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y sont encore recherchés avec empressement. L'auteur avait composé un quatrième volume, qui conduisait sa narration jusqu'à la destruction de Thérouanne en 1553; il contenait 129 chapitres; le vœu formé pour sa publication n'a pas été exaucé. Maillart allégue que ce manuscrit était, en 1702, au noviciat des jésuites de Tournay qui avaient hérité des papiers de leur savant confrère. Philippe Luto, rédacteur de curieux mémoires iné dits sur l'histoire de Boulogne l'y a fait chercher en 1739, et il lui a été répondu que l'on n'y conservait que l'original des ouvrages imprimés. Il parait certain qu'il se trouvait aux jésuites de Lille, en 1737, et l'on croit généralement qu'il a été brûlé dans l'incendie de cet établissement. Quelques bibliophiles distingués firent à ce sujet de vaines perquisitions, en 1827, tant à Lille qu'à Paris. On a dit toutefois qu'il en existait une copie dans la Belgique.

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L'histoire des Morins est digne de la plus haute estime; l'auteur employa plus de quarante années à écrire les annales de sa patrie. Il pénétra dans toutes les archives et en fit le dépouillement. Il eut à se louer vivement à cet égard de la complaisance de l'abbaye de St.-Bertin dont il se montra le zélé défenseur. Il rassembla les faits qui étaient épars dans les chroniqueurs anciens et modernes. Il eut connaissance de plusieurs manuscrits intéressans qu'on ne retrouve plus et dont il nous a conservé la substance. Cependant son ouvrage n'est bon qu'à être consulté. On

reproche avec raison au père Mal brancq des déclamations continuel, les, d'être systématique et si diffus qu'il pousse à bout la patience du lecteur. Il paraît aussi trop crédule partisan des fables merveilleuses du moyen âge; mais il s'est rendu excellent critique dans les investigations curieuses et savantes concernant l'origine des choses. Au reste tous les historiens connus oụ inédits de notre province ant tiré le plus avantageux profit de la lecture de son important recueil; ils s'appuyent de son autorité en cent endroits divers et témoignent unanimement de son mérite et du besoin de le compulser souvent. Il est étonnant que jadis, dans les encouragemens utiles que les administrations provinciales accor→ daient aux gens de lettres, aucun artésien n'y ait répondu par la traduction des œuvres historiques de Malbrancq. Il est vrai que son latin est mêlé de termes et de tournures difficiles à comprendre; mais on en disait autant de Grégoire de Tours qui orne aujourd'hui parfaitement la riche collection de M. Guizot relative à l'histoire de Fran¬ ce. Espérons qu'une noble émulation fera connaître plus particulièrement le célèbre narrateur des faits et gestes des vieux Morins. Il a droit de conserver dans ce département la considération que ses travaux étendus lui ont si légitimement acquise.

On est d'accord sur l'époque du décès de Malbrancq: il mourut à Tournay, le 5 mai 1653. On est très divisé sur le lieu de sa naissance: Aire et St.-Omer se disputent

l'honneur de lui avoir donné le jour.

Maillart prétend qu'il est né à Aire, et que Marie Caverel, sa tante, était fondatrice de l'église des jésuites de cette ville. On dit que la maison paternelle étant tombée dans son lot, le jeune Malbrancq la donna à la société des jésuites ainsi que ses autres biens, pour y établir un collège dans cette petite cité,

Dom Devienne fait naître Malbrancq à Aire en 1578. Henry répète cette opinion. Lefebvre, historien de Calais, Expilly, Malte

Brun et Collet dans sa défectueuse biographie, sont du même avis.

La Bibliothèque Belgique et les Délices des Pays-Bas désignent St.Omer pour la patrie de Malbrancq. Feller, Chaudon, Delandine, Osmont, Weiss, Ladvocat, Barbier soutiennent ce sentiment qui est encore appuyé par MM. Aubin, Abot de Bazinghem, Smytère, le ConducLeur dans St. Omer, la Biographie de Beauvais, et divers annuaires. L'année de sa naissance, selon cette série d'autorités, est 1580 ou 1582.

Deneuville et Hennebert gardent le silence sur ce point de biographie. On remarque dans un registre de l'état-civil de St.-Omer, une nommée Hudine Malbrancq, née le 4 mai 1583. Mais la difficulté nous semble entièrement éclaircie par les documens suivans puisés dans les archives de cette ville.

Le 20 avril 1639, le prédicateur des jésuites, Cortax, vint présenter au magistrat, dela part du rec

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teur de cette compagnie, le manus-crit de l'histoire des Morins, composée par le père Malbrancq, un de ses membres, avec la qualification: Audomarensis, « lequel a été accepté de bonne part. » Le magistrat fit présent dans cette circonstance audit Malbrancq et au recteur, de 24 cannes de vin à 41 sols la canne.

Dix ans après, MM. les maire et échevins de St.-Omer, en recompense de la présentation faite par le recteur de la compagnie de Jésus de cette ville, à la réquisition

du père Jacques Malbrancq, des

tomes 1 et 2 de son histoire des Morins, au magistrat, pour servir à cette cité de laquelle ledit Malbrancą est natif, prirent la résolution de faire don au collège des Jésuites, pour les considérations dues audit Malbrancq, de 24 cannes de vin, ordonnant à Antoine de Wittre, fournisseur, de livrer audit collège lesdites 24 cannes de vin au prix de 41 sols la canne. Cette délibération est du 21 septembre 1649.

Enfin, en 1654, il fut arrêté à notre hôtel-de-ville, que la commune contribuerait pour la somme de 200 florins aux frais de l'impression du troisième tome de Malbrancq, attendu que l'auteur était natif de St.-Omer, et qu'il avait manifesté l'intention de dédier son ouvrage au magistrat de sa ville natale.

La bibliothèque publique de StOmer possède l'exemplaire offert du tems même de Malbrancq, avec la donation écrite sur les deux premiers volumes par les jésuites de St

Omer et sur le troisième, par ceux de Tournay. La dédicace de ce dernier tome mentionne que l'auteur est mort dans la maison où il le composa.

l'historien des Morins vient en outre à l'appui de ces preuves respectables. Dans l'épître dédicatoire de son dernier volume, il commence par se déclarer Audomarensis; il proclame ensuite sa joie et sa reconnaissance de ce que ce volume va paraître quasi jure debito, sous les hospices de la cité qui l'a vu naître, nostram Audomaropolim, dont il espère un accueil favorable.

le voir prêtre un jour; le jeune homme refusa et ses parens eurent le bon esprit de ne pas le contraindre à accepter une offre qui pouvait leur paraître avantageuse.

Le témoignage irrécusable de Quelques dessins tracés à la plume et le désir ardent du jeune Hallez de recevoir les principes d'un art vers lequel il se sentait entraîné, engagèrent son père à l'envoyer en 1780 à l'école de dessin de Mons. En même tems il apprit à sculpter le bois chez Sclobas, homme qui réunissait quelques connaissances thé~ oriques et pratiques en architecture et en sculpture dans un tems où ces connaissances n'étaient pas communes à Mons; il mérita la considération et l'estime de ses concitoyens et cependant nous l'avons vu à l'âge de 80 ans, pauvre, perclus, implorer, mais sans succès et par la voix de ses amis, l'entrée dans un hospice consacré à la vieillesse.

Nous nous flattons donc d'avoir suffisamment démontré que Jacques Malbrancq, un des plus laborieux écrivains de cette société qui comptait parmi ses habiles professeurs l'ami de Voltaire, le père Porée ; que l'auteur plein d'érudition et d'une imagination brillante de Morinis et Morinorum rebus, << dont l'étude est indispensable à tout historien d'Artois, » est né dans la ville de St.-Omer.

H. PIERS.

HALLEZ (GERMAIN-JOSEPH), peintre, naquit le 18 juillet 1769 de parens peu favorisés de la fortune, à Frameries, village du Borinage, distant d'une lieue et demie de Mons (Hainaut). Dès sa plus tendre enfance, il montra un esprit vif et une intelligence audessus de son âge. Le curé de son village, émerveillé de ses heureuses dispositions, proposa de le faire étudier à ses frais dans l'espoir de

Le jeune éléve remporta pendant 6 années consécutives les premiers prix à l'école de dessin. Cette victoire répétée donnait lieu à une fête annuelle dans son village où ses jeunes compatriotes le reconduisaient en triomphe. On le désignait alors le surnom de Petit par Borain, sobriquet dont il s'est servi depuis pour signer quelques uns

de ses tableaux.

En 1787, M. Clisorius, marchand de tableaux, ayant vu quelques portraits au pastel et à l'huile de M. Hallez, lui fit des offres assez avantageuses pour qu'il l'accompagnât dans un voyage en France. Ce fut pendant ce voyage qu'il se forma: la vue de chefs-d'œuvre

de peintures de diverses écoles qu'il eut occasion d'examiner et des yeux et de l'âme, développa son génie et, comme le Corrège, dès lors il fut peintre. Les Etats du Hainaut avaient fait une pension de 25 louis d'or au jeune peintre, à titre d'encouragement, il ne toucha cette pension que pendant un an, la révolution belge, en ayant arrêté le paiement. Cependant des intérêts de famille avaient rappelé M. Hallez près de son père; celuici, natif de Mons, était revenu s'y fixer. Mais en 1790, Hallez se rendit à Bruxelles sur la demande de plusieurs personnes riches pour faire des tableaux de famille ; il de meura deux ans chez M. De Barteinsten, conseiller à la cour du Brabant. Plusieurs portraits d'une exécution large, d'un coloris bril lant, joints à une ressemblance parfaite, avaient déjà placé le jeune peintre à côté de ce que l'école flamande présente de plus célèbre dans ce genre de peinture. La réputation de M. Hallez croissait tous les jours. Le maréchal de Bender, qui commandait en chef l'armée impériale dans les Pays-Bas autrichiens, en entendit parler; il voulut aussi avoir son portrait. M. Hallez se surpassa dans ce tableau qui fut admiré des connaisseurs; mais Bender n'était point de ceuxci; il avait cru payer grassement l'artiste en lui comptant 6 ducats ; celui-ci les reçut pour les donner à un valet qui se trouvait près de là et sortit, Le valet étonné conte le fait qui fut rapporté à Bender; celui envoya sur-le-champ à M. Hallez 50 ducats par Zébro son ai

de-de-camp. Zébro, soit qu'il fut charmé de la conduite du peintre, soit qu'il ne voulut point que M. Bender l'emportât sur lui en générosité, fit faire son portrait pour le même prix.

M. Hallez fit ensuite le portrait du général Beaulieu (1). Ce fut à cette époque que Marie-Christine et le prince de Saxe-Teschen le chargèrent d'exécuter le portrait en grand de l'empereur Léopold, pour son inauguration.

La fortune souriait à M. Hallez quand la révolution française écla ta. Les tems de révolutions ne sont point ceux où les beaux-arts fleurissent. Entre-tems il s'était occupé de trois tableaux de la vie de St.-Jean décollé que les confrères de la miséricorde à Mons lui avaient demandés. L'esquisse du tableau qui devait représenter la décolla– tion est tout ce qui a été exécuté de cette entreprise.

Pendant les premières années de la révolution, M. Hallez composa chez lui quelques petits tableaux de chevalet. Après la bataille de Jemmapes le général Dumouriez lui demanda le dessin du champ où se donna cette bataille. L'artiste dessina quatre vues. Pendant qu'il y travaillait le général partit

et les dessins restèrent chez l'auteur où ils sont encore.

En 1796, lors de l'établissement

de l'école centrale à Mons, M. Hallez y fut nommé professeur de des

(1) Il a fait aussi le portrait en pied du même général,

sin. Après la suppression de cette
école, il avait le projet de se ren-
dre à Paris, décidé qu'il était à es-
sayer son talent sur un plus vaste
théâtre; mais M. Garnier, préfet
de Jemmapes, qui l'estimait beau-
coup, l'engagea à rester lui fesant
espérer l'institution prochaine d'u-
ne école
de dessin à Mons,
M. Hallez resta;
l'école fut établie,
il en est encore professeur aujour-
d'hui. Ce fut à cette époque que
M. Hallez se maria, ce qui l'atta-
cha plus que jamais à cette ville.

Peu après le mariage de Napoléon et de Marie-Louise, M. HalPeu après le mariage de Napolez offrit à l'impératrice qui attendait l'empereur à Lacken un dessin au pastel représentant la Victoire dictant à Clio les hauts faits du monarque. Marie-Louise l'agréa; l'empereur n'étant point venu à Lacken l'impératrice partit. L'auteur se crut en droit de reprendre son dessin qui était resté au château; il est aujourd'hui dans son cabinet.

En 1814, M. Deroder, commissaire général chargé des fourninitures pour l'armée anglaise en Belgique, offrit 50,000 francs des tableaux que renferme le cabinet de M. Hallez, mais celui-ci ne voulut point les céder ; il garde ce dépôt comme un patrimoine pour ses enfans persuadé que ses ouvrages augmenteront considérablement de valeur après sa mort. Voici la liste de ses tableaux qui sont encore chez lui: 1o un christ de neuf pieds de hauteur, et un autre semblable; mais plus petit; 2o l'enlèvement d'Hylas; 3° la charité ro

maine; 4° le retour à la vertu; 5o l'enfance de Jupiter; 60 une mère baignant son enfant; 7o la diseuse de bonne aventure; 8o l'innocence défendue par la fidélité, et un autre représentant le même sujet mais en petit. 9° Samson; 10° les Horaces modernes; 11° la bonne fête ; 19° la tendresse maternelle; 13o le portrait en pied du général Beaulieu ; 14° le portrait de l'auteur; 15° le portrait du père de l'auteur; 16° un paysage représentant une vue des environs de Chimay; 17° un autre lines; 18° le portrait en pied de Clisorius; 19° le portrait de l'abpaysage, vue des environs de Mabé François; 20° un portrait d'enfant. etc. Il avait fait deux paysages qui furent achetés pour le musée de Moscou ; ces deux tableaux ont été la proie des flammes en 1812, lors de l'incendie de cette ville. M. Hallez est auteur d'une sainte Barbe, patrone des charbonniers; il en fit présent à la commune où il reçut le jour; ce tableau orne maintenant l'église de Frameries. (2)

Il serait trop long de donner le détail du sujet de chacun de ces tableaux et de s'étendre sur leurs différens mérites; mais nous dirons que M. Hallez n'appartient à aucune école (3), il n'a

(2) M. Hallez a fait beaucoup de portraits à l'huile et au crayon, tous sont remarquables par une grande ressemblance et un fini précieux. Il a traité le portrait au crayon avec une perfection désespérante.

(3) MM. De Burtin et Pasquier Syphorien, l'un dans une revue d'une exposi tion de tableaux de Bruxelles, et l'autre dans un voyage en Belgique, le nomment l'Elève de la nature.

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