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te qu'il avait des secrets de son art et de tout ce qui concourt au talent du peintre, le rendit particulièment propre à l'enseignement, cependant les soins qu'il donna à l'école ne l'empéchèrent pas de travailler pour sa gloire; il fit paraître plusieurs grandes compositions parmi lesquelles figure la Mort de Coligny, qui donne une haute idée de son talent. On cite encore une Résurrection qui est fort remarquable sous le rapport de la composition.

Le talent de Suvée, ses connaissances profondes et son aptitude pour la démonstration le firent nommer, en 1792, directeur de l'école de France à Rome; mais les désordres de notre Révolution suspendirent son départ ; ce ne fut que lorsque Napoléon eut rétabli la tranquillité en Italie, que les élèves lauréats purent se réunir à Rome et continuer leurs études sous leur savant directeur.

Suvée, avant son départ, voulut revoir sa ville natale; il consacra sa reconnaissance envers l'Académie de Bruges par le don de son tableau L'origine du dessin.

Il se rendit à Rome en 1801. L'école s'offrit à lui avec les difficultés et les embarras de tout genre qu'entraîne une réorganisation, ou pour mieux dire une création nouvelle; mais il surmonta rapidement tous les obstacles et rendit bientôt à cet établissement son ancienne splendeur. C'est-là, dans la Villa-Médicis, dans ce palais des beaux-arts, au milieu des élèves qui le chérissaient qu'il termina

sa carrière, le 9 février 1807, à l'âge de 64 ans. Les élèves de l'école de Rome offrirent à sa mémoire les plus touchantes preuves de douleurs et de regrets, et les amis des beaux-arts, en France et en Italie, les partagèrent sincèrement. Suvée en était digne; bon, sensible, généreux, il fallait qu'un service fut audessus de sa volonté et de ses forces pour qu'il ne le rendit pas. Il avait eu le malheur de perdre ses enfans en bas âge, et avoit reporté sur sa famille toutes les tendres affections qu'il se promettait de leur consacrer. Outre les tableaux cités plus haut, on remarque encore, parmi ceux de Suvée: une Naissance de la Vierge, qui le fit agréer de l'Académie en 1779; un St-Denis, un St-Françoisde-Sales et le portrait de Madame de Chantal. Peu avant sa mort, l'Institut l'avait reçu au nombre de ses correspondans. A. P.

LECLERCQ, ( JEAN-BAPTISTEEUSTACHE-JOSEPH) naquit à Valenciennes, le 22 octobre 1777, d'une famille honnête qui exerçait la profession d'armurier, et à l'un des membres de laquelle on doit l'invention des fusils à deux coups. Le 31 août 1799, époque où presque toute la jeunesse française portait les armes, le jeune Leclercq entra comme simple soldat dans le 1er bataillon auxiliaire du nord. Gagnant tous ses grades par ses services, il fut successivement souslieutenant, lieutenant, membre de la Légion-d'honneur, capitaine et chef de bataillon. Il a fait toutes

les campagnes sous le Consulat et l'Empire, et il peut presque les compter par ses cicatrices. Blessé le 22 frimaire an IX, au pont de Buckenbach, près Nuremberg, il le fut encore à Eylau, et à la bataille de la Chiclana le 5 mars 1811. Chargé d'une expédition près del Puents Suazo, vis-à-vis l'île de Léon, contre les Anglais et les Espagnols, les 20 et 21 février 1810, à la tête seulement de 60 hommes, il mérita les éloges des chefs de l'armée. Son intrépidité et sa présence d'esprit furent encore remarquées le 1er mars 1814 à la bataille de Saint-Julien, près Genève, contre les Autrichiens. Le commandant Leclercq n'a pas repris de service depuis la seconde restauration; il vit aujourd'hui retiré au sein de sa famille dans la populeuse commune d'Anzin, aux portes de Valenciennes. A. D.

SULLY AU CATEAU-CAMBRÉSIS. Lorsqu'en août 1581, le duc d'Anjou, frère du roi Henri III, eut fait lever le siège de Cambrai par le prince de Parme, celui-ci se retira vers Valenciennes laissant garnison au Câteau, à Arleux et å Bouchain. Le 21 août, deux jours après son entrée à Cambrai, le Duc crut devoir faire le siège du Câteau et y envoya une partie de son corps d'armée. Le baron de Rosny, depuis duc de Sully, alors âgé de 21 ans, et déjà connu par sa bravoure et son talent pour emporter les places de guerre, fit partie de cette expédition avec sa troupe, et monta un des premiers

sur la brêche avec dix ou douze des siens. La ville, prise d'assaut, fut pillée et toutes sortes d'horreurs s'y commirent. Cependant comme la peste régnait dans beaucoup de maisons, il fut défendu aux soldats, sous peine de mort, de toucher ni femme, ni fille de la bourgeoisie et l'on publia mème dans la ville que toutes celles qui craindraient la fureur du soldat aient à se retirer dans les églises. Après l'assaut, Sully se trouvant dans les rues, suivi de son monde, vit venir à lui et courant à toutes jambes une belle demoiselle, toute échevelée et les vêtemens en désordre, qui se jetta dans ses bras, sitôt qu'elle reconnut à la magnificence de sa mandille de velours orange brodée en argent, que c'était un personnage de distinction. » Hélas! monsieur, dit-elle, sau>> vez-moi l'honneur et la vie : car >> voilà de vos soldats qui me pour» suivent pour me tuer ou violer. >> - Hé! où sont-ils, mamie, car >> je ne vois personne après vous, » dit Sully. Ils se sont cachés >> dans une maison que voilà, lors» qu'ils vous ont vu, et en vois enco>> re un, qui regarde à la porte ce » que je deviendrai.-Eh bien,n'ayez » plus de peur, j'empêcherai bien » qu'ils ne vous fassent déplaisir, >> voire vous menerai seurement » dans la plus prochaine église. Hélas! monsieur, ajouta-t» elle en le tenant toujours em» brassé, je m'y suis bien voulu >> retirer; mais celles qui sont de>> dans, ne m'ont pas voulu rece» voir à cause qu'ils savent que

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» j'ai la maladie. Comment, » vrai Dieu! s'écria Sully, en la >> repoussant des deux bras, et en » frémissant de tous ses membres, » vous avez la peste? Pardieu, >> vous êtes une méchante femelle, >> et irez chercher refuge ailleurs » qu'entre mes bras. Hé, mamie, >> ne vous était-ce pas une assez » bonne défense, pour empêcher » que l'on ne vous touchât, que de >> dire que vous étiez pestiférée ? » Ladessus et sans attendre de réponse, Sully tout tremblant quitta son interlocutrice et rentra dans son quartier avec de mortelles inquié tudes. Pendant plusieurs jours, une appréhension cruelle le poursuivit; la nuit, le sommeil fuyait ses paupières; le jour, il se tâtait le pouls à chaque moment et au moindre mal de tête, il se croyait déjà attaqué de la peste. Ces craintes doivent paraître naturelles même chez un homme rénommé entre les braves; à cette époque, la chlorure de chaux et MM. Labarraque et Pariset étaient encore à naître. Heureusement cette scène n'eut aucune suite facheuse; l'heure de Sully n'était pas arrivée, la Providence le réservait pour montrer, au moins une fois, un ministre parfait, aux peuples étonnés ; sans espoir d'en trouver jamais un qui puisse le surpasser, ils at tendent encore aujourd'hui celui qui pourra l'égaler. A. D.

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GHESGUIÈRE (FRANÇOIS IVES CORNIL), Sous-lieutenant de gendarmerie, né au Mont-Cassel (Nord), s'est fait remarquer le 27 avril 1799, au combat de Cassano, en Italie, par un de ces traits de courage qui

ne sont pas rares chez les enfans du Nord. Etant brigadier des guides de l'armée d'Italie, il accompagnait le général Moreau dans une reconnaissance des positions de l'ennemi, lorsqu'ils furent tout-à-coup surpris par un détachement de cosaques qui venaient de passer à la nage la rivière de l'Adda. A l'aspect de ce danger imminent, Moreau, ne voulant pas compromettre le salut de son armée en s'exposant puérilement, s'éloigna précipitamment à travers les vignes, en ordonnant à Ghesquière, ainsi qu'à un chef d'escadron de gendarmerie qui l'avait suivi, d'arrêter le plus possible la marche des cosaques pendant qu'il se retirerait. A peine le général eut-il fait quelques pas

que

le chef d'escadron tomba percé de plusieurs coups de lance; Ghesguière resté seul n'en continua pas moins, inébranlable à son poste, à se défendre avec intrépidité, pour donner à son général le tems de mettre sa personne en sureté : il contint l'ennemi pendant près d'un quart d'heure, reçut cinq blessures et ne fut secouru qu'au moment où la perte de son sang l'avait mis hors d'état de prolonger sa résistance. En se retirant, il donna encore une preuve de présence d'esprit et de courage; affaibli et presque mourant, il ajusta un des cosaques, le tua d'un coup de pistolet et s'empara de son cheval. Les Fastes de la gloire, en citant ce trait de bravoure, ajoutent que le dévoûment de Ghesquière est resté sans récompense. Trop souvent quand le péril est passé les puissans de la terre oublient ceux qui les en ont délivrés.

A. D.

BONNET DE LA LIBERTÉ. ́Tous les journaux ont fait naguères mention d'une petite fille, des environs de Longwy, dans les yeux de laquelle on peut lire cette légende: Napoléon empereur, écrite distinctement; on a aussi parlé d'un enfant dont l'œil présente un petit

cadran de montre avec les heures en chiffres romains; enfin il a été question d'un troisième, portant sur la poitrine l'image d'un soleil où l'on expose le saint-Sacrement: tous ces faits sont attribués à l'imagination maternelle, frappée durant le tems de la gestation. Notre pays a eu aussi son phénomène de ce genre; nous en avons retrouvé le souvenir dans un arrêté imprimé à Valenciennes, chez J. Prignet, en 1795, arrêté tellement curieux par ses considérants, que nous le transcrivons ici textuellement.

« Liberté, égalité, fraternité ou la mort. A Valenciennes, le 13 nivose, l'an 3o de la République française, une et indivisible. Les Re

présentans du peuple, près les armées du Nord, Sambre et Meuse et départemens frontières, vû la pé tition de la citoyenne Magdelaine Bouché, épouse de J-B. Mercier, volontaire au 1er bataillon du Nord, chargée de plusieurs enfans qui, n'échappa qu'avec beaucoup de peine à la férocité des Autrichiens lors du 1er siège de Valenciennes; laquelle vient d'accoucher d'une fille, portant sous le sein gauche le Bonnet de la Liberté, en couleur et en relief, dont la pétition nous a été renvoyée par le comité de salut public.

>> Vû le rapport du général divi

sionnaire JACOB, qui a été par nous chargé de vérifier ce dernier fait.

« Considérant qu'il résulte du rapport du général JACOB qu'il est constant que la fille dont vient d'accoucher la citoyenne Mercier, porla Liberté, en couleur et en relief. te sur le sein gauche le Bonnet de

<< Considérant que le Peuple français n'a brisé ses antiques idoles que pour mieux honorer les vertus; que le jour de la Liberté en dissipant les ténèbres mensongères du fanatisme rend tout leur éclat aux œuvres de la nature, qui s'est plue pendant le cours de notre révolution à nous prodiguer ses bienfaits; que si les miracles inventés par l'imposture sacerdotale, étaient accueillis par l'ignorance et la sottise, il n'appartient qu'aux esprits éclairés et à la raison d'observer attentivement les prodiges variés du moteur secret de l'univers.

« Considérant que le phénomène dont la fille de la citoyenne Mercier

offre le premier exemple, prouve non seulement que la nature aime à marquer de son sceau le règne de l'indépendance, mais encore l'attachement intime que la mère de cet enfant porte aux signes sacrés de la Liberté.

« Arrêtent que sur le vu du présent arrêté, le receveur du district du Quesnoy payera à la citoyenne Mercier la somme de quatre cents li

vres,

à titre de secours provisoire.

<«<Arrêtent en outre que le présent arrêté sera adressé au comité de salut public et d'instruction publique

de la Convention nationale. Le présent arrêté sera imprimé et affiché. Signés: ROGER-Ducos et J.B. LACOSTE. Pour copie conforme. Grosley, secrétaire. »

Une opinion assez généralement répandue, attribue à une peur des mères, les marques que portent les enfans ; si cette opinion est fondée et que ce soit le sentiment de la crainte qui ait produit chez la citoyenne Mercier le phénomène dont on vient de parler, les quatre cens livres de République ont été bien employés !

A. D.

SAUDEUR (LE GÉNÉRAL). Il est peu de villes en France qui puissent compter autant de militaires distingués que la ville de Valenciennes en a vu naître. Adrien-Joseph Saudeur y reçut le jour le 2 janvier 1764; son père, qui était un honnête artisan chargé de plusieurs enfans qu'il éleva avec soin, lui voy

armes

gra

ant un caractère franc et décidé, un goût prononcé pour les le laissa suivre cette carrière quand il eut atteint l'âge de 18 ans. En 1782, il entra dans un régiment d'infanterie, passa par tous les des inférieurs et apprit à commander en obéissant lui-même stricte ment à la discipline militaire. Envoyé en 1792 à l'armée du Nord avec le grade de chef de bataillon, il se distingua dans plusieurs rencontres; nommé chef de brigade deux ans plus tard, il fit pencher la victoire du côté de la France à l'affaire de Roubaix, en enlevant à une division anglaise 32 bouches à feu avec leurs caissons. Peu après,

il traversa le canal de Louvain, s'empara encore des batteries de l'ennemi à Campenouch et fit évacuer Malines. En 1795, il contribua puissamment à la prise de Nimègue et à l'enlèvement des lignes de Bréda ; il emporta à la bayonnette le fort de Ferheiden où il désarma deux bataillons hollandais, et saisit la caisse militaire qu'il remit fidèlement au général Bonneau. Cette affaire brillante ne lui rapporta que beaucoup de gloire et une blessure grave. Bientôt après, avec une poignée de soldats, il surprit la forteresse de Spangen, bien approvisionnée, et décida la capitulation de Gertruydemberg. Tous ces faits d'armes lui valurent le commandement de la ville de la désintéressement il adoucit les mal Haye, où par sa modération et son heurs de la guerre et fit aimer le nom Français. La conquête de la Hollande étant consommée, Sau

deur fut appelé en Vendée avec sa brigade; il s'y conduisit vaillamcordes civiles le forçassent de comment tout en regrettant que nos disbattre des Français ; aussi se sentitil soulagé d'un grand poids quand on l'envoya à l'armée du Rhin avec laquelle il combattit pendant deux

ans.

Appellé à commander le 44o régiment de ligne, l'un des plus célèbres de l'armée, dont le dépôt fut longtems à Valenciennes, ville natale de son colonel, Saudeur le guida dans la campagne de l'Helvétie, tourna une division austroRusse à Manosse et Remus, lui mit 1400 hommes hors de combat et

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