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été imitateur que sous le rapport du coloris, et l'étude qu'il a dû faire pour arriver à être l'égal des meilleurs coloristes flamands, n'est pas ce qui est le moins honorable pour lui. Doué d'une grande sensibilité, M. Hallez a dû la communiquer à ses compositions; elles sont généralement intéressantes. Selon les sujets qu'il traite il est énergique ou gracieux; son dessin est correct et varié, il sait draper avec goût et ses clairs-obscurs sont admirables.

M. Hallez exposa plusieurs de ses tableaux à Paris et à Bruxelles.

Quelques uns furent placés dans un jour qui ne pouvait que leur être défavorable. Ce désagrément joint à ceux que lui attira la franchise de son caractère, sont causes que de puis quinze ans il n'envoie plus rien aux expositions. Cependant il est à désirer qu'un aussi beau talent se réveille et qu'encouragé il reprenne son ancienne vigueur. Nous nous plaisons à croire qu'on lui rendrait justice dans nos salons et que l'on conviendrait enfin qu'il est un des artistes qui honorent le le plus la Belgique. (4)

LOUIS FUMIÈRE

(4) Je dois déclarer ici pour rendre plus

complette la notice que j'ai publiée sur l'église de Ste.-Waudru, que c'est en quelque sorte a M. Hallez, que nous devons la conservation de ce beau monument. Pendant la révolution française, des gens ad hoc délibéraient sur la démolition projetée de Ste-Waudru: M. Hallez, cria au Vandalisme et demanda un délai pour s'en reférer à l'avis de l'institut sur ce barbare

ANDRÉ DU CROQUET. Il n'est M. rien de nouveau sous le soleil ; Marle, en proposant sa réform ortografique, avait peut-être cru mettre en avant une idée nouvelle ; pas du tout avant lui, le cynique, mais original Restif de la Bretonne essaya l'introduction d'une orthographe de son invention, et en donna le modèle en 1787, dans le tome XIII de ses nuits parisiennes ; précédemment l'illustre naturaliste Adanson avait publié ses Familles des plantes, 1763, 2 vol. in-8°, en suivant la prononciation pour toute ortographe; et plus anciennement encore Lartigaut, grammairien de Calais, avait produit un livre passablement original, intitulé: Les progrès de la véritable ortografe, ou l'Ortografe francése, fondée sur les principes, confirmée par démonstrations. – Paris, 1669, in - 12. Mais celui qui, le premier de tous, a voulu tenter de réformer l'orthographe de la langue française, appartient (on ne le croirait jamais), à nos contrées flamandes. C'est André Du→ monde savant de son tems, né à croquet, nommé Croquetius dans le Douai au commencement du XVI®

siècle ; Docteur en théologie, prieur de la célèbre abbaye d'Hasnon, il passait de son vivant pour un prédicateur fameux. Sa réputation commença à Valenciennes, lorsque pendant les troubles de reli– gion, les moines de l'abbaye d'Hasnon se réfugièrent en cette ville, sous la conduite de Jacques Froye leur abbé. Ducroquet y prêcha la

projet. On ne revint plus sur cet objet parole de Dieu pendant deux ans

et l'église est restée debout.

et demi, les jours de fête et les di

manches, et attirait un grand concours de fidèles. C'est par la publication d'un choix de ses sermons sur les psaumes de la pénitence qu'il a fait connaître sa réforme orthographique. Ayant supporté longtems, dit-il, le déplaisir de l'incertitude et de la variation de l'orthographe d'une langue aussi simple, aussi belle et douce que la langue française, j'espère qu'on me pardonnera d'avoir osé lui enlever ses lettres inutiles en la rapprochant de la prononciation usitée de tous tems par les doctes et nobles personnes (1). Ce livre de Ducroquet est donc un monument précieux qui nous a conservé la prononciation des habitans instruits et bien élevés de nos contrées pendant le xvIe siècle. Il nous montre qu'elle se rapproche beaucoup pour certains mots, de celle aujourd'hui en usage parmi nos villageois(2), gens simples, qui conserveront longtems encore le langage et les traditions des tems passés.

Du Croquet, dans son orthographe, supprime entièrement la lettre / comme inutile; il ne la conserve que dans les noms propres

(1) « Ayant porté loin tem le deplaisir de » l'incertaine varieté, et superfluité faceu» se coniointe à l'ortografie d'vne tant sim »ple, néle, et douce lâgue françoise, ami

» Lector, ie te prie prenre en bone part, » ou au moins pardonner, si.... i'aie dans » ce livre osé tailer la mesure de l'orto>>grafie d'icèle sur la prononciation de tout »tems vsitée aus doctes et nobles perso»nes, etc,» (Le Corector au Lecter)

(2) Par exemple il dit : vora pour voudra; cangement pour changement; l'oner pour Phonneur; volu pour voulu ; liu pour lieu; çarge pour charge, etc.

qu'il croit ne devoir pas changer. Il se sert de la diphtongue latine œ pour remplacer eu, et de tous les é fermés il en fait des è ouverts pour se conformer à la prononciation du pays, que beaucoup de valenciennois d'aujourd'hui, vrais partisans des usages traditionnels, ne manquent jamais de prononcer ainsi.

C'est principalement cette singularité de l'ortographe qui fait que le livre des sermons de Du Croquet est fort recherché des curieux; il est intitulé: a Omilies trente-noef » contenantes l'exposition des set » psalmes penitentieles, précées en » la ville de Valencénes, en l'église » et prévotée de Notre-Dame la » grande; par D. Andriev Dv » Crocquet, religio de l'abeie de » Hasnon, doctor en la S. Théo. » Douisien.. A Dovai, de l'ım» primerie de Iean Bogard, l'an dédié à J. Froye, abbé d'Hasnon. » MDLXXIX. » In-8° de 335 feuillets,

Le douaisien Du Croquet est encore connu par quelques productions ascétiques qui n'ont pas l'intérêt de celle que nous venous de signaler; disciple du fameux Mathieu van Galen, professeur de théologie, et chancelier de l'université de Douai, Du Croquet crut devoir mettre en lumière les leçons qu'il avait recueillies de ce maître pendant le cours de ses études à Douai: elles parurent successivevent sous ces différens titres : I. Catecheses Christiance, etc. Duaci, Ludov. de Winde; 1574, in- 4° 624 pages. II. Commentarium in epistolam Pauli ad Hebræos. Duaci,

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CALVAIRE DE BRUAI. Beaucoup de nos lecteurs, de ceux qui vont prier Dieu à Bonsecours, ou danser à Condé, n'ont pas manqué de remarquer le calvaire du village de Bruai, qui s'élève majestueusement ombragé d'arbres touJours verts; mais peu d'entr'eux en connaissent l'origine, la voici : Un habile escamoteur, qui prenait le nom du célèbre Comus, sans toute fois le valoir, venait de donner à Condé une représentation de sespres tidigitations, et retournait à Valenciennes avectoute sa famille dans la même voiture. Arrivée à Bruai, toute la carrossée versa dans un large fossé; on retira par la portière M. et Mme. Comus et tous les petits Comus les uns après les autres, et examen fait d'un chacun il se trouva que pas un n'avait une égratignure. Le physicien vit dans ce fait une protection toute particulière du

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A. D.

GEORGE DE BERTOUL (1). En l'église de St.-Vaast dans la ville de Valentiennes repose le corps de feu messire George de Bertoul, chevalier, etc. Soldat de fortune, iceluy estoit filz de Jehan et de Anne Prevost, parmentiers de leur style; iceluy parvenu à l'eage de 17 ans environ, voiant que ses père et mère avoient du mal de vivre, print résolution d'aller veoir le pays, et, sortant de Valentiennes lieu de sa naissance et de sesdits père et mère, avec une paire de ciseaux seulement bien povrement esquipez, il se

(1) Cet article est extrait des œuvres manuscrites de Simon Leboucq, prévót et historien de Valenciennes, qui a beaucoup

ciel et fit voeu de faire bâtir au lieu même de sa chûte, un superbe calvaire qui rendrait témoignage aux siècles futurs de sa reconnaissance pour la bonté divine. Aussitôt dit, écrit mais qui n'a fait imprimer qu'un peaussitôt fait; il se rend chez le maire du lieu, annonce ses intentions, fait venir un mâçon, et, ne marchandant ni sur le prix du terrain ni sur celui de la main-d'œuvre, il prévôt, nous n'avons rien changé á son styordonne qu'on mette de suite la

tit opuscule fort rare et intitulé : Brief Recæuil des antiquités de Valentiennes, à Valentiennes, chez Jan Vervliet, 1619, in 80 de 42 pages. Peu de nos lecteurs ayant eu occasion de lire les œuvres de notre bon

le, afin de leur en donner une idée exacte,

A. A.

meit en désoubs d'un maitre tailleur et en peu de temps profita tellement audit stil qu'il se renda aussi capable que le maître. Ce que voiant il passa outre et tira vers Rome, où arrivé il trouva service près d'un cardinal où il fut quelque tems et voiant que sa fortun ene dépendait de ce stil il se resoult de passer en Espaigne, où avec des lettres de recommandation du maître qu'il avait servi il fut colloqué chez le duc d'Ausone (d'Ossone) lequel estant faict vice-roi de Sicile, il le mena avecq lui et fut illecq trois ans jusques à ce qu'iceluy seigneur duc fut faict vice-roy de Naples où il le suiva aussi, et l'an 1617, pour ses bons et fidels services, fut lieutenant d'une compaignie de chevaux aux trouppes qu'on envoya delà pour la guerre de Piémont et siège de Verceil où il se comporta si valeureusement qu'il fut faict capitaine d'une compaignie d'infanterie avec laquelle peu après il vint en Allemaigne avec l'armée de don Gonçales de Cordua, se trouva en la mémorable bataille de Prague où pour sa valeur l'empereur lui donna le titre de chevalerie, lui donnant pour ses armes de gheule à une estoille d'argent, ou chef d'or à l'aigle de sable, lui donnant estoille en mémoire que ladite signalée victoire avoit esté gaingnée proche le jardin de l'estoille lez la ville de Prague en l'an 1620, le 8 novembre. De plus ledit de Bertoul suivant l'armée de don Gonçales de Cordua susdit se trouva en la bataille du Palatinat contre le marquis de Dourlach le Vie de may 1622. Côme aussy la

mesme année le 29 d'aoust à celle de Fleru contre le comte de Mansfeldt et l'enragé Halberstadt; en laquelle iceluy de Bertoul gaingna l'estendart du susdict comte de Mansfeldt, lequel il alla présenter à S. A. sérenissime l'infante Isabella Clara Eugénia, laquelle lui promist la récompense condigne, comme elle feit par après le faisant sergeant maior du Tercio de Wallons du comte Philippe de Mansfeldt enuirou l'an 1628; et depuis, en l'an 1633, le feit mestre-de camp d'un tercio de trois mille Wallons lui donnant le gouvernement du fort de saincte Marie et autres situés sur la rivière d'Anvers, ce qu'il at exercé jusques à son trépas advenu en la ville de Bruxelles. Aiant ordonné par son testament d'estre sé pulturé en l'église paroissiale de ses père et mére ordonnant y drescher une épitaphe côme l'on at faict, scavoir au grand autel de ladicte église de St. Vaast de laquelle la peinture seule (où est la représen tation du couronnement de nostre redempteur) at couté cinq cent florins et l'escrignoire environ troys cens florins faisant ensemble huit cent florins. L'escripture pardesus est telle:

« A l'honneur de Dieu et mémoi«re de George de Bertoul, cheva

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lier, coronel, mestre-de-camp « aux armées de sa majesté. après << plusieurs signalez services trés« passa le 1er may 1638. son corps « repose ci-devant R. I. P. »

A. Delafosse at posez ceste épitaphe à l'ordonnance du défunt.

SIMON LEBOUCQ.

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PRISE DE FRANÇOIS Ier. Le peuple a été dans tous les tems follement admirateur du pouvoir du moment; son encens monte toujours vers l'homme qui vient de se placer sur le piédestal. Qu'on ne lui en veuille pas trop cependant puisque dans la manifestation de sa joie ou de sa colère, il a souvent pour moteur ses maîtres eux-mêmes qui s'en servent comme d'un vil jouet. En voici un exemple pris dans quelques mille, tiré d'un manuscrit de Simon Le Boucq que nous avons cité plus haut; il est intéressant, quoique pénible pour nous, de voir comment en des tems éloignés on a pu se réjouir, dans une ville si française aujourd'hui, des désastres de la France. Ainsi le voulurent notre position et Marguerite d'Autriche.

Coment on fit procession généralle en Vallentiennes pour la prinse du roy François devant Pavie.

<< L'an 1524 selon l'ancien stil et selon le nouveau 1525 le jour de saint Mathias au mois de février, le roy de France, François 1er du nom fut prins prisonnier devant Pavie par les gens de l'Empereur et fut mené en Espaigne, et pour ceste occasion madame Marguerite d'Austrice gouvernante des PaysBas au nom de l'empereur envoya lettres closes à Messieurs de Vallentiennes leur priant faire procession généralle et remercier Dieu de la grâce qu'il avoit pléu donner à sa magesté, come appert par sa dite lettre laquelle fut apportée à mesdis sieurs par le marquis d'Arscot venant de Bruxelles en ceste

ville, lesquelles luy avaient estez transmises de la part de ladite dameet luy estant arrivé en ceste ville pour cest effect la feit publier à la Bretesque sans descendre de son cheval dont la teneur s'en suit: (1)

« A nos très chers et bien aymés les prévost, juiés et eschevins « de nostre ville de Vallentiennes, « Marguerite archiducesse d'Aus<< trice, ducesse et comtesse de « Bourgongne, régente et gouver<nante des Pays-Bas etc. Salut!

<< Très chiers et bien aymés:

« Nous vous advisons que par << lettres de messieurs les ducs de « Bourbon et Milan nos cousins, « et de deux de leurs gentilshom« mes venus en poste, lesquelz ont «<estez à la bataille de l'armée de « l'Empereur, contre le roi de « France, j'ay aujourd'huy eu cer« taines nouvelles que le 24o de feb«vrier, l'armée de l'empereur as<< saillit le Roy de France en son «< camp, de sorte que combien «< qu'il fuist grandement fortifié « le Roy y fut prins prisonnier, << quatorze mil homes de guerre << tués dedens le camp et que le res« te qu'il print la fuite a esté en«<tièrement prinse ou tuez, et ne << sut on qu'il en soit aulcun es«< chapé, nous vous requerrons << que à la consolation des subjects, << manans et habitans de Vallen<< tiennes, vous les en advertissez << les exhortez, et leur ordonnez << rendre grâce et louanges à Dieu

(1) Le style du bon prévôt indique suffisamment qu'il n'était pas français.

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