Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

ry d'Alsace ayant brulé la nouvelle église, ce dernier leva sur son comté de Flandre un impôt pour réparer ce dommage. Philippe luimême donna ce conseil à son père, comme une offrande qui lui serait agréable; et à son avénement, ce prince s'empressa de concert avec Milon II de confirmer les biens et les immunités de l'abbaye de Saint Augustin.

Alelmus fut le premier abbé de la communauté naissante. Le fondateur l'appela en 1140 et lui soumit cinq autels, entr'autres Nielles et Clarques; il gratifia en même tems, dit-on, son monastère d'une partie notable de la tête de St.Augustin de là, le nom qui lui est resté. Le ravage commis par Philippe d'Alsace, et qui a été attribué à un ressentiment peu expliqué, eut lieu sous son successeur. En 1170, tout avait été restauré, et le pape Alexandre III s'était exprimé avec considération sur les possessions de l'abbaye. Lorsque Thérouanne tomba momentanément au pouvoir des ennemis de la France, en 1486, Desquerdes qui ne tarda pas à leur reprendre cette importante forteresse, flanqua de boulevards et de tranchées les abbayes de St-Augustin et de St.-Jean-au-Mont.

Robert Picavel, 27° abbé, avait été témoin du sac de Therouanne. Cet affreux événement avait été précédé de la destruction du clocher, du vaisseau de l'église et de la plus grande partie de son couvent, par un corps de troupes fran

du

çaises. L'abbaye de St.-Augustin était déja, à ce qu'il parait, depuis plusieurs années au pouvoir des Espagnols. Elevée devant Thérouanne, quelle part eut-elle dans les destinées de cette ville célèbre, 12 au 16° siècle? Gazet dit qu'elle a été conservée après 1553. «Combien qu'elle eut souffert grandes ruines et pertes. » Ferdinand d'Auchy, son 58 abbé, la gouvernait utilement en 1708. Son dernier abbé portait le même nom, il avait séance aux états d'Artois ainsi que celui de St.-Jean-au-Mont. L'abbaye de St.-Augustin qui avait 16 religieux et 10,000 livres de reve

nus,

fit partie du diocèse de St.Omer, et existait encore à l'époque de la Révolution, malgré un terrible incendie qui la dévora presque totalement en 1614. Voici quelques détails sur cette catastrophe :

Dans la nuit du 13 au 14 mars l'abde cette année, vers minuit, baye de St.-Augustin – lez – Thérouanne fut presque entièrement consumée. Le dommage fut évalué de dix à vingt-mille florins. L'église avec une quantité de riches ornemens, le dortoir, le réfectoire et tous les ustensiles du ménage furent brûlés. Le bon abbé Jacques III (il était de St.-Omer, Corbaut, Audomarenus) qui s'était donné des peines infinies pour réparer les résultats affligeans de la néfaste année 1553, perdit en un instant le fruit de tant de travaux. Ce malheur fut l'effet d'une noire et lâ– che animosité. Un des moines dont la conduite avait excité de justes plaintes, avait été détenu assez

étroitement pendant quelques jours dans la prison de la communauté. Loin que cette punition l'eut corrigé, il résolut de se venger de cet affront, et, «< rien de plus intelligent que la vengeance et la haine; >> la nuit même qui suivit sa sortie, ce misérable mit le feu à trois endroits différents du couvent, et l'activité des flammes avait été telle qu'avant le réveil des religieux et l'arrivée des secours des paysans du bourg de Thérouanne qui demeuraient si près de la Lys, l'incendie avait déjà fait d'immenses progrès. Le coupable qui s'était sauvé au milieu du désordre, avait gagné les bords de la mer, pensant bien s'embarquer à Etaples, mais il fut appréhendé comme vagabond et jeté bientôt dans les cachots du château de St.-Omer, où il resta jusqu'en 1618. Les religieux se retirèrent provisoirement dans leur maison de refuge à St.-Omer, rue de St.-Bertin.

Les Normands avaient renversé le monastère construit par les soins de Radegonde, fille de Clotaire Ier, reconnaissante de l'éducation qu'elle avait reçue d'Athalbert, deuxième évêque de Thérouanne; ce fut sur ses débris, dit-on, qu'avait été érigé celui de St.-Augustin. Ce monument figure avec grâce dans le plan de Thérouanne, exécuté par le chevalier Beaurain. Son emplacement est à quelques pas seulement de la Lys, à peu de distance de l'église de St.-Martinau-Mont, à la droite du chemin vers St.-Omer. Son clocher ne manque pas d'élégance ni d'une

[merged small][ocr errors]

Du temps de Jacques III, la Porte du Saint-Esprit se soutenait encore à demi-écroulée; ce vénérable abbé s'y rendait souvent pour méditer sur la fragilité des choses humaines; en traversant les an

ciens terrassemens et les faibles et derniers vestiges de la vieille cité des Morins, son regard investigateur s'arrêta peut-être sur l'indélébile chronographe, sur le fatal Deleti Morini qui retentira long

tems encore dans notre histoire : ne peut-on pas supposer qu'après la réédification de son abbaye, il y transporta cette fameuse pierre historique du mont de Thérouanne, comme un objet de précieuse curiosité pour son nouveau monastère? On sait qu'on y trouva, lors du renversement de Thérouanne, cette inscription: Jam terra vana Peris. Jam non terra vana manebis. Nous applaudissons toutefois vivement à la noble pensée que la main seule du patriotisme s'est agitée pour abattre ce témoin barbare d'une grande ruine; mais est-ce celle du maréchal deChatillon ou bien du vainqueur de Cassel ? N'est-ce pas plutôt le bras victo

rieux du grand Roi lui-même? Oui, aimons à nous arrêter à cette idée consolante; la fidélité à toute épreuve de Thérouanne à la monarchie française lui méritait assurément cette haute et convenable réparation. Il était digne du nec pluribus impar de faire disparaître le Dele ti Morini !

H. P.

en

DERUEZ, CHIRURGIEN-MAJOR. César-Auguste Deruez, naquit à Leschelle (Aisne), le 23 mars 1762 (1). Soldat à 17 ans, élève chirurgie au régiment du Roi-infanterie, il fit sept années d'études en médecine et en chirurgie aux écoles de dissection et de démonstration de Nancy. La thèse qu'il soutint sur l'ophtalmie d'Egypte lui valut, à la faculté de Strasbourg, le degré de docteur. Nommé chirurgien-major au 3e bataillon du département de l'Aisne, notre concitoyen fournit pendant trente et une années une carrière non interrompue de bravoure et de philantropie.

[blocks in formation]

vouent pour réparer les maux de la guerre. « Sauvez l'honneur au prix des plus grands sacrifices, » dit la patrie. « Sauvez les victimes offertes en holocauste, » ainsi parle l'humanité. L'homme que nous pleurons sut entendre sa voix. Stuil dieux et calme, des blessés panse quand le danger surgit autour de lui; son talent défend une proie arrachée à la mort, et les fanfares énivrantes ne dérobent pas à son âme attentive la plainte et la prière

des mourans.

Les ambulances lui servent d'amphithéâtres, les hôpitaux sont ses laboratoires. Annoncez la nouvelle de sa mort aux milliers d'hommes qu'il guérit ou qu'il consola dans les hôpitaux d'Arias, du Hâ– vre, de Metz, de Strasbourg, de l'île d'Aix, de Leyde, de Vérone, de Colmar, de Greiswald, de Norfolk, d'Elarik, et les débris qui restent de ce cortège immense seront émus de tristesse et de douleur.

Le devoir était tout pour lui ; le danger n'était presque rien. Quand les Nègres massacraient les Français, à l'incendie du Cap, il demeura volontaire au milieu de cette scène en flammée et sanglante, prodiguant des secours à ses compagnons d'armes et à leurs assassins.

Malade, il revenait en France, lorsque le bâtiment américain qui le portait fut pris par des corsaires, le 3 octobre 1793. Le tems de sa captivité fut employé aux applications gratuites de son art sur les habitans des îles Bernudes.

Ah! Messieurs, ne craignez pas que l'imagination s'égare en face d'un cadavre jadis témoin et acteur de nos merveilles contemporaines. Le soldat a sa feuille de service, sur laquelle sont tracés en caractères non douteux, ses campagnes, ses grades, ses blessures, ses récompenses. Nous avons vu sur cette feuille la conduite de M. Deruez, permettez-nous d'en citer quelques lignes.

Le général Molitor « affirme que le chirurgien-major Deruez donna souvent des preuves du plus grand zèle et d'une habileté rare dans les occasions les plus périlleuses, notamment au siége de Stralsund, aux batailles d'Essling, de Dantzick, ȧ Wagram, où par sa science et son humanité il a sauvé la vie à un grand nombre de militaires. >>

Le maréchal-de-camp, commandant l'île d'Aix, sur le rapport des officiers de santé du pays, « atteste que par ses soins assidus, par ses connnaissances chirurgicales et médicales, M. Deruez arrêta les progrès d'une maladie contagieuse qui décimait la garnison. ›

Le contre amiral Vanstabel, l'état-major du 1er bataillon du 106 régiment, celui du 2o bataillon du 13 régiment de ligne, et plusieurs généraux illustres dans les fastes nationaux, depuis 1791 jusqu'en 1815, se sont plu à témoigner avec l'expression d'une gratitude particulière et d'une entière conviction, de la noble conduite, du désintéressement et du dévouement de M. Derucz.

Il refusa un rouleau de papierflorin, donné par un des officiers autrichiens, comme à Baltimore, il avait refusé les gourdes, votées au consulat, en témoignage de reconnaissance.

Enfin, Martin Oster, vice-consul de la république, envoie M. Deruez dans la baie de Chesapeack, où tous les officiers de santé sont morts de l'épidémie régnant à bord de nos vaisseaux ; le chirurgien obéit sans hésiter un instant. Frappé lui-même de l'épidémie, il profite d'une convalescence de quinze mois pour étudier la maladie et mettre son expérience en pratique sur les pestiférés de Jaffa, dans les sables de l'Egypte.

A de si nombreux et de si loya uz services, la récompense fut donnée sans avoir été sollicitée. Le conseil de santé de Paris et la commission

des secours publics lui votèrent des remei cîmens pour une conduite qualifiée au-dessus de tout éloge; la république française décréta que le citoyen Deruez avait bien mérité de la patrie; la loge maçonique de Portsmouth, en Virginie, lui décerna un diplôme spécial; et lors de la création de la légion d'honneur, Napoléon-le-Grand le dé-cora de l'étoile des braves (2).

M. Deruez se retira du service, quand les innombrables soldats de l'Europe coalisée envahirent notre

(2) Le brevet de chevalier fut enregistré à la grande chancellerie, en 1805, sous le n 3872.

France, et lui imposèrent un drapeau. Le dirai-je, Messieurs? peutêtre alors la ville de St.-Quentin, toute absorbée dans les négociations spéculatives, ne s'est-elle pas associée aux hommages rendus par l'empereur au faîte de la gloire ou renversé du piedestal, et par l'armée une seule fois invincible, réduite à former ses faisceaux sur le bord de la Loire.

Du moins que ce jour funèbre soit un jour de justice, et que la cité s'énorgueillisse du citoyen que nous avons vu naître et grandir. Sans ambition, il ne voulut porter ombrage à personne ; il vécut heureux des soins d'une excellente épouse qui l'avait accompagné par tout, depuis l'époque de leur union [octobre 1805]. Il était d'un commerce doux et d'un esprit juste; son cœur fut aimant, ses goûts étaient simples. Habitué à observer pour acquérir, il parlait peu, mais il opérait vite, à propos et bien: le général Marin et 74 autres mutilés, qu'il amputa le même jour, sont là pour confirmer la vérité de ce fait. Les fatigues et les années blanchissaient sa tête et désaffermissaient son corps; mais au seul récit des exploits anciens de nos phalanges ou des conquêtes nouvelles de la liberté, il s'animait d'une ardeur juvénile et se relevait de toute sa haute taille.

En quittant le service actif, M. Deruez ne cessa jamais d'être utile à ses semblables; j'en atteste les familles dont il soigna les vieux pères et les jeunes enfans; j'en at

teste surtout les indigens nombreux qui le trouvèrent gratuitement et toujours prodigue de ses veilles, de son argent, de sa santé. CH. QUENTIN.

[blocks in formation]

consacraient

C'était chose estimable, voyezvous, à l'époque dont je parle, qu'une toile fine et solide à la fois, toile qui se prêtait admirablement à tous les savans points de mirifique broderie à laquelle les filles de nos bourgeois et les nobles damoiselles de nos châtellenies, alors tous leurs loisirs. Rien n'était séduisant comme une écharpe de batiste, brodée d'une guirlande de chêne et de chèvre-feuille ou de lierre; touchante allusion où la jeune et frèle châtelaine d'un riche manoir avait déposé la secrète pensée de son cœur, pour son beau cousin, chevalier à la haute et imposante stature: et qui, partant pour rejoindre l'armée de quelque comte de Flandre, avait obtenu de sa cousine ce léger mais sûr soutien de sa redoutable épée.

Il fallait voir comme se rengor

geait la glorieuse bourgeoise qui inenait à l'autel, pour la béné

« VorigeDoorgaan »