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ΧΧΙ.

LES HOMMES ET LES CROSES.

EGLISE DE ST-QUENTIN. L'Eglise de Saint-Quentin, quoique privée des tours qui font le grand appareil des édifices religieux du moyen âge, n'en est pas moins majestueuse et remarquable: sa structure a toute l'élégance et la délicatesse du beau gothique. Son ensemble est vaste et l'harmonie de toutes ses parties est admirable. On peut en voir de plus grandes, non de plus hardies; son élévation est saus rivales. Placée sur le sommet de la colline qui porte toute la ville, elle domine étonnamment la contrée. Tout est petit à son aspect.

Depuis le grand portail jusqu'à la chapelle de la Vierge, qui est à l'opposite, derrière le chœur, elle développe une étendue de 390 pieds non compris le parvis du grand portail, qui est encore d'une grande dimension. La hauteur, depuis le pavé jusqu'au haut de la voûte sous clef, est de 120 pieds. La nef, de

puis la porte de l'église jusqu'à l'entrée du choeur, en a 199, Les grandes croisées du choeur et de la nef, au nombre de 110, ont 40 pieds de hauteur. On y compte vingt-trois chapelles et soixantedix-huit piliers.

Cette eglise dont le portail est lourd, massif, et sert de gros clocher, présente deux singularités remarquables : la première est d'avoir double grande croisée, comme une croix archiepiscopale, partie dans laquelle elle a 130 pieds de largeur, avec trois nefs et cinq chœurs; la seconde est que tous les

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trumeaux du choeur sont déversés en dehors: le fort-plomb, depuis la naissance des voûtes jusqu'aux piliers qui supportent ces trumeaux est de 18 pouces, c'est mal-à-propos qu'on a prétendu que c'était une production de l'art. Ce fortplomb n'est point égal dans chaque trumeau tous les alignemens sont dérangés en dedans comme en dehors, les contre-forts et arcsboutans sont aussi déversés, les. voûtes ont croûlé et ont été reconstruites plusieurs fois ; tout cela n'est arrivé que par la poussée des voûtes et la faiblesse des piliers de base, qui, dans leur première construction, n'avaient que trois pieds de diamètre, et cependant supportaient les trumeaux qui en ont sept et demi, parceque dans ces trumeaux on a voulu pratiquer des galeries et marche-pieds en dedans et en dehors.

A cette époque il parut nécessaire de fortifier les piliers qui couronnaient l'enceinte circulaire du chœur des murs furent construits qui en enveloppaient le pourtour, cordon de sculpture en pierre fut dans leur partie supérieure; un élevé à grands frais, reproduisant avec une grande naïveté, une merveilleuse énergie et beaucoup de grâce d'exécution pour le temps toutes les circonstances de la prédication, du martyre, de la mort et des miracles de St.-Quentin. Dans les dernières années de son existence, le chapitre ennoblit ce petit chef-d'œuvre de goût gothique, d'une restauration magnifi¬

que, en le couvrant de couleurs et de dorures. Il fut le premier súr lequel la philosophie porta, en 1793, ses outrages et ses marteaux.

Cette église a souflert plusieurs incendies , sans parler de ceux qu'elle subit de la part des Normands, elle fut ruinée dans ses parties supérieures par le feu du ciel, en 1545, et en 1669 par la négligence d'un couvreur qui soudait des plombs. Deux processions commémoratives qui se célèbrent encore les 11 avril et 14 octobre, en perpétuent le souvenir. Dans l'incendie de 1669, toute la charpente fut brûlée, les plombs, les cloches et les orgues furent fondus.

Ce dégât, en altérant les anciennes voûtes, demanda une réparation solide. En 1761, Louis XV accorda les fruits de la vacance des dix premiers canonicats, pendant dix ans ; en 1763, on avait refait à neuf une partie des voûtes du choeur et de la nef. En 1765, on entreprit le reste.

surmonté

Le milieu de la première croix, séparative de la nef et du chœur, était extérieurement surmonté d'un petit beffroi en charpente, pour contenir six cloches, lui-même d'une petite lanterne où était placée une horloge, de laquelle s'élançait à une prodigieuse hauteur une flèche recouverte en plomb et d'une composition légère.

En 1793, les cloches, la lanteret la flèche disparurent. Le beffroi seul resta, et aujourd'hui il est occupé par six nouvelles cloches, qui furent fondues dans les cours

du collège, le 26 septembre 1803. Celles qu'elles remplacèrent portaient la date de l'année 1677.

On ne put également remplacer les bourdons suspendus au-dessus du grand portail. Là se balançaient, les jours des grandes solennités chrétiennes, neuf cloches parfaitement en harmonie; la plus grosse, du poids de 12 à 13,000, fut seule conservée pour servir de tocsin.

On remarquait principalement dans cette église un buffet d'orgue, le plus beau peut-être du royaume; il coûta 80,000 francs il a été respecté. Plus, deux chapelles en marbre, à l'entrée du choeur au lieu d'un ancien jubé, démoli en 1730; elles ont été mises en poussière, et les deux belles statues, que Bouchardon y avait placées, mutilées à coups de hâche (1). Ensuite, une grille en fer, tée en 1735, par un serrurier nommé Denelle, de St.-Quentin, chef-d'œuvre de dessin et d'exécution, surmonté d'un christ en bronze doré, payé 3,000 francs; elle a été mise en pièce et vendue à la livre (2).

exécu

L'église de Saint-Quentin, fondée en 551 par l'établissement d'une petite chapelle, n'a pu arriver à son entière perfection que dans le 15 siècle. En 1477, Louis XI y

(1) Ces deux statues, restaurées à grands frais en 1826, par le sieur Détrois de SaintQuentin, ornent maintenant les deux au

tels en marbre que la fabrique a fait elever aux deux piliers de l'entrée du chœur.

(2) L'encadrement de cette grille existe encore à la porte du choeur.

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Armen

ARMENTIÈRES. tières est une jolie petite ville, assise sur les bords verdoyans de la Lys et sur les confins de la France vers la Belgique. Le plus ancien acte que nous connaissions, relatif à Armentières, est un diplôme de Charles-le-Chauve, de l'an 807. Par cet acte, le prince donne ce village avec plusieurs autres à l'abbaye de Saint-Waast, pour en jouir après ceux qui le tenaient en précaire. Cette donation fut confirmée par Hincmar, archevêque de Rheims, au concile de Verberie, l'an 870, et signée par les archevêques, évêques et abbés, qui assistaient au concile.

La possession de l'autel d'Armentières fut confirmée à l'évèque d'Arras, par le pape Eugène III, l'an 1152, et celle d'une dîme au même lieu, dont partie à Frelin

ghem et partie à Fleurbaix; à l'abbaye de Château-l'abbaye, prés Mortagne, par Alexandre III, l'an 1173.

Il existe un autre acte ancien qui se rattache à Armentières, c'est un diplôme de la comtesse Jeanne, du 6 mai 1230, relatif à une donation faite à l'abbaye de Marquette.

Armentières eut beaucoup à souffrir des guerres qui désolèrent tant de fois la Flandre. Les anglais et les flamands. commandés par le comte de Salisbury, la prirent en 1339 sur Louis de Nevers, comte de Flandre, malgré la vigoureuse résistance que leur opposèrent les genevois qui y tenaient garnison; elle fut alors pillée et incendiée. Les français venus au secours de Louis-de-Mâle, la pillèrent encore en 1582. D'affreux incendies la réduisirent en cendres en 1420, 1467, 1518 et 1589. Les hérétiques ou Gueux de Flandre, comme on les nommait alors, pillèrent et renversèrent son église en 1566.

Charles-Quint fit agrandir et fortifier cette ville en 1509; il parait que jusqu'alors elle n'avait été entourée que d'un fossé et d'un faible rempart. Les maréchaux Gassion et Rantzau (celui qui avait été par la guerre, qu'il n'avait plus qu'une des parties du corps de celles que les hommes ont en double), la prirent en 1645. L'archiduc Léopold la reprit en 1647, après quatorze jours de tranchée ouverte ; enfin, les Français s'en rendirent maîtres de nouveau en 1667, et la

tellement maltraité

démantelèrent. Cependant, le maréchal d'Aumont étant resté à Armentières avec son armée durant le siège de Douai, qui eut lieu la même année, fit rebâtir une partie de ses fortifications. Elle est de

meurée à la France, par la paix conclue à Aix-la-Chapelle, le 2 mai 1668; mais, depuis ce tems, elle n'est plus considérée comine place de guerre.

Armentières était autrefois re

nommée par ses fabriques de différentes étoffes. Celles que l'on appelait Etamettes étaient en usage partout, et celles connues sous le nom de Quatre Couleurs étaient fort recherchées en Italie et dans le Levant. Charles- Quint, après avoir mis autant qu'il dépendait de lui, les habitans d'Armentières en sûreté, en fortifiant la ville, fit fleurir leur commerce par des privilèges. Les échevins lui ayant exposé que leur ville était fondée sur le fait de la draperie et des marchandises, principalement de laines, draps, weddes, garances, etc., et que l'appel de leurs sentences en ces sortes de matières leur portait un grand prejudice, ce prince ordonna, par des lettrespatentes du 16 mai 1550, que leurs sentences s'exécuteraient en quelque sorte nonobstant appel, c'est à-dire que l'appelant serait obligé de consigner l'importance de ce à quoi il aurait été condamné, donner caution pour les dépens et l'amende, et qu'il serait libre aux parties qui auraient obtenu gain de cause, de lever les fonds ou objets consignés, en donnant cau

leur restitution et le paie

tion pour
ment des dépens.

Cette ville a encore plusieurs fabriques et manufactures importantes. Ses foires et marchés de

toile et de blé sont très-fréquentés.

De 1622 en 1765, les Jésuites desservirent un collége à Armentières, et avant la révolution de 1789 on y comptait un couvent de capucins, un de brigittines, l'ordre de Saint-Augustin, un un de religieuses réformées de de religieuses de Saint-François, qui avaient le soin d'un hôpital, un de religieuses de Saint-François de Sales, et une maison de des frères des trois ordres de Saintforce pour les aliénés, dirigée par François. Cette maison existe encore sous le nom de BONS FILS, mais elle est administrée des par Laïcs.

Bernard Everard, auteur de quelques poèmes et vers latins, imprimés à Douai en 1554, était d'Armentières, ainsi que Pierre Hassard, auteur d'ouvrages sur la médecine et l'astronomie, celui-ci vivait vers le milieu du 16a siècle. Armentières est également la patrie du Jésuite, père Martin Lhermite, auteur de l'histoire des Saints de Lille, Douai et Orchies, et de celle des ducs et duchesses deDouai; il composa aussi un catéchisme touchant la grâce, qui fut condamné à Rome le 6 octobre 1650; enfin, Armentières a vu naître Philippe Dumont, dit Montanus, docteur en théologie de l'Université de Paris. Il est le premier qui ait

fondé des bourses au collège de Marchiennes à Douai, en faveur des pauvres écoliers. Elles étaient au nombre de trois et à la nomination des échevins de Douai, en qualité de proviseurs de la dot. Montanus a revu les œuvres de Saint-Chrisostôme et traduit en latin quelques traités de l'Ecriture Sainte et de Théologie.

Armentières a possédé jusqu'au delà de 8000 habitans; elle n'en compte en 1835 que 6338.

On applique vulgairement à Armentières les épithètes de pauvre et fière. Nous avons vainement cherché l'origine de ce dicton.

(Mémorial de la Scarpe.)

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yeux roses.

dut être une variété de l'espèce humaine. Ce ne fut que lorsqu'il commença à distinguer les objets qui l'environnaient, que sa mère s'aperçut qu'il avait les Cette observation fut communiquée à plusieurs personnes de l'art qui constatèrent le phénomène. Dès ce moment, le jeune Augustin Vangave devint le sujet de toutes les conversations; chacun voulait le voir, le caresser; et sa leucopathie fut pour lui une source de jouissances que la bonté du public rendait inépuisable.

Pour le vulgaire, rien de plus facile à expliquer que l'apparition de ce singulier phénomène. La mère du petit Augustin avait vu une albinos pendant sa grossesse, son imagination avait été vivement frappée, dès lors il était tout naturel qu'elle mit au monde un albinos; mais, pour des observateurs attentifs, une telle explication estelle satisfaisante? Non, sans douprécédent, c'est plutôt pour ne te; et si j'ai rapporté les détails qui rien omettre des renseignemens qui m'ont été fournis, que pour propager une erreur contre laquelle l'expérience des naturalistes s'élève depuis long-temps.

La coïncidence de la grossesse de la femme Vangave et l'impression de terreur que lui fit éprouver l'albinos italienne est un fait. Je ne me charge point d'en tirer des conséquences.

Le jeune albinos d'Esquermes est l'aîné de cinq enfans; sa mère est une petite femme brune, vive

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