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partie ; et peu après, le 21 juillet, la garnison française de Tournai, vint achever le reste. En 1544, un incendie consuma l'un de ses faubourgs. Le 2 août 1556, un autre incendie ravagea toute la ville; il ne resta debout qu'une maison, dite le Lion d'Or, l'hôtellerie de Sainte-Catherine, l'hôtel-de-ville, la halle et l'église. Le 5 juin 1574, le feu prit par un cierge à l'église,

et en consuma toutes les boiseries. Vingt-quatre ans après, à pareil jour, 5 juin 1598, une semblable négligence occasionna la perte du grand-autel, des linges et ornemens de la même église.

En 1638, la ville d'Orchies s'était un peu relevée, car elle fit une magnifique réception le 1er novembre, à don Ferdinand d'Autriche, frère du roi d'Espagne, qui y passa avec toute sa suite; l'archiduc Léopold, gouverneur-général des Pays-Bas, y eut aussi une très-belle réception, le 9 novembre 1653.

Les Français, campés entre Mons-en-Pevèle et le Pont-à-Vendin, se portèrent le 16 octobre 1645, sur Orchies, au nombre de 3,000 hommes de cavalerie, et d'égal nombre d'infanterie, pour surprendre et piller la ville; mais elle en fut préservée, en payant une forte contribution.

Orchies tomba au pouvoir des Français, en 1667, par la prise de Douai et Lille, et leur fut cédée avec elles, par l'article 3 du traité conclu à Aix-la-Chapelle, le 2 mai 1668. Elle passa, en 1708, sous celui des états-géneraux des pro

vinces-unies, et fut rendue à la France par l'article 15, de la paix signée à Utrecht, le 11 avril 1713. Les Autrichiens s'emparèrent de cette ville en 1794, et la fortifièrent; mais ils furent obligés de l'abandonner, après la reddition de Valenciennes.

Marguerite de Dampierre établit le avait fondé précédemment, proun hôpital à Orchies, en 1242. Elche de cette ville, dès l'an 1234, une abbaye de filles, de l'ordre de Citeaux, qu'elle transféra à Flines dans la suite. Il y avait, en outre de ces établissemens, à Orchies, avant la révolution de 1789, un couvent de sœurs grises, un de capucins, une maison pour les filles orphelines, et un collège ayant trois chaires.

Orchies jouissait de plusieurs foires et marchés francs; elle envoyait ses députés aux états de Lille. Ils étaient pris dans le corps des magistrats, composé de sept échevins, d'un procureur syndic et d'un greffier. Les appels de ses sentences se portaient autrefois au juge royal de Bauquesne, près Amiens; puis à Lille, après l'établissement de la gouvernance, en 1313; enfin en 1380, à celle établie à Douai.

La ville d'Orchies est assise au milieu d'une plaine, riche et bien cultivée. Dans son voisinage, se trouvait le grand marais des SixVilles, aujourd'hui rendu à la culture. Ses marchés aux grains sont des mieux approvisionnés du pays; elle fait encore un grand commer

ce de pannes, de tuiles, poteries, et de fil de lin. C'est la patrie de Jean du Rosier, auteur de plusieurs poèmes latins, imprimés à Douai en 1611 et 1612.

D.

LE DIAMANT D'APPELS. Vers la fin du 17° siècle, un laboureur du village d'Appels, à une demi-lieue de Termonde et à une lieue de Mespelaere, trouva dans son champ une chaîne et plusieurs pierres luisantes. La chaîne lui servit de crémaillère pour ses menues marmites, et les pierres de jouets à ses enfans. Un jour que ceux-ci s'en amusaient, il passa un juif qui demanda à acheter ces objets ; mais, attachés à ces pierres, dont l'ane, fort grosse, les charmait particulièrement par son éclat, ils réfusèrent de les vendre. L'inconnu s'adresse aux parens, qui cédèrent la plus grande, et prirent en échange de la crémaillère une autre chaîne en fer, et une quantité de draps qui suffit pour les habiller eux et leurs enfans. Cette aventure fit certain bruit dans le pays:

le laboureur disait qu'il avait déterré ce dépôt dans telle partie de son champ, mais rien ne pouvait en faire soupçonner la valeur.

Deux ou trois ans après, on apprit par les journaux que le Grand Seigneur avait fait l'acquisition d'un diamant incomparable et d'une valeur au-dessus de toute estimation; le vendeur était un juif hollandais qui assurait l'avoir acheté dans la Flandre. Le gouvernement général des Pays-Bas, en apprenant cette nouvelle, se rappe

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la ce que le bruit public en avait répandu dans le tems et ordonna à l'office-Fiscal de prendre des informations juridiques à ce sujet, sur les lieux. Le premier vendeur de ces objets et les voisins, furent appelés, et déposèrent le fait tel. que nous le racontons, en ajoutant qu'ils avaient toujours cru que la chaîne était de cuivre, tandis qu'en effet elle était réellement en or. Ensuite on sut avec certitude, par les ambassadeurs à Constantinople, que cette pierre, acquise par le sultan pour plusieurs cent milliers de piastres, venait de la Flandre, et on jugea que c'était celle-là même que le cultivateur d'Appels avait découvert; mais on ne put rien savoir des autres pierres, ni de la chaîne. Le procésverbal de ces dispositions existe en original dans les archives du cidevant conseil de Flandre.

X

LE BOURREAU PAR RÉCOMPENSE. Le comte de Charolois, étant en guerre avec les français, les villes riches du Pays-Bas lui, fournirent de puissans secours en hommes et en argent. Celle de Valenciennes lui envoya bon nombre de gens de cheval et de pied; parmi eux se trouvait un fort grand gaillard, taillé en Hercule, auquel on confia la garde d'un chariot de munitions, chargé de maillets de plomb dont on se servait dans les guerres de ce tems. Le Valenciennois défendit si bien le dépôt à lui confié, qu'il tua de sa main plus de trente français, venus pour le surprendre. Le duc de Charolois,

victorieux dans cette journée, entendit parler de ce fait d'armes, et voulut en voir le héros. Il admira sa force musculaire et ses proportions athlétiques, et lui fit compliment sur son courage et son adresse, « Demande-moi ce que tu veux « pour récompense, dit le duc, je << te l'accorderai sans retard. « Monseigneur, reprit le brave, l'office de bourreau de Valen«< ciennes, étant vacant, je re« quiers votre altesse de me faire la << grace de me l'octroyer, je lui en <«< aurai une reconnaissance éter<< nelle. >>

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Ce héros des croisades, ce compagnon des Renaud et des Tancrède, est mentionné dans les biographies comme ayant reçu le jour en divers lieux. Les écrivains de l'histoire de Brabant le fixent à Bayly, village au Sud-Est de Nivelles, et près Fleurus; les biographies et l'estimable auteur de l'histoire des croisades ont reproduit cette assertion, et l'ont regardée comme certaine. Une autre opinion, soutenue par Locres dans sa chronique et par le père Malbrancq, tend à établir qu'il reçut le jour à Wasta ou Wasténée, près Saint-Omer, ces auteurs ayant confondu le château du Wast, dans le Boulonnais, où les comtes faisaient souvent leur résidence avec Wasta ou Wastenée en Artois enfin les annalistes ont prétendu que Godefroi était né dans le château de Longuevilliers, qui n'a jamais appartenu en propre aux comtes de Boulogne. M. P. Hédouin de Boulogne a réfuté tou. tes ces opinions, et prouvé d'après une histoire manuscrite de la ville capitale des comtes Boulonnais, due au prêtre Luto qui l'avait puisée dans les archives de Boulogne, dont la collection remontait à des dates très anciennes mais qui a été détruite pendant la tourmente révolutionnaire, ainsi que d'après un manuscrit de 1650, dont l'auteur est inconnu, que Godefroi était né à Boulogne, dans l'emplacement où est aujourd'hui la mairie, où, antérieurement à 1231, existait le palais des comtes Boulonnais. D'ailleurs, une preuve plus concluante est le témoignage de Guillaume de Tyr, le

prince des historiens des croisades, qui écrivait en 1169, et, qui dans son histoire Des faits et gestes des régions d'outre-mer, livre IX, s'exprime ainsi : « Godefridus, oriundus vero fuit de regno Franciæ de Rhemensis provincia, civitate Boloniensi, quæ est secus mare anglicum sita,» passage que M. Guizot a traduit ainsi : « Godefroi est originaire du Royaume de France, de la province de Rheims et de la ville de Boulogne, située sur le rivage de la mer d'Angleterre. » Ainsi rien de plus précis et de plus authentique qu'une semblable auto

rité.

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France litter. XI liv.

DEUX MARIS EN DEUX NUITS. Napoléon, juge habile et protecteur de tous les genres de mérite, affectionnait par-dessus tout les militaires, soutiens de sa puissance. Des épaulettes, des rubans, de l'argent, des dotations, des femmes même, étaient la récompense de grands services rendus le sabre à la main. De son plein pouvoir, il envoya fréquemment devant l'officier de l'état-civil, pour y prêter le serment conjugal, des gens qui, quelques jours plutôt, ne se connaissaient pas. Il disait à une belle et riche héritière: « Je vous donne mon colonel, mon général, mon maréchal un tel pour mari, vous l'aimerez ; c'est un brave couvert de vingt blessures. » Et la jeune vierge, dont quelque tendre affection occupait sans doute déjà la pensée, recevait en soupirant, de l'impériale majesté, un époux souvent estropié, parfois mutilé.

Cet odieux abus du pouvoir étaitil neuf? L'usage d'outrager les faibles est de trop vieille date pour que le despotisme puisse prétendre encore à l'honneur de quelque découverte. Voici ce qu'on lit dans un passage des mémoires de J. Dụ Clercq, (L. 3, ch. 27) rapporté par M. A. Buchon, en tête de la Chronique de J. De Lalain, par G. Chastellain.

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<< En icelui temps (1457), un pelletier nommé Jean Pinte étant mort, le lendemain matin, ainsi que Jean Pinte fut mis en terre, sa femme, laquelle était jeune femme de trente-quatre ans ou environ, fiança et-épousa ce propre jour un nommé Willemet de Nouville, pelletier aussi, de l'âge de vingt ans ou environ, et la nuit en suivant coucha avec son dit second mari. Je mets ce par écrit, pour tant que comme je crois, on a vụ peu de femmes soi plustôt remarier; combien que en aucunes manières on la pourrait excuser car en ce temps, par tout le pays du duc de Bourgogne, sitôt qu'il advenoit que aucuns marchands, labouriers, et aucune fois bourgeois d'une bonne ville, qu officier trépassoit de ce siècle, qui fût riche, et il délaissât sa femme riche, tantôt ledit duc, son fils, ou autres de ses pays, vouloient marier ces dites veuves à leurs archers ou autres leurs serviteurs; et falloit que lesdites veuves, si elles se vouloient marier, qu'elles épousassent ceux que leurs seigneurs leur vouloient bailler, ou fissent tant par argent, au moins tant à ceux qui

les vouloient avoir comme à ceux qui gouvernoient les seigneurs, et aucunes fois aux seigneurs mêmes, que ils souffrissent que elles se mariassent à leur gré; et encore étoient elles les plus heureuses qui par

force d'amis et d'argent en pouvoient être délivrées, car le plus souvent, voulussent ou non, si elles se vouloient marier, il falloit qu'elles prissent ceux que les seigneurs leur vouloient bailler. Et homme pareillement, quand un étoit riche et il avoit une fille à marier, s'il ne la marioit bien jeune, il étoit travaillé comme est dit cidessus. »

Le duc de Bourgogne qui régnait à cette époque, était le troisième de la maison de Valois, Philippe, qu'on a surnommé le bon !

Le fait rapporté par du Clercq a de quoi nous surprendre. Diverses lois régissaient les vastes pays des ducs de Bourgogne; mais nous doutons qu'aucune d'elles autori sât une femme à recevoir en deux nuits deux maris dans sa couche. Dans tous les cas, si cette aventure est vraie, c'était le cas ou jamais pour Jean Pinte, de sortir de sa tombe pour aller tirer la friponne par les pieds.

Aujourd'hui, une veuve inconsolable ne peut contracter un nouveau mariage qu'après dix mois révolus depuis la dissolution du mariage précédent : article 228 de ce code civil, si peu poli pour les dames! Dix mois, c'est bien long! mais on a plus de temps et la vue moins troublée par les larmes pour faire son choix entre les préten

dants, et le premier enfant des secondes noces sait un peu mieux comment il doit nommer son père. A. L.

MORT DU P. RICHARD. — Le dominicain Charles-Louis Richard

par

savant et rude théologien, était né
en 1711,
à Blainville-sur-l'Eau, en
Lorraine, d'une famille noble et
considérée dans le pays. Enrégi-
menté à l'âge de seize ans parmi les
religieux de St.-Dominique, il al-
la terminer ses études à Paris où i
fut reçu Docteur en Sorbonne. Il
s'essaya sans succès dans l'art de
prêcher; n'ayant pas le don de la
parole, il voulut voir s'il ferait plus
d'effet la voie de la presse et
it consacra dès lors sa plume à la
défense des principes religieux les
plus exaltés. Il chercha à repous-
ser de toutes ses forces les progrès
des philosophes et, dans maintes
brochures, il s'aventura jusqu'à
lutter corps à corps avec Voltaire,
D'Alembert, Condorcet, Robinet,
Rouillé d'Orfeuil, Cervol, Chi-
niac, et les abbės Riballier et Gui-
di; les prodigieux efforts que le P.
Richard fesait, dans de bonnes in-
tentions, demeurèrent sans succès
et la réunion des titres de ses pu-
blications reste comme un petit
monument de son impuissance. Il
obtint cependant les suffrages des
érudits par ses productions théolo¬
giques; son Dictionnaire universel
des Sciences théologiques, Paris,
1760, 6 vol. in-fo et l'Analyse des
Conciles sont de tous ses ouvrages,
ceux qui paraissent devoir lui sur-
vivre,

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