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les méprises dans lesquelles sont tombés les bibliographes qui en ont parlé sans excepter Gérard Vossius et le docte Fabricius. Mais aujourd'hui que l'ouvrage a été publié, nous pouvous en parler plus pertinemment.

Gilbert, ou comme il écrit luimême son nom, Gislebert, nous fait connaître quelques traits de sa vie; mais il n'a pas jugé à propos de nous dire qui étaient ses parens, ni en quel lieu il a pris naissance., D'après le surnom qu'il porte, on pourrait croire que ce fut à Mons, s'il n'y avait autant de raison de présumer que ce surnom lui fut donné à cause du long séjour qu'il fit dans cette ville, et des dignités dont il y fut revêtu. Quoi qu'il en soit, à dater de l'année 1184, il prend dans sa chronique la qualité de notaire et de clerc, quelque fois celle de chancelier du comte de Hainaut, en 1187, il ajoute à ces qualités celle de prevôt de Mons, prepositus Montensis. L'année suivante, ayant été envoyé à la cour de l'empereur pour les affaires de son maître il se défit, de deux prébendes en faveur de deux courtisans, afin de faire réussir la négociation dont il était chargé. Le comte lui en sut si bon gré, qu'il le combla de bienfaits et ne tarda pas à lui donner par reconnaissance la prevôté de St.-Germain à Mons, la custodie et une prébende dans l'église de St.-Aubin de Namur, une prébende dans les églises de Soignies, de Condé et de Maubeuge, enfin il lui procura l'abbaye de Sainte Marie de Namur, avec le droit de conférer les prébendes.

L'année de la mort de Gilbert n'est pas connue, mais elle doit être postérieure à l'année 1221, époque où il souscrivit, comme prevôt de de St.-Aubin de Namur, à une charte de Philippe de Courtenai, comte de Namur en faveur de cette église.

Nous ne possédons de Gilbert de Mons que sa Chronique, mais c'est un ouvrage d'autant plus précieux que l'auteur a été non seulement témoin de la plupart des événemens qu'il raconte, mais souvent encore l'agent accrédité des négociations importantes dont il fait le récit. Il parait qu'il n'a voulu écrire que la vie de Baudouin V, comte de Hainaut, dit le Courageux ou le Magnanime, qui succéda en 1171 à son père Baudouin IV, dit le bâ– tisseur, et mourut le j17 décembre 1195. Là se termine son ouvrage qu'il a redigé en forme de chronique ou d'annales. Il a mis à la tête, comme nous l'avons dit, une espèce d'introduction dans laquelle il a fait entrer toutes les notions qu'il a pu recueillir sur l'histoire des comtes de Hainaut, depuis la comtesse Richilde, les lois et coûtumes du pays et surtout les généalogies et les alliances de la maison comtale. Il n'est pas exempt d'erreurs dans cette partie de son travail, parcequ'il écrit sur la foi d'autrui, mais dans ses annales il mérite toute notre confiance, et il y a peu d'auteurs qui la méritent davantage. Le héros qu'il a entretrepris de célébrer fut un des plus illustres de son tems, qui eut l'avantage de marier une de ses filles à Philippe-Auguste, d'augmenter

considérablement la puissance du Hainaut par l'adjonction des comtés de Flandre et de Namur, et de préparer à ses enfans les moyens de faire, peu de temps après, la conquête de l'empire de Constantinople. Il est fâcheux que Gilbert n'ait pas poussé son travail jusqu'à cette époque brillante des comtes de Hainaut, quoiqu'il eut promis, au commencement de son ouvrage, qu'il parlerait aussi des successeurs de Baudouin V. Il est possible qu'il ait continué sa chronique, mais quant-à-présent, la continuation est encore ensevelie dans les ténèbres..

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le marquis du Chasteler communication du mss. de St-Vaudru avaient imprimé une bonne partie de cette chronique avant que ce seigneur eut donné son édition (3) ils n'ont pu l'imprimer que jusqu'à l'année 1180, qui est l'époque où ils ont dû s'arrêter pour ne pas anticiper sur les règnes suivants; mais ils ne manqueront pas d'imprimer la suite, lorsqu'ils en seront à Philippe-. Auguste. M. le marquis du Chasteler avait promis de donner des notes sur les endroits de la chronique qu'il a désignés par des chiffres de renvoi (au nombre de 352), mais, cet illustre savant étant mort, ses notes n'ont pas été publiées. Les continuateurs de D. Bouquet en ont donné de leur façon dans la portion qu'ils ont imprimée, et qui est celle qui en avait le plus besoin. Ils ont donné une attention particulière aux généalogies, parce qu'elles ont servi de base à Baudouin d'Avesdresser les siennes, qui nes, pour pas ont été imprimées plusieurs fois; comme le commencement de cellesciest exactement le texte de Gilbert, et que Baudouin n'a fait que continuer jusqu'à son tems les mêmes généologies dont Gilbert n'avait pu connaître les premiers degrès, ils ont imprimé au bas le texte de Baudouin qui conduit le fil des générations jusques vers le milieu du

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Parmi tant de choses curieuses que renferme l'écrit de Gilbert les érudits qui s'occupent de recherches sur l'ancienne chevalerie y trouveront la description de plusieurs tournois ou la noblesse selon les mœurs du tems, se plaisait à déployer beaucoup de magnificence.

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y verront que ce n'étaient pas toujours de purs jeux d'exercices gymnastiques, mais que les passions, les haînes et les jalousies s'y mêlaient quelques fois, et faisaient dégénérer ces réunions en arènes sanglantes. (2)

Les continuateurs du Recueil des historiens de France (tome 13, pag. 542-580), qui avaient obtenu de M.

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.

XIIIe siècle.

M. BRIAL.

(3) Il y a ici une légère erreur; le tome XIII du recueil des historiens des Gaules et de la France ayant paru en 1786, deux ans après la publication faite par le marquis du Chasteler, le travail sur cette chronique jusérée dans le XIIIe vol. pouvait étre fait en 1784, mais n'avait pas encore paru. A. A.

EMBONPOINT DES MORINS. Tandis que les Ménapiens occupés à multiplier leurs troupeaux et à transformer un sol inculte en guerêts utiles, coulaient des jours obscurs au milieu de leurs hameaux, les Morins que Virgile (Eneïde, liv. 8) place aux extrémités du monde, parcequ'ils occupaient l'extrémité du continent occidental de l'Europe, agriculteurs comme les menapiens, mais un peu plus civilisés, se plaisaient comme eux, à l'ombre des forêts dont leur pays n'était pas moins couvert que la ménapie (1). Elles ont été pour la plupart converties en plaines fertiles; mais les bois de Nieppe, de Boulogne, et ceux qu'on voit encore aux environs d'Ypres et de Poperingue sont des restes augustes de ces anciennes forêts. De belles plaines remplacent aujourd'hui les marais qui s'étendaient depuis la mer jusqu'aux lieux où fut bâtie la ville de St.-Omer ; et sous Philippe d'Alsace, l'industrie flamande a transformé en champs labourables le terrain fangeux qui environnait les murs de la ville d'Airé. La sobriété et le travail paraissent surtout avoir été en honneur parmi ce peuple. Chez lui l'on n'engrassait point impunément. On craignait que l'embonpoint, que l'on regardait comme le fruit de l'intempérance, n'énervât les corps

(1) Selon Dion Cassius, il ne paraît pas

que les Morins eussent des villes, du moins lors de la conquête des Gaules par César : habitant he populi, dit-il, non in urbibus, sed in tuguriis. L. 39. Ces peuples, dit-il ne vivent point dans des villes, ils habitent des cabanes. >>

des jeunes gens et ne les rendît peu propres au métier des armes, que les belges regardaient comme l'un des premiers devoirs du citoyen. C'est pourquoi on les mesurait de tems en tems avec une ceinture déposée dans un lieu public, et celui dont l'embonpoint excédait cette mesure était condamné à une amen

de prescrite par les lois.

LESBROUSSART.

MINCK, min: -Lieu où se vend sous les de la police, yeux en gros, le poisson de mer aux poissonniers qui seuls ont le droit de le reven

dre en détail. Ce mot vient du fla

mand min, qui signifie mien. Celui qui le prononce hautement, tan

dis que

le crieur va en décroissant de prix avec une grande promptitude, devient adjudicataire des sommes qui sont en vente. Cet usage a lieu dans toutes les

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villes de Flandre et de Hainaut. Le
réglement sur la vente du poisson
de mer, renouvelé le 22 mai 1581
écrit
par les échevins de Douai,
min et minre ce que l'on dit au-
ache-
jourd'hui minck et minquer,
ter du poisson au minck.

J. B. de ROQUEFORT. PAREMENT (PIRRE-JOSEPH) né à Vazemmes, près Lille, brigadier dans le 2 régiment de chasseurs à cheval, périt le 18 octobre 1793, par un trait de courage qui peut être comparé à celui d'Horatius-Coclès. Il mourut en défen

dant, jusqu'à la dernière gontte de son sang, un poste à la conservation duquel la vie de ses camarades

était attachée.

A. D.

XI.

LES HOMMES ET LES CHOSES.

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LES FRANÇAIS A MONS EN 1792.. « Le 6 de novembre, les français qui étaient en guerre contre la maison d'Autriche, gagnèrent la bataille qu'ils avaient livrée aux autrichiens sur le flenu à Jumappe (sic), ils entrèrent à Mons le 7 vers les dix heures du matin ; les autrichiens l'ayant évacué la veille et durant la nuit. Le 8, le général en chef de l'armée françoise, Dumouriez fit convoquer le peuple au son du tambour, à l'effet de se rendre à Ste.-Waudru vers les trois heures, pour y choisir et nommer les représentans du peuple souverain; le lieu du rendezvous indigna d'abord les honnêtes gens et les bons catholiques, aussi très peu s'y rendirent, et ceux qui s'y trouvèrent y étaient allés plus par la curiosité de voir ce qu'il s'y passeroit que par le motif d'y coopérer ou de l'approuver par leur présence. Trente furent nommés pour composer une administration provisoire, ils furent moins choisis par le peuple que prédestinés dès la veil le par les françois et le club des jacobins, qui avaient dressé une liste de personnes propres à exécuter leurs noirs projets. En effet après avoir déclaré dans leurs séances infernales, les biens ecclésiastiques appartenir à la nation, ils nommèrent un certain Mascayray lieutenant dans la troupe françoise, commissaire avec N. Mambour, maître maçon du chapître, et N. Delée, à lui adjoints, pour dresser l'inventaire des argenteries, ornemens et effets quelconques appartenants à l'église de Ste.-Waudru;

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ce qui fut exécuté à l'aide et sous la sauve-garde d'une troupe de soldats placés aux différentes avenues de l'église pour empêcher qu'on en exportât la moindre chose. Quelque temps après ledit inventaire fut achevé; la nuit du 16 au 17 février 1793, vers neuf heures et demie, ledit commissaire avec ses deux adjoints se rendirent chez le grand clercq pour l'obliger à venir leur ouvrir la porte de l'église, à quoi s'étant opposé de toutes les manières, il fut nécessité d'y aller pour éviter de mauvais traitements et

l'emprisonnement dont ils le menaçèrent. Toutes les avenues du chapitre étaient gardées par des soldats et quelques pièces de canon, pour empêcher le peuple de venir s'opposer aux vols sacrilèges qu'ils allaient faire. Durant cette nuit ils enlevèrent une remontrance d'or massif pesant dix-sept livres, enrichie de diamans, rubis et fines perles, le St. chef en argent doré (1) enrichi d'une topase de la grosseur d'un œuf de poule, de diamans, rubis, fines perles etc. etc. et généralement tous les calices et argenteries tant du chœur que des chapelles qu'ils avaient déposés à la trésorerie et à la chambre du poel. Par la vigilance du grand clercq, on eut le bonheur de conserver les reliques des différents reliquaires qu'il a eu soin de retirer. Par sa fermeté il n'y eut point de profanation des saintes Hosties, il se refusa de les retirer de la Remontrance

(1) Ce reliquaire avait été donné par la comtesse Marguerite de Flandre, en 1950.

et du ciboire durant la nuit par ce qu'il n'était pas décemment habillé ayant été obligé de se rendre à l'église en robe de chambre, tel qu'il était lorsqu'on le fut chercher chez lui. Le lendemain le grand clercq étant incommodé de peines et de douleurs de tout ce dont il avait été témoin jusqu'à trois heures la nuit, il me fit prier, moi Distributeur, d'aller chercher les Saintes Hosties et de les porter à l'église de St.-Germain, ce que je fis, avec M. le chapelain, vers les sept heures du matin. Les Saintes Hosties étant ôtées du ciboire et de la remontrance journalière, ils s'en emparèrent et les portèrent à la maison de ville, où tout ce qu'ils avaient pris durant la nuit fut déposé. Ils brisèrent l'antipanne et le gradin en argent du maître autel, ainsi que le tabernacle, ils mutilèrent la chasse du corps-saint de St.-Waudru, en enlevèrent tout ce qui était en argent doré, une partie en cuivre doré, les fines perles et bijoux dont elle était très enrichie. (2) On évalue à la somme de trois cent mille florins ce qu'ils ont pris durant cette nuit et les jours suivants. Ils eurent encore emporté à peu près la valeur d'une somme semblable en ornemens, linges cuivres, étaings, tableaux etc., si la divine providence, qui semblait vouloir protéger et conserver la Belgique contre les abominations,

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les sacrilèges et la tyrannie des perfides françois, ne l'avait délivrée de ses tyrans par le gain de deux batailles que les autrichiens soutinrent contre les françois infiniment supérieurs en nombre, l'une le 1 mars, entre Herve et Mastrick, qui obligea les françois de lever le siège de la dite ville de Mastrick l'autre le 18 entre Tirlemont et Louvain, qui les mit dans une telle déroute, que l'armée françoise se débanda de toute part et fut obligée de se retirer dans ses villes frontières: telles que Lille, Condé, Valenciennes et Maubeuge. Ce fut le mercredi saint, 27 mars au soir, que l'avant-garde des hussards autrichiens entrèrent à Mons au son du carillon et de toutes les cloches de la ville (les françois l'avaient évacué la nuit précédente entre dix et onze heures). Il y eut illumination par toute la ville durant trois jours, les jeudi, vendredi et samedi saint, le carillon et les cloches se firent entendre continuellement. Le samedi saint Son Altesse Royale l'archiduc Charles et le général en chef le prince de Saxe-Cobourg firent leur entrée vers les trois heures après midi. Le lundi de la grande Pâque se chanta une messe solemnelle à onze heures au maître autel par M. l'abbé de St.-Denis, à laquelle S. A. R. et ledit Prince général avec l'état-major, le conseil, le magistrat, le chapitre de St.-Germain Je fus présenter l'eau bénite à S. et les ordres religieux assistèrent. A. R. et au prince de Saxe-Cobourg, vis-à-vis la chapelle de N. D. d'Alsemberg accompagné du

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