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Le magistrat lui en fit mettre d'autres en sa présence, ainsi que des menottes d'un fer bien liant, bien battu; il lui fit attacher les mains derrière le dos, On avait eu le soin de bien sceller ces menottes fermées avec des clavettes recourbées; à peine le magistrat était-il sorti que le prisonnier s'en débarrassa, les brisa, et en jeta les morceaux au nez du geolier qui vint lui apporter à manger par la grille de son cachot.

On soupçonna qu'il avait sur lui quelques moyens qui avaient échappé à la vigilance de ses gardes; on le déshabilla de nouveau, on le mit tout nu. On ne trouva ni herbes, drogues, ni instrumens qui puissent autoriser cette idée. C'était uniquement un homme d'une force extraordinaire dont les physiciens ne purent rendre raison; il n'y eut que le peuple qui en donna une très-bonne, en assurant qu'il était sorcier. Eh bien, ce prétendu sorcier, auquel le meilleur fer ne résistait point, fut lié d'une simple corde, conduit, promené et fustigé par la ville, sans qu'il put s'échapper des mains de la justice. C'est ce qui surprendra sans doute encore le philosophe, mais non le peuple, qui assure que le pouvoir du diable cesse au moment où la justice s'empare de l'homme.

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une pièce de vers fort remarquable intitulée : Le Génie, ode, à M. de Béranger. L'auteur de ces vers les ayant adressés à notre immortel chansonnier, en a reçu une réponse extrêmement flatteuse que nous nous faisons un plaisir de transcrire ici.

« Monsieur,

>> Il n'y a que peu de jours que » votre lettre m'est parvenue avec » la belle ode qu'elle renfermait. » J'ai été vivement touché des ex>> pressions bienveillantes de l'une, » mais j'ai été un peu confus, de >> me voir adresser une Ode au Gé» nie. Y avez- vous bien pensé, » Monsieur? Ce n'est pas ici de la >> fausse modestie, je vous le jure, >> et si j'avais l'honneur d'être con>> nu de vous, vous en seriez con>> vaincu. Voyez quels sont les >> hommes et les œuvres dont ce >> beau morceau de haute poésie >> contient la récapitulation, et re>>> descendant jusqu'à moi, pauvre » insecte, au chant agréable peut>> être, mais sans force et sans éten»due, jugez vous-même, monsieur, » du contraste que mon nom pré>> sente en si bonne compagnie. Au >> reste, c'est un motif de plus pour >> moi pour vous payer un tribut >> de reconnaissance. Elle est bien » grande la bienveillance qui peut >> faire commettre une pareille er

>> reur !

» Voilà, monsieur, la seule cri<< tique que j'aie à faire de vos stro>>phes si remarquables, et dont la « lecture a été pour moi un vérita«ble plaisir. C'est une missive

« dont il ne faut que changer l'a- pitié de la mère et de l'enfant, « dresse.

>> Vous dites, monsieur, que >> vous cultivez les muses en silen» ce. C'est un silence qu'il faut » rompre et qu'on aurait droit de >> reprocher, si toutes vos produc>>tions ressemblent à celle que vous » avez la bonté de me faire connaî

>>tre.

et

envoya aussitôt sa ceinture de cuir en ordonnant qu'on la posât à nu sur le ventre de la dame en travail. Ce remède fit merveille; à peine l'épouse du sire de Roisin eut-elle

senti l'attouchement du cuir de saint Ghislain, qu'elle accoucha incontinent d'un beau et gros garçon. Molanus, qui cite ce fait curieux, remarque judicieusement que la ceinture du saint était en peau d'âne, et qu'on la nommait alors Baudry (Baudrier) ce qui fut cause que depuis ce tems on donna >> Votre très-humble serviteur, cienne maison de Roisin, ce qui a le nom de Baudry aux aînés de l'an

>> Recevez mes bien sincères re» mercîmens, monsieur, et l'assu>>rance de ma considération la plus >> distinguée.

>> BÉRANGER.»

22 février 1832.

SAINT-GHISLAIN ET LA DAME DE ROISIN. Après que saint Ghislain, qui parut en Hainaut en 649, eut travaillé à la conversion des infidèles et à la direction des ames, il peupla son monastère de pieux religieux et se prépara à saintement de vie à passer

trépas. Il allait souvent puiser des conseils et des secours spirituels auprès de saint Aubert, qui occupait alors avec lustre le siége épiscopal de Cambrai; un jour de l'année 668, qu'il retournait de cette ville à son monastère, il s'arrêta dans le village de Roisin où il fut obligé de loger: les saints de cette époque n'allaient qu'à pied et Ghislain n'avait pu fournir tout d'une traite le parcours de Cambrai à son couvent. On vint le prévenir que la dame du lieu, alors en gésine, était à toute extrémité ne pouvant mettre au monde son fruit; le saint eut

encore lieu aujourd'hui. De plus,
en mémoire de ce miracle, il y avait
dans la chapelle du château de
Roisin une fondation fort ancien-
ne sous le nom de Saint-Ghislain;
et l'on y voit encore en ce moment
plusieurs tombeaux de marbre des
sires de Roisin, sur la base de l'un
desquels on lit la relation de ce fait
étrange, qui d'ailleurs est attesté
par les pères Vinchant et Ruteau
dans leurs Annales de la province
et comté d'Haynau, Mons, 1648,
in-fo
pag. 114.

Ce miracle (1), qui date de près de 1200 ans, a aussi donné nais

(1) Saint-Ghislain n'était pas sobre de mi

racles; on en trouve un bon nombre dans

le cours de sa pieuse vie terminée en 687. Un jour qu'il était visité par Saint-Amand, dont il avait été le disciple, il s'excusait humblement, de ce qu'il n'avait pas de poisson pour le traiter; Ce mets n'était pas alors consacré aux jours d'abstinence, et passait plutót pour un régal. Ce colloque gastronomique avait lieu sur le bord de la Hayne, où les deux saints conversaient familiérement;

sance à cette dévotion extrême qu'ont les femmes enceintes pour le grand Saint-Ghislain, sous la protection duquel elles se mettent lorsqu'elles sont en travail d'enfant et dont les reliques reçoivent de nombreux pélérinages de femmes et d'enfansqui, dit-on, lui doivent la vie. Et voilà !

A. D.

LE TROU SAINT-BERNARD. Lorsque vous avez, quittant la place d'Armes de Douai, traversé le bout de rue, nommé le pont des Récollets, vous trouvez sur votre droite celle de la cuve d'Or, qui conduit au Barlet. Sur le côté ouest de cette rue, vous remarquez un escalier, descendant à la branche de dérivation de la Scarpe, qui arrose la partie (Est) de la ville; cet escalier a nom Trou St.-Bernard. D'où lui vient ce nom? c'est ce que je vais vous conter.

L'université, fondée par Philippe II d'Espagne, attirait à Douai grand nombre d'écoliers de la Flandre, de l'Artois et du Haynaut. C'étaient, en général, ribauds et bons vivans, aimant à rire, à boire, fréquentant les tripots, courant les filles de joie, gars fort experts en tours et intrigues de baso

tout-à-coup voilà qu'un gros poisson, que Dieu leur envoya pour se festoyer, vint á sauter hors de l'eau et á leur tomber dans les jambes, ce que tous deux, par une extrême modestie et une pieuse humilité, rapportaient aux mérites l'un de l'autre. On ne sait pas encore en définitive, si le miracle doit appartenir en propre au disciple ou au maître, mais ce qui ne laisse aucun dou te c'est que le poisson fut frit et mangé.

che, mais disciples peu fervens de MM, des quatre Facultés. Au mois de mai 1730, les dragons d'Orléans tenaient garnison à Douai; ils vivaient en parfaite intelligence avec nos écoliers, menaient bonne vie, couraient les muchetinpots, et s'unissaient souvent à eux, pour faire des niches au terrible sergent de l'université et à ses suppôts. Un des dragons de ce régiment, surtout, avait su se rendre l'ami de toute la gente écolière, par son esprit original, sa gaîté et son amour pour les plaisirs de la jeunesse. Il était marié, et sa femme habitait le pays de Liège. Dans un moment de dé– pit amoureux, il l'avait quittée, et s'était enrôlé dans les dragons d'Orléans, ce dont il avait depuis grand regret. L'éloignement avait réveillé son amour pour sa moitié délaissée, une correspondance s'était ouverte entr'eux, et un raccommodement s'en était suivi.

Pour le sceller, la femme vint à Douai voir son mari, et les huit jours qu'elle y passa ramenèrent la lune de miel; on s'adorait plus que jamais. Cependant, Bernard ne pouvait conserver sa femme près de lui; elle devait retourner au pays de Liège. Le cœur brisé, l'idée d'une nouvelle séparation, il flotta pendant quelques jours incertain, entre la pensée de la suivre et la fidélité qu'il devait à son drapeau. L'amour l'emporta; il déserta et s'enfuit avec elle.

Sa désertion, promptement connue, fut signalée. Bientôt il est arrêté, sortant de Valenciennes, se dirigeant par le Haynaut vers son

pays natal. Ramené à Douai, on le traduisit devant un conseil de guerre qui le condamna à passer par les armes. En vain sa femme, poussée par le désespoir, avait imploré la clémence de ses juges, l'inflexible discipline voulait un exemple, Bernard devait subir l'arrêt de mort.

état

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Déposé dans la grosse tour, gauche de la porte Notre-Dame, qui servait alors de prison militaire, Bernard y attendait, dans un que chacun peut comprendre, l'instant fatal qu'on avait fixé au lendemain matin. Il avait reçu la première visite d'un père capucin chargé alors, de disposer les condamnés à mourir en bons chrétiens. Toute communication avec ses parens ou amis, lui était désormais interdite. Les gros verroux de la massive porte, retentirent tout-à-coup brusquement dans sa prison, et le geolier, maître Niesolf, entra suivi de son porte-clefs, qui portait un plat couvert et une bouteille de vin, envoyés par ses amis les écoliers et que le gouverneur avait permis qu'on lui remit comme consolation à son heure dernière."

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Bernard resté seul, continua encore pendant quelques instans le cours de ses pénibles réflexions; il se décida enfin machinalement, à prendre un peu de nourriture, à faire honneur au souvenir touchant de ses amis, les écoliers. Il avait déjà dépêché une partie de la volaille, qu'il avait arrosée de quelques rasades de l'excellent flacon qu'on lui avait apporté. Comme il cherchait à détacher la seconde

aile, son couteau glissa dans le corps du poulet, et rendit un son singulier. Tout est espoir pour le malheureux, si voisin du terme fatal. Il fendit précipitamment le poulet en deux, et un billet à sa grande joie, en tomba devant lui. Il l'ouvrit avec un empressement et une émotion qu'on devine, et y lut:

» Bernard, prends courage! de« main, tes amis t'attendront; lors« que tu sortiras pour aller au lieu « de l'exécution, soit au coin de la «rue de l'Aiguille ou de celle de la « cuve d'Or, tu seras sauvé. Avale << ce billet et son enveloppe, et dors «tranquille!»

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De grosses larmes roulèrent dans lecture de ce billet. Il s'empressa les yeux du pauvre Bernard, à la de le détruire, comme on le lui prescrivait, et acheva ensuite d'un trait, le reste de sa bouteille. Peu de tems après, il s'endormit, et le lendemain, lorsque le révérend père capucin vint lui annoncer qu'il fallait se préparer à marcher vers le lieu du supplice, il le trouva calme, comme s'il se fut agi d'aller à la parade. Cependant ce calme n'était qu'extérieur, car Bernard pensait que les bonnes inten→ tions de ses amis, pouvaient ner pas avoir tout le succès qu'ils enq attendaient. L'exécution devait avoir lieu au Barlet. A dix heures du matin le patient fut extrait de la grosse tour, et placé au milieu d'un piquet de dragons. A son côté, était le père capucin, portant un crucifix, qu'il lui présentait de tems à autre à baiser. Le maréchal-des-logis qui comman

dait le piquet, tenait Bernard par les cheveux de derrière; il avait les mains attachées avec une légère corde. Une foule immense encombrait la rue Notre-Dame; il y régnait un morne silence, qui n'était interrompu de minute en minute, que par quelques sifflets assez étranges. Vis-à-vis la rue de l'Aiguille, Bernard tremblant, tourna la tête mais rien ne bougea. On continuait à s'avancer au milieu de cette foule, toujours croissante et plus serrée, et dans le même silence, Lorsque le cortège est arrivé près du pont des Récollets, trois énergiques eoups de sifflets se font entendre. A l'instant les écoliers se précipent sur l'escorte, lui arrachent Bernard, après avoir coupé les cheveux, par lesquels le maréchal-des-logis le tenait; Bernard, dégagé de ses liens, est entraîné à l'égout, et disparait bientôt. Pendant que le détachement d'escorte se démenait au milieu de la foule, qui lui criait qu'on n'en voulait pas aux dragons, qu'on ne voulait que sauver Bernard; celui-ci, à l'aide de ses guides, pénétrait dans le couvent des Récol

na que toutes les maisons voisines fussent fouillées; mais, les recherches furent infructueuses puisqu'on ne put pas pénétrer chez les pères Récollets.

midi plusieurs Récollets sortirent Quelques jours plus tard, vers de leur couvent, traversèrent la ville, se dirigeant vers la porte Morel, qu'ils passèrent sans obstacle, Parmi eux, se trouvait Bernard, vêtu du costume de l'ordre, ils le conduisirent à la frontière; ainsi il échappa à la mort.

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L'égout de la Cuve d'Or, à Douai, a pris depuis ce tems, le nom de Trou Saint-Bernard.

D.

KABRIS (JOSEPH), était né à Bordeaux... Sachant qu'on n'est pas prophète dans son pays, il se fait matelot et part. Ayant été capturé,, on le jette dans les prisons d'Angleterre. Il obtient la faveur de monter à bord d'un bâtiment baleinier qui se dirigeait vers la mer du sud. Ce bâtiment fait naufrage, va se briser sur les côtes de l'île de Noukahiva, ( îles Marquises) dans le grand Océan, et notre lets, qui, d'accord avec les éco- bordelais tombe dans les mains des liers, s'empressèrent de le cacher. Les dragons ne voulaient pas la mort de leur camarade, ils se contentèrent de tirer quelques coups de fusil en l'air, et l'attroupement se dissipa.

Le lieutenant de roi, François Pasquier, seigneur d'Assignies, qui commandait la place, instruit de l'événement, fit à l'instant fermer les portes de la ville et ordon

anthropophages. Le feu est allumé, la broche va tourner, le casse-tête est levé sur Kabris, quand la jeune Valmaica fille du roi des sauvages, belle comme on l'est aux îles Marquises (1), pousse un cri de grâce ;

(1) Les femmes des îles marquises, dont Noukahiva fait partie, sont en effet ce qui pourrait surprendre, de fort belles person

nes; on vante l'élégante proportion de leur taille et leurs formes séduisantes. Ce n'est pas seulement sur terre qu'on les admi

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