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justesse qui eut fait honneur à des dilettanti bipèdes.

Derrière cette musique de bêtes qui ne fesait pas un faux ton, on voyait un ballet ambulatoire : c'était des singes, des ours, des loups, des cerfs et autres anima ux, composant des entrées de ballet sur une espèce de théâtre tiré par des chevaux qui suivaient l'orgue bisarre. Dans le milieu de cette estrade, s'élevait une grande cage où l'on voyait une troupe de singes jouant de la cornemuse et d'autres instrumens au son desquels tous ces animaux dansaient des danses particulières et représentaient la fable de Circé, qui changea les compagnons d'Ulysse en bêtes. De tous ces animaux, il n'y avait que les singes et les chats qui fussent naturels, le reste était figuré au moyen de déguisemens très in génieusement imités. La bisarrerie de ce spectacle burlesque, qui flattait beaucoup les joyeux flamands, fit enfin rire le ve et sérieux Philippe II, il ne put y tenir peut-être ce court mouvement de gaîté prit-il sa source dans ce qu'il y avait de cruel à la composition de l'orgue aux chats; quoiqu'il en soit, si les bons flamands parvinrent à faire rire le roi d'Espagne en 1549, il prit largement sa revanche, quelques années après; en compensation de ces spectacles innocens qu'on lui offrit de toutes parts, il donna aux Pays-Bas les représentations sanglantes d'immenses autodafés ; il ne riait plus alors, et ceux qui l'avaient vu sourire versaient eux-mêmes des larmes de sang! A. D

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HOTEL-DE-VILLE DE LOUVAIN. - Dans la séance que l'a calettres de Louvain a tenue le 7 juildémie royale des sciences et belleslet 1832, M. le baron de Reiffensuivantes sur l'hôtel-de-ville de berg a présenté les observations Louvain, l'un des plus beaux monumens gothiques de la Belgique.

« La prochaine démolition de la porte de Hall à Bruxelles, qui a excité les vives réclamations de quelques amis des arts, m'a fait penser que l'académie n'entendrait pas sans intérêt quelques détails sur un des plus beaux monumens qui, dans notre pays, appartiennent à l'architecture improprement appelée gothique. Cet édifice, si remarquable par l'harmonieuse simplicité de son plan, la délicatesse, la variété, la richesse de ses ornemens, fut construit, suivant P. Divæus, vers l'an 1450, et terminé dix ans après. Juste-Lipse tient le même langage, mais Gramaye place le commencement de la construction de cet hôtel-deville à l'année 1448.

« Des recherches que j'ai faites dans les archives de Louvain m'ont démontré que Gramaye était ici l'écrivain le plus exact. Je trouve en effet dans le tome II d'un recueil en flamand, rédigé par le greffier G. Boon, et intitulé: Antiquitates Lovanienses, que la première pierre fut posée le jeudi après Pâques 1448, et que l'ouvrage fut achevé en 1463. Les différentes sommes payées, chaque année, pour cet objet sont énumérées dans le manuscrit cité, et dans un autre inti

tulé: Generalen index van de chartres en de documenten, tome II, page 170; on lit dans le numéro 201, que la dépense monta a 32,086 florins 10 sous, monnaie du tems.

<< J'ai vainement cherché à découvrir le nom de l'architecte et ceux des artistes qui lui prêtèrent leur secours. J'incline à croire cependant qu'Otton van de Putte, qui se signala en 14 1482 dans la guerre contre Guillaume de la Marck et qui consacra dans l'église de St.Pierre la bannière de ce seigneur qu'il avait prise en combattant, fut un des sculpteurs dont le ciseau exécuta une partie des bas-reliefs qui représentent, dans les impostes des niches, des sujets de l'écriture sainte. En effet, cet artiste est le seul de Louvain dont on conserve le nom à cette époque. Divæus en parle Rerum Lov., lib. I, cap. 14.

« Quoi qu'il en soit, ce monument a beaucoup souffert de l'injure du tems, et ses élégantes tourelles menaçaient ruine, quand il y a quatre ans, M. Everaerts, jeune architecte de Louvain, offrit de réparer le dommage. L'entreprise était difficile; il fallait ressusciter un autre genre de construction abandonné. M. Everaerts étudia avec un soin extrême chaque pierre en particulier, fit prendre des moules des moindres fleurons, des modèles des moindres morceaux de fer qui attachent les minarets ou girandoles à la fois diaphanes et solides, et des galeries en formes de dentelles, puis il les démolit avec des précautions extraordi

naires pour les rétablir ensuite, en se servant des pierres nouvelles, de quelques morceaux grattés ou réparés à l'aide du mastic et de la pierre artificielle. Mais, par malheur, afin de mettre de l'harmonie entre ces pièces de rapport, et de les préserver de l'action dévorante de l'air, il a cru devoir étendre sur le tout un vernis qui, du moins à présent, ôte à la pierre sa teinte pittoresque et vénérable, tandis le ciseau avait déjà enleque vé ce fruste qui a tant de charmepour l'oeil de l'homme de goût et de l'antiquaire.

«M. Everaerts se propose d'étendre son systême de réparation à toute la façade. Mais peut-être que, dans les détails finis des bas-reliefs. il rencontrera des difficultés plus. grandes. Les objets étant plus près. du spectateur, l'examen en sera plus sévère. En second lieu, comment restaurer ce qui ne laisse plus ni vestige, ni empreinte ? comment refaire ces bizarres tableaux. sans avoir deviné tout le moyen âge? Enfin, si tout redevient neuf, poli, lisse, si le vernis s'étend impitoyablement partout, on aura. sans doute un édifice plus brillant, plus dameret, mais qui, par cela même, perdra son précieux carac

tère..

« Quoi qu'il en soit, M. Everaerts fait preuve d'un rare talent, et d'une haute intelligence. Entouré d'ouvriers et d'artistes, dont il a formé l'éducation gothique, ik peut rendre les plus grands servi¬ ces pour la réparation de nos autres édifices du même genre.

« L'hôtel de ville de Louvain me conduit à dire quelques mots d'un autre monument qui se rattache à l'histoire, et qui est menaçé d'une destruction éminente: c'est le tombeau des duchesses de Brabant, Marie et Mathilde, mortes en 1211 et 1226, et duquel Butkens et Van Gestel nous offre une représentation très inexacte. Ge tombeau, incrusté dans la muraille des bascôtés de l'église St.-Pierre, est habituellement chargé de chaises que l'on y empile sans précaution, au point qu'une des deux figures est presqu'entièrement brisée et l'autre fort mutilée.

« Je finirai donc cette note en exprimant un vœu ; naguères il existait dans certaines provinces des commissions chargées d'enregistrer les monumens d'arts qui se trouvent dans chaque localité, de les décrire et de pourvoir à leur conservation. Il me semble que l'académie, tutrice née de l'archéologie nationale, ne sortira point de ses attributions en se mettant en communication avec le gouvernement pour provoquer des mesures à cet égard, et pour obtenir, pour elle ou pour d'autres les facilités nécessaires afin de garder à la patrie quelques uns de ses premiers titres de gloire.»

DE REIFFENBERG.

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adjoint de l'université, un des directeurs de l'académie royale de dessin, peinture et architecture, secrétaire de la société des beauxarts et belles lettres, membre de la société d'agriculture et de botanique de Gand, archiviste de la Flandre orientale et membre de la 4 classe de l'institut royal des sciences, lettres et arts des PaysBas. Il remplissait toutes ces fonctions avec zèle et activité. On lui doit la collection des médailles, anciennes monnaies et antiquités, placées à l'université; le Messager des arts; le Musée belgique, ou description des tableaux et autres productions des arts de 1820; des notices curieuses et savantes sur les frères van Eyck, inventeurs de la Hemmelinck. Il est mort des atteinpeinture à l'huile et sur le peintre tes du choléra, lundi 10 septembre 1832, à 11 heures de la nuit, à l'âge d'environ 45 ans. C'est une véritable perte pour la ville de Gand. Sa mémoire sera long-tems chère à ses nombreux amis et aux amateurs des arts.

(Messager de Gand).

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venablement une Altesse Royale, force fut d'avoir recours à un restaurateur de la capitale qui se chargea de l'entreprise. Le repas fut au mieux, le prince très-satisfait, les Athois enchantés.

Mais quand il fallut payer la carte, ne voilà-t-il pas qu'il survint contestation entre la noble ville et le rôtisseur sur le prix du diner; tellement que le pauvre diable fut obligé de s'adresser à Son Altesse, pour obtenir justice. Le duc, pour en finir, trouva plaisant de payer lui-même le repas auquel les Athois l'avaient invité.

R. C.

MANNEKEN-PIS. Il existe de tems immémorial à Bruxelles une fontaine dont la représentation burlesque et bizarre a sans doute été conçue après boire, par quelqu'habitant de ce pays de bombance, dans une veine de gaîté; c'est une petite statue entièrement nue qui lance, d'une manière un peu trop crue une eau limpide et pure que les bonnes ménagères du quartier s'empressent de recueillir dans leur vases domestiques. A la rigueur, l'idée de cette fontaine n'est pas très modeste, mais l'oeil finit par s'y reposer sans trop de dégoût et d'ailleurs les citadins de Bruxelles y tiennent beaucoup. Jusqu'à l'année 1648, cet éternel pisseur n'était qu'en pierre; le magistrat de Bruxelles, voulut lui donner plus d'éclat et de durée, il le fit couler en bronze par le fameux sculpteur Henri Duquesnoy. On ne se contenta pas de cette amélioration, on le dora et surdora, ce qui lui imprima une croûte, fort riche sans doute, mais qui le priva d'une

grande partie de son mérite d'exécution. Ce n'est pas tout, le manneken-pis qu'on qualifie ordinairement du titre de plus ancien bourgeois de Bruxelles, est revêtu dans les grandes fêtes de l'année et à la clôture du carnaval, d'un costume français fort riche; on lui couvre la tête d'un chapeau à plumes, on lui ceint une brillante épée, on lui passe avec précaution ce vêtement que le grand roi Dagobert mettait si maladroitement, et l'on ne laisse enfin découvert que ce qu'on devrait cacher: mais le peuple de Bruxelles n'entend pas raillerie sur cet article, Mannekenpis est un personnage public qui n'occupe pas une sinécure, il doit fonctionner jour et nuit, fête ou non nu ou habillé ; c'est bien alors la plus singulière plaisanterie qui se puisse voir !

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Manneken-pis ne revêt pas toujours le même costûme; il a une garde-robe magnifique; les souverains qui passent à Bruxelles ont souvent jeté les yeux sur lui et lui ont fait cadeau d'habillemens neufs et de cordons de leurs ordres: on cite entr'autres l'électeur Maximilien de Bavière et le roi Louis XV, qui se distinguèrent, par la richesse des vêtemens dont ils firent revêtir cette image populaire dans les circonstances suivantes: Le 1er mai 1698, l'électeur Maximilien, ayant enlevé l'oiseau des arquebusiers, fut proclamé Roi de cette compagnie et ramené en triomphe ; à cette occasion, il fit habiller de bleu, couleur de Bavière, tous les membres de cette compagnie, le petit Manneken-pis et saint Christophe patron des arquebusiers. Louis XV,

suivant, un cierge à la main, la procession du saint-Sacrement de miracle par la ville de Bruxelles, apercut sur son chemin le trop mondain Manneken-pis; quelques soldats français crurent voir une insulte à leur souverain, dans la liberté grande que prenait devant lui le petit homme et se mirent en devoir de l'Abeilardiser, au grand déplaisir des bourgeois et des bourgeoises de Bruxelles ; mais Louis XV, pour le préserver de pareilles insultes à l'avenir, le déclara chevalier de son ordre et le fit décorer d'un nouvel habit qui en portait les insignes. Cette faveur dut singulièrement flatter les nobles membres de l'ordre du St.Esprit !

Pendant le règne des Nassau en Belgique la statue de Mannekin-pis disparut'un jour de dessus sa base; grande rumeur parmi le peuple, il semblait qu'on eut enlevé le Palladium des Bruxellois. On ne savait trop comment calmer la tristesse publique, lorsqu'un heureux hasard (d'autres disent une ruse combinée) fit retrouver la statue de bronze enterrée dans un endroit du

rempart de la ville: on la replaça triomphalement sur son socle d'où elle verse toujours tranquillement depuis lors une eau excellente. On a longtems soupçonné que sa disparution momentanée avait été la suite d'un ordre du gouvernement, qui, voyant avec peine la morale publique blessée par la nudité et la pose de la statue avait tenté de la faire enlever; cet essai n'ayant pas réussi, on fit semblant de faire retrouver le petit homme sous des décombres du

rempart, en attendant que les progrès de la civilisation aient éclairé le peuple sur la convenance de certaines modifications à faire à sa fontaine bien-aimée.

Manneken-pis est essentiellement populaire, aussi n'eut-il rien à souffrir de la dernière révolution de la Belgique ; au contraire, il semble qu'à mesure que nous avançons l'attachement pour lui soit plus fidèle; on a beaucoup parlé de l'inconstance des belges dans leurs affections, je suis bien aise d'avoir un exemple du contraire à citer en leur faveur : il est historiquement prouvé qu'ils n'ont jamais manqué de fidélité au plus ancien bourgeois de Bruxelles. (1)

A. D.

BAGUE DE STE.-WAUDRU. Cette bague repose dans les archives de l'église consacrée à cette sainte à Mons. Lorsque M. Herà " évêque de Tournay, visita son diocèse, il examina avec intérêt ce bijou qui n'est qu'un massif anneau d'or d'un travail grossier, dans lequel se trouve enchassée ou plutôt entassée une pierre bleue que je crois être une verroterie et non un sa

phir. Il dit aux marguilliers qu'il s'estimerait heureux s'il possédait ce saint joyau, le maire qui l'accompagnait prit la bague sans plus de façon, et l'offrit très-courtoisement à monseigneur qui daigna

(1) L'idée qui domine dans l'exécution de la fontaine Manneken-pis n'a pas seulement été exécutée à Bruxelles. On a élevé sur la petite place qui précède l'ancien palais archiepiscopal de Toulouse, une fontaine en obelisque dans la base duquel se trouvent des niches qui contiennent quatre petits pisseurs en bronze qui font jaillir une eau pure et limpide.

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