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Vieille chronique nous a conservé les noms (1). Geux-ci le condamnèrent à être pendu et étranglé publiquement, sans lui avoir permis de dire un seul mot pour sa défense. Vers le 30 janvier 1580, le malheureux de Vos, subit sa peine injuste, sans qu'on eut égard à son talent, si remarquable pour le tems où il vivait, ni à sa qualité de prêtre qui imposait cependant alors à la multitude. Il fut exécuté sur le marché de Cambrai en présence d'un concours immense et de tous ses enfans de choeur qui fondaient en larmes. Au moment de l'exécution, de Vos voulait haranguer le peuple et dire qu'il mourait innocent, lorsque les suppôts du baron d'Inchy firent battre les tambours pour étouffer sa voix. Cette manœuvre, opérée en 1793 sur un plus illustre condamné, obtint le même succès; il est donc vrai qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil !

Jean Doudelet, chroniqueur de Valenciennes, qui fut témoin oculaire de la mort de de Vos, cite une longue épitaphe, en vers français, composée sur ce malheureux musicien, lorsqu'une cérémonie expiatoire eut lieu à son occasion. Ce fut le 10 octobre 1595, jour de la rentrée de Louis de Berlaimont dans son siége archiepiscopal; les restes de Laurent de Vos et de tous ses co-martyrs, furent pieusement recueillis dans un riche cercueil, ét honorablement inhumés dans F'église des cordeliers de Cambrai ;

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l'archevêque assista en personne cette cérémonie, ainsi qu'au service qui eut lieu le lendemain à la même église et les bonnes gens de Cambrai puisèrent dans cette circonstance de précieux motifs de consolation de la perte du savant musicien. « Au moins, disaient-. ils, il est enterré en terre sainte ! » A. D.

LES MARSEILLAIS A ARRAS.

Joseph Lebon était procureur de la commune d'Arras, à l'époque ou les terribles bandes dites Marseillaises parcouraient la France, afin, disaient ces monstres, de l'insurger, de lanterner les aristocrates, et de faire le bonheur du peuple. Les troubles que ces bandits avaient occasionnés à Paris, effrayaient la province : quoique très-jeune alors, je me rappelle la terreur qui s'empara des habitans de la ville, lorsqu'on sut que 5,000* Marseillais, ayant deux pièces de canon, étaient aux portes et menaçaient de mettre la ville à feu et à sang, si on ne les laissait entrer de bonne volonté.

Les autorités avaient refusé de les recevoir, parce qu'ils n'avaient aucun droit au logement, et qu'ils ne formaient pas un corps militaire avoué par le gouvernement; mais des préparatifs hostiles forcèrent de céder d'après le conseil de Joseph Lebon.

Ces coupe-têtes, dont je vois encore les hideuses figures, contractées par la boisson et par les horribles imprécations qu'ils proféraient défilèrent par la porte Ronville, la

rue St.-Géry, et se mirent en bataille sur la Petite Place. Dans ces entrefaites, Lebon avait réuni sept à huit cents hommes de gardes nationaux, un escadron de cuirassiers alors en garnison à Arras, (1,000 ou 1,200 hommes au plus ). La Petite Place a, comme on le sait, des débouchés à tous les angles; ces rues tortueuses se communiquent derrière l'hôtel-de-ville, ce qui éxpliquera une manœuvre qu'on ne put trop admirer et qui fut exécutée par les ordres de Joseph Lebon. La garde nationale, tambour battant, défilant pendant plus d'une demi-heure, en tournant toujours les angles de la Place, de manière à effrayer à leur tour les Marseillais, qui crurent qu'il y avait au moins dix mille hommes sous les armes. Lorsqu'on jugea à propos de terminer cette promenade, une compagnie s'établit à chaque issue des rues de la place, chacune avec trois canons chargés à mitraille qu'on avait pris dans l'arsenal. Les cuirassiers se formèrent en bataille dans l'espace qui communique de la Petite à la Grande Place. Lebon sortit alors de l'hôtel-de-ville avec les officiers municipaux, et s'avançant hardiment vers les 3,000 Marseillais stupéfaits, leur dit : « Si à l'instant, vous ne déposez vos armes, dans un quart-d'heure, aucun de vous n'existera. » Au même instant un foulement de tambour convenu fit démasquer les quinze pièces de canon cachées par un rang de grenadiers; les canonniers, la mêche allumée, pointèrent leurs pièces sur les bandits qui, sans parler, sans

réfléchir, posèrent par terre leur fusils, haches, piques, enfin toutes leurs armes, et s'avancèrent de quinze pieds. Deux ou trois compagnies de gardes nationaux allèrent au pas de charge, réunir les armes abandonnées, tandis que Lebon haranguaît ces hommes étonnés d'une résistance à laquelle ils n'étaient pas accoutumés. On leur promit, pour récompense de leur docilité, de les loger en ville, sous l'expresse condition que le lendemain de très-bonne heure, ils nous débarrasseraient de leur odieuse présence. C'est ainsi que, par son adresse, Joseph Lebon sauva la ville d'Arras d'un pillage et probablement d'un massacre; car les Marseillais étaient exaspérés et les Artésiens livrés à une profonde ter – reur. C'est ce même Joseph Lebon qui, un ou deux ans après, décima la ville qu'il avait sauvée, non pas seulement comme le dit Madame la duchesse d'Abrantès, dans ses intéressans mémoires, pour plaire à Robespierre, mais par vengeance, pour satisfaire ses passions et par amour pour le mal. Robespierre lui-même a été effrayé des atrocités qu'il commettait, et dès le mois de mai 1794, lui ordonna de ne pas aller si vite. Lebon s'habitua peu-à-peu au crime, il en vint au point de ne boire que du vin rouge, parce qu'il lui semblait voir le sang des aristocrates; j'ajouterai que sa femme contribua puissamment à le rendre sangui naire. Envieuse, ambitieuse, convoitait tout. Quantité d'individus furent guillotinés pour un bijou que voulait cette créature avi

elle

de et cruelle. Je rectifierai à son sujet, une erreur commise par madame d'Abrantès: tome 7, page 212. Mlle. Robespierre n'a jamais eu de relations avec la furie qui vait épousé l'ex-curé Joseph Lebon, la première détestait les excès de son frère ainé plusieurs fois elle lui en fit de vifs reproches; il est positif que ce frère dénaturé avait donné l'ordre à Lebon d'arrêter sa sœur, dans un voyage qu'elle devait faire à Arras, pour se débarrasser de ses conseils; Robespierre cadet la prévint du projet de la tenir enfermée au Vivier; elle ne fit point le voyage d'Arras, et attribua à Lebon le dessein conçu par son frère, ce qui écarte tout désir de rapprochement entre la victime et le bourreau. D'ailleurs Mlle. Robespierre avait reçu de l'éducation, c'était une fille pieuse, vertueuse, sensible; madame Lebon était née dans une classe obscure, était ignorante, impie, dépravée et cruelle; rien de plus antipathique que ces deux êtres, et jomais Mlle. Robespierre n'habita avec madame Lebon.

Mme. CLÉMENT, née HÉMERY.

VANDER VYNCKT. J'ai pu blié, dans les Analectes Belgiques (1), des particularités relatives au conseiller Vander Vynckt et à la composition de son Histoire des troubles. A cette occasion, j'ai émis une conjecture que m'avait suggérée le petit nombre d'exemplaires auquel le comte de Coben zl

(1) Pages 326 334.

fit tirer l'ouvrage, le mystère qu'il mit à son impression, la ciiconstance qu'elle se fit, non sur le manuscrit envoyé à Vienne, c'est-àdire celui corrigé par le colonel De Bon, mais sur le manuscrit même que Vander Vynck avait entièrement écrit de sa main : j'ai dit qu'il se pouvait que l'Histoire des troubles n'eut pas été imprimée par les ordres du cabinet Autrichien; que le comte de Cobenzl faisait assez souvent de son chef de ces sortes de dépenses, pour lesquels il fut blâmé plus d'une fois par la cour. Deux pièces que j'ai trouvées depuis que j'ai écrit cet article semblent changer en certitude ce qui n'avait pu avoir qu'un caractère de probabilité à mes yeux. La première est un billet écrit, le 7 mai 1774, par le secrétaire d'Etat et de guerre, au comte de Nény, chef et président du conseil privé; il est ainsi conçu: « C'est en exécution des ordres de S. A. le ministre (2); que je me ́ donne l'honneur de remettre à V. E. la note ci-jointe, sur le projet dont on s'occuperait en Allemagne de traduire et faire imprimer en allemand l'Histoire des troubles des

Pays-Bas faite par M. le conseiller Vander Vynckt, et dont l'exemplaire que feu S. E. le comte de Cobenzl avait donné à feu M. Schoëpflin, se trouve dans la bibliothè que de Strasbourg. S. A. me charge de prier V. E. de vouloir bien

(2) Le prince de Starhemberg, ministre plénipotentiaire de l'impératrice auprés du duc Charles de Lorraine, gouverneur géo néral des Pays Bas

l'informer de ce qu'elle pense sur cet objet. S. A. présume que V.E. a eu dans le temps connaissance de l'ouvrage dont il s'agit. » - Voici la réponse de M. de Nény, en date du 8 mai : « Je n'ai aucune sorte de connoissance d'une Histoire des troubles des Pays – Bas, rédigée par M. Vander Vynckt, conseiller du conseil de Flandre, sur des actes qui doivent lui avoir été remis par feu S. E. M. le comte de Cobenzl. Je sais néanmoins que ce ministre a communiqué à quelques personnes le travail du comte de Wynants (3) sur nos archives...... M. Vander Vynckt n'était pas fort propre à mettre en œuvre les excellens matériaux que nous avons, car, outre qu'il n'a pas des idées bien lumineuses de l'histoire des Pays-Bas, il écrit mal. Du reste je ne vois pas possibilité d'empêcher qu'on ne fasse usage en Allemagne d'un des six exemplaires qu'on doit avoir imprimés ici au foto (2), et dont on dit que feu M. le comte de Cobenzl a fait présent à feu M. Schoepflir. Après une révolution de deux siècles, il n'y a plus de se cret, et il est de l'intérêt de l'humanité qu'il n'y en ait point: mais avant que de publier un ouvrage qui nous intéresse de si près, et qu'on annoncera comme imprimé à Brusselles par les ordres du mi

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RELIQUES DE SAINT-QUENTIN MANUSCRIT D'ISIDORE, TÊTE DE SAINT-ANDRÉ. Lorsque, en 1557, la ville de St.- Quentin eut été saccagée par les Espagnols, après la mémorable bataille qui fonda la gloire du comte d'Egmont, l'église principale de la ville ne fut pas enveloppée dans le pillage, mais les reliques et joyaux qui y reposaient, et qui étaient renommés pour leur prix, religieusement respectés. Afin de veiller à leur conservation, garde fut établie dans l'église; précaution d'autant plus nécessaire, que ces richesses excitaient la cupidité de beaucoup de gens, parmi les vainqueurs. Une lettre du duc de Savoie, gouverneur général des Pays-Bas, que j'ai sous les yeux (1)

furent

une

(3) M. de Wynants était directeur géné- le prouve. Ce prince écrivait, le

al des Archives de l'Etat, il avait formé plusieurs recueils de pièces curieuses pour l'histoire.

(4) M. de Nény veut parler de l'impri merie que le gouvernement avait établie pour le service de la loteric génoise, que Fon appelait en ce tems le Lotor

20 mai 1559, six semaines après la conclusion de la paix, au comte

(1) Cette lettre est conservée aux Archi ves du Royaume à Bruxelles.

de Meghen, gouverneur de SaintQuentin, qu'il était informé que des tentatives avaient été faites pour dérober les reliques et joyaux conservés dans l'église, et il lui ordonnait de veiller à ce qu'on n'y touchât point, pour qu'ils pussent être restitués intacts aux français, ainsi qu'on le leur avait promis.

La restitution ne fut pourtant pas entière. Je puis indiquer deux objets qui en furent exceptés, et que le roi s'appropria. Voici une lettre que Philippe adressa, le 15 juin 1559 (2), au superintendant de l'église : « Vénérable, cher et bien amé, pour ce que, entre aultres choses que par inventoire vous sont esté mises en main de la tresorie de l'église de Sainct Quentin, il y a vng volume ou livre escript à la main intitulé Decreta Ysidor Archiepiscopi hispalensis, et que d'icelluy nous avons pour le present nécessairement à faire, nous envoyons devers vous nostre che vaulcheur d'escurie tout propre, vous ordonnant et enchargeant bien expressement que par luy nous envoyez ledit livre bien gardé et empacqué, afin que de chemin ne se puist gaster de la pluie ou aultrement, et vous serviront les présentes de descharge là et ainsi qu'il appartiendra. Parquoy n'y faictes faulte. »

Deux jours après, Philippe chargea le comte de Meghen de lui faire parvenir le chef de St.-André garni de sa châsse, tel qu'il reposait dans la trésorerie de l'église. G.

(2) Elle est aussi dans le même dépôt,

LE FAUX DUC DE BOURGO GNE. - L'anecdote qu'on va lire, en style fort naïf, est connue, mais on ignore généralement qu'elle appartient à nos contrées. On y trouve tout d'abord un fort gout de terroir et le bon duc Philippe, souverain de ce pays, était peutêtre le seul prince qui se fut livré volontiers à exécuter une pareille farce. Elle a fourni à Du Cerceau l'idée des Incommodités de la grandeur; cette même idée a encore séduit plusieurs auteurs parmi lesquels nous citerons le danois Holberg dans son Potier d'étain politique et plus récemment M. Onésime Leroy, aussi homme du Nordsans être du Danemark, dans une comédie pleine de gaîté, qui est encore inédite et intitulée les Bonnets pointus.

«....... Adonc Philippe se pour→ menant un soir après souper par la ville de Bruges avec aucuns de ses amis, feit rencontre en son chemin d'un homme, lequel, pour avoir trop beu d'un petit, estoit gisant dans la rue, et l'entendoit

on ronfler bellement. Pour raison de quoi voulut le bon duc esprouver sur iceluy combien n'est autre chose la vie humaine sinon une vaine et menteuse apparence, de quoy ils avoient longuement devisé à table. Ores feit-il emporter nostre homme ainsi comme il dormoit, en son hostel, où fut placé le vilain dans le propre lit du duc, encore luy mit-on sur le chief le bonnet de nuict du prince et si luy fut-il passé une belle et nette chemise de fin lin de Brabant, en guise de la sienne, laquelle étoit toute

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