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d'une personne sûre, pour aller trouver le maréchal de Boufflers à Lille; je viens vous offrir mes services et j'espère m'acquitter avec honneur de la commission. » Le ton simple et décidé de cette brave fille, excita la surprise de tout le conseil. « J'ai, ajouta-t-elle, un frère dans les dragons qui sont en garnison à Lille, on ne me refusera pas l'entrée de la porte des malades. Une fois entrée dans la place, il ne me sera pas difficile d'arriver jusqu'au maréchal. » On se consulta et on fut unanime pour accepter l'offre faite par Marguerite Collier.

Des instructions lui furent données dans la soirée et le lendemain de bon matin, elle se mit en route. L'armée alliée avait une première ligne qui s'étendait de la Deule à la Marque. Au village de Templemars elle fut arrêtée et conduite devant le général Cadogan qui la laissa libre de continuer sa route sur ce qu'elle lui dit qu'elle allait voir un de ses oncles, malade dans un village auprès de Lille. Elle eut plus de peine à traverser la ligne de circonvallation, mais elle y parvint et entra facilement à Lille où elle fut admise auprès du maréchal.

Sa mission heureusement accomplie, elle revint à Avelin, où elle fut accueillie avec force égards par le ministre et les généraux. Le duc de Bourgogne voulut lui faire donner une forte gratification, qu'elle refusa.

L'attaque eut lieu comme le pro

jet en avait été conçu. Le lendemain l'artillerie posée en avant d'Avelin foudroya pendant tout le jour le hameau d'Ennetière ; les colonnes s'avancèrent vers l'armée alliée, Boufflers tenta une sortie; mais le tout sans succès. L'armee française dût opérer sa retraite; Marguerite, dont la belle conduite était connue de toute l'armée et de tout le village n'y pouvait demeurer pendant que les alliés allaient l'occuper. Elle obtint du comte d'Evreux d'être admise, sans que son sexe fut connu, dans un régiment de dragons. Pendant quatre ans ellesuivit son régiment, se battant et se comportant partout comme un excellent soldat. Cette nouvelle Jeanne assistait à la bataille de Denain, où elle fut tuée dans une charge.

L'histoire de cette héroïne m'a été contée il y a de longues années par un moine de Phalempin à la cense d'Aa qui dépend du village d'Avelin. Il avait connu son frère, vieillard octogénaire qui vivait d'une pension que le roi lui avait accordée, en récompense des services et de la bravoure de Marguerite Collier.

Avelin appartint longtems à la maison de Barbançon. Lyon de Barbançon qui signa au traité de Wavrinen 1488, en était seigneur. Ce ne fut que plus tard qu'il passa dans la maison d'Hangouart. Le château d'Avelin est la propriété aujourd'hui du baron de Coupigny, ancien député du Pas-de-Calais, qui se rendit fameux sous la

Restauration par ses prétentions le pont, baissez la herse. Aux rem.

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vaux,

pas

Et puis, au loin, s'oyaient des voix menaçantes, des de che des bruits d'armures; et par dessus tout, ces clameurs du comte d'Havrincourt: Arrrêtez-les! morts ou vifs, n'importe: mieux vaut pour elle suaire qu'opprobre.

A l'aide Dieu et les saints! Voici le château de messi re de Gauthier,

voici la forteresse de Quiévy: Ah! les braves hommes d'armes qui baissent le pont-levis, et qui se tiennent là prêts à se ruer sur messire d'Havrincourt et les siens ! Camarades merci! Elle est à moi, à présent.

parts! flèches à l'arbalête, chargez de pierres les machicoulis. Faites une bonne réception à ce vaniteux sire qui trouve que le sang du sire d'Havrincourt se mésallierait en se mêlant au sang d'un Quiévy.

Blanche ma chère Blanche; revenez à vous à cette heure. Voyez, voyez, c'est votre ami, c'est votre Albéric qui vous étreint en ses bras. Rien à présent ne saurait nous séparer. Monsieur mon chapelain va nous marier en face de Dieu ainsi qu'il convient à de bons et loyaux amans, vrais chrétiens du gyron de la sainte église catholique, apostolique et romaine.

Et Blanche, pâle, défaillante et sans dire mot, se laisse faire, comme en un mauvais songe, et n'osant croire que c'est bien elle. Bonté de Dieu! fuir avec son amant, aux yeux d'un chacun, en présence de son père, et ne point revenir quand le vieillard irrité criait : Je te maudis, fille dénaturée! tu es maudite, maudite entends-tu bien; maudite. -Oh! oui, n'est-ce pas ?

c'est un rêve.

Cette église sombre, ces cierges de: femme prenez-vous Albéric de à pâle lueur, ce prêtre qui demanQuiévy pour époux? cet anneau qu'on lui passe au doigt! Dites, dites, tout cela est un rêve? un rêve qui va finir; car elle ne peut en supporter plus longtemps les horribles angoisses.

Quel tumulte se fait entendre: des flèches sifflent dans les airs. On

Maintenant, rentrez tous. Levez crie: ils sont vaincus : ils fuient i

a la tête brisée d'un coup de fronde: il est tombé: il se meurt. Qui? Parlez. Dites! Qui? Le pont-levis se baisse des hommes sortent et reviennent; ils portent un cadavre: Oh! son père ! son père ! Mon père! mon père ! Laissezmoi, il n'a pas rendu l'âme, ses mains sont tièdes encore. Il va ouvrir les yeux; cette plaie béante n'est point mortelle; il regardera sa fille; il lui dira: je te pardonne: je ne te maudis plus.

Non. Mort, mort!....

Sainte Vierge, ne prendrez-vous point pitié d'une pauvre femme ? Que voulez-vous qu'elle devienne, maudite par son père, par son père occis parce qu'elle lui a désobéi. Sainte Vierge, à mon aide! allons ne soyez pas inflexible; vous savez combien je souffre, vous m'exaucerez ?

Oh! ne m'entraînez pas de la sorte, laissez-moi près de lui. Laissez-moi, je suis votre châtelaine, je veux qu'on m'obéisse. Laissezmoi près de mon père. Ah !...、

Elle tomba sans connaissance, Et quand elle revint à elle, c'était dans la chambre nuptiale qu'elle se trouvait. Et son époux, le jeune et beau sire de Quiévy voulait l'enlacer de ses bras, et baisait ses pâles lèvres. Brisée et comme engourdie par la douleur, elle se laissa aller machinalement à ses

caresses. Ce fut seulement au point du jour qu'elle sortit de sa molle stupeur.

Alors aussi elle put pleurer.

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COMBAT DE LECKER-BETJE. (Episode de la guerre de 1600, entre la Belgique et la Hollande.) - Pendant que les hollandais faisaient le siége de Bois-le-Duc, le seigneur de Grobbendonck, gouverneur de la place, fit prisonnier dans une escarmouche un lieutenant de cavalerie, nommé Jacob. Ce lieutenant ayant écrit au comte de Briante, son colonel, gentilhomme normand, au service du prince Maurice d'Orange, pour qu'il lui envoyât sa rançon, celuici lui répondit dans les termes les plus injurieux, lui déclarant qu'il le regardait comme un lâche, et indigne de porter désormais les armes sous sa bannière,

Il se vanta aussi de vaincre avec son régiment un nombre double de cavaliers belges, et chargea Jacob de porter ce défi à Van Grobbendonck. Cette insolente provocation alluma la colère du brave Gérard Abrahams, surnommé LeckerBelje (morceau friand), lieutenant du gouverneur. Ayant obtenu d'y répondre, il offrit le combat à nombre égal, à cheval et à outrance, ce qui fut accepté par son adversaire,

Vingt-quatre champions furent choisis de part et d'autre, et armés chacun d'une paire de mousquetons et d'un coutelas. On leur donna pour armes défensives le casque et la cuirasse. Les deux armées attendirent avec une égale anxiété l'issue de cette lutte terrible, qui devait décerner la palme et la gloire militaire au peuple dont les champions remporteraient la victoire.

Le 5 février 1600 fut le jour fixé pour le combat. Arrivées sur le champ de bataille, les deux troupes se précipitèrent l'une contre l'autre comme des lions furieux, dit la chronique.

Au premier choc, le brave Gérard Abraham fut tué avec son frère Antoine; mais de Briante eut son cheval abattu d'un coup de feu et perdit plusieurs de ses plus braves soldats. De Briante saute sur un autre cheval et fait une nouvelle charge; mais il est repoussé avec perte, et démonté de nouveau par les Brabançons, exaspérés par la mort de leur chef,

Le combat continua encore quelque temps avec un acharnement indicible, jusqu'à ce que la plupart des soldats de Briante furent blessés ou démontés. Le présomptueux Normand, tombé vivant entre les mains de ses ennemis, fut emmené en triomphe à Bois-le-Duc, avec son neveu prisonnier comme lui.

Mais les compagnons de LeckerBetje, rendus cruels par la soif de la vengeance, sortirent de la ville pour courir à la rencontre du malheureux colonel, et ne rougirent pas de tremper leurs mains dans le sang d'un ennemi sans défense. Il fut percé de tant de coups, qu'il survécut à peine une demi-heure à ses blessures.

Cette espèce de duel, entre deux nations qu'une rivalité d'intérêts a

ne

rendues ennemies irréconciliables depuis près de trois siècles, manque peut-être que de la plume d'un Walter-Scott, pour acquérir la célébrité que le combat des Horaces et des Curiaces doit au style brillant de Tite-Live.

Lorsque les Belges, rassurés sur leur avenir, pourront enfin détourner leur attention de la politique, s'ils interrogent l'histoire de leur patrie, ils la trouveront au moins aussi riche en faits remarquables que celle d'aucun autre peuple; et ils seront peut-être surpris du grand nombre d'hommes célèbres auxquels la Belgique a droit de s'énorgueillir d'avoir donné naissance, mais que la tyrannie ou l'insonciance des divers gouvernemens 2

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LE MISSIONNAIRE LAMIOT. Une des familles les plus respectables de l'arrondissement de St.Pol vient d'éprouver une grande perte dans la personne de M. Lamiot, mort à Macao, en Chine, le 5 juin dernier. Né en 1795, à Antigneuil, commune de Bours, (canton d'Huchin), il avait fait ses humanités chez les carmes de St.-Pol; il entra ensuite aux Lazaristes, et là, il se destina aux missions étrangères, et partit en 1789, pour la Chine où il convertit un grand nombre d'idolâtres.

En arrivant dans ces contrées, il apprit avec rapidité la langue chinoise, l'une des plus difficiles de l'univers; et, comme il connaissait la plupart des langues de l'Europe, il devint aussitôt, auprès de l'empereur l'interprête officiel des nations européennes. M. Lamiot, était en même tems président du tribunal des mathématiques: cette fonction, l'une des plus importantes de l'empire, lui fournissait l'occasion de faire des découvertes précieuses pour l'histoire et la philologie. Aussi, envoya-t-il, en France un grand nombre d'ouvrages raves, entre autres la statistique de la Chine, livre sacré et mysté

rieux, que, dans le pays même, quelques initiés seuls ont droit de lire.

Notre vénérable compatriote avait, depuis longtems, conçu le projet d'envoyer à Paris quelques jeunes chinois, pour s'instruire à fond de la religion catholique, et revenir ensuite l'enseigner dans leur pays. C'est ce qu'il fit en 1829. Six chinois arrivèrent en France, où ils restèrent dix-huit mois. En quittant avec regret leur sol, ils pensaient du moins revoir bientôt M. Lamiot; mais ils apprirent, à leur arrivée à Macao, que le saint, missionnaire avait terminé sa caxrière.

(Nord)

LE GALÉRIEN DE MAUBEUGE. On lit dans le Mercure de France, pour le mois d'août 1719, un fait bien surprenant. Un homme de 20 à 22 ans condamné aux galères brisa ses fers chemin fesant et prit la fuite. Jusques-là rien de surprenant. On courut après lui, il fut arrêté et ramené dans les prisons de Maubeuge, et c'est là que se manifesta, et d'une manière étonnante la force de cet homme. Il fut impossible, quelques moyens que l'on prêt, de l'y enchaîner ; il rompait chaînes et fers en aussi peu de tems qu'il en fallait pour les lui appliquer. On crut d'abord qu'ils avaient été mal forgés, on lui en appliqua d'autres beaucoup plus forts et forgés avec tout le soin possible; il les rompit aussi facilement

que

les premiers. On en imagina d'une nouvelle espèce qui ne réussirent pas mieux.

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