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chandelle qu'on appelle chandelle d'Arras, qui est annuellement portée sur un autel de Nostre-Dame, le dimanche après le St. Sacrement; et lors les confrères font porter à la cathédrale deux cierges pesant chacun cinquante livres, qu'ils présentent à messieurs du chapitre; et l'on assure que plusieurs par dévotion pour avoir guérison de leurs maladies, notamment ceux qui ont aucuns membres pris de feux, lesquels se lavants de l'eau dans laquelle est distillée de la cire de cette chandelle, recouvrent

amendement et santé. De cette

chandelle sont descendues plu

sieurs autres comme celles de Bru

ges, Fauquemberghe, Boulogne,

etc.

La sainte chandelle d'Arras fut d'abord déposée dans l'église paroissiale de St.Aubert, où elle resta jusqu'en 1109, époque à laquelle on la transporta dans la chapelle de l'hospital de St. Nicolas de ladicte ville d'Arras.

En 1130, St.-Bernard vint exprès à Arras pour voir ce divin cierge.

Dans l'exposé d'un arrest de la court de parlement de Paris rendu en 1285, il est fait mention de la sainte chandelle en ces termes : Juxtà locum ubi candela beatæ Mariæ est reposita et ubi consuetum est a Deo multa miracula operari.

En 1476, se fit à Arras une procession générale pour obtenir la paix ; et y fut porté le merveilleux cierge.

C'est ainsi que la sainte chan

delle s'est perpétuée dans les siècles. (Extrait d'une chronique manuscrite de la ville d'Arras dont l'auteur est inconnu). (1)

LE MOINE GONTHIER.-Les savans auteurs de l'Histoire littéraire de la France et Adrien Baillet, dans ses Jugements des savants sur les principaux ouvrages des auteurs, nous ont transmis quelques renseignemens sur un moine-poète de l'abbaye de St. - Amand, sur la cle et qui par son talent a jeté quelScarpe, qui vivait dans le XIIe sièque lustre sur son couvent, déjà renommé d'ailleurs par les doctes les premiers siècles de la monarpersonnages qu'il a renfermés dans chie française. On trouvera que Gonthier avait un style pur et qu'il mettait de l'art dans ses compositions, surtout, si on a égard qu'il vivait vers l'an 1160. On a de lui un poème historique, divisé en dix livres sur les expéditions de l'empereur Frédéric Barberousse dans le Milanais qu'il nomme Ligurie. Il est intitulé Ligurinus, seu de gestis Frederici Barbarosæ imperatoris in Liguria. Il a été plusieurs fois imprimé; d'abord à Strasbourg, en 1571, in-f; à Francfort, en 1584; à Bâle, en 1669; on le trouve encore dans le Recueil des Historiens d'Allemagne, nées 1504 et 1507. On a aussi imprimé à Bâle un Traité du même Gonthier, touchant le jeûne, la

an

(1) Ce manuscrit, devenu aujourd'hui la propriété de M. Hibon, avocat-général á Douai, comprend la relation des faits qui se sont passés jusqu'en 1753.

prière et l'aumône. Enfin, il a encore composé, toujours en vers, les vies de saint Syrice et de sainte Julie.

pour

C'est dans ces termes que le savant Baillet parle du poète de St.Amand: « Les critiques convien» nent que Gonthier était un grand » génie, de beaucoup de feu, et » qu'il faisait trop d'honneur à un >> siècle dont le goût n'était pas as>> sez fin pour savoir faire le dis» cernement de son mérite. Outre >> ce grand talent qu'il avait » la poésie, il avait eu soin de cul>> tiver son style et de le rendre as» sez élégant pour donner de l'a» grément à ses vers. » L'auteur des notes sur les Jugements des Savants donne le Ligurinus à un autre poète que Gonthier de St.-Amand; toute fois cette opinion, qui enlèverait à notre religieux le plus beau fleuron de sa couronne poétique, n'a été émise que par ce seul écrivain. Les auteurs de l'Histoire littéraire de la France n'ont pas osé trancher cette question de paternité, ils disent seulement que le nom de Gonthier étant alors assez commun, l'annotateur de Baillet pourrait bien avoir raison; et adhuc sub judice lis est.

A. D.

HONNECOURT, Aussi nommé dans les vieux actes, HuniCuria, Hunonis-Curtis, HunulfiCurtis, Huncurt, Hunelkort, appartient à l'arrondissement de Cambrai et au canton de Marcoing. Ge lieu, que j'ai visité avec quelqu'attention, me parait mériter une note un peu détaillée :

L'ancienne ville d'Honnecourt, située sur l'Escaut, à 16 kilomètres sud de Cambrai, serait digne d'être explorée par les amateurs d'antiquités. Entourée de tous, côtés par un cordon de collines qui forment, de distance en distance, des mamelons plus ou moins saillans, cette bourgade semble assise au fond d'une cuve, et, sous ce rapport, elle devait présenter de bien faibles a vantages comme place forte, surtout depuis qu'on fait de l'artillerie. Aussi nous usage voyons qu'elle n'a jamais soutenu de siége en règle, et qu'on s'en est toujours emparé avec une grande facilité.

Honnecourt fut démantelé pour la dernière fois en 1636. Voici à quelle occasion. Une troupe d'aventuriers picards et artésiens s'étaient organisée dans ces parages, sous la conduite d'un chef audacieux nommé Marotel. Ces flibustiers mettaient les villages à contribution et venaient porter la terreur jusque sous les murs de Cambrai. Un officier, nommé le sieur de Maugré, connu par son intrépidité, offrit d'aller attaquer cette troupe jusques dans la retraite qu'elle s'était ménagée à Honnecourt, dont il fit sauter la porte à l'aide d'une pièce d'artifice, et ayant pénétré de vive force dans cette petite ville, il la mit hors d'état d'offrir désormais un refuge à une bande armée.

Les traces des fortifications existent encore sur plusieurs points autour d'Honnecourt, qui est toujours ceint d'un large fossé à sec,

dans lequel on a établi des plan- l'entraîna malgré lui jusqu'à Guise, où six escadrons seulement purent tations et un tir à l'arc. le suivre.

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Le 26 mai 1542, la France essuya un grand échec auprès d'Honnecourt. Le maréchal de Guiche et le comte d'Harcourt, qui avaient fait leur jonction à Marquion, village d'Artois, près de la frontière du Cambrésis, ayant eté informés que la Bassée avait ouvert ses portes aux espagnols, divisèrent leur corps d'armée. Le comte d'Harcourt se porta dans le Boulonnais, le matandis que réchal de Guiche vint former auprès d'Honnecourt, un camp dont la tête seule fut garnie de les retranchemens. On jugea que deux aîles étaient protégées suffisamment par un bois et une ravine qui les couvraient. L'armée espagnole se présenta le 26 sur les hauteurs de Bonavis, et vint prendre position entre Honnecourt et Villers-Guislain, de sorte que les deux armées se trouvaient également sur la rive gauche de l'Escaut; Puységur et le célèbre Rant qui voyaient les espagnols deux fois plus nombreux que les français, engagèrent fortement le maréchal à se retirer de l'autre côté de la rivière; ils ne purent l'y déterminer. La bataille se livra; les français firent des prodiges de valeur; mais il fallut cé der au nombre. La déroute fut complète. Beaucoup d'officiers distingués restèrent sur le champ de bataille. Le maréchal de Guiche, désespéré, voulait demeurer le dernier et partager le sort de ses braves compagnons d'armes; on

zau

y

Le lieu où la bataille s'est donnée se nomme les tranchées.

Honnecourt a conservé jusqu'à la révolution, un château fort, entouré de fossés, avec pont-levis. Le dernier seigneur était M. de Lannoy, qui avait un frère chanoine de la métropole de Cambrai.

Ce château présente encore aujourd'hui des restes intéressans. On y remarque les débris d'une prison.

En creusant le canal de SaintQuentin, il y a 30 ans, on découvrit, à l'est d'Honnecourt, sur un terte assez élevé, plusieurs tombeaux de pierre blanche, semblables à ceux qu'on employait, vers le douzième siècle, pour la sépulture des personnages distingués. On n'a pu me dire si ces cercueils offraient quelques particularités remarquables. Lorsque je visitai les environs d'Honnecourt, un cultivateur éclairé, qui voulait bien me servir de guide, me fit observer des débris de construction, entre cette ancienne ville et le

village de Gonnelieu. L'examen que je fis de ces restes, me porta à croire qu'ils avaient appartenu à un édifice d'origine romaine. La forme seule des tuiles me parut suffisante pour établir cette opinion.

Le monastère est en ruines. Il ne reste debout qu'une portion du

cloître, laquelle est habitée par deux ou trois ménages peu opulens. L'architecture de cet édifice était assez moderne et de bon goût. Les galeries encore persistantes sont spacieuses et élevées. L'église qui était tout à la fois abbatiale et paroissiale, a été épargnée par le marteau des destructeurs révolutionnaires, et aujourd'hui elle est rendue au culte.

Lejardin des moines, leur cour, leur cimetière, tout présente l'aspect le plus triste. On peut à peine y pénétrer à cause des ronces et des orties qui en recouvrent la surface. J'ai pourtant essayé de m'avancer sur l'emplacement 'des caveaux, qui doivent recéler la dépouille mortelle des abbés ; mais mal m'en a pris. L'herbe touffue qui hérisse tout le terrain, m'empêchait de voir tous les mauvais pas. Je mis le pied dans une portion de voûte éboulée et une entorse fut le prix de ma curiosité. Je me retirai donc, regrettant de ne pouvoir, pour le moment, sonder les fours funéraires qui, sans doute, contiennent quelques inscriptions qu'il serait bon de recueillir. Les personnes dont j'étais accompagné furent effrayées à la vue de quelques reptiles qui se glissaient dans les herbes et entre les pierres de ces décombres; elles le furent plus encore, quand elles me virent prendre et caresser ces prétendues couleuvres qui ne sont que des orvets très innocens et assez communs dans ces cantons.

dée vers 660, par un seigneur nommé Amalfride et par Childebertine, sa femme. S. Vindicien, évêque de Cambrai, y plaça d'ad'abord des religieuses assujéties à la règle de St.-Benoît; Austreberthe, qui appartenait à l'illustre famille des comtes d'Hesdin et de Ponthieu, en devint la première abbesse. Elle fut conduite dans cette retraite, dit une chronique de St.-Bertin, par pénéanche (repentir) d'amour. Austreberthe ayant été élue abbesse de Pavilli, près Rouen, fut remplacée

par

la belle Auriane, fille du fondateur de cette maison. It paraît que le voisinage des gens de guerre apporta quelque trouble parmi les picuses bénédictines, et qu'il en résulta des inconvéniens assez graves pour obliger les abbés de St.Bertin, qui étaient collateurs de l'abbaye, à substituer aux religieuses, des moines du même or

dre.

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vers

Paul Gelic, qui écrivit, 1512, une chronique de Cambrai, rapporte que, sous le règne de Philippe de Valois, roi de France, on découvrit, en soulevant un L'abbaye d'Honnecourt fut fon- marbre du vieux cloître de cette

abbaye, une casaque d'armes garnie de lames ou tables d'or et de pierres précieuses, une croix émaillée à l'antique, un heaume d'or enrichi de rubis, un bouclier d'argent, au milieu duquel on appercevait une figure de lion. La tête du cadavre portait une lame d'or avec cette inscription: Odo. Kast. Kambr. H. A. Rest., que l'on a interprétée par : Odon, chátelain de Cambrai, restaurateur de cette abbaye.

Ce fut vers 911 qu'eut lieu la restauration dont il est parlé dans cette inscription.

Parmi les abbes d'Honnecourt, je vous citerai Jean Ier, qui, après avoir dirigé cette maison pendant plusieurs années fut jugé digne, en 1186, de la célèbre gouverner abbaye de St.-Vaast d'Arras, dont il fit rebâtir l'église, et où il mourut par la maladresse de son chirurgien, qui lui ouvrit une artère au lieu d'une veine. Au seizième siècle, Claude de Gonnelieu, nátif de Cambrai et abbé d'Honnecourt, fut aumônier du duc d'Alençon que les Belges avaient proclamé le défenseur de leurs li

bertés.

Le 10 novembre 1757, un événement tragique jeta la consternation dans cette paisible demeure. Le prieur, vieillard plein de douceur et de bonté, fut trouvé assassiné dans son lit. Des soupçons s'élevèrent aussitôt contre un religieux nommé Dom Malo ; il fût décrété de prise de corps; mais il parvint à s'échapper et alla mourir en pays étranger.

Je ne vous dirai pas si les bénédictins d'Honnecourt contribuaient beaucoup aux travaux littéraires et aux recherches historiques qui ont rendu leur ordre si célèbre. Je soupçonne entre nous qu'ils faisaient peu de cas des doctes compilations et des gigantesques entreprises de leurs confrères de Saint-Maur.

On célébrait à l'abbaye d'Honnecourt, le 8 octobre, la fête de Ste. Valérie, et de Ste Polline, sa sœur, qui vinrent d'Angleterre finir leurs jours au sein de cette solitude, lorsque la maison était encore occupée par des femmes. LE GLAY.

-

LE SIRE DE LA VIEFVILLE.

- Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, avait parcouru sa brillante carrière, avec la réputation d'un des plus puissans, des plus somptueux et des plus fortunés princes de l'Europe. On vantait aussi avec raison sa loyauté, sa bienveillance ordinaire envers ses nombreux sujets, et sa générosité naturelle à l'égard des faibles et des opprimés; mais ses mœurs ne jouissaient pas tout-à-fait de la même renommée, et l'on sait qu'il laissa bon nombre de bâtards. C'est un exemple bien dangereux pour le peuple, quand le chef du gouvernement affiche publiquement ses prouesses en galanterie et préconise ainsi par son ascendant l'adultère et la dépravation. Il trouvera toujours des imitateurs plus dangereux encore. Dans le moyen âge, on n'était guère, à la vérité,

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