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DOUAI. Imprimait-on dans cette ville en 1512? - Nous avons parlé avec étendue dans les premiers numéros des Archives du voyage d'un sieur Jacques Lesaige dont la première édition, qui a pu être imprimée vers 1520 à Cambrai, devrait jusqu'à présent être considérée comme le plus ancien monument de la presse dans le départe ment du Nord. Un littérateur qui a consacré plusieurs articles bienveillants à l'examen de ce recueil, dans la feuille de St.-Omer, s'exprime ainsi dans le n° de cette feuille du 26 mai 1832. « Le livre de Jac«ques Lesaige passe pour la premiè«re production des presses du dépar<< tement du Nord; nous venons de <«< trouver dans le catalogue de la « belle bibliothèque de M. de Ryc« ke,médecin à St-Omer, vendue en « 1784, cette mention sommaire « Litteræ Japonicæ, Douai, 1512 » Il y a évidemment une faute d'impression dans cette indication; au lieu de 1512 il faut lire 1612. Voici nos raisons:

il est

On n'a pu nous donner de Lettres: Japonaises en 15.12: Le nom du Japon n'était pas encore connu alors. Marc-Paul de Venise, avait, vrai, visité cette contrée dans le 13° siècle. Lorsque la relation de cet illustre voyageur fut connue, on ne voulut pas ajouter foi à ses récits; c'était le temps, temps du reste qui se reproduit par fois, où le mensonge et l'absurdité avaient seuls créance. Des connaissances acquises ultérieurement vinrent plus tard attester, sur beaucoup de points, la véracité de Marc-Paul.

En 1542 seulement, des portugais découvrirent le Japon, et suite, par on se convainquit que c'était ce pays que le célèbre vénitien avait décrit sous le nom de Zipangri. Peu de tems après la découverte des portugais, les Jésuites, (je prie les cerveaux étroits de ne pas m'en vouloir si je prononce ce nom) y plantèrent l'étendard de la Foi sous les auspices de saint François Xavier, qui y aborda en 1549. On sait que les Jésuites avaient ordre de transmettre une fois par an à leur général la relation de ce qui s'était passé dans leurs missions. Les plus intéressantes de ces relations écrites en forme de lettre, furent d'abord publiées séparément et il en existe un grand nombre d'éditions, on en fit ensuite des recueils sous le titre de Litteræ Japonica ou litteræ annuæ S. Jesu, et c'est l'un de ceux-ci qui se trouve. mentionné, sous une fausse date, dans le catatogue de M. de Rycke. Le premier de ces recueils a paru à Louvain en 1569, il y en a plusieurs éditions; le second fut imprimé à Paris en 1572, et sans vouloir citer tousceux que nous connaissons, nous signalerons encore le recueil publié à Anvers en 1611, qui est probablement le même que celui en question reproduit à Douai l'année suivante. Cambrai conserve donc toujours l'honneur d'avoir eu, parmi nous, la première imprimerie, quatrevingts ans environ après d'autres, il est vrai ; mais quand nous ne sommes pas en retard de plus d'un siècle, Dieu soit loué.

A. L.

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Claude de esbattement, ce qui pourrait se rendre par divertissement: il n'en existe que des fragmens. La société dont il faisait partie lui accorda en 1621, une pension, modique à la vérité, mais à condition qu'il ferait annuellement une tragédie et un esbattement: ceci prouverait qu'il avait la conception facile. De Clerck était en relation d'amitié avec quelques poètes de son tems dont les noms n'ont pas survécu. Lambert Vossius, cité par l'auteur de la Flandria illustrata a fait en vers l'épitaphe de Claude de Clerck: elle est adossée au mur oc¬ cidental de la cathédrale d'Ypres.

Clerck, né à Ypres, (Flandre oc-
cidentale), le 9 janvier 1587, a
joui comme poéte d'une réputation
méritée. Sans fortune, sans appui,
ses parens ne purent lui donner qu'-
une éducation bornée, aussi vécut
il jusqu'à la fin de sa carrière, dans
un état voisin de l'indigence; tran-
chons le mot, il était porteur de
bière. L'obscurité de sa naissance
ne l'empêcha pas de se livrer à la
culture de la poésie flamande qui a
dû ses progrès aux sociétés que
l'on
appelait Chambres de Rhétorique.
Ces institutions étaient honorées
dans l'ancienne Flandre et n'étaient
pas sans utilité. De Clerck était fac-
teur d'une des cinq sociétés d'Y-
pres. Il est mort le 13 octobre 1645,
et quoiqu'il y ait près de deux siè-
cles, son nom est encore prononcé
avec éloge dans son pays natal.
Nous avons de lui en manuscrit un
volume de poésies, composé de
panégyriques, d'odes, d'épithala-
mes, de dialogues, d'élégies, de re-
frains, de chansons, etc. Ses vers
sont faciles et coulans, ils dénotent
surtout une imagination fertile à
laquelle il n'a manqué qu'une cul-
ture plus soignée; son style est par-
ture plus soignée; son style est par-

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fois fleuri et riche en fictions, et
ce qui n'est pas moins à remarquer
c'est qu'il est clair et intelligible.
S'il commet quelques fautes contre
les règles de la versification,
pêche jamais ni contre la rime ni
contre la césure. Notre poéte a fait
aussi : 1o une tragi-comédie por-
tant pour titre, le Jugement du roi
Salomon; 20 une tragédie intitulée
Théophile; 3° des farces et quel
ques pièces que l'on nommait alors

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l'attribue à H. Bottin; mais partout on indique qu'il n'a été tiré qu'à 50 exemplaires, aussi est-il fort rare l'exemplaire de Mlle. d'Yve a été vendu seize francs. Je suis parvenu à en découvrir un ; 1) et pour que nos bibliographes cessent de regretter ce livre, ou qu'un amateur ne soit pas exposé à acheter chèrement quelques pages qui n'offrent aucun intérêt, il est nécessaire qu'on sache en quoi consiste cette bibliographie. L'auteur, si cela peut s'appeler un auteur, nous le dit dans son avertissement; le voici dans toute sa simplicité;

« Dès l'enfance dans le commerce de la librairie, je dois à » un oncle cher (M. H. Bottin, imprimeur-libraire à Mons), la >> connaissance de certains ouvra

>> ges qui concernent les Pays-Bas; » établi à mon particulier, j'en ai » vendu plusieurs : il ne m'en est » passé aucun dans les mains, sans » que j'en aie pris le titre, pour » mon utilité, J'ai hazardé plu» sieurs réflexions que j'ai entre» mêlées de notes copiées d'après » les meilleurs catalogues, j'y ai » joint le prix de chaque ouvrage. » Voilà ma bibliographie.

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Voilà qui est bien modeste, Cet opuscule, décoré d'un titre ambitieux, portant date de la Suisse par je ne sais quelle bizarrerie, a

(1) Cet exemplaire est dans la bibliotheque publique de Mons. C'est à l'obligeance de M. Delmotte, bibliothécaire de cette ville et l'un de nos plus utiles correspondants, que nous devons d'avoir pu lire ce mince ouvrage et nous détromper,

été fabriqué par un homme dépourvu de toute science bibliographique. Le libraire Hoyois père, désirant probablement vendre avec avantage des ouvrages de son fonds, a fait imprimer, en suivant l'ordre alphabétique, les titres de quelques livres. Tous ne sont pas relatifs aux Pays-Bas, et il en a omis une immense quantité qui les concernent. Les réflexions entremêlées de notes ne peuvent être d'aucune utilité, et sont niaisement écrites. Ces notes nous apprennent presque toujours que les volumes cités sont rares, très-rares; et les prix marqués par cet autre M. Josse excèdent les tarifs de l'époque, et bien plus encore ceux d'aujourd'hui (1), car il faut remarquer que tels ouvrages, recherchés dans un temps où chaque bibliothèque d'abbaye en possédait un exemplaire, et où l'érudition comptait de plus nombreux partisans, sont

maintenant tombés dans la classe des bouquins ou des livres qu'on peut se procurer pour très-peu d'argent.

bliographie n'est qu'un catalogue En somme, cette prétendue bimauvais et incomplet, et en l'achetant vingt sous on jetterait un franc.

La bibliographie des Pays-Bas, pour laquelle on trouverait d'abondants matériaux dans nos Valère-André, le Mire, Swert, Paquot, et dans une foule d'autres auteurs connus, reste toujours à faire.

(1) Van Loon est coté cent livres, Meteren 8o, Vinchant 36 et ainsi de suite.

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Qu'on me permette ici une courte digression qui se rattache à ce sujet il existe un livre qui doit être curieux à consulter sur l'histoire littéraire de ce pays; l'embarras est de le trouver; en voici le titre, tel qu'il est rapporté par Barbier : « Nouvelle bibliothèque Belgique, (par Sam. Fr. l'Honoré). Paris, Delalain aîné; La Haye C. Plaat, 1783 et années suivantes, in-12. » Malgré toutes nos recherches, nous n'avons jamais pu le rencontrer. Peut-être nous occasionnerait-il le même désenchantement que le catalogue Hoyois ; mais, dans l'incertitude, il nous serait agréable de le voir ou de savoir de quelle utilité il peut être afin d'en parler un jour, et, si quelque lecteur de ce recueil pouvait nous procurer ce plaisir, nous lui en saurions bien bon gré.

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Ce n'est que par des communications franches et amicales de cité à cité, entre tous les hommes éclairés de nos contrées, qu'on parviendra à éclaircir une foule de questions d'un intérêt local plus ou moins élevé, et à faire connaître des monuments, ignorés jusqu'ici, des arts, de l'histoire et de la littérature. Ces communicatious sont faciles à établir dans un pays où une affectueuse fraternité est si généralement répandue.

A. L.

STATUS TOUCHANT LA PESTE, tirés d'un manuscrit du 16° siècle (1549) intitulé:

« Ce sont les Status bans et or>> donnances fais ordonnes et sta

>>tues par Messeigneurs les Prevost >> Doyen et Chapitre de l'église. >>> collégialle de Saint Pierre de » Lille :

<< Que quand il y aura quelqun » mort soubs leur seigneurie de la >> maladie contagieuse que ceulx » qui demouront en la maison

>> mettent ou fashent mettre au>> près de lhuys ou ouverture de >> ladite maison une botte d'estrain » de la longheur de deux pieds et >> aussi que ceulx et celles demou>> rant en la dite maison portent » chacun une blancque verge en >> leurs mains a peril detre banys » de leur seigneurie ou aultrement » pugnis à la discretion de leur >> justice.

« Item ordonnent aussy mesdits >> seigneurs pour certaine cause et » considerations à ceulx les mou» vans que nul ne nulle depuis >> maintenant en avant ne face » neupces ou il y ait plus de douze » paires de gens à peine de payer » 60 sous damende et pugnis a la » discretion de mesdits seigneurs. » et de leur justice.

<< Item ordonnent encoire que >>es dites neupces on ne face ne » seuffre faire dansses en quelque >> maniere que ce soit de nuyt ne » de jour a huys clos ne aultre>> ment sur pareille amende et pug»nition que dessus se nest par le >> congie et licence de mesdits sei>> gneurs.

<<< Item que ceulx et celles quy » ont pourcaulx oisons ou anettes » (canards) les tiennent enclos en >> leurs maisons sans les laisser

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MARIE AU BLE. - Il est à remarquer que dans toutes les cérémonies et usages qui appartiennent spécialement aux anciennes provinces des Pays-Bas, il est toujours question de boire: toutes les fêtes soit civiles, soit religieuses, (et nos pères en comptaient beaucoup) ne manquaient jamais de se terminer au milieu des verres et des bouteilles. C'est là un type des mœurs flamandes: il semble que le nunc est bibendum ait été la devise naturelle et permanente de toutes les bannières des abbayes, des confrèries et des compagnies bourgeoises de la Flandre. Lorsqu'on commence la moisson dans quelques cantons du département du Nord, les moissonneurs font un bouquet d'épis d'orge et de blé et le présentent avec un certain appareil, au fermier qui les emploie, celui-ci leur donne à boire et cette première journée se passe dans la bombance; le bouquet est suspendu au plafond de la cuisine de la ferme, où il de

meure jusqu'à l'année suivante qu'il est remplacé par de nouveaux prémices. Cet usage est au dire de quelques antiquaires, un vieux reste du culte de Cérès; nous pouvous ajouter qu'on y sacrifie plus à Bacchus qu'à la mère de Proserpine.

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Il existait jadis à Valenciennes une coûtume qui avait la même origine, et qui s'y célèbrait avec plus de solennité : le lundi qui suit la fête de sainte Véronique, patronne des fileuses et des mulquiniers, les porte-faix de la Halle commençaient à parcourir la ville en costume de bergers de théâtre; ils étaient armés de fourches de bois blanc ornées de rubans roses. Au milieu de cette bande joyeuse on distinguait le plus beau des porte-faix, mieux paré que les autres, portant un énorme bouquet à sa boutonnière et conduisant une jeune et belle fille, habillée de blanc et chargée de rubans roses, à laquelle on donnait le nom de Marie au blé. Ce couple choisi, précédé de musiciens richement costumés, et suivi de son escorte champêtre, parcourait la ville en tous sens et s'arrêtait à chaque carrefour pour y

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danser le menuet, la matelotte ou l'allemande ; à l'aide d'un mouchoir blanc tenu par les deux bouts il exécutait des passes souvent fort burlesques. Pendant ce tems, les acolytes présentaient aux assistans du blé nouveau dans des plats d'argent et recevaient les dons de la générosité publique. Cette troupe, altérée par la chaleur de la saison et par l'exercice violent qu'el

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