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Mons, chef-lieu du département N'aura-t-on pas trouvé que la tête

de Jemmappes.

Au citoyen Delmotte, bibliothécaire du département susdit,

Citoyen,

Il existe dans le local que vous occupez une figure en bois qui n'offre rien qui puisse la rendre digne d'être placée au muséum. Vous avez entendu le citoyen Hallez et Martin, artistes, chargés de recueillir les objets d'arts, s'expliquer positivement sur cette figure, qui ne paroit destinée qu'à en faire une déesse de la Liberté, en changeant l'attitude de ses bras, nous en avons donné connoissance à l'administration centrale. Vous connaissez combien elle nous est nécessaire lors de la célébration des fêtes nationales dans la commune. Veuillez laisser suivre cette figure représentant Hérodias, au citoyen Martin, chargé par nous de lui donner l'attitude nécessaire à sa nouvelle destination, il vous donnera son récépissé au bas de la présente lettre.

Salut et fraternité. Signé: P. Mambour, adm. au 6o; A. Pepin, munic.; N. X. Gigault, adm.; F. Dumont, secret.

Au bas est écrit: Le citoyen Delmotte, bibliothécaire, m'a laissé suivre la figure mentionnée dans la lettre ci-dessus. Mons, le 15 messidor an 6. Signé : A. J. Martin, sculpteur.

Hérodias en déesse de la Liberté! cela surprend d'abord, mais en réfléchissant un peu on conçoit mieux une telle métamorphose.

de saint Jean-Baptiste figurerait à merveille celle d'un aristocrate ou d'un suspect guillotiné? Rien ne le prouve, mais cela n'est pas impossible.

:

H.D.

MENY. Pendant le blocus de Dunkerque, le 24 août 1793, le brigadier Meny reçut l'ordre d'aller, avec 16 hommes, attaquer une position importante, occupée par des forces supérieures. Il partit. Etant parvenu à tourner cette position, il l'enleva de vive force, poursuivit l'ennemi, lui fit plusieurs prisonniers, et réussit, après un combat des plus opiniâtres à le mettre en fuite. Le brave Meny jouissait de son triomphe, lorsqu'il fut assailli par des troupes fraîches longtems il leur résista avec vigueur; mais ayant reçu plusieurs blessures, il fut mis hors de combat et laissé pour mort sur le champ de bataille. Cependant, ayant recouvré assez de forces pour se traîner à quelques pas de là, il alla se cacher dans un champ d'asperges, et y demeura pendant plus de trois heures : des soldats français l'ayant enfin apperçu et ayant vu qu'il respirait encore, le recueillirent et le transportèrent à l'hôpital; ils apprirent de lui que se croyant au moment de mourir, il avait enfoui sa montre et son portefeuille dans la crainte que ces objets ne devinssent la proie des ennemis de la république. « Si je meurs, di>> sait-il, un bon laboureur les trou>> vera, il s'en servira pour acquit» ter la dette du sol envers l'état,

» et l'état paiera des soldats qui >> iront venger ma mort.» Ce guerrier ne succomba pas à ses bles

sures.

X.

LE BANQUET DES BERNIERS. — On a aujourd'hui une idée peu exacte de la richesse et de l'importance des notables bourgeois de la noble et franche ville de Valenciennes au moyen-âge. Le fait suivant pourra éclairer la génération nouvelle sur ce point.

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L'an 1533 ou plutôt 1334 (nouveau style) vers la chandeleur, le comte de Flandre, armant pour faire la guerre au duc de Brabant, se rendit avec tous ses confédérés à Valenciennes pour y conférer avec le comte Guillaume de Hainaut. Celui-ci se trouvait en ce moment malade de la goutte en son palais de la Salle-le-Comte; il requit Jean Bernier, fils de son Prévôt, notable et riche bourgeois de Valenciennes, de traiter toute cette noblesse dans sa belle maison sise à la Hamayde, devant le pont de St Paul et derrière celui des Molineaux. Comme ces nobles hôtes étaient à table, le roi de Navarre, Philippe d'Evreux, arriva en ville et descendit à l'hôtellerie du Cygne. Jean Bernier l'ayant su, s'empressa d'aller supplier S. M. navarroise d'honorer de sa présence sa maison et les princes qui s'y trouvaient réunis. Le roi, apprenant la maladie du comte Guillaume, pensa qu'il valait encore mieux diner chez un bourgeois

que de ne pas diner du tout, il accepta l'invitation. Bernier se piqua d'honneur, il régala avec une magnificence vraiment royale cette auguste assemblée, composée de deux rois, de huit comtes souverains, de vingt-quatre des premiers seigneurs de la contrée et des dix plus notables bourgeois de la ville. Chaque convive, roi ou duc, gentilhomme ou vilain, avait à ses côtés une Valenciennoise, qu'on avait eu le soin de prendre parmi les plus distinguées et les plus jolies. Cette galanterie ne fut pas la moins appréciée par les têtes couronnées et les preux chevaliers qui les accompagnai

ent.

Les annalistes nous ont conservé non-seulement la composition des tables, mais même celle des mets et les noms des vins qui désaltérèrent les nobles conviés. même de l'historien Du tems d'Oultreman la mémoire de ce banquet estoit encore aussi fresche, dit-il, comme s'il n'y eust que vingt ans que la chose fust passée. Il paraît que ce souvenir s'était surtout perpétué par les dames. Nous nous bornerons à consigner ici les noms des illustres dineurs et de leurs jolies voisines.

Ire table. 6 couples.

Henry de Flandre, comte de Lodes, et Marie de Nouvion, femme de Jean Bernier, Prévôt-leComte.

Jean de Luxembourg, roi de Bohème, et Catherine de la Croix, femme de Pierron le Poivre.

Philippe d'Evreux, roi de Na

varre, et Isabelle de Baissy, femme de sire Simon du Gardin.

Adolf de la Marche, évêque de Liége, et Isabelle de Baralles, femme de sire Amaury de le Vigne.

Louis de Nevers, comte de Flandres, et Maigne (Magdelaine) de Prouville, femme de Jean de Quaroube.

Renoud, comte de Gueldres, et Maigne à le Taque, femme de sire Jacquemon Gouchés.

2o table. 5 couples. Guillaume, comte de Juliers, et Marie Bernier, femme de Jacquemon du Sart.

Jean, comte de Namur, et Isabelle de Braffe, femme de Jean Bernier Minor.

Jean de Hainaut, seigneur de Beaumont et comte de Soissons, et Maigne de Hesque, femme de Jean de Baissy.

Le comte de Nassau et Marie de Baissy, femme de Jean Partit.

Le comte de Grand-Pré et Maigne Creste, femme de Jacquemon le Cochon.

3e table. 7 couples. La comtesse de Hainaut, Jeanne de Valois, épouse du comte Guillaume-le-Bon.

Guillaume, damoisel de Hainaut (fils ainé du comte Guillaume), depuis comte d'Ostrevant, et Isabelle de St.-Sauve, femme de Jean-le-Vilain.

Le Sgr. de Vornes et Isabelle de le Sauch, femme de Wausquier de Hesque.

Le Sgr. d'Enghien et Billehault du Gardin, femme de Jean Bernier

le jeune.

Le Sgr. de Bousies et Marguerite de Condé, femme de Nicaise de le Sauch.

Henry, seigneur d'Antoing, et Isabelle le Vilain, femme de Robert Party.

Le Sgr. de Guistelle et Isabelle de Hesque, femme de Thierry de Somaing.

Le Sgr. d'Ogimont et Agnès de Landas, femme de Jean du Gar

din.

4e table. 7 couples.

Le Sgr. d'Erkelen et Isabelle du Gardin, femme de Pierron de Baralles.

Le Sgr. de Barbançon et Marie de le Cauchie, femme de Jacquemon le Vilain.

Le Sgr. de Praet et Philippine du Gardin, femme de Jean-leCochon.

Le Sgr. de Fagnoelles et Maigne Brochon, du château S. Jean.

Le Sgr. de la Hamayde et Maigne Pollet, fille de Jean Pollet.

Le Sgr. d'Havré et Isabelle, fille de Jacquemon le Cambgiers (ou changeur).

Le Sgr. de Hornes et Isabelle Broquette, femme de Jean de Werchin, maître-queux du comte Guillaume.

5e table. (Sans dames). Les seigneurs Jacques d'Augimont, de Gommegnies, Oulfart de Ghistelle, Henry de Liedekerque, Henry de Brederode; les seigneurs de Mastaing, de Pottes et Jean de Liseroelles.

6e table. (10 bourgeois). Amaury de le Vigne, Jean de

Quaroube, Alard du Gardin, Jean de le Sauch, Jacquemon Gouchez, Jean Pollé, Jean de Baissy, Jacquemon le Cambgiers, Pierron le Poivre et Jean Party.

Ces notables habitans étaient les pères et les maris des dames des quatre premières tables. Jean Bernier le Jeune servait en qualité de maître d'hôtel.

Telle est pourtant la vicissitude des choses humaines et l'instabilité des biens de ce monde ! La maison qui vit au XIVe siècle tant de nobles convives est aujourd'hui la demeure d'un honnête nourrisseur (1); les salles où les rois de Bohème et de Navarre prirent leur repas sont métamorphosées en étables, et dans ces lieux où nos dames du moyenâge exercèrent le pouvoir de leurs charmes, gisent pêle-mêle la noire génisse et la blanche brebis. Les Berniers eux-mêmes, à la suite de tant de gloire et d'honneur, aprés avoir été les plus riches habitans de Valenciennes, et avoir possédé Main, Thiant, Vicq, L'Eschelle, et tant d'autres belles et riches terres, après avoir eu en propriété une chapelle entière de l'église de St.-Jean où reposaient pompeusement les cendres de leur famille; ils ont vu l'inconstante fortune leur tourner le dos, et devenir tellement marâtre pour eux, qu'en 1520, l'abbé de St-Jean voulant racheter la chapelle des Berniers, ne trouva plus qu'une pauvre femme de village, dernière descendante de

(1) M. Baudrin, cultivateur, demeurant rue St-Génois.

cette antique famille, qui vendit tous ses droits à l'abbaye pour un seul mencaud de blé. Habent sua fata.......! A.D.

JEANNE D'ARC A BEAUREVOIR. Le village de Beaurevoir situé au milieu de la forêt de ce nom, aux confins de la Picardie et du Cambrésis, près du Catelet et non loin de Guise, était jadis renommé par la force du château féodal qui en défendait l'approche, et par l'ancienne source de l'Escaut qui jaillissait du pied de son église ; le cimetière en a retenu le nom de Sommescaul (Haut-Escaut) quoiqu'aujourd'hui la naissance de ce fleuve soit descendue à une demi-lieue de là, au bas du Mont-StMartin. On raconte que cette émigration vient de ce qu'un certain marquis de Nesle, a bouché l'ancienne source , pour cultiver un marais qu'elle inondait.

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La forteresse de Beaurevoir a longtems appartenu à l'illustre famille de Luxembourg qui la possédait du chef de Jeanne de Beaurevoir, seule héritière de cette famille, laquelle épousa en secondes nôces, vers 1250, Wallerand de Luxembourg, premier du nom seigneur de Liney et de Roussy. C'est un des descendans de ce seigneur qui commandait l'armée du duc de Bourgogne fesant le siége de Compiègne en 1430. Le 24 mai 'de cette année, Jeanne d'Arc fut entourée dans une sortie qu'elle fit de la ville; abattue de son cheval, elle fut forcée de se rendre au bâtard de Vendôme qui se trouva à sa portée. Celui-ci la remit au comte de Luxembourg, général de l'ar

mée. La prisonnière fut d'abord conduite au château de Beaulieu, d'où elle pensa se sauver en sautant du haut des remparts dans le fossé : c'est ce qui obligea de la transférer au château du Crotoy qu'on comparait à celui de la Bastille de Paris. Elle y resta quatre mois, mais le comte de Luxembourg, qui comptait tirer bon parti d'une telle capture, ne la croyant pas encore en sûreté dans cet endroit, la fit conduire dans sa belle forteresse de Beaurevoir. On y montre encore les restes d'une tour où elle fut enfermée elle n'est abattue que depuis peu d'années. Tandis que la Pucelle gémissait captive, on lui racontait que Compiègne réduite à l'extrêmité, demandait à capituler; ce qu'on refusait d'accorder aux habitans afin d'intimider les autres villes qui s'étaient soumises à Charles VII; on voulait, lui disait-on, mettre tout à feu et à sang et occire même les enfans à la mamelle. Ces discours affligèrent si fort Jeanne-d'Arc qu'elle résolut de sauter du haut de la tour où elle était prisonnière pour aller secourir des sujets aussi fidèles à leur souverain. S'il faut en croire une tradition encore répandue dans le pays, la Pucelle aurait, dans cette circonstance, sauté par une fenêtre élevée de soixante-dix pieds au-dessus des fossés. Mais s'étant blessée dans sa chûte, elle fut arrêtée à un quart de lieue de là, aux fermes de Follemprises, dont le nom semblait d'un fatal augure pour le dessein formé par la Pucelle. Ses geoliers sans pitié, la ramenèrent blessée et souffrante dans le même donjon. Le comte de Lux

embourg fut accusé peu de tems après, d'avoir reçu dix mille francs, somme énorme pour le tems, pour livrer aux Anglais sa captive.

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Le propriétaire actuel du château de Beaurevoir, ou plutôt de ses ruines, a découvert, dans les anciens fossés, des bouts de flèches triangulaires, que peut-être les arbalètriers du comte de Luxembourg ont tiré sur la pauvre prisonnière. Il a aussi trouvé une boîte en cuivre ciselé renfermant dix pièces d'or dont il s'est défait avant qu'on ait pu s'assurer de l'époque où elles avaient été frappées. Si l'on avait recherché avec soin les dates de ces objets, on aurait peutêtre découvert que cette boîte avait été perdue dans le saut périlleux que la fugitive Pucelle avait fait à Beaurevoir.

A. D.

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COLIN-MAILLART. - JeanColin Maillart était un guerrier fameux du pays de Liège. Il avait pris le nom de Maillart, parce que dans les combats ils s'armait de préférence d'un maillet, dont il se servait en fort et vigoureux champion. Ses exploits lui méritèrent l'honneur d'être fait chevalier, en 999, par Robert, roi de France. Dans la dernière bataille qu'il livra à un certain comte de Louvain, il eut les deux yeux crevés, mais guidé par ses écuyers, il ne cessa de se battre tant que dura l'affaire qui était engagée. On assure que c'est à la suite de cet événement que nos ayeux, il y a environ huit siècles, inventèrent le jeu du Colin-Maillart.

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