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que les romains désignaient sous le nom de maceria; des cadavres humains et des ossemens d'éléphans, un casque romain déposé au cabinet d'antiques de feu M. Effroy, d'Arras, des médailles de Vespasien et d'Antonin-le-Pieux, et une chaussée en pierres calcaires (1).

Est-ce l'invasion franque? est ce l'invasion normande qui a détruit jusqu'au nom de cette citée (Gaz. de Flandre),

romaine?

LA CHAPELLE DE SAINT AYBERT. Le hameau de ce nom, dépend aujourd'hui de la commune, comme jadis Saint Aybert en personne dépendait de l'abbaye de Crépin. Lorsqu'on a franchi le Honiau après avoir traversé le beau et riche village de Crépin; lorsqu'on a dépassé le hameau de la Chapelle St.-Aybert qui en fait partie, on arrive au canal de la Hayne, sur lequel un pont-levis est jeté, du milieu de ce pont, le voyageur voit, à droite, au bout du canal, la tour de Mons, à gauche, au bout du canal aussi, le clocher de Condé : Ces deux monumens semblent joints par une ligne d'eau couverte d'une ligne de mâts rangés comme une armée un jour de grande revue: ce spectacle est grand et magnifique. Il semblerait qu'après avoir passé ce pont on devrait être sorti deFrance

(1) Ces découvertes ont quelque rapport avec celles qui ont eu lieu dans le marais de l'Etoile, ou pied du Camp-de-César.

puisqu'on a déjà débordé les églises belges de Quiévrain et d'Ainsies ; toutefois il n'en est rien; il reste encore une petite pointe de terre qui fait partie du territoire français. C'est à l'extrémité de cette pointe, qui semble un promontoire avancé sur la Belgique, que l'on voit un petit monument bien délabré, bien crevassé, mais l'un des plus anciens de la contrée : c'est la chapelle de St. Aybert. Elle doit son origine à un pieux anachorète, né à EspainBieharies, entre Tournai et St.Amand, en 1060, el que convertit une chanson faite sur les vertus de saint Thibaut, ermite champenois, peut-être la plus ancienne chanson française récitée dans la Flandre. En l'an 1115, second abbé de Crépin, saint Ayavec la permission de Lambert, bert se retira dans une cellule qu'il se fit bâtir à l'endroit dont nous parlons, au milieu d'un désert, dit son biographe; désert devenu aujourd'hui le plus gras pâturage du canton. Saint Aybert y vécut d'herbes et de racines, au milieu des macérations les plus cuisantes, s'imposant les plus dures tortures, de sorte que sa vie fut un martyre continuel; ce qui ne l'empêcha pas d'atteindre ses 80 ans puisque Dieu ne l'appela à lui que le 7 avril 1140, qui arrivait justement le jour de grand'Pâques. Son corps fut enterré dans le tit oratoire de son ermitage, par les abbés de Crépin et de St.-Amand. C'est ce modeste oratoire,

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que Burchard, évêque de Cambrai, avait fait bâtir à St. Aybert, qui est encore aujourd'hui debout. Il n'a rien que de simple; son architecture est sans ornemens, sans grâce, sans élégance. son seul mérite est l'antiquité. Ce petit édifice a été bâti entièrement en grés, comme toutes les constructions très anciennes du pays; on ne voit de briques que dans d'énormes crevasses restaurées et

;

remplies avec ces matériaux plus modernes. Les fenêtres sont à jour, et agrandies par la ruine du monument; le toit fait défaut en plusieurs lieux les murailles ont jusqu'à quatre pieds d'épaisseur et sont cependant ouvertes en beaucoup d'endroits, par le peu de consistance du terrain marécageux sur lequel l'oratoire fut élevé. La commune de Crépin a l'intention de démolir incessamment le tout, et de faire un petit pavé avec les pierres qui en proviendront. Encore un vieux souvenir qui va s'effacer !

Le corps de saint Aybert a beaucoup voyage; on l'enleva de son cercueil après qu'il eut fait maints miracles, pour le donner à l'église de l'abbaye de Crépin; rendu à la chapelle St.-Aybert en 1303, on en fit une seconde translation l'an 1464, afin de le placer dans une chasse plus riche. La crainte des huguenots fit que le seigneur du lieu, enfouit ces reliques en 1566, dans des haies et sous des buissons; les brises-images culbutèrent l'oratoire, n'en laissèrent que

les murailles, mais ne trouvèrent pas les précieux ossemens. Cette tempête passée, on replaça le corps dans la chapelle en 1568; depuis, l'abbaye de Crépin s'arrogea le droit de le posséder dans son église; cette dernière position, beaucoup trop en vue pour un saint si modeste, porta malheur à l'intégrité de son corps; chacun voulut en avoir un morceau. On en détacha un bras pour l'abbaye de St.Martin de Tournai, une vertèbre pour l'église d'Espain, sa patrie ; les moines d'Hautmont lui arrachèrent une côte, et les sœurs noires de Mons, plus exigantes, ne l'en tinrent quitte qu'en obtenant

un membre entier.

Quant à la cellule du saint, elle a été plusieurs fois renouvellée et habitée par des hôtes bien divers; après avoir servi d'asile à de pieux chapelains qui desservaient l'oratoire, elle devint le logement d'un bouvier du marais, d'un éclusier du canal et d'un douanier de la frontière; elle est aujourd'hui habitée par un garde du duc d'Aremberg, propriétaire des belles prairies qui entourent la chapelle. Ce récent occupeur de l'antique cellule est celui qui diffère le plus du bienheureux fondateur; il n'a conservé, comme on le pense bien, aucune des habitudes du saint, pas même celle de vivre de racines et de ne boire que de l'eau: si par aventure on obtenait de lui dans la suite des tems, ce dernier résultat, on pourrait croire que le tombeau de saint Aybert opère encore des miracles.

A. A.

XVII.

LES HOMMES ET LES CHOSES. /

289

SERMENT DES BOURGEOIS brai, tenu en la ville de Mons, au mois d'octobre 1586.

Une note cu

DE ST.-OMER. rieuse de M. Tailliar a été reproduite par les Archives, dans l'analyse de sa Notice sur l'origine et l'organisation des communes dans le Nord de la France ; c'était le serment des bourgeois de Douai. Voici venir celui des bourgeois de St-Omer, document pour le moins aussi peu

connu.

<< Vous jurez de garder les droits de la ville et de la bourgeoisie.

» Si vous voyez un estranger assener ou aggresser aucun bourgeois, aiderez et assisterez vostre confrère bourgeois; aussi vous promettez estre leas et fidel à sa majesté; et si vous entendez ou sçavez aucune chose préjudiciable à sadite majesté ou à la ville, en avertirez secrètement monsieur le mayeur ou messieurs, sans en faire bruit par rue; promettez qu'outre l'obéissance aux commandemens de messieurs mayeur et eschevins, comme bon bourgeois doit faire, et de comparoir à toutes allarmes, avec bonnes armes pour défendre la ville et vos confrères bourgeois, mesme de vivre catholiquement selon les ordonnances et institutions de notre mère la sainte église catholique, apostholique et romaine. Ainsi vous veuille Dieu aider et tous ses saints. »

La profession de foi qui formele dernier alinéa du serment des bourgeois de Douai terminait tous les sermens dans les villes des PaysBas de la domination espagnole, depuis le synode provincial deCam

le

Si on a pu concevoir quelques doutes sur le sens du motLoy, employé dans le serment de Douai, texte de celui que nous publions aujourd'hui levera toutes les difficultés, en fesant connaître qu'on a entendu désigner par ce mot les magistra ts municipaux, le corps de ville. Ainsi, le renouvellement de la loy, c'est-à-dire l'élection des officiers municipaux, avait lieu tous les ans à St-Omer le 5 de janvier, veille des Rois.

De nos jours, nous n'avons plus de bourgeois, partant plus de serment; on en exige toujours cependant des conseillers municipaux, tuteurs des communes,mais pas un mot des intérêts qui leur sont confiés; on a aujourd'hui bien d'autres soucis: la restauration leur a imposé la formule suivante en 1814 et 1815 : « Je jure et promets à Dieu de garder obéissance et fidélité au Roi, de n'avoir aucune intelligence, ni d'assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue qui serait contraire à son autorité, et si, dans le ressort de mes fonctions ou ailleurs, j'apprends qu'il se trame quelque chose à son préjudice, je le ferai connaître au Roi. >>

D. F.

CITADELLE D'ARDRES. J'avais rencontré dans un recueil de plans et profils des principales villes et lieux considérables de

France, vol. in-4° oblong, sans titre, que je crois être le recueil pu

si

blié à Paris, en 1631, par Tassin, j'avais, dis-je, rencontré un plan de la ville d'Ardres qui m'intriguait beaucoup, à cause d'une citadelle entourée d'un large fossé de figure carrée, et d'une superficie à peu près égale à celle de la ville; deux larges bastions s'avancent aux angles qui dominent sur les champs et protègent la porte placée entre eux. Les planches de ce recueil, quoique grossièrement gravées, présentent assez d'exactitude dans les parties qui en sont connues, pour donner lieu de penser que l'artiste avait pu pécher par de nombreux détails, cependant on ne pouvait croire que son inexactitude ait été jusqu'à gratifier d'une citadelle une ville qui n'en possédait pas. J'ai consulté tous nos historiens imprimés, tous se taisent sur l'existence d'une citadelle à Ardres; j'ai inutilement fouillé les archives du génie; enfin les mémoires inė– dits de Jean Hendricq, bourgeois de St-Omer, sont venus nous révéler d'une manière certaine l'existence de cette forteresse et sa démolition. Espérons qu'un jour les Archives s'enrichiront d'une bonne notice sur ce précieux recueil dont la bibliothèque de St.-Omer possède une copie incomplète en 3 vol. in-folio, contenant le récit de ce qui s'est passé dans le pays, de 1594 à 1624.

Louis XIII était arrivé à Calais le 26 décembre 1620, et non le 6, comme le disent Lefebvre et Henry, accompagné du prince de Condé, des ducs d'Elbeuf, de Guise, de la Rochefoucauld, etc. etc. Le

28, Condé se retire à St.-Omer, mécontent de la faveur toujours croissante du duc de Luynes, à qui le gouvernement de Calais avait été donné peu de tems auparavant.

« Le mercredi 30, dit Hendricq,

le roy fit démolir et abattre la citadelle d'Ardres, que le gouverneur, M. de Montcavrel, avait fait bâtir les ans passés durant les troubles et particularités des prin

ces contre le roy; car ce gouverneur, assez partial en faveur desdits princes, ne se tenant assuré des habitans ni des seigneurs et gentils hommes circonvoisins, très-fidèles à leur roy, avoit fait bâtir une haute muraille et enfermer aucunes maisons à la porte de Hault, qui tire du côté de St.-Omer, et y fit une sortie pour entrer et sortir à sa vode la ville et les munitions convelonté, puis y avoit retiré l'artillerie

nables. »

« Cette même matinée, étoient entrés dans la ville quelques 800 soldats françois et fait marquer les logis pour la venue du roy, et plus, marquer les logis pour la cavalerie de sa garde; iceux désarmèrent la vieille garnison qui étoit à la dévotion dudit gouverneur et firent commandement que tous, petits et grands, même des villages circonvoisins eussent à venir avec leurs instrumens démolir cette place, ce qui fut un grand contentement des dits habitans, combien qu'ils n'en montrassent le semblant et cy retrouvèrent incontinent plus de cent personnes pour travailler. >>

<< Ledit gouverneur qui rongeoit

son frein de dépit d'un tel affront, partit d'Ardres et fut trouver le roy à Calais. Aucuns disoient qu'il avoit voulu faire le mauvais et ne souffrir ladite démolition; mais l'on y avoit prévu, remplissant cette ville de soldats; autres disoient qu'il seroit démis de son gouvernement et un autre mis en sa place; mais il retourna le lendemain avec même honneur que du passé. »

Ce coup d'état ayant parfaitement réussi, Louis XIII partit de Calais le 31 pour se rendre à Paris et, le jour du nouvel an, il toucha les écrouelles à une multitude de malades réunis dans l'église cathédrale de Boulogne, comme chacun pu être informé par les puen avait blications que Sa Majesté avait fait faire dans tous les environs, le mardi 29 décembre. La foule fut telle que beaucoup se retirèrent sans avoir été favorisésde l'attouchement royal.

Le gouverneur d'Ardres était François-Charles de Monchy, marquis de Moncavrel, mort en 1627. Son père, Jean de Mouchy, avait été gouverneur d'Ardres et d'Etaples.

D. F.

BIÈRE PETERMAN. Tout le monde connait à Louvain l'excellente bière qu'on appelle Peterman, mais beaucoup de personnes ignorent quelle est l'origine de ce mot,quiavaitautrefois une touteautre acception qu'aujourd'hui. Elle est aussi noble qu'ancienne et remonte au tems de Henri Ier, duc de Lotharingieet comte de Louvain.Ce prince était en guerre avec les Lié

geois; se trouvant plus tôt prêt que ses ennemis, il envahit leur territoire, assiégea et prit Tongres. Ce succès lui donna de l'audace, et il marcha précipitamment sur Liége, dans l'espoir de surprendre cette ville; il fut trompé dans son attente, et loin d'obtenir une victoire facile, il fut lui-même repoussé et inis en fuite. Efant campé vers la nuit à un endroit nommé Steps (en latin Stippum), il fut bientôt assiégé par les ennemis, dont le nombre s'augmentait à chaque instant. Les nôtres, quoiqu'inférieurs en nombre, se défendent courageusement, mais après avoir souffert la faim pendant deux jours, ils sortent de leur Louvanistes aux premiers rangs, et camp en bataillons serrés, les attaquent les ennemis; on combat d'abord avec courage; la perte est égale de part et d'autre, mais insensiblement, lesLouvanistes enveloppés de tous côtés, sont forcés de céder au nombre la plupart sont pris ou tués; le ducHenri lui-même étant tombé de cheval, se trouva dans un danger imminent; on dit même qu'il fut un instant au pouvoir des ennemis et que les Louvanistes se dévouèrent pour leur arracher leur prisonnier. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il ne dut la vie qu'au courage de ces derniers, dont deux mille restèrent sur le champ de bataille. De retour dans ses états, et touché d'un dévouement si héroïque, le comte de Louvain se montra reconnaissant, corda une foule de priviléges à tous ceux qui avaient combattu dans cette fatale journée sous la bannière de Saint-Pierre, qui était alors

ac

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