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orde et puante, comme d'un pauvre homme et souffreteux. Quand donc au mastin s'éveilla cettui homme, vinrent auprès de luy pages et varlets, voire mesmes gentilshommes et estafiers du duc, lesquels comme ils souloyoient faire au prince, s'enquirent s'il desiroit se lever et de quels habits luy plaisoit estre vestų; et fut estalée devant iceluy toute la garderobe du prince; et si s'esmerveilloit-il grandement, et tesmoignoit-il estre esbahi, se voyant en tel logis. Quand il fut accoustré, et qu'il fust sorty hors la chambre, arriverent gentilshommes et courtisans pour l'accompagner en la chapelle où lui fut dicte la messe, mesmement qu'on lui présenta le missel à baiser et tout le reste ne plus ne moins qu'on souloit faire au duc. Ouïe la messe, fut le vilain mené en une salle où luy servit-on grand et magnifique festin, ensuite de quoy pour le divertir lui furent apportées par le chambellan cartes à jouer et force argent quant et quant. Comme il eust joué tout son saoul avec princes et seigneurs sur le tantost, et pourmené ez jardins, fut conduit à la chasse où il tua connilz et prit oiseaux à la pipée, après quoy vint le souper où fut faite chère lie tout ainsi qu'au disné. Puis, la salle illuminée à grand renfort de lustres et flambeaux, furent mandés musiciens et violons avec jeunes damoiselles gentes et accortes, lesquels ballerent joyeusement. Après fut représenté moult naivement la passion nostre seigneur, et de là on recommença de rechief à boire et

deviser bonne part de la nuict tel lement que nostre homme pour coustumier qu'il estoit du faict, et n'ayant beu tant et si bon vin en telle hostellerie, cheut finablement ivre mort desoubs la table, et dormit-il comme devant. Lors ordonna le bon duc estre le manant devestu de son bel équipage et remis en ses vieilles chausses; et fut porté en mesme lieu qu'il gisoit quand d'adventure fut renconstré, où il acheya bravement son somme. Qui fut grandement esbahi en s'éveillant [et si faisait-il grand jour], point n'est besoing de dire que ce fut nostre homme, lequel ramentevant à part soy cette tant doulce et joyeuse vie ducale se trouva fort empesché sur le faict de sçavoir si ce fut vérité ou mensonge. Ores tant et tant repassa-til la chose en son esprit que par droictes et légitimes conjectures, il demoura en l'opinion d'avoir songié le tout, et courut-il en faire le conte à sa femme et à ses enfans, voire mesmes à ses voisins. »

(Extrait d'un manuscrit).

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elle était unie par les liens de l'amitié, et la pria de lui envoyer des lettres autographes. La princesse parla à Cambacérès, chancelier de l'empire, du désir de son amie, et celui-ci donna ordre de puiser dans les cartons des archives quelques paquets de lettres intéressan

tes. >>>

Celui qui écrit cette note était présent au moment où madame Guilleminot reçut la collection d'autographes qu'il lui envoyait de Paris. Cette dame l'ayant prié de faire un choix des lettres qui lui paraîtraient les plus piquantes, il demanda la permission, quand il eut accompli sa tâche, de copier quelques unes de ces lettres qui lui paraîtraient de nature à pouvoir être publiées plus tard. Quelques centaines de ces lettres furent copiées; celle qui suit en faisait partie :

la nature de mon affaire, il s'est crié : «Arrive que pourra, les dettes d'honneur comme les dettes honteuses auront toutes le même destin. » J'ai prononcé votre nom, « D'Arenberg, a repris cet extravagant, a toujours été très-obligeant pour moi, mais il doit partager le sort des autres créanciers, et il n'aura pour sa part, hélas! qu'un bien petit dividende. Vous avez sans doute entendu parler de ma banqueroute; mon homme d'affaires me dit qu'elle s'élève à plus de cinq millions, et lorsque ines affaires auront été arrangées, ce qui à son avis ne pourra pas avoir lieu avant deux ans, mes créanciers pourront recevoir deux et demi pour cent sur le montant de leurs créances.

liv.; il possède de grands biens en « Je dois à d'Arenberg 40,000 Allemagne et en Flandre on m'a

LETTRE DE BEAUMARCHAIS AU DUC dit que son grand veneur n'est pas

D'ARENBERG.

Paris [point de date; sans doute vers 1780].

« Mon cher duc, je suis allé chez Lauraguais (1) comme je vous l'avais promis. Aussitôt qu'il m'a vu entrer il s'est levé, et sans me donner le temps de lui faire connaître

[1] Le duc de Lauraguais était un des nobles les plus remarquables pour son angle manie, ses extravagances, ses débauches et ses scandaleuses amours. Sa banqueroute

s'éleva à des sommes immenses. Apprenant

qu'un fermier général avait fait une ban queroute de dix millions, il s'écria en plein café. « Quel malheur pour moi? mon nom était auparavant dans toutes les bouches; mais hélas! je vais être oublié maintenant, un fermier général a fait banqueroute d'une somme double de la mienne. »

en

en état de remplir ses fonctions. Si le duc consent à accepter mes services, je prendrai la place de son grand-veneur, et je ne pense pas qu'il se trouve en Europe beaucoup d'hommes qui se connoissent aussi bien que moi chiens et en tout ce qui se rappor en chevaux, te à la chasse. Huit mille livres seront mon traitement annuel, et nous serons quittes en cinq ans. Parlez-lui de ce projet : il ne peut être que flatté de ma proposition, Ah! ah! continua-t-il, est-ce que Je ne pus m'empêcher de sourire, vous auriez des doutes sur mes talens? Je puis vous assurer qu'il existe des milliers de personnes qui

m'ont visité à Manicamp, et qui toutes témoigneront de ma rare habileté dans les matières de cette nature. Grooms, jockeys, chevaux, enfin tout ce qui était en ma possession, venait d'Angleterre, et mon ami Dorset n'eut jamais de chevaux plus beaux que les miens. Le dernier cheval dont je fis emplette me coûta mille guinées, et jamais cheval de race ne se vendit plus cher; mais j'eus la fantaisie de faire porter sur le reçu neuf cent quatre-vingt-dix-neuf guinées et vingt schellings, déterminé que j'étais à éviter le nombre rond de 1,000.

<< Maintenant le seul trésor qui me reste est ceci ( et il montrait une bague qu'il portait au doigt); c'est un trésor dont aucune puissance terrestre ne pourrait venir à bout de me séparer; c'est lui qui me donne la force de surmonter mes malheurs ; c'est ma seule consolation! Ce trésor, monsieur, c'est ma femme, ma femme adorée. » Je crus qu'il devenait fou, et mon visage exprima sans doute l'émotion que j'éprouvais. » Non, monsieur, reprit-il, je n'ai point perdu ma raison, cette bague, ou plutôt une partie de cette bague, fut une jolie et aimable femme; elle me rendit, pendant qu'elle vécut, le plus heureux des hommes, et quand son âme s'envola dans les régions du ciel, je ne voulus pas que tant de grâces et de beauté de vint la proie des vers. J'eus recours à Vanderberg, le chimiste, qui ayant placé le corps de ma femme dans une feuille d'asbeste, le livra aux flammes, et à l'aide d'une

chaleur extraordinaire le réduisit à une petite quantité de poudre, qui ensuite, au moyen d'une certaine composition chimique, fut changée en une substance bleue vitrifiée. La voilà, monsieur, montée dans un anneau d'or; c'est la plus fine essence de mon adorable femme. » En ce moment, le domestique annonça quelqu'un. Je pris mon chapeau, et souhaitai le bonjour à Lauraguais. »

BEAUMARCHAIS,

LOIS MARITIMES DE DAM

ME. M. Warnkoenig, professeur en droit à l'université de Gand occupé depuis deux ans de recherches sur la Flandre et ses lois au moyen âge, vient de faire une découverte assez intéressante pour les savans qui s'occupent de l'ancien droit maritime. On lui a communiqué, de la bibliothèque de la ville de Bruges, un manuscrit du quatorzième siècle, qui contient sur les trois premiers feuillets les anciennes lois maritimes de Damme. On sait que ces lois sont la source du droit maritime de toute la Hollande, du nord de l'Allemagne, de la Suède, du Danemarck et d'autres pays septentrionaux.

Une autre rédaction flamande du quinzième ou seizième siècle avait été plusieurs fois publiée en Hollande, entre autres par Verwer, et dernièrement [1829] par M. Pardessus, dans son premier recueil des Lois maritimes antérieures au dix-huitième siècle, tome Io,

Les auteurs hollandais ont longtemps soutenu que Damme était la

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SIÉGE DE MONS DE 1691. Origine des fourches-à-croc, arme que portaient, au lieu de fusils, les sous-officiers du 102° régiment, Le 1er avril 1691, au siége de Mons commandé par le maréchal de Vauban, les grenadiers du régiment Dauphin (infanterie )m portèrent d'assaut un ouvrage à cornes, saisirent les fourches des Autrichiens, dont ils tuèrent un grand nombre et firent le reste prisonniers de guerre. Louis XIV, voulant perpétuer le souvenir d'une action aussi honorable, permit aux sergens de grenadiers seulement de porter ces fourches an lieu de mousquets.

Le régiment de Perche, une des souches de l'ancien 102, ayant dédoublé avec le régiment Dauphin, les sous-officiers ont gardé l'usage de cette arme, qui a été ensuite conservée dans le 102 jusqu'à son licenciement. (Extrait des registres matricules du 102 rẻgiment.)

R. C.

SPINOLA ET MAURICE DE NASSAU. L'historien Grotius donne sur la première entrevue du

fameux marquis Ambroise de Spinola, généralissime des forces Espagnoles dans les Pays-Bas et le prince Maurice de Nassau, commandant des troupes des Provinces-unies, les détails les plus curieux. Ces deux illustres chefs, qui se combattaient loyalement tout en rendant justice à leur mérite respectif, étaient surnommés l'Annibal et le Scipion du XVIe siècle. La comparaison entre Spinola et Annibal était d'autant plus juste qu'ainsi que le général carthaginois, Spinola soutint longtems la guerre à ses frais et parvint, en payant les troupes au prix de sa propre fortune, à maintenir parmi elles l'ordre et la discipline, ce qui avant lui était inconnu dans les armées espagnoles qui ravageaient plutôt qu'elles ne défendaient la Belgique.

Spinola et Maurice de Nassau eurent donc une entrevue pour arriver à conclure une trêve entre l'Espagne et la république naissante. Cette trêve, qui consacra la reconnaissance de la république, fut signée le 9 avril 1609. Dans un repas qui accompagna et scella, pour ainsi dire ce traité, Maurice se trouvant au dessert vis-à-vis une pyramide d'oranges, en détacha une, et la regardant con amore s'écria: « L'heureux pays qui produit deux fois chaque année un fruit aussi délicieux! » Pour répondre à ce gracieux compliment, Spinola saisit devant lui un fromage de Hollande qui fesait aussi partie du dessert, et dit; « Plus heureux le climat sous lequel on cueille deux fois par jour de pa reilles fleurs! » A. D.

XV.

LES HOMMES ET LES CHOSES.

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HONDSCHOOTE.-Cette place ouverte était autrefois très-célèbre par ses manufactures de serges et de toiles qui passaient jusqu'en Turquie. C'était une des villes de Flandre << où les draperies avaient grande réputation. » (1). « La ville d'Hondschoote est bonne et gentille, et l'on y fait telle quantité de serges qu'ordinairement on vient en faire tous les ans jusques à cent mille pièces...» ...» (2). Voilà comme le tems qui fait disparaître les trônes, les dynasties, les institutions et les monumens, observe Crapelet, protége, fortifie, étend et accroît l'industrie des peuples.

marquer toutes les étoffes fabriquées dans leurs ateliers, d'une empreinte portant d'un côté les armes du prince, et de l'autre celles de la cité. « On voit encore dans les archives d'Hondschoote, des registres très-volumineux qui renferment les noms des fabricans et à côté de chaque nom la marque particulière que chacun adoptait. » La cour de justiced'Hondschoote d'une structure élégante, avait aussi un renom respectable et possédait diverses immunités. Philippe-leBon avait accordé, en 1430, au seigneur du lieu, quelques concessions pour une somme de 4000 florins. près

Hondschoote a été construit du canal de Bergues à Furnes, probablement dans le dixième siècle, lors de la formation de la plupart des cités de cette contrée. Son nom. est souvent mentionné, à cause de ses édifices religieux, dans les annales ecclésiastiques de la Morinie. Son étymologie semble être dérivée de quelque terme familier aux chas

seurs.

Hondschoote, dans les guerres du moyen-âge, éprouva à peu près la même fortune que les villes cir

convoisines,

Les bourgeois, zélés catholiques, yjouissaient également de plusieurs franchises favorables; le comte Louis de Créci, pour protéger et honorer leur industrie, leur avait accordé le droit de plomber et de

(1) Lepetit.
(2) Guicciardin,

sa

Hondschoote fut incendié en 1383, lorsque Charles VI chassa les anglais de cette contrée. Les français le dévastèrent en 1558, comme Dunkerque et Bergues. Deux nouveaux incendies détruisirent prospérité; l'un, en 1576, consuma 600 ateliers dans la partie occidentale de la ville; l'autre, en 1582, encore plus terrible, commis par les Français à l'instigation jalouse des Huguenots, anéantit 17 rues et plus de 900 fabriques.

En 1658, plusieurs détachemens d'infanterie sous les ordres du duc d'Yorck (depuis Jacques II), y furent mis en quartiers; la paix d'Aix-la-Chapelle, laissa cette ville à la France; les Hollandais la brûlèrent presqu'entièrement en 1708 (1).

(1) Délices des Pays-Bas.

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