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le candidat chez l'électeur et l'arracheur de dents près des mâchoires.

Il se fanfile derrière vous d'un

t'huile; au printems enfin des oiseaux à dénicher et des salsifis goulus à tordre.

Quelquefois le gamin Saint

air mystérieux et vous propose du Quentinois est boiteux ou bancal,

tabac de contrebaude.

J'oublie de vous dire son costume: il a d'ordinaire la moitié d'un pantalon, quelquefois une bretelle, jamais de chemise.

Sa chaussure: il a une pièce au derrière; cette partie de son individu est la semelle qu'il use le plus habituellement.

Le gamin Saint-Quentinois est ami de la gloire, il a un esprit national très-prononcé : il va au faubourg recevoir et haranguer à sa manière les soldats qui passent ou qui viennent en garnison; il sert de cortége, marque le pas comme eux, et accompagne la musique du régiment avec ses castagnettes d'ardoise.

Il est la providence des cuisinières, dont il porte les paniers au marché, galanterie qui lui est payée en menus débris de cuisine;

ses relations avec les cordons bleus ne s'arrêtent pas là; ii leur vend du sable à récurer, qu'il fabrique avec les pavés soustraits à la voie publique; et si par hasard un appariteur le surprend, l'adroit gamin s'en débarrasse en lui jetant de la poudre aux yeux.

Ses plaisirs varient suivant la saison la natation en été, son école est au vieux port; les glissades en hiver, sur ses talons ou son derrière, indifféremment; en automne, des têtes de pavots à croquer, ce qu'il appelle faire de

mais jamais manchot. Une autre fois, je vous dirai une variété de l'espèce le cotonniér.

F. D.

LE CHATEAU DE COUCY.Dans la partie de la Picardie située entre St.-Quentin et Soissons, à quatre lieues de cette dernière ville, au milieu d'une vallée magnifique et sur une montagne peu élevée, mais qui domine des sites variés et pittoresques, on voit une petite cité, entièrement environnée de murailles flanquées de fortes tours, dont l'aspect fait rêver involontairement au moyen âge, ce tems de cheva – lerie qui a laissé tant de souvenirs de poésies, de gloire et de loyauté. Les abords de cette ville, bornée de tous côtés par les versans de la montague, sont rudes et escarpés. Des portes basses et sombres, pratiquées entre des tours énormes percées de meurtrières, donnent à chaque entrée de la place un aspect formidable, adouci cependant par le charme tout romantique des plantes sauvages qui se déroulent en longs festons à l'extérieur des murailles. Au couchant, sur cette même montagne, et dans la même enceinte, s'élèvent quatre tours d'une prodigieuse grosseur, liées entre elles par des remparts élevés, formant un carré irrégulier, d'où s'élance avec majesté une tour, admirable par sa force

et l'élégance de ses proportions, qui commande la ville et une immense étendue du pays. Dans cette enceinte existait jadis un château dont le nom a été rendu

fameux par ses possesseurs, placés au premier rang dans les annales de la vieille monarchie, par leur puissance, leur valeur et leurs grandes richesses.

Cette ville et ce château portent le nom de Coucy.

Bâti par Enguerrand-le-Grand, sire de Coucy, l'un des barons français les plus éminens du XIIe siècle, ce château fut, pendant près de 300 ans, la pépinière féconde d'où sortirent les Raoul et les Enguerrand de Coucy, la fleur de la chevalerie, ces preux qui, toujours les premiers sur le champ de bataille, semblent avoir compté au nombre de leurs priviléges celui d'y trouver leur tombeau. Le dernier d'entre eux, Enguerrand VII, résuma en personne la gloire de ses aïeux. Archiduc d'Autriche, comte de Bedfort et d'Angleterre, comte de Soissons, revêtu des charges les plus hautes à la cour de France, cité partout comme modèle de bravoure et de loyauté, recherché des rois de l'Europe entière, et en particulier d'Edouard III d'Angleterre, qui lui donna sa fille en mariage; doué de mille qualités précieuses, beau de corps et d'un esprit orné, ce sire de Coucy mourut des blessures qu'il avait reçues dans la croisade contre Bajazet, avant la funeste journée de Nicopolis.

Aujourd'hui les portes de ce

ces

noble château ne sont plus gar→ dées par de nombreux hommes d'armes. Ces herses formidables qui en défendaient l'entrée, ponts-levis qui s'abaissaient au bruit du cor de l'étranger rẻclamant l'hospitalité, tout est brisé, tout a disparu. Au lieu de ces brillans chevaliers, de ces nombreux hommes d'armes qui faisaient retentir de leurs talons ferrés l'écho des vastes salles, vous ne trouvez plus au château de Coucy que quelques habitans déguenillés. A ces fenêtres gothiques d'où tant de fois la belle châtelaine jeta de sa main blənche, à son ami partant pour la croisade, le bracelet gage de sa foi, si vous apercevez une créature humaine, ce sera quelque vieille mendiante à la figure hideuse, qui s'est creusé un abri dans les décombres, et qui vous

tend une main noire et sale où il faut déposer votre offrande, sous peine d'ètre poursuivi de ses malédictions. Là où le châtelain de Coucy soupirait ses douces complaintes et son amour pour la dame de Faïel, vous n'entendez que les croassemens des corbeaux, les cris aigus des chouettes, tristes et lngubres menestrels le bruit de vos pas trouble dans leurs retraites profondes.

que

Un seul édifice, au milieu de ce champ de désolation, peut donner une idée de la beauté de ce qui a été détruit. La grosse tour, cette masse vraiment in

comparable, porte encore dans les nues un front orgueilleux, battu en vain pendant six siècles

par les vents et l'orage, blanchi par les années, mais toujours majestueux, comme si, dans ce chef-d'œuvre, l'âme du dernier Coucy s'était réfugiée pour attester aux âges futurs la grandeur de sa maison.

Comme la plupart des manoirs féodaux, le château de Coucy a ses chroniques, ses vieilles histoires, ses légendes plus ou moins romantiques, plus ou moins vraisemblables. Ainsi qu'on le remarque dans les autres châteaux gothiques, ses traditions sont basées sur des événemens où le merveilleux et la superstition jouent un grand rôle, ou bien aussi sur quelque haut fait d'armes, quelque aventure d'amour. Une catastrophe terrible, connue de tout le monde, et qui inspira plus d'un poète et d'un romancier, se rattache à ce pays par le nom de ce héros; nous voulons parler des infortunées amours du châtelain de Coucy et de la dame de Faiel.

Toutes les légendes de Coucy ne sont pas aussi tristes. En voici une d'un genre moins lugubre, et dont les détails sont pleins de bizarrerie. On rapporte que, vers l'année 1120, Enguerrand II, sire de Coucy, fut un jour averti qu

un lion désolait les environs de son château. Comment le terrible animal se trouvait dans un pays où l'on voit d'ordinaire plus de timides lapins que de lions rugissans, c'est ce que nous n'avons point à examiner. Le lion dévorait des bestiaux, parfois même des hommes, et semait

partout l'épouvante. Vainement on avait tenté d'arrêter le cours de ses ravages, il avait échappé à toutes les embûches. Enguerrand pouvait-il hésiter? Sans autre compagnon que le rustre qui doit lui indiquer la retraite de l'animal, il part armé de son épée et de son bouclier. Arrivé au but de la course, à environ deux lieues de Coucy, dans un lieu désert et sauvage, au milieu d'une épaisse forêt, le rustre montre à Enguerrand le lion qu'il venait combattre, au moment où il était presque sur lui. <«< Oh! dit le sire de Coucy, tu me l'as de près montré. » Puis attaquant courageusement sauvage adversaire, il le terrasse, perce de son épée et délivre ainsi le pays de cet hôte dangereux. On conçoit quelle reconnaissance cette prouesse dut exciter parmi les vassaux du sire de Coucy. Leur gratitude éclata de toutes façons, et Enguerrand lui-même, pour perpétuer le soula chronique, de concert venir de sa victoire, fonda, dit saint Norbert, au lieu même où il avait tué le lion, une abbaye devenue célèbre sous le nom de Premontré, qu'il lui donna en mémoire de ces mots : Tu me l'as de près montré.

le

son

avec

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vée peu nombreuse et n'ait pu arriver à des résultats importans, nous croyons cependant que l'essai tenté cette première fois dans nos pròvinces ne sera point perdu, et que l'idée qui y a présidé a de l'avenir. Il ne sera donc pas sans intérêt pour nos lecteurs d'avoir à ce sujet plus de détails.

Le discours prononcé par M. L. de Givenchy, secrétaire perpétuel de la société des Antiquaires de la Morinie, explique fort bien le but et le caractère des congrès scientifiques. En voici un extrait:

<< Messieurs, a dit M. de Givenchy, deux faits dont nul observateur ne peut méconnaitre ou nier l'existence, sont venus frapper dans ces derniers temps les personnes habituées à examiner la marche de leur siècle. L'un est le mouvement marqué de la décentralisation intellectuelle qui s'est opérée en France depuis environ 15 ans ; l'autre, le goût de l'étude de notre histoire nationale, qui se développe de toutes parts. Paris, depuis le siècle brillant de Louis XIV paraissait avoir concentré dans son enceinte le monopole de l'intelligence, ses journaux rendaient seuls comme du haut d'une tribune, leurs arrêts littéraires, et semblaient dire à la France muette:

Nul n'aura de l'esprit que nous et nos amis.

La France s'est fatiguée de ce joug doctoral; elle a senti que, si Paris présentait, par ses nombreuses et riches bibliothèques, par ses musées, par la réunion des savans qui l'habitent, des avantages que l'on ne pouvait lui contester, la

province, de son côté, en possédait d'autres qui avaient aussi leur importance.

On pouvait, en effet, à l'aide des nombreuses collections de livres imprimés réunis à Paris. présenter sous un nouveau jour des faits déjà décrits, les réunir sous une for

me nouvelle; mais au fond c'était toujours faire des livres avec d'autres livres.

Nul fait historique inconnu jusqu'alors n'était produit au jour, et le passé, devenu muet, ne révélait plus aucun fait nouveau à l'avide curiosité du présent. La province, au contraire, par ses nombreuses archives de ville, de monastères, de corporations civiles ou religieuses, possédait seule cette mine féconde de richesses littéraires et historiques. Nos discordes civiles en avaient, il est vrai, détruit une partie ; la dent rongeuse du temps dévorait chaque jour en silence ce qui nous restait de ces précieux dépôts où se trouvaient tant de souvenirs des anciens jours, une peinture si naïve des mœurs de nos aïeux, en un mot, tant de documens capables de porter l'éclat d'une vive lumière dans les ténèbres des tems écoulés.

La province comprit le parti qu'elle pouvait tirer de ce qui lui restait de ces trésors trop longtemps dédaignés. De toutes parts, des sociétés savantes se formèrent : les unes exploitèrent notre ancienne littérature nationale; les chants oubliés de nos vieux trouvères furent exhumés des poudreux dépôts où ils dormaient inconnus depuis des siècles; d'autres défrichèrent le

vaste champ de notre histoire nationale. On reconnut enfin et on proclama hautement cette vérité : que l'histoire générale de la France, n'avait guères été jusqu'alors qu'un roman de convention; qu'elle était à refaire en entier, et qu'on ne pouvait espérer d'atteindre ce résultat qu'en recomposant les histoires locales, au moyen des actes contemporains des faits, seuls guides sûrs qu'on peut consulter sans crainte de s'égarer. Une autre vérité fut également reconnue, c'est que l'histoire locale ne peut être écrite avec exactitude et conscience que sur les lieux mêmes et par des hommes du pays. Chaque société se mit donc à l'œuvre et produisit des fruits plus ou moins savoureux, plus ou moins utiles; mais faute d'une bonne direction, faute d'un centre commun vers le quel convergeaient les efforts de ces sociétés, leurs travaux ne présentèrent pas tout l'effet qu'on pouvait en attendre.

Un homme de génie, un savantd'autant plus étonnant que l'âge n'a point encore ridé son front, M. de Caumont, membre de l'Institut, secrétaire perpétuel de la société des Antiquaires de la Normandie, vit le mal et songea à y apporter un remède. Il sentit qu'un centre d'ac tion et de direction devenait nécessaire, mais aussi que ce centre devait être mobile, pour que chaque province pût, à son tour, ressentir son influence bienfaisante. Paris était un gouffre qui absorbait tout et rendait peu; il espéra qu'u ne réunion ambulatoire composée de savans de toute la France, de

viendrait en quelque sorte un fleu ve lent et majestueux qui fertiliserait le champ de la science partout où il porterait ses ondes vivifiantes.

Profitant de l'exemple donné par l'Allemagne, il proposa à sa patrie un congrès général de toutes les intelligences. Le mathématicien, le naturaliste, l'agriculteur, l'archéologue, le médecin, le littérateur, tous les hommes enfin qui s'occupent de quelque genre de science que ce soit, furent convoqués à Caen, dans l'été de 1833. De tous les points de la France on s'empressa de répondre à cet appel vraiment patriotique; plus de deux cents personnes se réunirent au congrès de Caen, un bien plus grand nombre s'y serait trouvé, si l'époque de sa convocation eût été mieux choisie et moins rapprochée. On y arrêta que, chaque année, un congrès général se réunirait dans une ville de France, en parcourant successivement toutes nos provinces. L'ouverture du congrès général de 1834 fut fixée à Poitiers, dans la première quinzaine de septembre, époque qui permettra aux membres des cours judiciaires et de l'Université d'y

assister.

Nos provinces septentrionales, averties trop tard du congrès de 1833, éloignées d'ailleurs de Caen, n'ont pu s'y faire représenter; cependant, elles possèdent des sociétés agricoles et archéologiques qui certes sont loin d'être sans mérite, et ne sont point restées en arrière du mouvement imprimé à toutes les provinces. Des amis des sciences et de leur pays ont pensé qu'il

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