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lui, que, dans un banquet qu'ils lui donnèrent à l'époque de son départ, les toasts, les accolades, les cris Vive de Craene! Vive l'honneur de l'Ecole! furent si chauds, si bruyans que la police romaine, alarmée par l'exaltation de ces jeunes et fougueuses têtes d'artistes, fit entourer par ses carabiniers le lieu du banquet, et que, quelques jours après, toutes les feuilles absolutistes publièrent qu'on avait découvert une loge de carbonari.

En considérant les œuvres de De Craene, on partage volontiers l'enthousiasme de ses camarades, et il n'est pas besoin d'ètre du métier pour en apprécier, sinon tout le mérite comme œuvre de conscience, au moins comme talent vrai et original. Ceux qui s'imaginent que la science de l'architecture se réduit à tirer des lignes plus ou moins droites ou parallèles, seront singulièrement détrompés par les travaux de notre compatriote; c'est plutôt une collection de tableaux que de dessins, tant y est vif le sentiment du relief, de la couleur, je dirai même de la nature, car elle existe aussi bien pour les proportions d'un édifice que pour celles des personnages qui l'habitent. La peinture avec ses couleurs à l'huile et

ses riches effets d'ombre et de lumière, ne saurait mettre plus d'esprit, de vérité, de finesse dans les moindres détails, que le crayon ou le pinceau de De Graene, aidé seulement de la sépia, du bistre

et des couleurs à l'eau. Je citerai principalement ses tombeaux étrusques et ses dessins des loges du Vatican, d'après Raphael : Granet et Van Brée ne font pas mieux les intérieurs d'églises. Dans des vues d'Herculanum, sujets également traités avec talent par Vervloet, comme on a pu le voir dans la nombreuse collection de ce dernier, exposée récemment à Bruxelles, l'architecte me paraît supérieur au peintre ; et quand on songe que l'architecte, bien plus consciencieux que le peintre, à mesuré scrupuleusement tout ce qu'il a représenté, et que jamais il ne s'est permis de laver seulement une feuille d'acanthe d'un chapiteau corinthien, sans l'avoir minutieusement toisé, on se dela vie d'un homme ont pu lui mande comment cinq années de

suffire

pour tout cela.

(L'Artiste).

BAN POUR LES WETTEURS. - On croit généralement que la garde nationale est une invention moderne qu'un élan spontané fit éclore en 1789 c'est une erreur. L'institution avait déjà subsisté sous différens noms dès long-tems auparavant; seulement on ne s'en servait que dans les momens de crise, et on la laissait reposer ensuite jusqu'à nouvel ordre.

Nous en retrouvons des traces à toutes les époques importantes de notre histoire; et, ce qui doit paraître le plus étonnant aujourd'hui, c'est que, dans le quatorzième siè

cle, toute personne habitant la ville de Lille, sans distinction d'âge ni de sexe, était assujétie au service du guet, qui consistait principalement à veiller aux portes de la ville. Il y avait alors très-peu de troupes soldées, par conséquent, il fallait bien que chacun contribuât pour sa part à la défense des foyers communs.

Voici au reste un document authentique, extrait des anciennes ordonnances de police de la ville de Lille, qui en dira plus que nos explications:

que

<< Que tout bourgois, bourgoises et tout manant de ceste ville, quels ils soient, qui ordene et commande sunt et seront a wetier (1) et estre as portes de ceste ville et au scel (2), pour weties tant de jour comme de nuit, facent leur wet de leurs personnes meismes et sans che qu'ils puissent ne doient estre quittes ne euls aquiter par un arbalestrier ne varlet aucun, mais le facent de leurs propres personnes comme dit est, armez et ordenez bien et souffisamment chascun selon sen estat, che entendu que toute personne aians soixante ans et desseure (3) et toutes vesves femmes (4) commandées à wetier comme dit est se poeent et poront aquiter par un arbalestrier sermenté, tant de ceulx qui ont des colles de la ville (5), comme de cheux qui

(1) Faire le guet.

(2) Lieu où s'assemblaient les échevins. (3) Et au-dessus.

(4) Femmes veuves,

(5) Qui sont habillés par la ville, Le ma

nen ont point, armez bien et souffisamment, aians avec eux leurs ars et quariaux (6), sour dix sous de fourfet (7), moitié as échevins faisant le wet doujour et de le nuit, et l'autre moitiet as weteurs qui feraient leur devoir de leur wet.

« Et nuls arbalestriers que quelz que il soit ne fache, ne ne puist faire wet de jour et de nuit pour autrui, que de nuit à aultre, non mie chascune nuit poursuivant l'une lautre, mais une nuit wetier

et autre reposer, et soient armet bien et souffisamment aiant avoec eulx leurs ars et quariaux tous pourveus pour estre à deffence se mestiers estoit (8), et que il ne prengnent, ne ne puissent prendre pour wetier jour et nuit pour autrui que cinq sous, sour dix sous de fourfait, moitiet as eschevins faisans le wet de le nuit et lautre moitiet as weteurs qui feraient leur devoir dou wet. Durant ches bans dessi ale volontet deschevins (9). Fait et publiet le vendredi 23o jour de mai, lan mil trois cent quatre vingt et deux. Ce sunt tout chist ban al entendement deschevins et à leur correction. »

La date de cette pièce suffit pour indiquer la cause de ce redou

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blement de surveillance; car les Flamands étaient alors révoltés contre Louis de Mâle, leur comte, et le tenaient, pour ainsi dire, bloqué dans Lille; mais Philippe-leHardi, duc de Bourgogne, gendre du comte Louis, et oncle du jeune roi Charles VI, ayant réussi à se rendre maître du gouvernement du royaume, fit marcher contre les rebelles une armée puissante, commandée par le roi en personne. Les Flamands furent vaincus le 17 novembre de la même année à Rosebeque, près de Courtrai, et la tranquillité fut rétablie, du moins pour quelque temps, dans notre pays.

On aimera sans doute à connaître l'organisation de cette garde citoyenne dont nous venons de révéler une des obligations; les mêmes registres aux ordonnances contiennent à ce sujet les renseigne

mens suivans:

Il y avait trois classes d'officiers : les centeniers, les cinquanteniers et les dizeniers.

Quand un centenier était requis par le magistrat pour faire le guet, il devait prévenir ses deux cinquanteniers à leurs personnes ou à leurs domiciles, sous peine de 10 sous d'amende. Chaque cinquantenier devait incontinent signifier ledit guet à ses cinq dizeniers, et ceux-ci aux dix hommes que chacun d'eux avait sous ses ordres. Tous les hommes ainsi prévenus se rendaient, diligemment et ordonement, sous leurs pennons respec

tifs, au lieu où se tenait la banuière de leur centenier, et il ne leur était pas permis de quitter ladite bannière sans le gré et licence d'échevins. «< Item, il est ordene, dit un ancien réglement, que cascun en droit luy tantost et incontinent que on sonnera le banclocque (1) pour aucun effroy, vost (2) armez et abilliez souffisamment avoecques son centenier a se warde (3) la u il est ordenez, soit as portes, crestiaulx (4) ou as autres deffenses de ledite ville, lequelle banclocque on ne sonnera point fors pour cause de aler a ledite wa rde, et ne se partechent de leur dite warde se n'est par le gré ou ordenanche d'eschevins. >>

Parfois on défendait aux femmes et aux veuves de se faire remplacer par des arbalétriers de la ville; << mais quelles les prenguent, disait-on, partout ailleurs hors de le ville la u boin leur semblera, ce qui équivalait à peu près à une interdiction de remplacement.

D'autres fois, on comprenait les ecclésiastiques et les religieux dans la convocation; mais alors leur service se bornait à veiller dans l'intérieur en cas de feu. Jusqu'en 1790, les divers couvens d'hommes restèrent soumis à cette obligation de porter secours dans les incendies. Les Capucins, les Récollets et les Carmes étaient dépositaires

(1) Grosse cloche de la commune. (2) Aille,

(3) Sa garde. [4] Créneaux.

des échelles, séaux et crochets. Il n'y avait pas alors de compagnies de pompiers.

Le service de la garde nationale serait beaucoup plus agréable si, à l'exemple de nos aïeux, nousappelions à le partager la plus intéressante moitié du genre-humain. Les corps-de-garde deviendraient des écoles de bon ton et de galanterie. On ne grognerait plus contre ces malheureux tambours, qu'on ne verrait pas venir assez souvent avec leurs convocations à domicile. Chacun se disputerait les heures de faction pour en éviter la peine aux aimables camarades..... C'est bien dommage que les saintssimoniens se soient tués eux-mêmes à coups de ridicule! eux qui voulaient émanciper la femme · si on les eût laissé faire, ils eussent réintégré ces dames dans tous leurs droits.... y compris celui de monter la garde.

B. L

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Colart, premier comte d'Egmont; ses descendans le possédèrent jusqu'en 1789.

Il ne reste de la construction primitive de ce château que les murailles, dont l'épaisseur est de cinq mètres sur environ treize à quatorze d'élévation; elles sont formées partie en briques, partie en pierres blanches et représentent un carré de cinquante mètres de long sur presqu'autant de large; leur base est garnie d'une maçonnerie en grès d'un mètre cinquante centimètres de hauteur.

Ce château était flanqué de quatre grosses tours dont il ne reste qu'une seule, en dedans de laquelle est un souterrain assez profond en apparence, et qui selon la tradition devait conduire fort loin, mais à peu de distance de l'entrée, on rencontre un mur d'une construction postérieure, qui en interdit le passage. A droite et à gauche de cette tour, se trouve un cachot ou cul de basse fosse où l'on pénétrait au moyen de soupiraux perpendiculaires de sept à huit mètres de hauteur.

-L'entrée principale du château d'Auxi, située entre le nord et l'est, était formée d'un pont en briques composé de cinq arches, d'une arcade en ogive sous laquelle se trouvait un pont-levis et une herse, dont on voit encore les coulisses. On pratiqua, il y a

(1) Voir l'Histoire génerale d'Artois, liv. VI, quelques années, des fouilles dans

1ome II, p. 289, par M. Hennebert.

son enceinte eiles provoquèrent

la découverte d'un aqueduc, des restes d'une chapelle ou d'un oratoire, d'un éperon remontant aux premiers tems de la chevalerie française, de fragmens de vases du 13° siècle, offrant des arabesques; de quelques médailles de la même époque marquées au coin des comtes de Flandres, des ducs de Bourgogne et d'Autriche, et enfin d'un cachet très ancien communiqué à M. Rigollot d'Amiens.

on sait

Il est probable que le château d'Auxi fut ruiné ou démantelé, sinon entièrement, du moins en partie, soit en 1415, lorsque Henri V, maître de Calais, entreprit, à la tête de trente mille hommes, de recouvrer le Ponthieu ; qu'il se dirigea vers ce comté en passant par Hesdin et Domart, ravageant les campagnes, pillant et brûlant les villes qui se trouvaient sur son passage; soit en 1422, où il dut subir le même sort qu'éprouvèrent plusieurs autres pays du Ponthieu ou de l'Artois, tourà-tour attaqués par les Armagnacs et les Bourguignons, par les soldats de Henri V et de Charles VII.

Il fut reconstruit vers l'an 1455, par les soins de l'un des descendans de Colart d'Auxi, Jean Sir de cette ville, et Jeanne Flavy, son épouse. Ce Jean était un seigneur puissant et brave; il fut premier chambellan du trop fameux comte de Charolais (Charlesle-Téméraire, duc de Bourgogne), et chevalier de la Toison-d'Or. Il avait repris, en 1436, le bourg de

Gamaches sur les Anglais, et l'année suivante, le château du Crotoi qu'il tint assiégé pendant plusieurs mois. Ce fut dans sa vieillesse, et alors que la guerre cessa d'être active, qu'il songea à reconstruire la demeure de ses pères. Depuis, ce château essuya plusieurs attaques; celles des Espagnols, sous François 1er et Henri IV; celle du prince Eugène sous Louis XIV.

Auxi-le-Château était appelé, avant le 12° siècle, Auxi-Miaquères. Ce dernier nom est encore celui

d'un canton voisin, où l'on découvrit de nombreuses fondations. Ce ne fut qu'après la construction du château que cette ville échangea son vieux nom contre

cette nouvelle dénomination.

Dans un canton dépendantd'Auxi, appelé la Templerie, on a fait la découverte des restes d'un établissement romain assez important, où on a recueilli des fragmens de tuiles et de vases, et des médailles qui embrassent la série des empereurs romains et l'espace d'environ quatre cents ans, débutant par Auguste et aboutissant aux

fils de Constantin.

Vers le centre, à mille mètres environ de Hiermont, on a reconnu un lieu de sépulture et les traces d'un incendie, et les habitans des environs racontent qu'en extrayant de la tourbe dans le Grand-Marais situé au pied de cet établissement, on trouva des fondations sans ciment ni mortier,

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