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Incidis in scyllam cupiens vitare Charybdin,

ons sur leurs trétaux ambulans.

Instabile est regnum quod non clementia Malgré tous ces défauts on peut

Girmat.

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Telle est encore l'affectation de mettre à la tête du premier mot de chaque livre une des lettres qui forment le nom de Guillermus, à qui l'Alexandreïde est dédiée. Ce Guillaume avait été évêque de Tournai et ensuite archevêque de Sens et de Reims. Parmi ces goûts bizarres du tems, on distingue encore celui d'introduire partout la religion. Aussi le chanoine Gaultier n'a-t-il pas manqué d'amalgamer, et quelet quel quefois assez adroitement, des idées théologiques et des histoires de la Bible avec l'histoire d'Alexandre. On est fort étonné aujourd'hui de rencontrer là nos mystères; mais cela est moins é trange que de les voir, vers le même tems, représentés avec une Vogue étonnante par des histri

regarder ce poème et la Philippide de Guillaume, le Breton, qui parut environ 60 ans après, comme deux phénomènes assez brillans au milieu des épaisses ténèbres qui couvrirent l'Europe depuis la décadence de l'Empire Romain jusqu'à la renaissance des lettres en Italie. On a de Philippe Gaultier: I Alexandrei dos lib. X. La première édition, dont le titre est Gesta Alexandri magni, est demi-Gothique, in-4° sans indication de lieu ni d'année. Les autres sont de Strasbourg, 1513, in-4°; Ingolstadt, 1541, in-8°; Rob. Granjon, 1558, in-4°; Ulm, 1559, in-12; St.-Gall, 1659 et 1693, in-12: ces dernières sont les meilleures. II. Libelli tres contra Judovs, in dialogi formam conscripti, Leyde, 1692, in-12; dans le recueil intitulé: Veterum aliquot Gallio et Belgii scriptorum opuscula sacra. III. De SS. Trinitate tractatus, publié en 1721

par

Bernard Pez, tom. 2, Anecdot., part. 2. Quant au recueil de poésies latines qu'on voit en manuscrit à la bibliothèque du roi à Paris, no 3245, sous le nom de Gualteri de Insula, contenant des pièces satiriques sur les déréglemens du clergé, il parait constant que ces poésies ne sont pas de Gaultier de Lille, mais d'un aultre Gaultier, surnommé Mapes ou Mapaus, archidiacre d'Oxford, et chapelain de Henri II, roi d'Angleterre, vers l'an 1210.

DECROIX.

XVIII.

LES HOMMES ET LES CROSES.

CROQUIS SUR JEAN BART. - Jean Bart! Le nom le plus populaire entre tous ceux des marins français, et, il faut le dire, celui auquel s'est attachée la popularité tout à la fois la plus honorable et la plus grotesque! De grands exploits firent la moitiée de cette renommée éclatante; quelques plaisanteries de courtisans firent le

reste.

Si l'on rencontre un marin brusque, jureur, buvant beaucoup, chiquant toujours, et fumant autant qu'il chique; un marin qui crie et larde sa conversation de termes particuliers à la navigation; un marin qui n'a aucune habitude de la vie des salons, y est embarrassé et peu poli, on dit : « C'est un Jean Bart! » On se figure que tous les marins ont les traits de ce demi-sauvage, traditionnel, et par là on fait également tort aux marins d'aujourd'hui et à Jean

Bart.

Les officiers de la marine, à présent, ressemblent à tous les gens bien élevés; ils ont de bon

nes manières et méritent l'accueil

qu'on leur fait partout où on les reçoit et où l'on sait les estimer. Quant à Jean Bart, il n'était point ce qu'on s'est amusé à le faire. Assurément, ce n'était point un homme du monde, un homme de cour, un de ces élégans qui montraient à Versailles au petit lever de Louis XIV, leurs riches broderies, leurs dentelles précieuses, leurs longues plumes et comme a dit Molière :

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Il n'avait pas eu à perdre tout le tems qu'il fallait aux gentilshommes pour apprendre les grands riens de l'étiquette, l'important vocabulaire de la courtisannerie ; dès son enfance il avait couru la mer, et ce n'était ni dans la barque de pêcheur où son père l'avait amariné de bonne heure, ni à bord des navirès du commerce hollandais, qui furent sa première école d'application, qu'il avait pu se familiariser aux belles manières et au beau langage. Certes, il devait mal parler Vaugelas; il n'aurait rien entendu à Ninon coquetant; il aurait peu apprécié M. de Benserade; mais tout ce

qui était vraiment grand et noble, il le comprenait à merveille. En veut-on une preuve? La voici, entre mille autres que je pourrais choisir.

Jean Bart était capitaine de vaisseau et s'était déjà couvert de gloire dans vingt occasions, dont une seule aurait suffi pour l'illustration d'un officier de marine; il alla à Versailles, où le roi le reçut avec une grande distinction, mais lui parla de son embarquement de 1695, qui n'avait pas eu tous les résultats qu'on en espérait. Ce n'était pas un reproche que Louis XIV prétendait adresser au commandant de la division de 1694 qui avait sauvé le convoi des grains en battant l'amiral Hidde: une telle pensée n'était pas venue au roi! Jean Bart n'entendit pas froidement cette appréciation juste d'un fait sur lequel il n'avait pu

Le mérite éclatant de leur perruque blonde. avoir aucune influence; il n'en té

moigna rien au souverain, mais il partit pour Dunkerque, et quand il y fut arrivé, il demanda à aller troubler la pêche des Hollandais, quoiqu'il sût bien qu'une forte escadre anglaise bloquait son port, et que les anglais avaient armé aussi contre lui. Il sortit, fit une croisière, et quand il rentra en octobre 1696, il écrivit une simple note au comte de Toulouse, amiral de France. J'ai l'écrit autographe sous les yeux, et je le transcris fidèlement. (Il n'a jamais été imprimé ).

« Le Roy ayant dit au chevalier Bart, lorsqu'il a eu l'honneur de salüer Sa Majesté, qu'il · n'avait pas esté aussy heureux cette campagne que les précédentes, il Vous supplie très-humblement, Monseigneur, de vouloir bien informer Sa Majesté :

» Qu'estant sorty de la rade de Dunkerque le 17 mai, la nuit, il fut obligé de traverser, le boutefeu à la main, vingt-deux vaisseaux de guerre anglois qui estoient mouillez hors des bancs pour lui boucher le passage.

>> Ensuite, après un mois de croisière, fit rencontre d'une flotte hollandoise, escortée par cinq vaisseaux de guerre, qu'il attaqua, et s'en rendit maistre; brusla trente vaisseaux marchands, dont le moindre était de cinq ou six cents tonneaux, nonobstant une escadre hollandoise de treize gros vaisseaux de guerre, et deux bruslos qui estoient à trois lieues au vent de luy, quant il com

mença le combat, et qui se trouvèrent à deux portées de canon quand il fut finy, ce qui l'obligea à mettre le feu à quatre desdits vaisseaux de guerre, après avoir mis onze ou doaze cents Hollandois dans une frégate de vingt-six pièces de canon qu'il renvoya. Il a de plus, avec une si petite escadre, empesché, cette campagne, la pesche du hareng, de quatre ou cinq cents bastimens. que les Hollandois ont coutume

de faire, n'en ayant envoyé cette année que trente ou quarante.

» Après quoy leur flotte destinée pour Moscovie a relasché à Norvège, quoyqu'escortée de huit vaisseaux de guerre, parce qu'ils avoient appris que le chevalier Bart croisoit si fort au nord, qu'ils n'en sont sortis que pour retourner en Hollande, sans avoir achevé leur voyage, après qu'ils l'ont sceu arrivé à Dunkerque. Et leur grande flotte qui avait coutume tous les ans de faire trois ou quatre voyages dans la mer Baltique, en Norvège, n'en a fait qu'un celle-cy, et cela avec une très-grande escorte.

>> En sorte que la petite escadre de Sa Majesté, qu'il avait l'honneur de commander, a obligé les ennemis pendant cinq mois d'entretenir cinquante-deux vaisseaux, divisés en trois escadres, l'une commandée par le contre-admiral bleu d'Angleterre, nommé Bemboo, l'autre par Mingder, et la troisième par Wanzel.

>> Enfin obligé de relascher à la

fin de ses vivres, il fut aussi obligé de traverser lesdites escadres de Bemboo et de Wanzel, de trentetrois vaisseaux de guerre qui l'attendoient dans son passage. »>

Eh bien cela est-il assez beau et fier! Y a-t-il là un assez haut sentiment de dignité, blessée d'abord, et ensuite satisfaite ! Et sous la simplicité énergique de ce rapport, court, sans emphase, y at-il assez de finesse! Comme le

nom du chevalier Bart est bien placé dans cette phrase où l'auteur de la note oppose la crainte qu'il inspire, aux forces des Hollandais qui relâchent en Norwége! Qui aurait eu plus d'esprit parmi les courtisans, et qui l'aurait déguisé avec plus d'adresse ?

Et c'est cet homme qu'on s'est plu à représenter comme une espèce de paysan grossier, n'ayant d'autre intelligence que celle du métier de la mer! Louis XIV fut sensible à l'action et au récit de Jean Bart; il n'analysa pas grammaticalement, comme auraient fait les savans de l'hôtel de Rambouillet, l'écrit que lui adressait le capitaine de vaisseau, et où l'on aurait pu reprendre tant de fautes de français; il en saisit le sens élevé, il jugea le cœur de Jean Bart par son propre cœur, qui était noble, et il récompensa le commandant de son escadre de Dunkerque en lui accordant deux faveurs: une pension annuelle de deux mille livres, et pour son fils le grade de lieutenant de vaisseau; puis le 27 avril 1697, il l'éleva au rang de chef d'escadre.

On a raconté qu'à cette occasion, Louis XIV, ayant annonçé lui-même cette grande nouvelle à Jean Bart, dans la galerie de Versailles, celui-ci répondit au roi: « Vous avez bien fait, sire! » On a dit que cette réponse avait fait sourire les courtisans et inspiré à Louis XIV une bonne répartie : « La réponse de M. Bart est excellente: ce n'est point du sot orgueil, mais la juste conscience de ce qu'il vaut. » Je ne sais si cela s'est passé ainsi; mais je suis trèsdisposé à le croire. Jean Bart avait vu les courtisans dédaigneux avec lui, comme ils l'étaient avec Molière; il avait compris Louis XIV, et s'était redonné devant tout le monde la place honorable que des railleries avaient essayé peut-être de lui faire perdre dans l'estime

du roi.

Maintenant, qu'il se soit présenté à la cour dans un habit d'or, doublé de drap d'argent, j'en doute, mais qu'importe ? C'était le chevalier de Forbin qui le présentait; Forbin était un homme de cour, plaisant de son naturel, et d'ailleurs rival de Jean Bart; pour ces trois raisons, il n'était pas fâché, sans doute, de faire faire une gaucherie au marin dunkerquois; et celui-ci, qui ne connaissait la cour que par sa renommée de luxe et d'éclat, avait cédé aux insinuations de Forbin, qui avait été montrer l'ours paré de rubans aux petits marquis et aux Célimènes de l'œil-de-bœuf.

Un des grands hommes du siècle avait deviné Jean Bart; ce fut Vau

ban qui, à la paix de 1678, le fit faire lieutenant de vaisseau. Lorsqu'en 1694, Bart, qui était chevalier de Saint-Louis, cut repris sur l'amiral Hidde le convoi de blé venant en France du Danemarck et de la Pologne, Louis XIV lui donna des lettres de noblesse. En 1693, il avait combattu sous l'amiral de Tourville à Lagos, et, avec le vaisseau le Glorieux qu'il commandait, avait forcé six bâtimens de s'échouer et de se brûler. La carrière de Jean Bart, qui pouvait être longue encore parce que la force et l'énergie étaient en lui les mêmes à cinquante ans qu'à trente, se termina bien malheureusement. Il donnait des soins à un armement considérable nécessitaient les contestations pour la succession d'Espagne, quand une pleurésie le tua en peu de jours. Il mourut le 17 avril 1702, cinq ans, jour pour jour, après qu'il eût été fait chef d'escadre. Il était né d'un marin de Dunkerque, en -1651.

que

Jean Bart était grand, bien fait, supportant sans peine toutes les fatigues de la mer. Ses traits étaient réguliers, ses yeux bleus, ses cheveux blonds; il avait le teint frais et animé; l'expression de sa figure était grave, ce qui ne l'empêchait point d'avoir une physionomie tout-à-fait revenante, selon l'expression d'un homme qui l'avait beaucoup connu, son concitoyen Faulconnier, le Grand Bailli et l'historien de Dunkerque. Jean Bart était un homme de beaucoup de bon sens, d'un esprit net, et

comme j'espère l'avoir démontré, assez fin: peu brillant dans les conversations, mais solide. Il n'écrivait pas mal, car il disait toujours très-bien ce qu'il voulait dire. Quant à son écriture, elle était lourde, mal conformée, tremblée; sa signature ressemble beaucoup à celle que font les gens du peuple avec des plumes mal taillées ou des allumettes noircies.

Il savait l'orthographe comme tous les matelots et les gentils

hommes de son tems. Il était sobre, actif, intrépide, audacieux, prompt à prendre un parti dans le danger et calme au milieu des combats, La présence d'esprit et le sang-froid ne l'abandonnèrent jamais dans les circonstances difficiles du commandement. Il manouvrait fort bien un vaisseau et une division. Il se montra toujours désintéressé; aussi ne laissat-il aucune fortune. Son fils est mort vice-amiral; c'était un brave et bon officier. Jean Bart a fait souche de bons hommes de mer. Beaucoup de gens qui s'appelaient Bart, et qui n'étaient point les parens de Jean avant son illustration, se sont dits de sa famile,

A. JAL.

La notice que nous venons de transcrire doit donner l'idée la plus avantageuse de la France Maritime, d'ou elle est extraite. On y trouve avec des faits nouveaux des aperçus ingénieux, pleins de tact et d'exactitude. On pourrait ajouter que si Jean Bart, homme de mer pratique dès son enfance,

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