Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

vres Bocqueteaux, ne pouvant plus l'endurer, voulurent s'élancer au milieu du feu pour voir tout en un coup la fin de leurs tourmens. Ce fut alors un horrible spectacle de voir ces malheureux arrêtés par leurs chaînes à trois pieds de la mort, et sentant pénétrer lentement ses ongles aigus dans leur chair. Ils poussaient des cris lamentables ; ils crioient: Mon Dieu! Mon Dieu! en levant leurs mains au ciel et se dressant de toute leur hauteur comme s'ils alloient s'échapper par les airs; et puis, ils retomboient sur leurs chaines et les secouoient et se brisoient les dents à vouloir les mordre; mais rien n'y faisoit. On attisoit toujours le feu et l'on y jetoit de nouveaux alimens...... Au bout d'une heure, l'un des deux, qui déjà ne crioit plus, s'affaissa tout doucement. L'autre dura quelques minutes de plus; mais il tomba aussi.

grands seigneurs de France et d'Es. pagne, arriva à la porte de St.Georges, à Cambrai; là, il fut harangué par Pierre Briquet, conseiller de la ville. Les rues par où il passa étaient éclairées de trois mille flambeaux, placés à quatre pieds de distance l'un de l'autre. Au milieu de la rue Saint-Georges, les marchands de toilette avaient fait élever un portique romain, offrant la remontrance de la trinité, avec les trois états de la ville en adoration. Au cimetière Saint-Nicolas, les orfèvres, maréchaux, taillandiers et serruriers, représentèrent l'entrevue de l'Empereur et du roi de France, au port de Marseille. Vers le milieu de la rue des Liniers, on voyait les enfans d'Israël recueillant, au désert, la manne du ciel, et Melchisedech présentant à Abraham le pain et le vin. C'était l'ouvrage des boulangers. A l'angle de la rue des Liniers et de la rue des Rôtisseurs, les orfêvres avaient suspendu une grande couronne impériale, environnée de cinquante flambeaux d'argent. Les taverniers construisirent, au milieu de la grande place, une tour sur un piédestal carré, aux quatre coins duquel quatre statues d'enfant laissaient couler du vin. Une multitude de torches environnaient cette tour, que surmontait un aigle déployé portant les armoiries (G. de Flandre.) de l'Empereur, celles du Roi, du Dauphin, du duc d'Orléans et de l'Evêque de Cambrai. Au coin de la rue de l'Arbre-d'Or, sur un arc de triomphe élevé par les drapiers, on voyait trois jeunes filles richement vêtues, qui figuraient les trois

Et le peuple se retira en silence. Il ne lui semblait pas bon qu'on eut ainsi fait rôtir de la chair humaine. Long-temps après on en parloit encore avec grand blâme pour le magistrat, mais non tout haut ni en appert, car il y avoit pour l'autorité une vieille accoutumance de respect qui ne pouvoit pas s'effacer tout d'un coup.

N.

CHARLES-QUINT A CAMBRAI. Le 20 janvier 1540, six heures au soir, l'empereur Charles-Quint accompagné de deux fils de France, de sept cardinaux et des plus

vertus théologales, la Foi, l'Espérance, la Charité. A l'autre extrêmité de la même rue, un bœuf entier, empalé par une broche, rôtissait devant un feu de joie. C'était une galanterie du corps des bouchers.

Auprès de Saint-Aubert, les tanneurs et les cordonniers avaient retracé l'entrée de l'Empereur à Jérusalem. Devant la porte de cette abbaye s'élevait un nouvel arc de triomphe, décoré de toutes sortes d'armoiries et d'emblêmes; une statue de femme se détachait de `l'une des colonnes, et jetait du vin par les mamelles.

Enfin, la façade du palais épiscopal était chargée de décorations les plus riches, et offrait l'illumination la plus brillante. Au-dessus de ce portique, on avait placé un orchestre composé de tous les chantres de la cathédrale, qui chantaient moult délicieusement.

Des cérémonies religieuses eurent lieu ensuite; on remarqua que Charles-Quint prit le goupillon et jeta de l'eau bénite aux princes qui l'environnaient.

(Notice sur les fêtes de Cambrai,

par M. Le Glay).

RAIMBEAUCOURT, (ferme de Rimbault) (1), est un joli village bâti au pied et sur les flancs des rians coteaux qui s'élèvent au nord

(1) Du mauvais latin curtis, ferme, maison, château et de Raimbaldus, nom d'hom

me.

de Douai au-dessus de la vallée que

traverse le canal de la Deùle. Le panorama qui s'offre à la vue de l'extrêmité de cette commune en allant vers Monchaux est ravissant. On embrasse alors un vaste amphithéâtre bien boisé, et encore plus richement cultivé, au milieu duquel s'élèvent les clochers aigus de nombreux villages répandus dans la plaine; au-dessus d'eux on apperçoit le beffroi, le clocher et le dôme de Saint-Pierre de Douai; puis, à l'horison, les monts de Vimy et de Saint-Eloi, ceux d'Oisy et d'Arleux, du Cambrésis, d'Erchin et de Lewarde.

C'est sans doute à cause de son heureuse position qu'Agnès, fille du châtelain de Douai, abbesse des Prés, avait voulu avoir à Raimbeaucourt les terres de son domaine qu'elle y acheta en 1243, car la difficulté de communiquer à Douai avec Raimbeaucourt était grande alors, il fallait faire un détour de plusieurs lienes pour y arriver à cause des marais impraticables qui régnaient entre les coteaux et la ville de Douai.

Jean d'Avesnes, héritier prétit-fils de Marguerite comtesse de somptif du comté de Haynaut, peFlandre, habita Raimbeaucourten attendant la mort de son ayeule avec plusieurs seigneurs du pays; car il nous reste de lui un acte dressé chez le curé de Raimbeaucourt le mardi devant la Chandeleur (1 février 1284), par lequel il approuve la cession faite par Jean de Chastillon, comte de Blois et seigneur d'Avesnes à Gui de Chas

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

général bonnes et bien cultivées. On y voit de belles prairies, des bois, des courans d'eau, plusieurs maisons de campagne. Il a considérablement gagné depuis quelques années à cause des pavés qu'on y a construits, de l'établissement de la route de Phalempin, et surtout par la bonne administration du maire, M. Dupuis, dont le zèle et les bonnes intentions sont d'autant plus louables qu'elles sont rehaussées par une modestie et une simplicité toutes patriarcales. - Raimbeaucourt fait un commerce considérable d'allumettes de chanvre souffrées.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

« Il se trouva parmi ces spectateurs certains railleurs, tant étudians qu'autres, qui disaient aux étrangers: quand vous retournerez en votre pays, et que vous parlerez de ce manneken-pis, on vous demandera si vous l'avez salué, et si vous répondez que non, on ne vous croira pas et on soutiendra que vous ne l'avez pas vu; car c'est une espêce de coûtume, qu'on lui porte honneur. Sur quoi on en voyait plusieurs qui suivaient aussitôt leur conseil, et qui saluèrent le drole de mannekin. Les fillettes, demoiselles, même les cloppies, ce sont les filles dévotes, saluaient et faisaient des révérences si profondes que c'était un plaisir de les voir. Aussi y en a-t-il plusieurs du pays et de Bruxelles même, qui ne manqueront jamais de saluer ce manneken-pis en passant. »

Extrait de l'ouvrage intitulé: « Vénérable histoire du très-saint Sacrement de miracle, composée en flamand par Pierre de Cafmeyer prétre et chanoine de l'église collégiale de Sts. Michel et Gudule, et traduite en français par G. D. B. [George de Backer]. Bruxelles, chez George de Backer, 1720, avec privilége et approbation. In-fol°, figures, pages 26 et 27. »

Pour donner une idée du bon gout des flamands, il suffira de dire que, pendant le jubilé de 1720, [c'est dans la relation de ce jubilé que se trouvent les passages qu'on vient de lire], ils avaient flanqué le pauvre manneken-pisse de quatre grandes figures, peintes sur bois, représentant la force, la

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Cambrai, juillet.....

<< Ecoutez ce qui s'est passé dans cette ville, le 8 thermidor an II, comme ils disent, et louez Dieu, mon cher parent; la miséricorde suprême nous annonce de meilleurs jours.

» Le 8 thermidor, dès le matin, une foule considérable de nouveaux détenus avait été conduite à la prison de Cambrai, et cependant l'accusateur public nommé Cambrière, attendait encore d'autres victimes; mais n'ayant plus de cachots où les mettre, il avait ordonné que ce jour-là

trente-deux prisonniers seraient conduits au tribunal révolutionnaire et du tribunal à l'échafaud. >> Il était encore à la prison, et s'occupait à dresser la liste des noms qu'il voulait faire appeler, lorsqu'une charrette, venant d'Arras, amena trois religieuses hospitalières de la maison d'arrêt de cette ville, et un fermier du prince de Vaudemont. « Où faut-il les, » mettre, demanda le geolier; je » n'ai plus de place où loger ces » aristocrates. Ne te mets pas » en peine, lui répondit Cambrière, » je vais les envoyer tout droit au >> tribunal et ils m'y trouveront. >> Ce qui fut dit fut fait. La charrette, au lieu de descendre les quatre victimes à la prison, les descendit dans le lieu où Cambrière tenait ses audiences. Une heure après, la même charrette les conduisit, les mains liées et les cheveux coupés, à la guillotine de la place d'Armes.

» Les religieuses n'étaient vêtues que de robes noires, car on avait arraché de dessus leur tête le voile blanc dont elles étaient enveloppées. Lorsqu'elles furent montées sur l'échafaud, toutes les trois s'agenouillèrent, et il se fit un grand silence dans la foule qui les environnait, tant il y avait de ferveur dans leur prière et de majesté sur leur visage. La plus vieille des trois, Magdelaine Fontaine, âgée de soixante-onze aus, se releva, en criant avec force: «Chrétiens, >> écoutez-moi; nous sommes les >> dernières victimes de la terreur ; >> Dieu vous l'annonce par ma voix. » Demain la persécution aura ces

» sé; l'échafaud sera détruit, et >> les autels de Jésus se relèveront >> glorieux! » Au même instant un bruit sourd se fit entendre, c'était le couteau qui venait d'abattre la tête de Jeanne Gérard. Thérèse Simon la suivit, et après elle, la sainte femme qui venait de prophétiser apporta sa tête à la hache.

>> La prédiction de sœur Magdelaine Fontaine fournit à Lebon, à Cambrière et à leurs complices un inépuisable sujet de plaisanteries; mais le surlendemain de la mort de cette sainte femme, pâles et consternés, ils ont appris la révolution du 9 thermidor, qui brisait leurs pouvoirs et les menace de l'échafaud où tant de leurs victimes ont péri. Que Dieu leur épargne ce châtiment ! »> (G. de Cambrai.)

LA CHANDELLE D'ARRAS. Tradition populaire. — L'an 1105, au tems du comte Robert dit le jeune' (ou de Jérusalem), fils de Robert Ier surnommé le Frison, la Vierge Marie apparut en accoustrement blanc, dans la cathédrale, à deux Jouvenceaux, lesquels ordinairement étaient accoutumés de jouer d'aucuns instrumens de musique, dont ils se sçavoient ayder devant l'image de NostreDame, et leur présenta une chandelle de cire qu'elle tenoit en sa main, laquelle a toujours esté depuis, et est encore conservée en grande honneur et solemnité; et ores qu'elle soit souvent allumée, l'on maintient qu'elle ne se diminue aucunement; et c'est cette

[ocr errors]
« VorigeDoorgaan »