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lourds du vacher, en blouse bleue et en sabots, sifflant et faisant claquer son fouet, venaient m'arracher à mes douces rêveries. Alors je me levais, et après avoir jeté un long et dernier regard, un regard d'adieu sur l'occident d'où montaient encore quelques rayons d'une lumière tendre et vague, je par tais, emportant du calme et du bonheur plein mon âme. Heures de mélancolie, d'extase et d'oubli du monde, heures qui passiez si vîte, j'irai je l'espère, vous retrouver encore sur la montagne de Cassel!....

A. P.

LE GÉNÉRAL DAUTENCOURT. Les journaux viennent d'annoncer la mort de l'un de nos vétérans de la gloire nationale: le général baron Dautencourt, commandant les départemens de la Nièvre et de l'Allier, est décédé à Nevers à l'âge de 52 ans.

Qu'il soit permis à son plus ancien ami de faire connaître les vertus publiques et privées, les talens et les nombreux services de ce brave guerrier qui fit toutes les campagnes de la révolution : né à Vervins, il fit en 1791 partie de l'un des bataillons de volontaires de l'Aisne qui volérent, comme toute notre belle jeunesse française, all secours des frontières menacées; après la conquête de la Belgique, il fut attaché au général Fririon, auquel on dût cette belle gendarmerie qui fut crée, comme par enchantement, dans ces magnifiques contrées : lieutenant à Bruxelles, il suivit son général à Mayence,

où il fut bientôt nommé capitaine en récompense de ses travaux.

L'empereur ayant créé une gendarmerie dans sa garde, il fut bientôt nommé chef d'escadron, et c'est alors qu'il eut le malheur d'arriver à Paris, venant de Lille, était écroué à Vincennes : il fut au moment où le duc d'Enghien envoyé dans cette forteresse sans avoir le tems d'embrasser son

épouse, et je tiens de lui-même qu'il passa près de trois heures avec cet infortuné jeune prince, à parler de Chantilly et des environs où la famille Dautencourt avait eu des rapports d'affaires et d'intérêts; l'ordre qui arriva de Paris accabla autant le rapporteur que la victime, qui ne s'attendaient guères à un jugement si rapide, et j'ai su que mon ami n'avait pas eu la force de lire la sentence au condamné, ce qui le fit renvoyer quelque tems à Char

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il a réfuté avec succès les assertions mensongères qui se trouvent dans les mémoires de Labaume. Mis à la retraite en 1815, comme de raison, il a été rendu à l'activité par nos grandes journées de juillet, et cet intrépide général qui avait bravé la mort pendant 25 ans l'a trouvé dans un poste paisible, où ses occupations étaient pourtant multipliées d'après sa correspondance avec moi; je crois même que c'est l'excès du travail qui a hâté sa fin : après tant de fatigues, nos jours d'existence se précipitent rapidement les uns sur les autres, et à chaque instant la parque décime nos illustrations militaires.

Toutefois que son intéressante veuve à laquelle mes lettres au crayon, datées des champs de batailles, ont fait souvent tant de bien, que cette bonne mère trouve ici, dans mes douloureux souvenirs, quelques adoucissemens à ses peines! C'était un hymen formé par Napoléon, et il ne pouvait pas en offrir un de plus conforme aux goûts, aux sentimens, et à la belle éducation de l'une des premières élèves d'Ecouen: aussi quel heureux ménage! quels aimables enfans sont issus de ce mariage tout la fois de convenance et d'inclina tion! et que de fois j'ai pris part à

cette félicité!!. fini ! ! . . . . . .

à

et tout est

Adieu, adieu, mon cher Dautencourt; celte journée a vu coular les larmes de ton plus ancien

ami!

Dunkerque, 10 janvier 1832. AUBUGEOIS-PETITMONT.

PIERRE-LE-GRAND A BRU

XELLES. Le 16 avril 1717, le

--

czar Pierre le se trouvait à Bruxelles; il était sur le bord du bassin du parc, et y vuidait une bouteille d un vin généreux qu'il y avait fait rafrâichir. On sait que l'antagoniste de Charles XII buvait aussi vaillamment que le vainqueur de Darius. Aussi se trouvant sur une terre où les libations à Bacchus sont fréquentes, il se laissa aller à faire à ce Dieu de trop nombreux sacrifices, et alors succédèrent aux hautes conceptions du puissant législateur, des idées folles du joyeux convive. Entr'autres choses déraisonnables, Pierre s'avisa de vonloir franchir en sautant le bassin au bord duquel il se trouvait. Les rois en sens frais n'aiment pas à être contrarié, c'est bien pis quand une fois ils ont bu. Force fut donc de laisser faire cette folie au monarque. Or, il arriva ce qu'on avait prévu; rendu pesant

par

tendit tout de son long dans le basl'ivresse, Pierre-le-Grand s'ésin et on ne l'en retira que bien immergé, mais dégrisé. Ce petit bain dont l'Autocrate fut très honteux dans le premier moment fait bien moins de tort à sa mémoire que la condamnation à mort de son fils et l'exécution des Stréliz de sa propre

main!

A. D.

MORT DU GÉNÉRAL GARBÉ. -Le général Garbé, élu député du cinquième arrondissement électoral du Pas-de-Calais, le sept juillet 1851, quitta la ville de Montreuil le lendemian vers 6 heu

res du soir pour se rendre à Ilesdin. Il fut reçu à une demi-lieue de cette ville et conduit à son domicile, avec les démonstrations de la joie la plus vive, la plus franche, par la garde nationale, musique en tête, et la majeure partie des habitans de la population d'Hesdin.

Le samedi 9, sur les dix heures du matin, il fut saisi de douleurs violentes à la région inférieure du ventre, et malgré tous les secours qui lui furent prodigués il succomba le 10 à 3 heures après midi. L'autopsie qui fut faite, donna la preuve que sa mort, était un ancien ulcère à l'estomac qui avait occasionné une ouverture par où les alimens et les liquides se sont tout-à-coup épanchés dans la cavité thoracique. Autant la joie des habitans avait été grande deux jours avant, autant la douleur fut profonde après ce fatal

événement.

Le 12, à six heures du soir les restes mortels du général furent transportés au champ du repos, accompagnés du clergé, de la garde nationale, de la garnison, de la population entière de la ville et des environs; les honneurs funèbres lui furent rendus, et divers discours furent prononcés sur la tombe de cet estimable citoyen.

Voici celui de M. de Vésian, commandant du génie à Hesdin.

Messieurs,

« L'arme du génie partage vos regrets ; vous pleurez le plus illustre de vos concitoyens, nous perdons l'un de nos plus braves géné

raux

et la patrie l'un de ses plus zélés défenseurs!

<«< Dans ce jour de deuil, comment être l'interprête de mes camarades; comment énumérer une carrière aussi bien remplie? Il faudrait dérouler toutes nos annales! Vous y verriez le nom du général Garbé s'associer à tous les hautsfaits qui ont illustré nos armes dans toutes les parties de l'Europe, et sur le continent de la première civilisation où le grand Capitaine disait à ses soldats: Du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent !

« Né dans vos murs, c'est en jouant sur les remparts de votre cité, que le jeune Garbé comprit le génie de Vauban, et le premier coup de canon, annonçant l'invasion de la frontière du Nord, fut pour lui le signal d'une nouvelle destinée: enflammé de courage; le sac sur le dos, il sut grossir ces nobles phalanges qui devaient affranchir la patrie du joug de l'étranger.

Lorsqu'assaillis par l'Europe entière, nos places fortes furent menacées, les émules de Vauban ouvrirent leurs rangs et le jeune Garbé vint puiser à l'école du génie, les talens qui devaient un jour l'élever au plus haut grade de son

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il fit partie de l'armée des Alpes sous Kellerman; puis de la célèbre armée d'Italie, dans les rangs de laquelle, son illustre chef fit choix des soldats qu'il crut dignes de camper dans les plaines d'Egypte. « Le capitaine Garbé, attaché à la division Desaix, mérita l'estitime de ce héros; c'est vous rappeler Malte, Alexandrie, les Pyramides, et cette expédition de la Haute-Egypte, qui moissonna à la

fois des lauriers et des monumens!

« Chef de bataillon, sous-directeur à Ostende, à Gand, et bientôt après, major au camp de Boulogne, le fidèle Bertrand lui confia la direction des immenses approvisionnemens qui s'y préparaient.

« Chef d'état-major du génie au 4 corps de la grande armée, il vit briller le soleil d'Austerlitz!

« A Jena, Lubeck, Eylau, il commandait comme colonel du génie de ce 4 corps; il fut blessé à Heilsberg, et à la paix de Tilsit, doté et créé baron de l'empire.

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res,

« Ce serait ici qu'il faudrait énumérer tout ce que le général Garbė a pu faire dans les loisirs de la paix, , pour améliorer nos frontièretrécies par l'invasion étrangère... Mais ces murs ne sont-ils pas témoins de toute sa sollicitude!... Non la ville d'Hesdin n'ou<< La campagne d'Espagne s'oubliera jamais ce qu'il a fait pour vre, et le maréchal Soult, qui avait su apprécier toutes les qualilítés militaires du colonel Garbé, lui fit partager la gloire attachée à la prise de la Corogne, au combat d'Oporto et à l'attaque du pont de l'Arzobispo où il fut fait général de brigade.

<< Bientôt, après la prise de la Sierra Morena, les sièges de Cadix et de Tariffa, enfin les batailles de Chiclana et Victoria, où il eut un cheval tué sous lui, vinrent ajouter à sa gloire militaire.

elle !

<< Il nous est trop tôt ravi!.... Mais que dis-je, son souvenir restera vivant parmi nous.... Son ombre planera sur ces remparts, pour veiller à leur défense... Et si jamais le canon d'alarme se fesait entendre, inspirés par elle, nous opposerions à nos ennemis un boulevard impénétrable!....

LE MAHOMET FLAMAND. Un hérésiarque, nommé Tanchelin, vivait pendant le XIIe siècle dans

la ville d'Anvers et avait singuliè rement pris faveur en Flandre et en Brabant, sur les deux rives de l'Escaut. Son ascendant s'étendait principalement sur le beau sexe qu'il avait fasciné au point que toutes les femmes s'estimaient fort honorées de son amour. Elles se donnaient à cet imposteur, disent les chroniques, en présence même de leurs mères et de leurs maris, persuadées qu'elles accomplissaient une œuvre spirituelle fort agréable à Dieu. Un beau jour Tanchelin se met en tête d'épouser la vierge; les bans sont publiés, la cérémonie est annoncée; elle a lieu devant un grand concours de peuple. L'époux s'avance vers la statue de sa fiancée, il lui tend les bras, et au grand étonnement des spectateurs, la statue de la vierge lui ouvre les siens et reçoit avec un serrement de main bien prononcé celle de l'audacieux Tanchelin. Aujourd'hui on ne voit plus de ces scènes qu'à l'opéra de Zampa ou au Festin de Pierre, mais au XIIe siécle on n'imaginait pas qu'ou pût mettre une femme vivante sur le piedestal d'une statue, aussi criat-on bien fort au miracle! et à l'heure même les femmes se mirent à arracher, avec un empressement qui tenait de la fureur, leurs colliers, leurs bracelets, leurs agrafes et tous leurs joyaux de valeur, et les jetèrent dans un tronc destiné à recevoir la dot de la mariée. Ce soidisant prodige avait considérablement accru l'influence de Tanchelin; le peuple stupide l'écoutait et le regardait comme inspiré. Les enthousiastes allaient même jus

qu'à boire l'eau dans laquelle il s'était lavé le corps, et la conservaient comme une liqueur sacrée. Il est vrai que ce nouveau prophète avait employé des moyens sûrs pour réussir; d'une part, en supprimant la dîme, il amorçait les flamands par l'attrait de l'intérêt, qui a toujours été si puissant pour eux; et d'un autre côté, il les matait par la crainte en ne paraissant en public qu'escorté de trois mille satellites armés, qui assassinaient les récalcitrans. C'était un Compelle intrare à sa manière.

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A. D.

BOULENRIEU. Est le nom d'une petite rivière la plus célèbre des Pays-Bas, à cause de l'importance des événemens qui se sont passés sur ses bords. Aujourd'hui, elle est presque inconnue, par les travaux que l'on a exécutés sur les terrains qui l'avoisinent. Elle avait sa source dans les bois de Libercourt, et coulait au pont-à-Saulx, où elle était grossie des eaux de l'Eurin, venant des marais d'Hennin-Liétard; elle continuait son cours à travers d'autres marais inaccessibles, par les terroirs d'Evin, du Forest, de Rost, de Belleforière, où elle recevait l'Escrebieux et enfin celui de Rapar ches, auquel elle servait de défense, et se perdait ensuite dans la Scarpe.

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La grande route d'Arras et de Cambrai à Tournay, passait sur cette rivière, près de l'endroit nommé maintenant la Planche de Noyelles. Le pont qui le portait était d'une longueur considérable,

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