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éprouvé de la gêne dans sa naviga-
tion',
avait été condamné à une a-
mende. Philippe, en ordonnant lá
mise au néant de cette procédure,
dit que:

es

« Les dicts exposans avoient té et estoient en possession d'estre francs du tonlieu sur la dicte Honte; et que aultrement en faire, eust été la perdicion et la destruccion de nostre ville d'Anvers, en tant que le marchant estrangier ne vouldroit plus hanter ni fréquenter, en quoy nous et notre dicte ville aurions intrest inextricable. Ce nonobstant ceux de notre ville de Middelbourg en Zeellande ayans en l'an quatre vingt XVI practiqué d'avoir en leurs mains la ferme de nostre tonlieu de Yersickeroot, non contens des grâces que Dieu et nous leur avons faictes, s'estoient de leur volonté indue, et pour leur singalier prouffit de mestre une wachte sur la dite rivière de la Honte et par icelluy faire exiger toulieu de tous marchants et marchandises qui es mois d'aoust et de september au dict an prenoient leur chemin et passage par icelle Honte, pour venir à la france-feire de nostre ville d'Anvers, et détruire et diverter le marchand estrangier dudict Anvers et la faire aller au dict Middelbourg à leur plaisir. »

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A la suite de maintes et maintes considérations, tout ce que l'on rencontre de remarquable dans cette sentence, qui fait base de propriété pour la Hollande, se borne à la réponse du procureur géné

ral :

nous comme conte de Zeellande, avons droit de lever tonlieu par tout notre dict conté, de toutes marchandises et autres biens appartenans à gens non francs qui attouchent le stroom de nostre dict pays de Zeellande, soit par la Honte ou ailleurs, et de mettre et changier nos wachtes par tout ledict pays où bon nous semble; en condempnant les dicts de Brabant, de nous laissier joyr, et nous payer pour l'intérest que nous avons eu par leur empeschement depuis le temps du dict empeschement, en deux mille escus par an et deux mille florins par attemptas; protestant, etc., etc..

>> Nous comme conte de Zeellande, avons droit par privilége et don impérial de l'an 1194, d'avoir et lever tonlieu sur tous les biens appartenans à marchants et gens étrangiers non francs, qui passent et attouchent le stroom d'iceulx nos pays, une fois en eauwe douch et une fois en eauwe salée, et que de ce ensemble de mectre et changier ses wachtes; pour garder ledit tonlieu partout nos dicts pays où bon nous semble, dont estions en bonne possession par tant de temps, qu'il n'estoit memoire du contraire; et qu'il fenst vray, disaient lesdits procureurs et fermiers, que feu dame Jacques, contesse de Hollande et Zeellande, voyant que par des grandes inundations, qui advinrent ea son temps et aussi auparavant tant en Flandres que en Hollande, la dicte rivière de la Honte qui auparaestroite et

<<< Et en principal feust dit que vant avoit esté petite,

si

peu parfonde, estoit devenue grande, large et parfonde, que tous bâteaulx, tant karakes, gallées, que y povoient franchement navier et passer et que les marchans estrangiers commençoient a prendre leur chemin, pour tirer en Brabant par icelle Honte, en délaissant le chemin de l'Escault de tout temps accoustumé. »

A la suite de tous les considérans, vient le prononcé du jugement rendu à Malines, le 11 octobre 1504, qui condamne pour dommages et intérêts les états de Brabant, pour les entraves et la gêne apportés à la Honte. Ceux d'Anvers, impliqués dans ce procès, furent condamnés à mille florins d'or Philippus.

(Emancipation.)

LA ROSIERE D'AUBRY.

Les habitans du village d'Aubry,

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ayant

une lieue de Valenciennes, été, sur la fin de l'année 1777, affligés d'une violente épidémie, et ayant reçu de la part des autorités de Valenciennes et particuliè rement du docteur Dufresnoy, médecin de l'hôpital militaire de cette ville, les secours les plus efficaces, prirent jour pour célébrer dignement la cessation de ce terrible fléau, dans leur commune, par des prières publiques et une fête toute champêtre. Ils apprirent par le curé-prieur du lieu, qu'on lui avait fait parvenir la somme de 400 livres pour doter la fille la plus vertueuse du village. On suivit, pour le choix de la Rosière, ce qui se pratique habituellement dans les

cérémonies de ce genre à Salency et autres lieux. Les vieilles femmes du village, présidées par le Bailli, passèrent toutes les vertus au scrutin; il en résulta que la nommée Augustine-Joséphine Sauvage, jeune et jolie villageoise âgée de 22 ans, fut élue Rosière à l'unanimité. Son couronnement eût lieu le 19 juillet 1778, en présence de l'assemblée la plus brillante de la pro

vince.

Les habitans ayant ensuite supplié leur prieur curé de nommer leur bienfaiteur, il leur apprit que, d'après le rapport fait par la société royale de médecine de Paris à M. Necker, directeur-général des finances, sur la méthode curative que M. Dufresnoy avait suivi pour les délivrer de l'épidémie, le roi

Louis XVI avait désiré en témoigner sa sa tisfaction à ce docteur, et

lui avait fait donner une gratifica

tion extraordinaire de 400 livres. Ce médecin crut devoir employer cette somme à récompenser des mœurs et des vertus que sans doute

il avait pu parfaitement apprécier dans ce village tandis qu'il y apportait les secours salutaires de ses remèdes. C'est à compter de cette époque que le docteur Valenciennois se fit nommer Dufresnoy des

Rosières.

La jeune Sauvage, qui joignait la sagesse à la beauté, n'eût pas de peine à trouver un mari; il s'en présenta une foule, et Dieu sait si c'était la dot qu'ils convoitaient ! Son cœur avait parlé pour le jeune Pillion; ce fut lui qui reçut les 400 livres, la main et le cœur d'Augus

tine, et un grand plat d'étain au centre duquel se trouve gravé une rose et une légende qui indique la cérémonie du 19 juillet 1778. Ce meuble de famille se conserve encore aujourd'hui dans la maison, tout aussi précieusement que les titres de noblesse des Croy.

Augustine Sauvage vit encore; elle demeure chez son fils, maire de la commune de Petite-Forêtde-Raismes, près Aubry ; c'est une bonne et aimable vieille de 77 ans, qui se plait à raconter la cérémonie de son couronnement. Quelque chose de doux, de bienveillant, des traces de régularité, se voyent encore sur son visage; elle porte enfin une de ces figures qui font dire, comme Fontenelle, l'amour a passé par là.

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A. D.

LE BROQUELET. Depuis quelques jours il n'était bruit dans Lille que des préparatifs qui se faisaient pour célébrer d'une manière brillante la fête de Saint-Nicolas, patron des dentelières, des filtiers et des fileurs de coton. Cette fête, vulgairement nommée le Broquelet, à cause des fuseaux à dentelle qui portent ce nom, devait être, disait-on, la plus belle qu'on eût vue depuis vingt ans

Du reste, il faut bien le reconnaître, l'action du temps se fait sentir sur les goûts, les habitudes et les mœurs du peuple, aussi bien que sur toutes les autres choses. Je me rappelle le Broquelet d'autrefois (il est bon d'observer que l'autre fois dont je puisse me souvenir ne remonte pas au-delà de l'an six ou

sept de la république); après les années de disette, quand la classe ouvrière put recommencer à se livrer aux plaisirs qu'avait interrompus la révolution, cette fête offrait réellement un caractère local et fournissait mille sujets d'observation au moraliste. Le matin, la ville était parcourue en tous sens par des troupes innombrables de jeunes filles des écoles de dentelle qui défilaient en chantant les vieilles chansons du pays, formaient des rondes à chaque coin de rue, et allaient se réunir sur l'esplanade où la danse devenait générale. Après-midi, ces joyeuses bandes,

se réunissant à celles des filtiers et

sans

des fileurs de coton, allaient se réjouir au faubourg Notre-Dame, et surtout à la Nouvelle Aventure où, quelque beau temps qu'il fit, on voyait arriver tous les fiacres de Lille, remplis chacun de douze ou quinze individus, pressés, entassés les uns sur les autres, rière la voiture, sur l'impériale et compter ceux qui grimpaient derprès du cocher. C'était alors de cette vraie joie populaire, si naïve, si originale, si pathétique, dont le peintre Watteau nous a laissé une image fort exacte dans son tableau du Broquelet.

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leurs tournures, se promener si-
lencieusement en se donnant le
bras ;
mais de joyeuses danses, de
voix enfantines, de visages rians,
point.

« Où est la fête? je veux voir la fête, » disais-je comme M. Paul de Kock, et me voilà cherchant la fête le long des rues de Paris, des Etaques, des Robleds ( qu'on appelait dans l'ancien temps des Roidsbleds ou des Bleds-Roides); partout le peuple circule raisonnablement, et ne paraît prendre, pour le moment, d'autre plaisir que celui de ne rien faire; mais c'est qu'il n'est pas encore l'heure, car en pénétrant dans les cours et allées étroites qui forment de ce quartier un véritable labyrinthe, je vois les pantalons blancs qui sèchent aux croisées, les repasseuses qui se hâtent d'arrondir les gros plis de jolis bonnets de tulle; plus loin, une espèce d'apprenti cuisinier, dont les vêtemens sentent encore l'huile de pied de bœuf, apporte d'un air triomphant deux énormes morceaux de veau, rôtis ou plutôt brûlés, dans des marmites de fer. On voit du moins qu'il y a ici des partisans des idées posi

tives.

Les rues de Saint-Sauveur, de Fives, de Poids, du Croquet, ne m'offrent rien de plus remarquable; je me rapproche du centre de la ville, espérant toujours rencon→ trer la fête. Là, quelques voitures roulent, se dirigeant vers la mai rie. Ce sont les mariages. Bon cela! je vais voir des physionomies heu reuses. Je suis donc la foule qui

monte l'escalier du Conclave, et pénètre à grande peine dans cette belle salle où, par parenthèse, on arrive par un petit couloir large de vingt et quelques pouces. Dieu! quel bruit, malgré la présence de quelles vapeurs, quelle cohue, l'autorité municipale! C'est à n'y pas tenir. A côté d'un bon vieillard qui dépose sur le front de sa fille un baiser et sa bénédiction, adressent à la jeune femme des on voit un groupe d'hommes qui plaisanteries grossières; ici,

un

nouveau marié réclame à haute voix sa Thérèse qu'il a déjà perdue; là, c'est une future qu'on n'a pas encore appelée à la barre, et qui commence à s'inquiéter de l'absendont elle garde bien soigneusement ce trop prolongée de son prétendu, le chapeau; puis, une nouvelle poussée de la foule qui entre, réunit ceux qui étaient séparés, en séparant ceux qui étaient réunis. Je profite du moment pour m'esquiver, car je commençais à avoir besoin de respirer le grand air.

de ces désappointemens successifs, Comptant bien me dédommager je m'acheminai, après le dîner, C'est le bon moment, me disaisvers le faubourg de Béthune. je, pour voir la fête dans son ensemble, car les ouvriers dînent de bonne heure, et n'attendent pas le soir pour se rendre où les at→ tend le plaisir. Cependant, je n'y trouvai encore que peu de monde. On commençait à peine à sortir de la ville; les jolis sentiers qui bordent ou traversent le petit canal des Stations étaient presque déserts. De temps en temps j'enten

dais les sons d'un aigre violon, mariés aux mugissemens de la trombonne; mais les salles de danse étaient encore vides, et cette douce harmonie n'avait pour but que de faire croire aux passans qu'on y dansait, pour les exciter à profiter de l'occasion. On trouvera donc partout du charlatanisme ! Enfin le faubourg se remplit un peu à la fois; des nuages de poussiére s'élèvent du milieu de la grande rue; les abords de la Nouvelle Aventure se couvrent de monde; il était temps, car je désespérais presque de la fête. Entrons vite: déjà l'on se dispute les places. Bientôt la pelouse réservée aux danet l'édifice pittoresque avec seurs " ses quatre terrasses en pente douce, présentent l'aspect le plus animé, le plus élégant. Des robes fraîches, des fichus de mille nuances; des tournures baroques ou ravissantes, de petits bonnets bien simples, bien modestes, à côté du gracieux bibi à la mode et de la riche toque surmontée d'une large plume ondoyante, couleur d'azur, des beautés de tous les étages; la jeune couturière et le héros à six sous par jour, habitués hebdomadaires de l'établissement; le débitant de tabac et ses filles, qui répandent autour d'elles une odeur de tonka; le galant caporal et la femme du tambour-major; la marchande de nouveautés; l'employé avec sa famille; les jeunes officiers; les commis-voyageurs; les dames du haut commerce et de la grande propriété; l'aristocratie des titres et celles des écus; la magistrature civile et la gloire militaire; les

sommités légitimistes et celles du juste-milieu; la belle madame de R...., pour qui l'éclat du grand jour n'est pas moins favorable que celui de mille bougies; en un mot tous les âges, tous les rangs, toutes les fortunes ; et tout cela mêlé, confondu, sans gêne, sans morgue, sans façon; c'est le tableau de la plus complète égalité, varié par les couleurs les plus plaisantes à la vue, et encadré par la mâle verdure des épaisses charmilles qui couvrent le jardin.

Mais c'est-il le Broquelet?..... Ma foi! depuis le matin je le cherche et je ne l'ai pas encore trouvé.

Je le crois, parbleu bien! Il y a déjà quelques années que le beau monde a pris goût à ce genre de spectacle, nouveau pour lui, qu’offre la joie des pauvres gens; mais les pauvres gens ne s'amusent pas quand on les regarde; de sorte qu'ils ont fini presque tous par abandonner la belle et vaste maison de plaisance qui, une fois par an, semblait leur être exclusivement consacrée, pour aller s'emballer dans les huttes à roulettes

du faubourg Saint-Maurice, que messieurs du génie militaire trouvent encore trop spacieuses, bien qu'on soit obligé d'y retenir son tour pour pouvoir reprendre haleine à la fenêtre.

J'ai donc manqué ma journée en allant chercher le peuple où il n'était pas; mais c'est une perte qui peut se réparer, car il ne se borne pas seulement à un seul jour de fête, et, bien souvent, la semaine entière est en déroute ( on

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