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tres,

celle dont les aultres sont esté pendus, voires d'une mesme pieche, là où le corps dudit patient estoit de moindre poix que les aulet mesmes la rompture egalle de la corde, comme sy elle fust esté trenchée d'une glaive trenchante, denotent assez estre chosse passante la nature et miraculeuse, dont le bruyct en est desia sy ample et divulgué par le pays, et à tel prouffict, des ames et remors des consciences, que Dieu le polroit avoir ordonné, d'aultant plus que ledit patient, combien qu'il soit fort blesché, se refaict, et semble estre reservé pour en tesmoigner. >>

G.

VINS DE LA BELGIQUE. Le projet d'introduire dans la Belgique la culture de la vigne, qui, depuis dix ans, a été souvent discuté dans les journaux et ailleurs, n'est pas nouveau. En 1758, un nommé Lefebure présenta sur cet objet, plusieurs mémoires au comte de Cobenzl, ministre, qui accueillait avec sollicitude, quelquefois aussi un peu légèrement, tous les plans d'entreprises commerciales ou industrielles, pour l'exécution desquels on réclamait auprès de lui l'appui soit du trésor royal, soit des finances des provinces ou des villes. Je n'entrerai dans aucun détail sur le projet de Lelebure, qui prétendait que quatre arpens plantés en vignes, en feraient bientôt trouver mille autres pour le même usage; on lira avec plus d'intérêt, parce qu'elle renferme des faits curieux, une lettre que M. de

Nény écrivit au comte de Cobenzl, qui lui avait communiqué ce projet; cette lettre est du 8 décembre 1758. Voici comment s'y exprimait l'illustre chef et président du conseil privé : « L'auteur du projet ci-rejoint ignore que cidevant les provinces de Brabant, de Malines, de Namur, de Haynaut, etc. étaient couvertes de vignobles, et qu'au repas de noces de Philippe-le-Bon avec Isabelle de Portugal, dont les comptes existent encore à Lille, on ne but pas d'autre vin que du cru du pays, à la réserve de quelques flacons de Malvoisie. Tous les côteaux que V. E. voit de ses appartemens, étaient des vignobles, et il y avait un nombre prodigieux de presses tenues en fief du duc de Brabant. Au commencement du règne de Charles V, on s'aperçut qu'il était bien plus avantageux de cultiver le grain que la vigne, et plus sain de boire de la bonne bière, que du vin médiocre ou mauvais. Les vignobles furent donc extirpés insensiblement, et il n'en reste plus guères aujourd'hui que dans les environs de Namur, parceque le terrain où on les conserve n'est M. de Nény ajoutait « J'apprépas propre à la culture des grains. hende, par cette raison, que, loin d'envisager le projet de l'auteur comme utile au pays, nos cultivateurs, qui entendent bien leur partie, seraient tentés de le regarder comme très-destructif. » .G.

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l'on tremblait au seul nom du duc d'Albe, une femme allemande sut intimider, par la hardiesse de sa conduite, ce guerrier si redouté, et peu s'en fallut que lui-même ne se prit à trembler devant elle. Cette femme était Catherine, comtesse douairière de Schwarzbourg, d'une noble maison, illustrée depuis longtems par l'honneur et la vaillance, et qui a vu l'un de ses membres monter sur le trône d'Allemagne.

En 1547, après la bataille de Muhlberg, Charles-Quint, s'avançait avec son armée sur la Souabe et la Franconie, et traversait en Thuringe le pays de Schwarzbourg. La comtesse avait obtenu de l'empereur la promesse positive que ses sujets n'auraient à suppor ter aucune vexation de la part des Espagnols. Elle-même s'était engagée à fournir aux troupes impériales des vivres, contre un paiement équitable, et à les livrer près du pont de la Saale, qui devait servir de passage à l'armée. Ce pont était dans le voisinage immé diat de sa résidence de Rudolstadt; elle eut la précaution de le faire abattre et de le rétablir à une plus grande distance, afin d'éloigner de ses hôtes la tentation du pillage. Les habitans des différens villages que les troupes devaient traverser, oblinrent également la permission de transporter au château de Rudolstadt le plus précieux de leur

avoir.

Cependant le général espagnol s'approchait de la ville, avec Henri de Brunswick et les deux fils de

ce prince. Un messager le précédait, chargé de prier la comtesse de Schwarzbourg d'accueillir à sa table les chefs espagnols. Une prière aussi discrète ne pouvait admettre de refus: la comtesse fit répondre qu'elle recevrait les princes de son mieux, et qu'elle comptait sur leur indulgence; en même tems elle ne négligea point de rappeler la sauvegarde accordée par l'empereur, et d'en recommander de nouveau l'observation de la manière la plus pressante.

Bientôt le duc arrive. Un accueil

amical, la vue d'une table richement servie, lui apprennent que les hautes dames de Thuringe s'acquittent noblement des devoirs de l'hospitalité; mais à peine a-t-on pris place, que la comtesse est appelée hors la salle du festin. On lui annonce que les soldats espagnols se permettent des violences dans plusieurs villages de la contrée; qu'au mépris des promesses impériales, ils enlèvent le bétail des campagnards. Catherine était la mère de son peuple; une injustice exercée contre le dernier de ses sujets, devenait pour elle une offense personnelle. Outrée de ce manque de foi, mais calme et résolue, elle fait prendre les armes aux serviteurs de sa maison, ordonne de fermer les portes du castel, et d'agir en silence. Elle retourne ensuite auprès des princes, et prenant la parole avec chaleur, leur reproche le désordre de leurs troupes, et le jeu qu'on s'est fait de la parole du souverain. Ses hôtes lui font une réponse moqueuse;

elle

tel fut toujours, lui dit-on, l'usage de la guerre, et jamais passage d'armée n'eut lieu sans quelque petite catastrophe de ce genre. « C'est ce qu'il faudra voir, dit alors la comtesse avec véhémence. Que justice soit faite à mes pauvres sujets, ou, j'en prends le ciel à temoin! le sang des princes paiera le sang du bétail ! » A ces mots, prononcés d'une voix forte et menaçante elle sort. En peu d'instans la salle se remplit d'hommes armés qui, le glaive à la main, mais dans une respectueuse attitude, se postent derrière les siéges des princes, et se mettent en devoir de servir le repas.

A l'arrivée de cette troupe belliqueuse, le duc d'Albe changea de couleur; ses compagnons se regardaient dans un muet étonnement. Séparé de son armée, cerné par une troupe supérieure en nombre, brave et déterminée, que lui restait-il à faire qu'à dompter son impatience, et à calmer à tout prix le courroux de son hôtesse? Henri de Brunswick fut le premier à revenir de cette émotion passa gère. Rompant le silence par un grand éclat de rire, il prit, en homme d'esprit, le parti de traiter cette aventure en plaisanterie. Il s'approcha de la comtesse, exalta son courage, son zèle maternel pour le bien-être de ses sujets, puis il la supplia de se calmer, et promit d'obtenir du duc d'Albe une réparation équitable. En effet le duc, cédant à ses conseils, fit porter immédiatement à son armée l'ordre de restituer le bétail

volé. Dès que la comtesse se fut assurée que la restitution avait eu lieu, elle remercia ses hôtes, qui prirent congé d'elle dans les termes les plus polis. Il est à regretter que le duc d'Albe n'ait pas, dans cette circonstance, pris conseil seule

ment de son entêtement et de sa ténacité ordinaires; sa mort prématurée eut peut être évité aux Pays-Bas les désastres dont sa cruauté les accabla plus tard.

Le surnom d'héroïne qu'on donnait à la comtesse de Schwarzbourg lui venait sans doute de cet événement. On vante également la persévérance et la fermeté dont elle fit preuve pour déraciner les abus du monachisme, pour améliorer le régime des écoles et propager la réforme religieuse, déjà introduite dans son pays par le comte Henri, son mari. Grand nombre de prédicateurs protestans, persécutés pour opinions religieuses, trouvèrent auprès d'elle protection et soutien. On cite parmi eux un certain pasteur de Saalfeld, nommé Gaspard Aquila. Aumônier de régiment au bout de sa carrière, il avait suivi l'armée impériale dans les Pays-Bas, et là, ayant un jour refusé de baptiser un boulet, il fut saisi par une bande frénétique et chargé dans un mortier. Heureusement l'amorce ne prit pas feu, et Aquila fut sauvé. Plus tard, il s'at→ tira le courroux de l'empereur en parlant avec mépris de son Intérim du haut de la chaire. Sa tête fut mise à prix: cinq mille florins étaient promis à celui qui parviendrait à la livrer. Sur la prière des

habitans de Saalfeld, Catherine Jui avait accordé dans son château un refuge secret. Elle l'y retint pendant longtems, et tant qu'il ne put sans péril quitter sa retraite, elle veilla à son sort ayec un zèle généreux.

La comtesse de Schwarzbourg mourut à l'âge de 58 ans, dans la vingt-neuvième année de son règne; des regrets universels l'accompaguèrent dans la tombe. Ses dépouilles mortelles dans l'église reposent de Rudolstadt.

SCHILLER.

LEGÉNÉRAL MORTIER. (1) La réputation militaire du général Mortier n'a nullement besoin de ma plume pour que son lustre soit dans toute sa pureté. Je voudrais cependant bien parler ici de sa belle conduite en Hanovre, dont au reste les lignes éloquentes de M. Bignon, constatent doublement maintenant une glorieuse époque, et une foule d'autres momens brillans de sa vie. L'estime que j'ai pour lui me fut d'abord inspirée par mon mari. Junot portait une haute considération au général Mortier; il tenait en grande estime et son caractère civil et ses talens militaires. Sa probité et son honneur s'alliaient avec ses autres belles qualités. Quelquefois Junot qui était rétif au frein et ne

(1 Le maréchal Mortier, né au CâteauCambrésis, est le président de la Réunion des enfans du Nord, qui se tient à Paris. Son age, ses taleps, sa haute position sociale et son attachement inaltérable à son pays natal, lui méritaient cet honneur.

A. D.

,

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il

et cette

savait obéir qu'à un seul homme, se trouvait en discussion avec son chef: cela le désolait. Souvent je le voyais repentant après avoir écrit une lettre et avec la noble franchise de son caractère la désavouer le moment d'après. Eh bien ! j'ai été constamment témoin de la bienveillance de caractère du général Mortier. Quoique jeune, l'était moins que Junot légère différence l'autorisait seulement à lui faire en riant quelques remontrances fraternelles, et à lui épargner auprès du premier consul quelques désagrémens provoqués par sa tète chaude, et grandement accrédités par des hommes comme Bourrienne, Fouché et quelques autres, qui, par leur position près du premier consul, arrivaient directement à son oreille pour nuire à tous ceux qu'il aimait, Le général Mortier pouvait beaucoup par sa place, et jamais il n'a été nuisible à qui que ce fut. Junot avait commencé en 1803, lorsqu'il était à Arras, une notice renfermant les biographies (2) de plusieurs de ses amis. Son jugement à cet égard est tout-à-fait impartial: et certes on ne peut pas douter de la vérité de ce qu'il a dit à cet égard, car enfin les militaires sont comme nous autres femmes, ils ont entr'eux leurs petites passions qui devraient cependant être domi

(3) Junot avait commencé ce petit ouvrage, que la franche bonté de son caractère et son esprit fin, et très-fin surtout comme observation, aurait rendu vraiment remarquable. Mais il l'abandonna en Espa→ gne. Je l'ai recueilli et j'ai tenté de le con tinuer dans mon journal.

nées par la plus grande de toutes,
par
la gloire ;
mais elles surgissent
au dessus de tout.

Mortier se distingua dès qu'il fut au service. Il alla d'abord à l'armée du Nord, ensuite à l'armée du Rhin; puis ensuite, lors de nos malheurs, il seconda vaillamment Masséna dans la déroute de l'armée austro-russe. Il eut, dans le Moutta Thal, près de Schwitz, un combat remarquable, dans lequel il repoussa le général Rosemberg, venu d'Italie avec des troupes russes, pour fondre sur nous. Je cite ce fait plus en détail, parce qu'il

eut une influence directe sur notre
sort. La France doit être bien re-
connaissante envers tous ceux qui
ont fait partie de cette armée du Da-
nube.Sa campagne de l'électorat de
Hanovre, car on peut donner ce
nom à cette conquête, faite par
une armée inférieure de plus des
deux tiers en nombre à celle des
ennemis, la convention de Suh-
lingen est un monument honorable
que le maréchal Mortier a élevé à
la gloire de sa patrie en même tems
qu'à la sienne. Plus tard, n'ayant
avec lui
que cinq mille hommes de
la division Gazan, il se trouve à
Dierstein, sur les bords du Danu-
be, dans une position des plus pé-
rilleuses. Rencontré par l'avant-
garde russe, que commandait le
prince Bagration, forte de vingt-
cinq mille hommes, non-seulement
il résiste, mais il force le passage
et rejoint le gros de l'armée sur la
rive opposée du fleuve. Chef du
huitième corps, dans la campagne
de l'année suivante, en 1806, il

de

attaque l'électeur de Hesse-Cassel, et dans un jour, pour ainsi dire, toute la Wesphalie tombe en notre pouvoir avec les trésors, les des ennemis. Mortier sera plus rivivres et les approvisionnemens che de gloire après cette action; mais autrement, n'y comptez pas. Il s'en remet à sa patrie du soin de le récompenser. Quelques semaines plus tard, il va prendre possession, au nom de la France, l'électorat du Hanovre, que son épée lui conquit deux ans auparavant; eh bien! quoique maréchal commandant en chef, et pour ainsi dire proconsul trois fois puissant, il sût exercer le pouvoir comme il aurait voulu le faire, demandez aux habitans. Ils vous répondront, même aujourd'hui que Mortier s'est conduit en honnête homme. Vient ensuite la journée de Friedland, à laquelle il contribua vaillamment. Puis, du pôle, il s'en alla commander dans la péninsule. La victoire d'Ocana, en détruisant la plus forte des armées des insurgés, composée de cinquante mille hommes, tandis que les français ne sont que vingt-cinq mille est d'une importance immen

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se dans les intérêts de la France en
ce qu'elle décide l'invasion de
l'Andalousie. Après avoir percé
pour ainsi dire, la Sierra-Moréna
il ne s'engage pas dans ses défilés
il laisse ce soin au maréchal Vic-
tor; mais traversant l'Estrama-
dure Espagnole, il va cerner Ba-
dajoz, le prend après cinquante-
quatre jours de siége et fait sept
mille prisonniers. De-là retour-
nant en Russie à la tête de la jeune

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