme un autre? Toi? archevêque !...... Miséri corde! Alors Dubois cita tous les garnemens que lui et Le Tellier avaient donnés à l'église. Le règent ennuyé de la liste et fatigué de la persécution, lui dit : — Mais tu es un sacre...... et quel autre sacre voudra te sacrer? Oh! s'il ne tient qu'à cela, monseigneur, mon affaire est bonne. J'ai mon sacre tout prêt; votre premier aumonier, l'archevêque de Rheims. Il est dans votre antichambre; il sera charmé de la préférence ; je vais vous l'a

mener.

[ocr errors]

Il vole à l'instant même à l'antichambre, dit à Tressau la grâce qu'il vient d'obtenir, et le désir qu'a le Régent que lui Tressan soit le conservateur. Celui-ci y consent Dubois le prend par la main, le présente au Régent et redouble de remerciemens. Tressan y ajoute l'éloge du sujet. Sur quoi Dubois sort, et publie qu'il est archevêque de Cambrai, comptant par lå et sans doute avec raison, arrêter toute demande.

Il écrit ensuite à Néricault Destouches, qu'il avait laissé à Londres, chargé des affaires à sa place, d'engager le roi George à demander au Régent l'archevêché de

Cambrai pour le ministre, auteur de l'Alliance. A cette proposition le roi d'Angleterre, partant d'un éclat de rire : — Eh! comment voulez-vous, dit-il à Destouches, qu'un prince protestant se mêle de faire un archevêque en France ?... le Régent en rira et sûrement n'en fera rien. Pardonnez-moi, sire, dit Destouches, il en rira, mais il le fera. Et tout de suite il lui présente une lettre très-pressante et toute écrite. Donne, puisque cela te fait plaisir, dit le monarque et il signa.

[ocr errors]
[ocr errors]

Dubois fut nommé. Il alla prendre possession, et pour cela se rendit en poste jusqu'à Bonavis; dès qu'il eut vu les clochers de son église il fit retourner sa voiture, pensant probablement qu'il ne devait pas pousser la chose jusqu'à s'asseoir sur le siége qu'avait occupé Fénélon.

Le cardinal Dubois voulait faire revivre pour lui l'ancienne souveraineté de Cambrai. Il écrivit à Chavigny, à Madrid, d'en rechercher les titres en Espagne.

« Si le Roi d'Espagne, dit-il » dans sa lettre, a été usurpateur, comme il le parait par les pro>> testations que les archevêques » ont toujours faites, le Roi d'Es»pagne est injuste détenteur. » Chavigny ne put réussir dans ses recherches.

(Extrait du Mémorial de Duclos, inséré dans un recueil de Pièces intéressantes el peu connues, par Delaplace, Bruxelles, 1781, in-12.

« VorigeDoorgaan »