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commensaux de Madame Geof- tôt celui de M. Leroy, sans pré

frin.

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Encore une fois le tems est bien choisi pour transformer en fait le désir manifesté par M. Leroy. Dans ce siècle où toutes les croyances sont ébranlées où toutes les opinions sont empreintes de doute, où tous les pouvoirs sont éphémères, l'intelligence seule n'a pas à craindre d'être détrônée, le génie seul n'a pas à redouter le nivellement. Les derniers vestiges de l'aristocratie féodale ont disparu avec l'hérédité de la pairie, l'aristocratie financière est sans prestiges et voit tous ses priviléges menacés, mais l'aristocratie intellectuelle peut se confier en sa force car il ne dépend des hommes ni de la lui donner, ni de la lui ravir, seule elle a droit au respect après la vertu, car seule elle n'est pas avare de ses trésors et ne les amasse que pour les prodiguer. Payons-lui donc votre tribut en l'honorant, peut-être cet hommage tardif rendu au plus célèbre de nos compatriotes excitera-t-il l'émulation de quelqu'un de ses arrière-neveux. Qui sait si la vue du monument élevé à Fénélon, dans une ville voisine, n'a jeté dans la tête de quelque prêtre des idées de tolérance et dans son cœur des sentimens de charité? Qui sait si la statue d'Erasme n'éveillera pas quelque jour l'imagination un peu lente des bons bourgeois de Rotterdam?

pas

voir les difficultés d'exécution qu'il pourra rencontrer. Si vous le jugez praticable, veuillez bien m'inscrire sur votre liste de souscription pour une somme de 40 francs. J'aime à croire que si mon exemple n'est pas imité, cela ne tiendra pas à l'indifférence de mes compatriotes pour la gloire d'un homme qui a contribué si puissamment à l'illustration de leur cité. (1).

Veuillez agréer, etc.

N. REGNARD. »

L'UNION DE BRUXELLES”, Année 1577, selon l'original publié par J. C. de Jonge, substitutgarde-archives de l'état, avec les additions et corrections que cet auteur y a faites: traduite par Laurent Deleville-Baussart, auteur des Etudes de la langue nationale des Pays-Bas. Rotterdam, veuve Allart, libraire. (Imprimerie d'Auguste Wahlen à Bruxelles). 1829, in-8°, 288 p.-Cet ouvrage est d'un grand intérêt pour l'ex-royaume des Pays-Bas ainsi que pour la Flandre, l'Artois, le Hainaut et les autres cantons faisant aujourd'hui partie de la France. On y trouve les noms de toutes les personnes qui ont signé cette alliance si remarquable en faveur de la liberté des Pays-Bas contre la

(1) Une souscription est en ce moment ouverte au bureau de l'Echo de la Frontière, elle se couvre de nombreuses signatures, et le conseil municipal de Valenciennes vient, par une délibération du 21 mars 1834, de voler une somme de mille

Je vous donne, Messieurs, ces idées pour ce qu'elles valent, et je francs pour servir à l'érection de ce monuvous soumets mon projet ou plu

men!.

tyranuie espagnole. Ces noms (1) sont accompagnés de recherches sur les familles auxquelles ces personnes appartiennent. Le livre de M. de Jonge mérite bien d'être lu en entier. Nous n'avons voulu que consigner ici le texte de l'Union, renseignement diplomatique qui rentre parfaitement dans notre cadre et qu'on ne pouvait se procurer que fort difficilement avant la publication de cet ouvrage. Nous empruntons à M. de Jonge les courtes réflexions dont nous l'accompagnons.

Ce pacte défensif avait pour but: 1o la conservation et le maintien du catholicisme romain, 2" la confirmation de la Paix de Gand, 3° l'expulsion de toutes les troupes espagnoles et étrangères. Parmi les personnes à qui l'on attribue l'idée première de cette généreuse oppoposition, on cite : l'abbé de Ste.Gertrude, les comtes de Lalaing, de Bossu, Champaignies, Dongnies, Heze et Berseele. « Cette Union demeurera respectable aux yeux de la postérité la plus reculée, comme étant la seule alliance à laquelle aient concouru toutes les provinces des Pays-Bas (Luxembourg seul excepté) pour le recouvrement de la liberté et la défense de la patrie. Le savant historien Hugo de Groot dit à juste titre, en parlant de la conclusion de cette ligue, que ce fut l'uni

concevoir de justes espérances en faveur des Pays-Bas. Fuit id unum omnino tempus quo de rebus belgicis bene sperare licuit. »

L'Union fut rédigée en langue française, et existe ainsi en original parmi les monuments historiques des Pays-Bas, qui se trouvent à La Haye. Les langues hollandaise et flamande étaient dans ce pays celles du plus grand nombre, mais presque tous les auteurs de cet acte étaient des nobles qui s'exprimaient habituellement en français, et les députés des provinces Wallonnes, qui y coopérèrent, ne parlaient que cette dernière langue, laquelle, pour ces motifs, dut obtenir la préférence. Malgré cela, les copies que l'on en trouve dans quelques ouvrages sont en hollandais, en flamand, ou en latin, Voici cetacte tel qu'il fut contracté:

TEXTE DE L'UNION ORIGINALE (2). «Nous soubzsignez, Prelatz, gens deglize, seigneurs, gentilzhommes, magistratz des loix, villes Chastellenies et aultres faisans et représentans les estatz des pays bas en ceste ville de Bruxelles a

present assamblez et aultres, estans soubz lobeissance du tres hault, trespuissant et tresillustre Prince le Roy Philippe nostre souverain

(2)« Ce que dit Henri Agylæus [Inauguratio Philippi II, regis Hispaniarum. - Joyeuse entrée de Philippe II, roi d'Espagne,

que moment où il fut permis de Utrecht, 1620, in-80] du désordre et de

[1] Les signatures ne sont pas toutes faciles à déchiffrer; le gouvernement des Pays-Bas, qui a compris de quelle importance elles pouvaient êre, en a fait imprimer le fac simile.

l'obscurité du style de ce pacle est exactement vrai. Il y règne une telle confusion et l'on y emploie de telles tournures, qu'il devient évident que ses auteurs n'ont eu d'autre intention que de masquer leur véritable dessein sous l'étalage pompeux des expressions, etc. >>

Sr et Prince naturel êta Scavoir faisons a tous presens et advenir Que voyans nostre commune Patrie estre affligee par une oppression des espaignolz plus que barbare et tyrannicque, Ayons este meuz poulsez et constrainctz de nous unir et joindre par ensemble et avecq armes, conseil, gens, et deniers assister l'un laultre contre lesdz Espaignolz et adherens declairez rebelles a Sa Majeste et noz ennemys, et que ceste union et conionction a depuis este confirmee par la pacification dernierement faicte, le tout par auctorite et aggreation du Conseil destatz par sadicte Majeste commis au gouvernement general desdz pays. Or comme le but pretendu de ceste union Requiert toute fidelite, constance et asseurance mutuelle et reciproque pour jamais, et que ne voulons aulcunnement par quelque mal entendu y avoir matiere de soupcon et moins de sinistre volunte en aulcuns de nous, Mais au contraire les affaires dicelle union estre procurez, diligentez et executez en toute sincerite, fidelite et diligence, De sorte que personne des subiectz et habitans desdz pays nayt occasion raisonnable de se mescontenter ou doubter de nous, Pour ces raisons et mesmes affin que riens ne soit faict infidelement au preiudice de nostre commune patrie et juste defense, ou obmis par negligence ou connivence, ce que pour jcelle juste defense est ou sera requis, avons en vertu de nostre pouvoir et commission Respectivement et aultrement, pour nous

et nos successeurs Promis, et Promectons en foy de Christiens Gens de bien et vrays compatriotes, de tenir et entretenir Inviolablement, et a jamais, ladicte union et association, sans que aulcun de nous sen puisse desioindre ou departir par dissimulation, secrete intelligence, ny aultre maniere quelconque, et ce pour la conservation de notre Sainte foy et Religion Catholicque Apostolicque Romaine accomplissement de la pacification joinctement pour lexpulsion des Espaignolz, et leurs adherens, et la deue obeissance a Sa Majeste, pour le bien et repos de nostre patrie, ensemble pour le maintiennement de tous et chacuns nos privileges, droictz, francises, statutz, coustumes, et usances anchiennes, A quoi exposerons tous les moyens que nous seront possibles, tant par deniers, gens, conseil et biens, voires la vie sil fust necessaire, Et que nul de nous ne pourra en particulier donner aulcun conseil, advis ou consentement, ny tenir communication secrete ou particuliere avecq ceulx quij ne sont de ceste union, Ne aucontraire leur relever aulcunement ce quest ou sera en nostre assemblee traictie advise ou resolu, Ains se debvra en tout conformer a generalle et commune Resolution, ce que portera nostre et en cas que quelque province, estat, pays, ville, chasteau, ou maison fust assiegiee, assaillie, invahie, foullee, ou oppressee, ensorte que fust, mesmes si aulcun de nous, ou aultre sestant esvertue pour la patrie et com

mune defense dicelle contre lesdz Espaignolz, ou aultres affaires en dependans, tant en general, que en particulier, fust recherche, emprisonne, ranchonne, interesse, moleste, ou inquiete en sa personne, biens, honneur, estatz, ou aultrement, Promettous y donner assistence par tons les moyens susdz, et mesmes procurer la delivrance des emprisonnez, soit par force, ou aultrement A paine destre degradez de Noblesse, de Nom, Darmes, et honneur, Tenus pour parjures, desléaux et ennemis de nostredz patrie, devant Dieu et tous les hommes, et encourir note "dInfamie, et laschete 'a jamais, Et pour valider ceste nostre sainte union et association, Avons ceste presente signee de nos mains et seingz manuelz ce neufiesme jour de janvier lan quinze cens soixante Dix sept.» — Suivent Les signatures.

en

Cette mémorable union fut de trop courte durée. L'ambition des grands et le fanatisme religieux amenèrent sa dissolution, en faisant éclore le germe de mort qu'elle renfermait. Il est curieux, ce moment, de lire ce que disait à cet égard M. de Jonge il y a peu d'années. « L'on devrait s'étonner qu'une alliance de cette nature, composée d'élémens si hétérogènes, ait pu se conclure une seule fois, qu'elle se soit maintenue pendant quelque tems, et qu'elle ne se soit dissoute qu'après deux années révolues; car si l'on considère la différence du langage, des mœurs et des intérêts, qui, depuis les siècles les plus re

culés avait divisé ces diverses provinces, l'on ne doit pas être surpris qu'il ait existé aussi peu d'accord dans les opinions des alliés. Il était en effet bien difficile aux Hollandais et aux Zélandais de s'entendre avec le Brabançon; au Brabançon avec le Flamand; aux habitans de la Gueldre et de la Frise avec ceux du Hainaut, de Namur et d'Arras. » Si cette assertion avait autrefois besoin de preuve, l'année 1830 lui en fournit une suffisante. A. L.

LANGAGE DE NOS PÈRES, AUX XIe et XII SIÈCLES. Les recherches sur l'origine et l'ancienneté de notre langue ont un attrait singulier pour tous les hommes réfléchis. Des savants distingués y ont consacré leurs veilles, mais la matière est loin d'être épuisée. Chaque jour des écrivains éclairés, guidés par le plus louable zèle, encouragés par les applaudissements qui accueillent maintenant tous les travaux de l'intelligence vont furetant les vieux monuments inédits de notre langage, et s'efforcent de faire sortir la lumière de ce cahos. M. Raynouard, qui nous offre l'alliance si rare d'illustrations diverses souvent jugées incompatibles, l'auteur des Templiers, descendant du théâtre de sa gloire, n'a pas dédaigné de pénétrer à plusieurs reprises dans cet obscur labyrinthe, et chaque fois, nous l'en avons vu revenir riche de découvertes précieuses pour les amis de l'étude et de notre pays.

Parmi nous, plusieurs bons esprits s'attachent aussi à cette œuvre

méritoire je ne citerai que MM. de Reiffenberg, Le Glay, Delmotte, Gachard et M. Arthur Dinaux, non parce qu'il est mais quoiqu'il soit mon ami. A ces noms honorables je joindrai celui de M. Raoux, ancien conseiller d'état à Bruxelles, car c'est à son occasion que j'écris

cette note.

M. Raoux qui, je peuse, a pris naissance dans la petite, mais jolie ville d'Ath, fait de l'étude de l'histoire l'objet de ses loisirs. En 1824, l'Académie de Bruxelles couronna un mémoire composé par lui sur les langues flamande et wallonue. Dans une séance de la même Academie, tenue le 26 novembre 1825, M. Raoux donna lecture d'un autre Mémoire, plein d'intérêt, sur l'ancienne démarcation des pays flamands et wallons aux Pays-Bas (1). L'auteur y établit avec sagacité, à l'aide de nombreuses recherches, « que la ligne topographique, qui sépare actuellement les pays où l'on parle le flamand et bas-allemand d'avec ceux où l'on parle wallon, n'a pas varié sensiblement depuis mille ans, depuis le règne des enfans de l'empereur Louis-le-débonnaire, qui se sont partagé ses états vers le milieu du neuvième siècle.» Notre intention n'est pas de donner ici l'analyse de ce mémoire; mais nous y avons remarqué deux faits intéressants pour nous, qui se trouvaient comme perdus dans de volumineux ouvrages et que nous allons rapporter : l'un est tiré de la collection des Bollandistes ; l'au

(1) Inséré dans le 4 volume des Nouveaux némoires de l'Académie des sciences et belleslettres de Bruxelles.

tre, d'une histoire de St.-Bernard, qui accompagne les éditions de cet oracle de l'église publiées par le savant Mabillon, et nommément celle de Paris, 1719, 2 vol. in-fo.

Un personnage illustre par sa naissance, Norbert, né à Xanten, dans le pays de Clèves, vivait dans sa jeunesse à la cour de l'empereur Henri V, dont il était parent. Sa conduite fut d'abord mondaine et dissipée; mais, frappé tout-à-coup d'un rayon divin, il résigna les bénéfices dont il était pourvu, distribua son bien aux pauvres et devint chef d'une mission de la foi. Après avoir parcouru l'Allemagne,' l'Italie et une partie de la France, il arriva à Valenciennes, avec trois de ses compagnons, la veille du dimanche des rameaux de l'année 1119. Parlant et entendant à peine la langue romane, qui était celle du pays, l'ardeur de son zèle le porta à prêcher le lendemain en présence du peuple. Il fut si agréable à ses auditeurs qu'ils voulurent le contraindre à passer dans cette ville les fêtes de Pâques et à s'y reposer de ses fatigues, ce que St. Norbert ne voulait pas faire, son dessein étant de se rendre dans le diocèse de Cologne dont il connaissait les habitants et la langue (1).

(1) Cum tribus sociis venit Valentianas

sabbato palmarum. In crastinum ergo fecit sermonem ad populum, vix adhuc aliquid sciens vel intelligens de lingua illa, Romana videlicet, quia eam numquam didicerat : sed non diffidebat, quin, si materna lingua verbum Dei adoriretur, Spiritus sanctus, qui

quondam centum viginti linguarum erudierat diversitatem; linguæ teutonicæ barbariem, vel latina eloquentiæ difficultatem, auditoribus habilem ad intelligendum faceret. Et ita; per gratiam Dei, omnibus ac

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