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nes, et son architecture, pleine de bizarrerie et d'un caractère particulier, ne donne aucune lumière cet égard.

l'étendard des Louvanistes, et ajou-
ta qu'ils formeraient à l'avenir une
classe de citoyens à part sous la
dénomination de Petermans, c'est-à
à-dire, hommes de St-Pierre.

A l'extrémité septentrionale du château, et par une exception dont il est difficile de se rendre compte, s'élève une petite tourelle construite en grès, et dont les formes élégantes et légères présentent avec le reste du manoir un contraste des plus singuliers. Ses ogives, à triples colonnettes, sont unies entre

Ce mot, dont l'origine est, comme nous venons de le voir, un titre de gloire pour Louvain, ne s'emploie aujourd'hui que pour désigner la bière connue sous ce nom. Nous ignorons à quelle occasion cette espèce de métamorphose doit avoir eu lieu. Il est possible que cette bière, d'une meilleure quali-elles par une tête d'une expression té que les autres, ait d'abord été bouffonne, et, sur les parois, des faite pour les seulsPetermans et que figurines d'un travail exquis joide là on lui ait donné le nom de gnent leurs mains dans l'attitude de ceux pour qui elle était faite. On la prière. L'œil, blessé par la blanpourrait aussi dire quand elle a cheur uniforme de tous les objets commencé à être en vogue. Ceux qui l'entourent, se repose avec charqui en buvaient, charmés de sa me sur cette délicieuse petite consbonté, ont cru ne pouvoir en faire truction, qui rappelle par sa forme mieux l'éloge, qu'en disant : c'est ce que l'on nomme, en architectuune bière digne d'être servie à la tare militaire, nid d'hirondelle, mais ble des Petermans, de là bière de qui ne peut servir en aucune façon Peterman,et parabréviation. Peter- à la défense du manoir. Les habitans du pays désignent cet objet sous le nom de caiere grisse (chaire grise); sans doute à cause dela couleur des grès avec lesquels on l'a construite.

man.

(Le Franc-Parleur.)

Le

LA CHAIRE GRISE. château d'Esnes, en Cambrésis, est une de ces vieilles habitations féodales l'on rencontre si fréque quemment dans la Flandre. Au rebours de la plupart des autres forteresses, on a bâti celle-là au fond d'une vallée que des hauteurs dominent de toutes parts, et ses murailles de pierres blanches énormes, loin d'être noircies par le tems, se détachent éblouissantes sur la verdure sombre d'un bois immense. On ne connaît pas l'époque précise où fut construit le château d'Es

Les Flamands aiment trop le merveilleux pour ne point expliquer par l'intervention du diable l'origine de la Chaire - Grise; et voici la tradition répandue à cet égard.

Lorsque Saint-Vaast, l'apôtre de la Flandre, vint prêcher le christianisme dans ce pays barbare, ses miracles, bien plus encore que ses prédications, convertissaient les sauvages Nerviens. Satan poussa

des cris de douleur en voyant ceux qu'il regardait naguères comme une proie certaine, courir au-devant du saint évêque, et recevoir de lui le baptême et la vraie foi. Il résolut, pour maintenir sa puissance chancelante, d'opposer miracle à miracle, et pour cela, il fit tomber le feu du ciel sur le château d'Esnes, dont il ne resta bientôt plus pierre sur pierre.

Le baron d'Esnes, propriétaire de ce manoir, était un nouveau converti; il courut tout en larmes se jeter aux pieds de Saint-Vaast, en le suppliant de reconstruire son château par un miracle. Le saint répondit au nouveau chrétien par une remontrance paternelle, et lui prêcha la résignation aux décrets de la volonté divine.

Comme le baron d'Esnes s'en revenait triste et désappointé, le diable lui apparut. Il s'offrit de reconstruire en une nuit le château brûlé si le baron voulait abjurer sa religion nouvelle. Le haron accepta le parti, et, le lendemain, à la grande surprise de tout le pays, le château d'Esnes, recoustruit d'une façon nouvelle, apparut au lieu des ruines fumantes et des débris qui la veille couvraient la terre. Une merveille si grande ébranla beaucoup les témoins du refus qu'avait fait St.-Vaast d'en opérer une semblable. L'apôtre, pour truire cette mauvaise impression, se rendit au château d'Esnes; et, comme on lui en refusait l'entrée, il s'adossa contre les fortifications, pour parler à la foule accourue de toutes parts. Tandis que le saint

homme faisait une exhortationà ces chrétiens chancelans dans leur foi nouvelle, un rayon brûlant de soleil vint tomber sur la tête chauve du vieillard: soudain, quatre anges descendirent des cieux, et construisirent autour de lui la Chaire Grise. A ce miracle, dont plus de quatre mille personnes furent témoins, dit la tradition, les blasphêmes se changèrent en prière; et tous ceux qui n'avaient point encore reçu le baptême le reçurent aussitôt des mains de Saint-Vaast. Le baron d'Esnes ne put résister lui-mème à cette preuve de la puissance de Dieu; et le diable, confus et chassé avec quelques gouttes d'eau bénite, s'en retourna aux enfers. S. HENRY Berthoud.

LE CHEVALIER MONDESIR. - A l'époque où les habitans de Valenciennes devinrent français, par la grâce de Dieu et des mousquetaires de Louis XIV, il paraît que beaucoup de personnes prétendirent s'attribuer la principale part de la glorieuse et vraiment merveilleuse conquête de cette ville. Un certain chevalier Mondésir, peut-être gascon d'origine, crut devoir, quelques mois plus tard, se transporter à Tournai afin d'y faire dresser le certificat qu'on va lire, et qui nous a paru porter un caractère assez original.

« Pardevant Jean Estienne Caulier, conseiller du Roy en son bailliage à Tournay et Tournésis, Mortaigne, Saint-Amand et appertenances, etc. est personnellement comparu sy qu'il a déclaré,

Jean Mondésir, gentilhomme et lieutenant des grenadiers à cheval au service de Sa Majesté, de présent en cette ville; lequel comparant nous at certifié : que le dixsept de mars seize cent soixantedix-sept, attaquant les dehors d'Anzain de la ville de Vallenciennes, il auroit avec ses gens donné du costé du fauxbourg de NostreDame, où il auroit repoussé et suivy les ennemis entrant par le flancq de la demie-lune de la glacière jusques au tapecul de devant le pas de cheval, lequel ils forcèrent et sont entrés jusques au dernier pont-levis qu'ils trouvèrent levé, et comme ils étaient sur le point de se retirer, ledit comparant apperçut une fausse porte qui étoit dans le pas de cheval à gauche et entrant dans la place, la quelle il fit enfoncer par des grenadiers avec des haches, ce qu'étant fait ils entrèrent par un escalier jusques dans un petit jardin où étoit le quichet et de là passant outre ils forcèrent une petite porte qui leur facilita l'entrée du rempart, et de là descendant dans la rue ils trouvèrent seulement deux soldats qui se cachoient sous la porte, auxquels on donna quartier sous condition qu'ils assisteroient à faire ouvrir la porte et à abaisser le pont levis, ce qui leur réussit à la faveur de leurs haches, et ainsi entrèrent de cette manière dans la ville sans rencontrer personne jusques au marché au fillet, où ils trouvèrent des bourgeois armés qui les repoussèrent jusques à une petite baricade audelà du pont des moulins.

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L'OFFICIER GASCON. . On lit dans le Mercure de 1677, que lors de la prise de Valenciennes par les français dans le mois de mars de la même année, un des principaux officiers espagnols de la garnison, qui vit qu'on ne fesait point de quartier dans la première chaleur de l'attaque, s'alla jeter tout ému dans les bras d'un officier français, d'origine gasconne, dont le Mercure n'a point transmis le nom à la postérité, mais qui pourrait bien être notre ami le chevalier Mondésir dont il vient d'être question. L'espagnol se rendit son prisonnier, et lui of

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ORIGINE DE CALVIN. Dans la ville de Cambrai, au coin de la place et de la rue St.-Nicolas, en face de l'ancienne église sous l'invocation du bienheureux que nous venons de nommer, et non loin de l'abbaye du St.-Sépulcre, se trouvait encore, il y a soixante ans, une de ces maisons bâties à la manière espagnole, comme toutes les constructions flamandes qui datent du quinzième et du seizième siècle. Sous un pignon pointu dont l'angle enfermait, dans sa partie la plus étroite, deux petites fenêtres semblables à deux yeux, descendaient, en reculant les uns sur les autres, trois étages bas et petits, cuirassés de planches noires et damasquinés d'innombrables vitres étincelantes au soleil comme des écailles d'acier. Une enseigne de bois vermoulu, et dont les figures raides, peignées et froide ment coloriées annonçaient l'oeuvre surannée d'un artiste du moyen âge, faisait lire, en caractères de pourpre, ces trois mots triomphans:

AUX DIX-SEPT PROVINCES. Aujourd'hui la vieille maison a fait place à un bâtiment d'apparence vulgaire, et, de l'ancienne auberge, il ne reste que des écuries souterraines et les trois mots de l'enseigne.

Parmi les nombreux Flamands qui passent devant la maison dont je parle, parmi les étrangers qui lisent son enseigne tandis que la diligence en ébranle en passant les fenêtres, parmi les voyageurs qui viennent y chercher un gîte et un repas, il ne s'en trouve sans doute point un seul qui sache que là a été conçu un homme dont la main a jeté un schisme de plus parmi les chrétiens, et contribué puissamment à changer l'aspect de l'Europe. Cet homme, c'est Calvin.

L'auberge des Dix-sept Provinces était, en 1508, le patrimoine de Jacques Lefrancq, joyeux cabaretier, actif, propre, important, gros et court comme tous ses confrères de la Flandre. Grâce à ses soins et à son intelligence, grâce surtout à la beauté de sa fille Jeanne, dont on citait les yeux noirs, le teint rose, les bras potelés, les jolies dents et le sourire plein d'avenance, Jacques Lefrancq voyait prospérer, au-delà de ses désirs, l'auberge qu'il exploitait. Aussi, lorsqu'un voyageur de Noyon, nommé Philippe Cauvin, qui, depuis trois mois logeait aux Dix-sept Provinces, vint apprendre au cabaretier qu'il aimait Jeanne et qu'il en était aimé ; qu'il demandait à devenir son é

poux, et qu'il n'était pas un gendre à dédaigner, puisqu'il exerçait un commerce lucratif qui ne lui rapportait pas moins de quinze cents livres chaque année, Jacques répondit : « Et moi, je lui donne, en mariage, douze mille bonnes livres en écus d'or bien trébuchans. >>

Jeanne épousa Philippe Cauvin qui établit son domicile à Cambrai, dans l'auberge des Dix-sept Provinces. Neuf mois après son mariage, il fit avec sa femme un voyage à Noyon, et c'est là Jeanne mit au monde un enfant auquel, dans sa tendresse de mère, elle voulut imposer, lors du baptême, le nom qu'elle portait.

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une cure dans laquelle il ne résida point, et dont il employa les revenus à se procurer les moyens de continuer ses études à Paris. Gagné à la religion de la réforme par Pierre-Robert Olivetan, son compatriote, il abandonna l'étude de la théologie, et mena une vie errante jusqu'en 1538. Il vint alors à Genève où il remplit la chaire de théologie. Il y dressa un formulaire de confession de foi qu'il fit passer comme loi de l'état, qui devint la base de la croyance religieuse appelée de son nom Calvinisme, et il reçut le nom populai re de pape de Genève. Calvin mourut dans cette ville en 1564.

Un chanoine de la cathédrale de Cambrai, mort il y a deux ou trois ans, est le dernier membre de la famille Lefrancq qui ait porté le nom de la mère de Calvin. Il ne reste plus de cette famille célèbre que quatre ou cinq personnes, portant des noms différens, et dont l'une est M. Jules de Cannoy, jeune négociant de Cambrai.

S. HENRI Berthoud.

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