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l'honorable M. Burggraeve n'est pas nouvelle elle a été adoptée depuis longtemps en médecine pour la digitaline par Homolle et Quevenne, dont les granules contiennent un milligramme de matière active; elle a été généralisée depuis pour les substances énergiques telles que l'acide arsénieux, l'arséniate d'antimoine, le phosphate de zinc, l'aconitine, l'atropine, la cicutine, la codéine, la morphine, la strychnine, la vératrine, etc., etc.

Cette forme donnée aux médicaments énergiques est si bien entrée dans les habitudes médicales que l'industrialisme pharmaceutique s'en est emparé et que l'on trouve les granules à un milligramme indiqués dans les prix-courants des grandes maisons de droguerie. J'ajouterai même qu'il est réellement déplorable de voir qu'un grand nombre de médecins et de pharmaciens se soucient si peu des intérêts de leurs clients et de leur propre responsabilité, qu'ils ne se donnent pas la peine de faire ces préparations eux-même et qu'ils confient à des personnes souvent étrangères à l'art de guérir et agissant dans le seul but de lucre les soins qu'exige le maniement des agents redoutables qui forment la base de ces granules. Je dis un grand nombre, Messieurs, parce que si les maisons de drogueries auxquelles j'ai fait allusion n'avaient pas un débit assuré de ces médicaments, elles ne les mentionneraient pas dans leurs prix-courants.

La préparation de ces granules n'exige cependant pas un matériel spécial: ce qui est nécessaire à leur confection existe. dans toutes les officines, et il n'est pas un pharmacien qui ne puisse les faire. Il est important que les médecins le sachent, car la forme granulaire est un perfectionnement de la forme. pilulaire d'un volume moindre que les pilules, les granules s'ingèrent plus facilement et avec moins de dégoût; il est

plus facile de les compler que de compter un certain nombre de gouttes, et on peut en augmenter ou en diminuer la force à volonté.

M. le docteur Burggraeve insiste dans sa brochure sur l'avantage que présente la méthode atomistique de pouvoir commencer l'administration des médicaments par des doses qui ne peuvent nuire, de pouvoir graduer, suivre l'action des remèdes et l'arrêter lorsqu'on le juge utile.

Ces avantages, Messieurs, existent, vous le savez comme moi, pour les médicaments préparés allopathiquement. Combien de fois n'avez-vous pas prescrit telle ou telle préparation pharmaceutique en indiquant au malade quand et comment il devait en faire usage jusqu'à production d'un effet déterminé? Et en agissant ainsi, n'avez-vous pas procédé par petits coups répétés, pour me servir des expressions de M. Burggraeve.

Je bornerai là, pour le moment, mes observations sur l'ensemble de la méthode atomistique considérée au point de vue de la prépation et de l'administration des médicaments. Elles vous démontreront, je l'espère :

1° Que c'est à tort que cette méthode est qualifiée d'atomistique, la trituration ne pouvant réduire les corps à l'état d'atomes;

2o Que le mode d'administrer les médicaments de la méthode atomistique n'a aucun caractère de nouveauté, ne présente aucun avantage sur le mode actuellement suivi;

3o Que la forme donnée aux substances médicamenteuses atomistiques ne présente elle-même aucune particularité nouvelle.

Qu'en résumé, Messieurs, notre honorable collègue a eu tort de présenter la méthode atomistique comme étant

appelée à introduire dans l'art de prescrire toute une révolution, et comme étant basée sur des principes autres que ceux servant de base à la préparation et à l'administration des médicaments ordinaires.

Je ne veux pas entrer aujourd'hui dans l'examen détaillé des médicaments proposés par M. Burggraeve. Je prie l'Académie d'ouvrir une discussion sur les observations que je lui ai présentées, et, si l'utilité m'en parait démontrée, j'aurai l'honneur de lui prouver que cette partie du travail de notre honorable collègue laisse beaucoup à désirer.

M. Burggraeve: La communication que vous venez d'entendre est très-importante; elle va au fond de la question que j'ai eu l'honneur de soulever au sein de l'Académie. Je demande à pouvoir y répondre à une séance prochaine.

M. le Président : La discussion sur la communication que vient de faire M. Depaire sera portée à l'ordre du jour de la prochaine réunion.

-M. Burggraeve: Entretemps, des expériences peuvent être entreprises. Quant à nous, nous continuons à en faire. Nous avons un assez grand nombre de faits qui prouvent qu'avec des quantités très-faibles de médicaments, on. peut obtenir des effets très-marqués.

Vous comprenez que quant au mot atome, j'y tiens moins que Démocrite ne tenait à son atome... J'ai pris le mot, parce que M. Mandt s'en est servi. C'est une division du mėdicament qui m'a paru commode. Quant à la manière de le prescrire, elle m'a paru également commode. Elle allège de beaucoup la peine que les malades ont, en général, à prendre les médicaments sous forme plus grossière de potion.

Il y a encore beaucoup d'autres points que j'aurai soin de relever, quand je présenterai mes observations. Mais je le répète, le point important, c'est d'expérimenter. Essayez, Messieurs, et si vous n'obtenez aucun effet, venez le dire.

Je ne me pose pas en avocat des médicaments atomistiques. C'est une idée qui m'a souri; je vous l'ai proposée, afin que vous vous en occupiez et que vous voyiez ce qu'il y a de vrai ou d'erroné dans ce mode de traitement. Je ne mets aucune espèce d'amour-propre à soutenir cette doctrine; elle ne m'appartient pas ; je l'ai simplement adoptée, et bien qu'un parent ait une certaine sollicitude pour l'enfaut qu'il a adopté, je vous l'abandonne bien volontiers. Mais quant à moi, je suis décidé à persévérer dans cette méthode.

3. RAPPORT verbal de M. LEBEAU sur deux brochures soumises à l'Académie par M. le docteur PUTEGNAT, correspondant, à Lunéville, et intitulées, l'une : Quelques mots sur les pneumonies suelliques, l'autre : Des occlusions intestinales.

Messieurs,

Le docteur Pulegnat, de Lunéville, a adressé à l'Académie deux brochures. La première, intitulée Quelques mots sur les pneumonies suettiques, tend à faire considérer la phlegmasie pulmonaire qui complique la suette comme une affection spécifique excluant la saignée et l'emploi de l'émétique, qu'il remplace par l'application d'un large vésicatoire. sur le thorax.

Tout en rendant justice au zèle et à l'esprit d'observation qui distinguent M. Putegnat, il nous est impossible d'admettre ses conclusions thérapeutiques dans toute leur rigueur.

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De tous temps, la saignée a été considérée, à juste titre, comme le grand remède contre les phlegmasies, en général, et surtout contre la phlegmasie pulmonaire. La spécificité, si spécificité il y a, n'est pas une contre-indication, et l'application d'un vésicatoire pendant la période aiguë, ne peut, selon nous, qu'ajouter à l'intensité du mouvement fébrile en ajoutant une phlegmasie cutanée à la phlegmasie parenchymateuse interne.

Les observations rapportées par M. le docteur Putegnat, prouvent que la pneumonie abandonnée à elle-même peut guérir dans d'heureuses circonstances. Ce fait a été suffisamment démontré par un célèbre professeur de Vienne, dont le scepticisme commode atteste un manque d'expérience sur la valeur de la saignée pratiquée à temps et d'une manière suffisante.

Plus de trente ans d'expérience dans un grand hôpital m'ont donné les plus intimes convictions que les saignées générales et locales constituent le meilleur et le plus sûr moyen de sauver certainement et promptement les malades affectés de phlegmasie pulmonaire, quelles qu'en soient les causes et la nature.

M. le docteur Putegnat fournit lui-même une observation (no 4) de pneumonie prétendue suettique, qui a causé la mort du malade et qui, lue attentivement, fait naître le regret que de larges saignées n'aient pas été pratiquées.

Les anciens, et Sydenham surtout, que M. Putegnat admire avec raison, saignaient dans les fièvres éruptives, et l'aratomie pathologique a démontré la raison de cette pratique, en prouvant que la mort est presque toujours due à une violente congestion veineuse qui paralyse l'action nerveuse et

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