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HISTOIRE

DES

ENVIRONS DE BRUXELLES.

SEIE

JERSE

LIVRE QUATRIÈME.

DE BRUXELLES VERS TERMONDE.

CHAPITRE PREMIER.

L'ANCIEN COMTÉ DE JETTE JETTE, GANSHOREN, RELEGHEM, HAMME.

I.

JETTE. De la nouvelle place construite à Bruxelles sur l'emplacement de ce qu'on appelait les bas-fonds de la rue Royale, et de la terrasse du jardin botanique, près de la porte de Schaerbeek, le regard plane sur un paysage qui présente le plus riant coup d'œil; lorsqu'un rayon de soleil illumine de teintes variées les habitations, les champs, les bois qui y sont jetés pêle-mêle, ce spectacle enchanteur, aperçu du sein d'une ville, forme un contraste plein de charme et de séduction. La pensée, traversant l'espace, abandonne les rues et le dédale de constructions, au milieu desquelles elle est en quelque sorte retenue captive, pour errer dans les bosquets solitaires, dans les prairies bordées de rivelets, dans les collines coupées par des ravins, qu'elle découvre au loin, et que l'éloignement et l'imagination embellissent encore. Par un heureux retour, ces hauteurs si pittoresques empruntent une nouvelle beauté à cette même ville d'où l'on aime tant à les contempler, et qui, avec ses tours gothiques, ses longues lignes d'hôtels, ses milliers de maisons, leur forme le plus splendide des panoramas.

Au nord de Bruxelles, le sol s'élève d'abord assez fortement, puis s'exhausse lentement, comme pour dessiner les gradins d'un immense amphithéâtre; d'espace en espace, il redescend jusqu'à un ruisseau qui,

T. II.

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coulant invariablement de l'ouest-sud-ouest à l'est-nord-est, va rejoindre la Senne. Dans le premier de ces vallons parallèles, on trouve Jette et Laeken; dans le second, Wemmel, Meysse, Grimberghe. Plus loin règne un plateau sur lequel est assis le village de Brusseghem, et où naissent d'autres cours d'eau, qui se traînent avec paresse à travers la contrée plus plane, allant de là vers le Rupel. Deux routes principales sillonnent cette partie du pays celle de Bruxelles à Merchten et celle de Bruxelles vers Tamise. La première, dont nous allons suivre la direction, ne dépas sait pas, dans le principe, le hameau de Koekelberg; elle fut, en 1750, prolongée jusqu'à Dilighem, aux frais de l'abbaye de ce nom, et on voulut alors la continuer jusqu'à l'église de Wemmel; mais cette dernière partie ne fut pavée qu'en 1829, en vertu d'un arrêté royal du 5 octobre 1827. En 1833, on la poussa jusqu'à l'extrémité de la commune de Wemmel, et enfin, le 24 juillet 1857, un arrêté royal ordonna de la prolonger, à travers Brusseghem, jusqu'à Merchten, où elle rencontre la route, également nouvelle, de Vilvorde vers Alost.

Nous avons vu que la plupart des villages qui se trouvent entre Bruxelles et Assche n'avaient pour églises que des édifices religieux qualifiés simplement de chapelles ou d'annexes. Il en était de même dans le canton que nous allons parcourir. Aucune église, sauf Merchten, ne paraît y avoir porté le titre d'église mère. Ossel et Wemmel étaient probablement des demi-églises, c'est-à-dire des églises de second rang; Jette aussi doit avoir eu quelque importance, car il était, au moyen âge,

1 Jette (Jetta, 1095; Jhet, 1220, Tette, 1389; Yette, 1435), commune du canton de Molenbeek, à 31 de lieue au N. de Bruxelles.

Territoire: En 1686, sur une étendue totale de 547 bonniers, on y trouvait 397 b. de terres, 69 b. de prairies, 70 b. de bois, 9 b. d'étangs; le revenu imposable s'élevait à 6,320 florins. En 1846, la commune comprenait 578 hectares, dont 259 cultivés en céréales, 37 h. cultivés en plantes industrielles, 157 h. cultivés en racines et fourrages, 36 h. de prairies, 4 h. de vergers, 8 h. de jardins potagers, 11 h. de jardins d'agrément, 25 h. de bois. La verge linéaire avait autrefois 16 113 pieds de Bruxelles.

Nombre d'habitations: En 1435, 46 maisons; en 1480, 27; en 1525, 36; en 1686, 22 maisons, 3 brasseries, 2 auberges, 4 boutiques et ateliers; en 1846, 332 maisons, dont 6 inhabitées. Population: 4° Jette et Ganshoren en 1786, 1.140 habitants; en l'an VIII, 4,187; au 31 décembre 1831, 1,962; 2° Jette seul, au 15 novembre 1846, 1,981 habitants, formant 326 ménages; 533 enfants recevaient l'instruction et 196 personnes les secours de la bienfaisance. Industrie 1 moulin à vent (érigé vers l'an 1800, mais dont la construction était projetée depuis longtemps le 3 février 1622, le receveur général du domaine au quartier de Bruxelles acheta un terrain à Molenbeck, entre le chemin allant à Dilighem et celui qui se dirige vers Laeken, afin d'y établir un moulin à vent, destiné à moudre de la braie pour les brasseurs de Bruxelles), 3 brasseries, 1 distillerie, 1 fabrique de toiles cirées.

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Dépendances: Une partie de Koekelberg, les fermes Luysenberg, Tateghem-hof. Wilge-hof, het Steen-pachthof, 't hof ten Berg, la guinguette dite Pannenhuys, Dilighem, Esseghem (Eedzegem, 1485).

Les registres de l'état civil commencent en 1586.

la résidence d'un échevinage qui étendait sa juridiction sur dix villages: Jette, Ganshoren, Releghem, Hamme, Zellick, Cobbeghem, Bolenbeek en partie, Bever sous Strombeek, Over-Heembeek et Neder-Heembeek. Ce tribunal suivait la coutume d'Uccle et avait un sceau, où l'on voyait la Vierge et l'enfant Jésus placés sous un dais, et sur les côtés : à droite un écusson aux armes de Bourgogne, à gauche un heaume; la légende portait: SIGILLUM SCABINORUM VILLE DE JETTE (1452, 1439, 1660).

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Le maire de Merchten exerçait, dans le ressort de l'échevinage de Jette, l'autorité au nom du prince, et y avait pour aide un sergent (vorster), dont l'emploi, au commencement du quinzième siècle, était affermé moyennant 12 livres par an.

En 1410, une noce devant se célébrer à Jette, le maire Gilles Jacobs fit annoncer, sous peine d'amende, que les charretiers qui amèneraient des invités ne pourraient sortir de leur tour, c'est-à-dire, sans doute, se dépasser. Un nommé Coppin de Bruyseghem ayant contrevenu à cette ordonnance, qui avait été faite sans la participation des échevins, le maire le fit arrêter; cependant, à la demande de Guillaume d'Assche, il le relâcha sous caution; mais, presque aussitôt, il prétendit n'avoir pas toute assurance pour l'amende, et, par ses ordres, on saisit de nouveau le chariot de Coppin, qui fut conduit à la Vroente et enchaîné. A cette nouvelle, d'Assche entra en colère, et ordonna à deux de ses valets, Daniel Van Hamme et Jean Van Ghistele, d'aller délivrer Coppin. On punit sévèrement d'Assche de cet acte de violence: il fut emprisonné, puis condamné, par le conseil ducal, à une amende de 200 couronnes ou 34 livres, et ses

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