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et bâti sur pilotis, à cause des eaux qui couvraient totalement les marais de Noyelles, de Courcelles, d'Evin et du Forest. C'est sur ce pont près d'Evin, que passèrent les francs, l'an 446, sous la conduite de Clodion, en revenant de l'Artois, qu'ils avaient parcouru et ravagé en partie; c'est sur ce même pont, que le jeune Majorien, depuis empereur, les combattit à la tête de l'armée d'Etius (1).

Une partie des eaux qui couvraient ces marais, s'écoula soit naturellement, soit par suite de travaux. Lorsque Bauduin de Lille pour garantir la Flandre de l'invasion, dont la menaçait l'empereur Henri III, dit le Noir, qui avait passé l'Escaut à Maing entre Cambrai et Valenciennes, voulut exécuter ses grands travaux, les eaux ne lui firent plus d'obstacle. En 1054, il élargit le lit du Boulenrieu, et èleva derrière, un retranchement, qu'il prolongea dans presque tout son cours. A l'endroit de l'ancien pont, par où on pouvait le plus facilement pénétrer, il doubla les retranchemens, les palissada et ferma le passage par des portes. Cette fortification fut nommé Clausula et achevée en trois jours et trois nuits: On peut en regarder l'exécution comme une merveille du tems, car elle faisait de la Flan'dre une seule ville, entourée de remparts et de fossés. A gauche, les retranchemens gagnaient, par

(1) Sidoine Appollinaire.

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des marais impraticables, la Scarpe, dont les bords marécageux jusqu'à l'Escaut, ne présentaient aucun passage. A droite ils touchaient à la Deûle, défendue par les marais de Courrières, d'Annai, de Vendin, de Meurchin, de Wingles, contigus à ceux de Berclau, de Douvrin, et au canal d'Hantai, jusqu'à LaBassée. De cette ville un autre retranchement, dont le fossé existe encore le long de la voie romaine d'Arras à Estaires, gagnait la Lys, le Neuf Fossé, l'’Aa et la mer.

Le Boulenrieu arrêta long-tems Henri III et il ne le traversa que par trahison de Jean, avoué d'Arras. Il ne put être franchi par Philippele-Bel, qui après six semaines de vains efforts, à la tête d'une armée de quatre-vingt mille hommes fut contraint de se retirer. Il servit encore aux Espagnols, au moment de la conquête de la Flandre par Louis XIV. Devenus inutiles depuis par la formation du canal de Douai à Lille, les retranchemens s'abaissèrent et disparurent insensiblement.

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en avait effectivement la forme. Les souterrains sur lesquels elle était assise ont servi à renfermer de la poudre, depuis que l'on fit usage de cette terrible invention de guerre: auparavant, ils étaient destinés à recevoir des prisonniers d'état. On prétend même que l'on a trouvé des squelettes dans les profonds cachots qu'ils recèlent, ce qui rendrait assez plausible l'opinion généralement répandue qu'on y a fait mourir secrètement plusieurs personnes d'un rang distingué. Le rezde-chaussée de l'Ecritoire servait de prison pour les délits ordinaires. Ce bâtiment, quoique haut, depuis le fond du fossé sur le bord duquel il était élevé, de plus de 150 pieds, a été épargné dans plusieurs siéges que le Quesnoy a eu à soutenir. La petite fléche qu'on appelle la plume et qui s'élançait de 50 pieds au dessus de l'Ecritoire, n'avait que sept pieds dans ceuvre et dix hors d'œuvre ; elle était de forme octogone. Une pierre in

crustée dans la muraille du bâtiment portait la date de 1 1569; c'était celle d'une reconstruction, ou d'une restauration. On montait au haut de la tour par un escalier intérieur en colimaçon; au sommet se trouvait un corps-de-garde où se tenait un guetteur, espèce de sentinelle chargée de surveiller l'approche de l'ennemi et de l'annon

cement de ce siècle, que le tems était venu de supprimer l'Ecritoire. En 1807, la sape fit tomber ces mu railles qui auraient pu peut-être nous révéler quelques-uns des vieux secrets de la féodalité, perdus depuis des siècles dans les détours de ces profonds cachots la démolition continua en 1808 et l'année suivante on termina l'enlèvement de tous les débris de la tour. Les gens qui ne voient dans les restes d'un vieil édifice que des pierres et du fer, assurent que la suppression de l'Ecritore a rapporté à l'administration de la guerre une honnête quantité de matériaux.

A. D.

Deux

SAINT-GHISLAIN. jouears determinés parièrent un jour cent écus pour celui qui amenerait le moins de points en jettant deux dés. Le premier obtint deux as, et voulut s'emparer de l'argent, quand le second, jettant ses deux dés, ils se trouvèrent montés l'un sur l'autre de telle sorte qu'il ne paraissait à découvert qu'un seul as, ce qui le fit gagner sans que le joueur aux deux as pût s'en défendre. Ce trait est assez curieux mais ne présente rien de surnaturel; les traditions du Hainaut en fournissent un analogue, vrai miracle s'il en fut, qui s'est passé dans l'abbaye de St.-Ghislain, et dont la représentation en peinture décorait encore, dans le siècle dernier, l'une des salles de ce riche monastère.

cer en sonnant la cloche d'alarme. Cet antique édifice était, pour son malheur, situé contre la muraille de clôture de la place du Quesnoy, et le génie militaire, ennemi natu- Une vieille femme gisait sur son rel de tous les ouvrages construits lit de mort; elle avait tant de avant Vauban, décida au commen- fois pêché que le diable croyait

bien s'emparer de son ame; ses droits lui sembaient sûrs. Cependant la vieille s'étant confessée à St.-Ghislain, celui-ci revendiqua cette ame devenu pénitente. Le diable se fiant à son adresse extrême proposa de la jouer aux dés. La partie est acceptée; c'est à qui fera le plus de points. Satan jette trois dés sur la table et amène trois six ; St.-Ghislain se recommande à Dieu et fait raffle de sept.

« Cette raffle à de quoi surprendre. «Mais rien n'est impossible aux élus du Seigneur,

«Dans le sombre manoir la vieille allait descendre

«Sans un miracle en sa faveur. « Ghislain P'obtint. Le reste est facile à comprendre.

« depuis ce tems Ghislain fut fort prisé "Pendant le cours d'une assez longue vie. « Après sa mort il fut canonisé, «Et l'on donna son nom à l'abbaye. "Là se voit un tableau d'un gothique dessin « Représentant le diable appuyé sur sa main Qui regarde trois sept avec une lunette. En habit monacal on a peint Saint Ghislain « Et la vieille en sale cornette. >>

Telle est la fin d'un conte en vers composé sur cette anecdote et inséré dans le Ménagiana.

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mer sa cendre, et veux lui rendre l'honneur qui lui est dû.

Jean-Baptiste Deshayes, né à Maubeuge le 12 mars 1774, entra au service à la formation des compagnies franches, comme sergent, (le 15 août 1792), et commença ses premières armes au siège de Maestricht: nommé sergent-major au 1er bataillon de chasseurs du Hainaut, le 9 mars 1793 et souslieutenant le 29 juin de la même année, il se trouva bloqué à cette époque dans la place de Maubeuge. Il fit une sortie à la tête de 12 chasseurs et enleva dans le bois du Tilleul, près de la ville, un avantposte ennemi de huit hommes. S'étant ensuite emparé d'une redoute défendue par des grenadiers Hollandais, il en tua deux de sa main (le 10 septembre 1793). Le 10 floréal an 2, dans un combat qui eut lieu près de l'abbaye de Lobbes, il fut atteint d'une balle qui lui traversa la cuisse gauche : promu au grade de lieutenant le 16 ventosc il passa avec le même grade à la 17 demi-brigade d'infanterie légère (le 21 germinal an 4); il s'y signala bientôt par de nouveaux exploits, Le 18 Thermidor, à la tête de 8 hommes, il enleva un convoi d'artillerie, pièces et caissons attelés, et mit en fuite le détachement de hussards qui en faisait l'escorte. Près de Castiglionne, le 14 brumaire an 5, après la retraite de Cordini, voyant l'ennemi près d'entrer dans Trente avec les Français, il alla précipitamment en fermer les portes, rallia en dehors les chasseurs du 2o bataillon,

an 2,

et s'y soutint contre l'ennemi jusqu'à ce que le pont de Trente fut incendié, et il lui ôta les moyens de faire aucune tentative. A Rivoli (le 25 nivose an 5), entrant un des premiers dans une redoute, il reçut un coup de feu au bas-ventre. Nommé capitaine le 6 germinal an 7, il eut le malheur d'être fait prisonnier de guerre par les Russes, le 2 messidor, au combat de St.-Juliano, près d'Alexandrie. Il rentra sur parole en vendémiai

re an 8.

C'est après ces nombreux faits d'armes et lorsqu'il avait déjà fait onze campagnes, qu'il fut honoré de l'étoile des braves, le 25 prairial an 12.

Appelé avec le même grade, aux chasseurs à pied de la garde, le 1 mai 1806, fait officier de la légion d'honneur le 14 juin 1807, et nommé chef de bataillon au même régiment le 12 mars 1808, il fut bientôt après chargé d'organiser un des premiers régimens de jeune garde, le 2o régiment de voltigeurs dont il fut nommé major colonel, le 5 juin 1809.

Passé ensuite en la même qualité au 2o régiment de chasseurs à pied le 8 avril 1815, fait commandant de la légion d'honneur le 17 ́mai, honoré de l'ordre de la couronne de fer le 16 août, il est mort sur le champ de bataille de Dresde, le 26 août 1819, colonel major du 2o régiment de chasseurs à pied (grade correspondant à celui de maréchal-de-camp d'aujourd'hui), Après avoir fait les campagnes de 1792, 1793 et des années 2 et 3

de la république, à l'armée du Nord, celles des années 4, 5, 6, 7 et 8 en Italie, de l'an 9 à l'armée des Grisons, 12 et 13 sur les côtes de l'Océan, 14, 1806, 1807 et 1808 à la grande armée, 1810 et 1811 en Espagne, 1812 en Russie et 1813 en Saxe.

Telle fut la carrière laborieuse

et pleine de gloire de Deshayes: 4 blessures et 20 campagnes n'avaient altéré ni ses belles formes ni sa vibrave comme un Bayard, gueur; il était l'émule et le compagnon d'armes de Mouton-Duvernay et de Cambronne; apprécié de l'Empereur il en était aimé. Celui-ci se plaisait surtout à l'entendre, dans une revue, commander ses vieilles légions. Combien son air martial et le son de son commandement en inspiraient aux soldats! Sans efforts, sa voix se faisait entendre dans tous ies rangs.

Aussi tranquille au champ de bataille que s'il eut été à la parade, qu'il fesait beau le voir sous une pluie d'obus, au centre d'un carré, commandant le maniement d'armes à ses soldats, en présence d'une charge de cavalerie, qu'il attendait à bout portant pour commencer le feu !

Toujours supérieur au grade qu'il occupait, que d'avenir en lui si le fer meurtrier ne l'avait frappé, au moment où il surgissait du rang de tant de valeureux soldats.

A tant de qualités guerrières il joignait un excellent cœur. Père de ses soldats, il en était adoré. Combien de ces enfans d'adoption n'a

t-il pas sauvé quand l'épidémie et la famine les assaillaient sur les bords de l'Orbigo, en face des montagues de Portugal? Alors je lui dùs la vie......

pour

Ce fut encore par intérêt eux, qu'il vint s'exposer au coup fatal. Colonel du 2o régiment de voltigeurs, avant d'entrer aux chasseurs à pied de la vieille garde, il ne pouvait revoir ce régiment qu'il avait formé sans se croire en famille; c'était le jour ou trente mille hommes de la garde repoussaient et culbutaient deux cent mil

le ennemis, devant Dresde, le 26 août 1813. Dumoustier à notre tête nous débouchions sur l'ennemi, par la porte de Plauën, à travers une grêle de balles, de mitrailles et de boulets; chargé de nous soutenir et en réserve avec son régiment, il ne put résister au désir de nous voir franchir les retranchemens de l'ennemi et le culbuter; il sortit de l'enceinte où sa troupe était abritée, et à deux régiment, sous la porte en dehors du faubourg, un boulet l'atteignit au sommet de la tête : deux heures après il n'existait plus !

pas

de son

Le bruit de sa mort bientôt répandue dans nos rangs nous arracha des larmes, quand l'aspect des cadavres couvrant la terre, les cris des blessés et notre propre danger

semblaient avoir émoussé toute notre sensibilité: il fut pleuré de toute la garde impériale.

Bénie soit ta mémoire, brave Deshayes! je m'honore d'avoir servi sous tes ordres, et me fais un devoir de révéler tes vertus à ceux

qui peut-être ne connaissaient que ton courage. (1) E. QUIVY,

Chevalier de la Légion d'honneur, ex-adju dant Major au se régiment de voltigeurs de la garde, en retraite.

L'ÉVÊQUE ET LE DIABLE. — Une honnête et bonne dame, elle se nommait Jeanne Lacroix, se trouva un beau matin possédée du démon. En général cet hôte a la réputation d'être fort incommode, aussi obséda-t-il tellement la pauvre Jeanne que force lui fut d'invoquer les secours de la religion. Buisseret, était à cette époque archevêque de Cambrai, il vint à Mons, sa ville natale, et là on commença

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les cérémonies d'usage. La démoniaque fut amenée dans l'église de St.-Waudru, et l'archevêque revêtu de ses insignes et suivi de tout le clergé, l'exorcisa en l'aspergeant d'une pluie d'eau bénite. La Vertu de cette eau est irrésistible joignez-y l'onction des prières de l'exorciste et des assistans, et vous concevrez facilement qu'un pauvre diable quelqu'incrusté qu'il soit dans les viscères du malheureux dont il a fait sa proie ne puisse pas résister. Aussi l'incube de Jeanne Lacroix se vit-il à son grand regret forcé de déguerpir. Le chemin à parcourir jusqu'à la bouche de la patiente était facile, mais le diable une fois hors du corps, l'air frais de l'église, et la vue sur

(1) Le général Deshayes n'avait qu'une fille, elle habite Valenciennes avec sa tan. te (suur du général), la respectable veuve du colonel Dumaraix.

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