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vantes, que nous présenterons sous forme de propositions, cette forme permettant plus de concision.

1° L'air comprimé impressionne différemment les individus, d'après leur tempérament, le degré de pression, la température et le mode d'éclairage dans l'appareil, ses dimensions, le nombre d'ouvriers renfermés dans le même espace, la durée du posle, etc.

2o Le tempérament lymphatique et surtout le scrofulisme sont heureusement modifiés par l'air comprimé.

Les individus lymphatiques, mais forts, et les lymphaticonerveux supportent le mieux le travail dans ces conditions.

3o Les individus sanguins, et surtout les pléthoriques, ont à redouter des congestions viscérales après la sortie de l'appareil, congestions pouvant se traduire par des hémorrhagies, suite de ruptures de capillaires, ou par des apoplexies interstitielles d'intensité variable.

4o Le travail dans l'air comprimé doit être interdit aux ouvriers atteints d'affections organiques du cœur ou de l'aorte ou d'une maladie chronique avec irritation des bronches ou du parenchyme pulmonaire. L'air comprimé convient, au contraire, dans les cas où ces dernières affections ont un caractère atonique et réclament un certain degré d'excitation. Nécessité donc d'un examen médical attentif préalable à l'admission des ouvriers au travail à l'air comprimé.

5o Les travaux à l'air comprimé ne doivent pas s'exécuter pendant les fortes chaleurs.

6o Il convient de ne pas dépasser une pression de trois atmosphères et demie, en sus de la pression atmosphérique ordinaire. La pression la plus forte ne doit pas être produite. d'emblée.

7° La durée du travail ne doit guère dépasser quatre heures par jour par ouvrier, celle des travaux ne doit guère dépasser un mois à un mois et demi.

8° Le régime des ouvriers doit être sobre, substantiel et varié. Leur alimentation sera, autant que possible, réglée par les maîtres et prise sur les lieux.

9o Les personnes qui travaillent dans l'air comprimé emporteront un vêtement chaud pour s'en envelopper pendant la décompression.

Du bon bouillon, pris chaud, immédiatement après la sortie du sas, ou quelque autre liquide stimulant, vin chaud, café fort et chaud, aidera l'ouvrier à combattre les effets fâcheux de la décompression.

10° La décompression, constituant le principal danger de ces travaux, réclame une surveillance attentive, elle doit être lente, graduée, proportionnée à la durée du poste.

On peut prendre pour base de la durée de la décompression celle de dix minutes par atmosphère.

11o Les ouvriers ne peuvent, pendant la durée des travaux, commettre aucune espèce d'excès: l'ivrognerie surtout est dangereuse. Pour ce, ils seront choisis avec soin parmi les plus sobres et les plus rangés,

12o D'après M. François, l'âge qui supporte le plus aisément les effets de l'air condensé est celui de 18 à 35 ans, tandis que, d'après MM. Pol et Watelle, les sujets de 18 à 26 ans résistent mieux, supportent plus facilement la décompression que les sujets plus âgés, et ce d'autant mieux dans cette période qu'on est plus près de son début.

13° Un médecin doit surveiller les travaux de l'espèce. Il aura toujours sous la main quelques médicaments appropriés pour s'en servir au besoin.

L'air comprimé est un auxiliaire précieux de la vapeur : comme elle cette force nouvelle enfante des travaux dont l'audace étonne et confond. Ces travaux peuvent, dans de certaines conditions, s'exécuter sans danger sérieux pour la santé. Il y a plus, la médecine, toujours attentive à profiter de tous les progrès du siècle, a sú tirer parti de ce puissant agent, et il existe aujourd'hui des instituts pneumatiques, notamment à Lyon (Pravaz fils), à Montpellier (Berlin), comme il existe des instituts hydropathiques et hydrosudopathiques l'air, le soleil, l'eau, voilà, en effet, Messieurs, des modificateurs généraux que l'on peut regarder, à bon droit, comme les premiers des agents de la thérapeutique.

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- M. le Président : L'ordre du jour appelle ensuite une communication sur la pharmacie pratique en présence de la méthode atomistique, par M. Gille.

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M. Crocq : Je demande la parole avant l'orateur inscrit à l'ordre du jour de la séance parce que, selon moi, nous allons nous engager dans une voie à l'entrée de laquelle nous devons nous arrêter.

Qu'allons-nous discuter en parlant de la méthode atomistique? Des assertions sans preuve, des choses qui ne sont pas même des faits. Nous allons ainsi sortir du domaine de la science pure, dans lequel nous devons nous renfermer.

Qu'est-ce que la médecine atomistique? Pour moi, c'est une espèce de transaction entre ce qu'on appelle l'allopathie et ce qu'on appelle l'homœopathie. Cette transaction a pu éblouir certaines personnes qui ne sont pas au courant des choses, les gens du monde, peut-être même quelques médecins;

mais nous, elle ne doit pas nous en imposer. Je ne puis acceppter semblable transaction, et je ne crois pas que personne ici puisse l'accepter davantage. Ou bien l'homœopathie est une vérité, et alors l'anatomie et la physiologie ne sont que de trompeuses illusions créées par Salan pour nous induire en erreur, et dont nous devons nous débarrasser. Ou bien l'anatomie et la physiologie sont des vérités basées sur l'observation et la science, et alors, c'est l'homœopathic qui devient une illusion et une grave erreur. Il n'y a pas de milieu.

Notre collègue, M. Burggraeve, nous a présenté ce qu'il appelle la méthode atomistique. M. Depaire nous a déjà démontré que cette soi-disant méthode n'existe réellement pas. En effet, qu'est-ce qu'une méthode, d'après le dictionnaire de l'Académie? C'est une manière de dire ou de faire une chose d'après certains principes. Une méthode curative, d'après le dictionnaire de Nysten, Robin et Littré, c'est une succession de médications que l'on emploie pour le traitement d'une maladie. Par conséquent le mot de méthode ne peut étre, appliqué à ce qu'on appelle ici la méthode atomistique.

Le mot atomistique doit s'appliquer à ce qui est réduit en atome, et dans notre dernière séance M. Depaire a estimé à sa juste valeur l'application qu'on fait ici de ce mot. Il a démontré que la trituration la plus prolongée pouvait réduire une substance en poudre impalpable, mais jamais en molécules ou en atomes. Une substance peut être réduite en poudre impalpable par la trituration, tous les pharmaciens connaissent cela, mais elle ne peut être réduite en atomes. Voulez-vous réduire à l'état d'atome un médicament? Hippocrate connaissait cela comme nous, faites le dissoudre dans un liquide.

On attribue erronément l'origine de l'expression méthode atomistique à M. Everard, qui nous a dit comment elle aurait été imaginée par M. Mandt, médecin ordinaire de l'empereur de Russie. Mais ce que M. Éverard nous a présenté, ne ressemblait pas le moins du monde à ce que nous offre M. Burggraeve.

M. Éverard et M. Mandt avaient réellement cru imaginer un intermédiaire entre l'homœopathie et l'allopathie. Ainsi ces Messieurs donnaient la noix vomique, l'extrait de veratrum, le musc, l'arsenic, à la dose d'un milligramme. Ce sont des doses de beaucoup inférieures à celles que nous donnons ordinairement. Que nous présente, au contraire, M. Burggraeve? Ce sont de l'aconitine, de la digitaline, de la vératrine, de la conicine, données aux doses auxquelles tous les médecins les administrent. Il n'y a rien qui distingue sa manière de traiter de toute autre.

L'invention de la méthode atomistique ou de ce que M. Everard nous présentait comme tel, n'appartient, du reste, pas à M. Mandt. J'ai ici sous les yeux un volume d'un médecin de Vienne, nommé Honigberger, qui a été médecin du roi de Lahore, et qui a imaginė un système qui devait être intermédiaire entre l'homoeopathie et l'allopathie. Il l'a nommé système médial (medial system) pour indiquer cette prétention. Il divise tous les médicaments en trois catégories: la première, formée de substances qui se prescrivent à la dose d'un cinquième de centigramme; la seconde, composée de médicaments plus actifs, qui se donne à la dose d'un ou de deux milligrammes; la troisième, composée de médicaments très-actifs, tels que les alcaloïdes, qui se donne à la dose d'un milligramme ou d'un demi-milligramme. Ces doses étaient répétées, selon le cas, tous les quarts d'heure, toutes

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