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Le bras est tout à fait normal jusqu'au coude. L'articulation de l'épaule exécute tous les mouvements dont cette jointure est susceptible; c'est à l'extrémité inférieure de l'humérus que commence la monstruosité. Le condyle et la troklée sont confondus avec l'épicondyle et l'épitroklée de telle sorte que ces différentes parties de squelette se trouvent sur une mème ligne oblique d'arrière en avant et de haut en bas, l'humérus étant vu par sa face antérieure, le bras appliqué contre le tronc.

Deux os représentant, l'un le radius, l'autre le cubitus, sont soudés, le premier au plan osseux formé par l'épicondyle et le condyle; le second à la troklée confondue avec l'épitroklée. Ils affectent la forme de deux cônes légèrement aplatis dans le sens de leur longueur et dont la base est unie à l'humérus, comme je viens de le dire: de là ils convergent l'un vers l'autre de façon que le cône charnu constitué par les parties molles qui les recouvrent parait quitter l'humerus presque à angle droit en se portant quasi directement en arrière (en laissant toujours au bras l'attitude signalée plus haut).

Comme je l'ai déjà fait remarquer, il n'y a pas la moindre mobilité dans la région de ce coude monstrueux.

Le radius et le cubitus, ou plutôt les deux os qui les représentent vont se réunir par de petites articulations à deux os carpiens dont il m'a été impossible de préciser la forme.

A ceux-ci font suite deux métacarpiens avec les trois phalanges des deux doigts annulaire et médius; métacarpiens et phalanges normalement conformes.

Les parties molles entourant ces deux doigts forment légèrement cône à base tournée vers la main.

Les deux métacarpiens qui constituent la charpente de cette main sont espacés de deux centimètres environ.

De la naissance du radius jusqu'à l'extrémité du doigt qui lui correspond, on mesure cinq centimètres et demi : la mensuration analogue pour le cubitus donne neuf centimètres et demi.

Ce carpe incomplet permet d'exécuter des mouvements dans le sens de la flexion et de l'extension.

Les deux doigts se rapprochent, s'écartent et se fléchissent parfaitement : c'est en faisant crochet des deux doigts que l'enfant saisit les objets qu'on lui présente : jamais il ne fait la pince; à cet effet il ramène en dedans son tronçon d'avant-bras par un mouvement imprimé à l'articulation de l'épaule, et fléchit les deux doigts vers la main.

Les plicatures correspondant aux articulations phalangiennes des doigts à leur face dorsale sont normalement dessinées.

Il m'a été impossible de percevoir les pulsations des artères radiale ou cubitale.

Cet ectrodactyle, comme on le voit, fait exception à cette règle établie par M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, qu'il est très-rare de voir une variation numérique des doigts, en diminution comme en augmentation, exister à un seul membre (tome Ier, page 477).

Nous ne pouvons invoquer ici l'hérédité comme cause de l'anomalie nos renseignements personnels comme ceux que m'a fournis la mère, ne me laissent pas de doute à cet égard. Je ne puis m'empêcher de noter ici que je connais une famille composée de trois enfants qui tous, comme leur mère, ont la dernière phalange des deux pouces divisée

profondément par un sillon dans toute l'étendue de la face dorsale, un peu plus encore et la phalange était bifide.

Rien non plus de spécial dans les circonstances de l'accouchement, bien que la sage-femme qui lui a donné des soins lui ait confessé que l'enfant était fortement cordonné, pour citer son expression. Je n'ai pu obtenir le moindre détail sur la façon dont ce cordon était enroulé. Du reste, l'aspect du membre arrêté dans son développement répugne à l'idée d'admettre une amputation par striction du cordon; en effet, pas le moindre mamelon ou rudiment pour les doigts qui manquent, et conformation très-régulière de ce qu'il reste de main à ce malheureux enfant.

Pour ne rien omettre, je dois dire que la mère avait eu, dix-huit mois auparavant, un accouchement prématuré à sept mois d'un enfant qui n'a pas respiré l'accoucheuse, à cette époque, lui avait dit que le cordon, trop court, avait déterminé le décollement du placenta.

Elle m'a bien avoué aussi (la mère) que, pendant sa dernière grossesse, elle éprouvait une sensation extraordinairement pénible à l'aspect d'une vieille mendiante qui se présentait habituellement à sa porte, et affligée, comme son enfant aujourd'hui, de cette redoutable infirmité.

TROISIÈME OBSERVATION.

Arrêt d'ossification des os pariétaux. Gueule de loup. Polydactylie.

La femme Xavier M......, de Châtelet, âgée de 38 ans, d'un tempérament lymphatique nerveux; maigre, mais de bonne santé habituelle, mère de quatre enfants vigoureux et bien conformés, accoucha d'une fille dimanche 9 sep

tembre 1866, à 4 heures et demie du soir. C'est cette enfant qui fait le sujet de notre observation.

Voici les anomalies d'organisation que nous avons constatées chez elle:

Les os du crâne sont fortement accusés à l'endroit des sutures.

La fontanelle postérieure n'existe pas; elle est comme reportée plus en avant; effectivement, dans la partie moyenne de la suture antéro-postérieure ou sagittale, ou mieux dans la partie de cette suture formée par la jonction des deux os pariétaux, il y a absence d'ossification; il résulte de là une espèce de fontanelle de grande dimension, de forme ovale à petite extrémité, partant du point d'union de la suture sagittale avec les deux sutures fronto-pariétales, la grosse extrémité allant se fermer à quelques millimètres de la naissance des sutures lambdoïdes. Cet ovale circonscrit un espace qui mesure quatre centimètres dans le plus grand diamètre, et trois centimètres dans son diamètre transverse. La peau qui recouvre cette région est légèrement ulcérée.

Les yeux sont remarquablement petits, cachés par les paupières fortement rétractées.

La fente palpébrale n'a guère que cinq à six millimètres de longueur. En l'ouvrant, ce qui exige une certaine force, on voit un œil bien proportionné, mais de dimensions beaucoup moindres que celles auxquelles on doit s'attendre chez un enfant nouveau-né. L'iris est d'un bleu foncé, à pupille contractile et de quatre à cinq millimètres dans son plus grand diamètre. Une petite taie siége à la partie inférieure interne de la cornée droite. L'enfant ouvre légèrement l'œil droit; le gauche reste continuellement fermé.

Ce qui frappe surtout l'observateur à l'aspect de cet enfant, c'est la conformation monstrueuse de la bouche.

Une fissure intéresse la lèvre supérieure dans sa partie moyenne et dans toute sa hauteur, le maxillaire supérieur à son union avec son congénère et la voûte palatine dans toute sa longueur : pas de traces de voile du palais ni de luette, peut-être en existe-t-il des rudiments, mais nous n'avons pu les apercevoir.

Les bords de la division de la voûte palatine sont saillants, se recourbent pour former une espèce de crète proẻminente en bas vers la langue et déterminent ainsi de chaque côté entre eux et les rebords alvéolaires une gouttière assez profonde qui se prolonge jusqu'au bout de la voûte palatine.

Comme on le voit, fosses nasales, cavité buccale et pharynx communiquent ensemble; il y a gueule de loup, l'os fissum de Nicati.

Dans la partie supérieure de cette cavité-cloaque on distingue très-nettement la cloison écourtée des fosses nasales et l'os vomer recouverts d'une muqueuse rouge vif.

La lèvre supérieure, comme nous l'avons dit, est fendue dans toute sa hauteur et sur la ligne médiane : la partie droite de la division part directement du bord externe de la narine droite; la partie gauche est comme bifide, c'est-à-dire qu'elle naît également de la partie externe de la narine gauche, mais dans sa partie moyenne, elle est divisée par une scissure de la profondeur d'un demi-centimètre; la portion supérieure de cette nouvelle division, celle qui touche au nez, est légèrement renflée, comme mamelonnée.

Le bord libre des trois lambeaux qui résultent de cette

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