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mais il est plus rationnel de supposer qu'elle a suivi. Lorsque M. Hambursin vit le malade, il y avait œdème des membres inférieurs et gène de la circulation. Ces phénomènes paraissent n'avoir pas existé quand déjà les symptômes de l'hépatite étaient manifestes; mais ne savons-nous pas que souvent les affections chroniques du coeur ne déterminent les symptômes qui appellent l'attention sur elles qu'après être déjà parvenues à un degré de développement assez avancé? Dans tous les cas, si dans l'observation précédente l'existence de la péricardite est douteuse, dans celle-ci on peut la nier absolument, parce que rien ne la démontre. Elle ne peut donc absolument pas être invoquée à l'appui de la thèse soutenue par l'auteur.

Dans les réflexions qui suivent, M. Hambursin indique les raisons qui lui font considérer ces quatre observations comme des cas de péricardite avec adhérences, survenues consécutivement à une périhépatite. Toutefois, Messieurs, comme vous avez pu le pressentir par ce qui précède, les deux premières seules offrent des garanties suffisantes pour pouvoir peser dans la balance. En effet, pour pouvoir assurer que tel phénomène clinique dont on recherche la cause se rattache à telle lésion, il faut, en général, à moins de données suffisantes préexistant déjà dans la science, la vérification par l'autopsie. Dans les deux premières observations, celle-ci a eu lieu, mais dans les deux dernières elle n'a pu être pratiquée. L'auteur conclut donc ici du principe qu'il pose aux lésions qui devraient exister, et dès lors elles ne peuvent nullement être invoquées pour prouver le principe lui-même; le faire serait entrer dans un cercle vicieux. Du reste, l'auleur indique le reflux du sang dans les veines jugulaires comme un signe de l'insuffisance de la valvule tricuspide;

nous croyons, avec Friedreich et Hamernyk, que ce signe ne suffit pas. Il y considère aussi la pulsation épigastrique comme un signe d'adhérences péricardiques; or, elle existe bien souvent sans celles-ci, et même, comme nous l'avons dit, le retrait systolique de la région épigastrique ne nous parait pas encore suffisant pour affirmer la présence des adhérences.

M. Hambursin établit ensuite, d'après les auteurs les plus autorisés, la différence qui sépare la cirrhose qu'il considère avec raison comme une hépatite chronique, et la fausse cirrhose ou foie muscade, affections qui se distinguent aussi bien par leurs symptômes que par leurs lésions. Il se livre à cette étude afin d'arriver à cette conclusion, que si la fausse cirrhose est souvent la suite d'une affection cardiaque, la vraie cirrhose est au contraire généralement la cause de celle-ci, par extension au péricarde de l'inflammation périhépatique qui l'accompagne la plupart du temps. Il croit, en conséquence, que la péricardite succède plus souvent à la périhépatite que la pleurésie droite. Jusqu'à preuve positive, qui ne pourrait être fournie que par des observations accompagnées d'autopsies, nous continuerons à croire le contraire. Nous croirons qué la péricardite peut se développer consécutivement à une périhépatite, et ici nous sommes pleinement d'accord avec M. Hambursin, et nous reconnaissons la valeur de son idée. Mais nous sommes persuadés que la pleurésie consécutive est beaucoup plus commune que la péricardite, et que, dars les cas où l'hypertrophie du cœur accompagne la cirrhose, celle-ci est généralement secondaire, comme l'admettent la plupart des auteurs.

Dans un appendice à son travail, l'auteur rapporte encore un cas dans lequel il constata tout à la fois une affection du

foie et une hypertrophie du cœur. Cette observation est passible exactement des mêmes objections que la quatrième. Nous les énumérerons ici brièvement:

1o Les lésions n'ont pas été constatées par l'autopsie;

2o La lésion du cœur et celle du foie ont été constatées en même temps, de façon qu'on peut croire à la préexistence de l'affection du cœur aussi bien qu'à celle de la cirrhose;

3o Aucun signe n'est relaté, permettant de conclure à la présence de la péricardite.

Nous concluons de cette analyse, qu'à coup sûr la péricardite peut se développer consécutivement à la péritonite sus-hépatique, mais que rien ne prouve jusqu'ici que ce fait pathogénique soit fréquent. Nous ne pouvons, en particulier, pas considérer les trois dernières observations comme des cas de l'espèce, la chose n'etant nullement démontrée et nous devons engager M. Hambursin à se livrer à de nouvelles recherches avant d'accepter définitivement les propositions si absolues qu'il émet.

Cependant, nous devons reconnaître que ce travail appelle l'attention sur un fait jusqu'ici passé sous silence dans l'histoire des affections cardio-hépatiques. Il dénote un observaleur attentif et un praticien habile, et nous vous proposons en conséquence:

1° D'adresser des remerciments à M. Hambursin;

2o D'imprimer son mémoire dans notre Bulletin;

3o De tenir compte de son travail lorsque des places de correspondants belges deviendront vacantes.

Ces conclusions sont mises aux voies et adoptées.

6. RAPPORT de la Commission à laquelle a été renvoyé l'extrait d'un mémoire de M. BURIN DU BUISSON, ayant pour objet le traitement des voies respiratoires par l'inhalation des émanations des épurateurs du gaz d'éclairage. M. CROCQ, rapporteur.

Messieurs,

M. Burin du Buisson, pharmacien à Paris, nous a adressé un travail, intitulé: Traitement des maladies des voies respiratoires par le gazéol, préparé par M. Burin du Buisson.

Je n'ai pas à vous rendre un compte détaillé de ce travail, d'abord parce qu'avant de nous être soumis, il a été présenté à l'Académie des sciences et à l'Académie de médecine de Paris, dans leurs séances du 3 et du 4 juillet 1865. Ces deux Sociétés savantes en ayant été saisies, nous n'avons pas à nous en occuper.

D'autre part, depuis cette époque, le gazéol est passé à l'état de spécialité pharmaceutique et il figure en cette qualité à la quatrième page des journaux politiques.

La Commission vous propose donc de décider qu'il n'y pas lieu de s'occuper de ce travail.

Ces conclusions sont adoptées.

7. DES FIÈVRES continues en général, et en particulier des fèvres continues de 1868; par M. BOENS, correspondant (1).

II

FIÈVRES CONTINUES DE L'ANNÉE 1868.

Dans la première partie de ce mémoire j'ai eu soin de faire remarquer que les fièvres continues saisonnières, dont l'étude semble avoir été négligée depuis un demi-siècle, ne (1) SCITE ET FIN. Voir Bulletin, t. II, 3e série, p. 576.

doivent pas être confondues avec les fièvres typhoïdes ni avec les affections que l'on désigne communément aujourd'hui par le nom de fièvres muqueuses. J'ai dit que les fièvres typhoïdes appartiennent exclusivement au groupe des affections hématiques aiguës d'origine miasmatique et que nos fièvres, dites muqueuses, formaient un assemblage pathologique disparate qui devait être réparti entre plusieurs familles naturelles du cadre nosologique. J'ai ajouté que ces présomptions ou ces vues de pathologie générale recevaient une consécration formelle de l'observation ou de l'étude des faits qui se passent journellement sous nos yeux; et je me suis engagé à en fournir une preuve remarquable en exposant l'histoire abrégée des fièvres continues qui ont régné pendant l'été de cette année dans le cercle de ma pratique ordinaire.

Voici maintenant ce que j'ai observé :

L'année 1868 a été extraordinaire par ses chaleurs et sa grande sécheresse, à Charleroi comme ailleurs. Les perturbations atmosphériques y ont été quasi-nulles. C'est à peine si l'on a compté deux courts orages de mai en septembre.

Durant ce laps de temps, les affections miasmatiques de diverses espèces, tant celles qui sont simplement épidémiques que celles qui sont contagieuses, furent si pas tout à fait absentes, au moins très-rares. Je ne parle, je le répète encore une fois, que de la localité que j'habite. Depuis le premier jour des chaleurs qui ont débuté brusquement le 3 mai jusqu'au mois d'octobre, je n'ai pas rencontré, à Charleroi, un seul cas de rougeole, de scarlatine, de petite vérole, de fièvres intermittentes, ni de fièvres typhoïdes. Est-ce que la sécheresse prolongée, le manque d'humidité pendant le jour et même pendant les courtes nuits d'alors, qui, pour la plupart, manquèrent de rosée, privait de son principal élément la

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