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désagréables et la possibilité que les sangsues ou les agents chirurgicaux puissent passer entre le speculum et les parois vaginales ou dans l'écartement des branches de l'instrument.

<< Suivant M. Brogniez, cet instrument remplit toutes ces conditions, en même temps qu'il se dilate progressivement sans secousses et sans frottements douloureux, qu'il est d'une application facile et d'une grande simplicité dans sa construction.

« Nous avons fait, Messieurs, à plusieurs reprises l'application du speculum de M. Brogniez, et nous nous sommes convaincu que l'introduction en est assez pénible; que les bords latéraux des languettes peuvent exposer les muqueuses à des éraillements; que ces languettes sont très-susceptibles de se déranger, et qu'elles produisent dans ce cas des pincements désagréables. Leur épanouissement, du reste, se fait régulièrement ; mais le nettoyage en est difficile. Enfin, il pourrait être dangereux de se servir du même instrument pour l'exploration de plusieurs femmes.

«En résumé, tout en rendant hommage au génie inventif de notre honorable collègue, la section pense qu'elle doit se borner à vous proposer le dépôt de son instrument dans les collections de la Compagnic.

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-M. BROGNIEZ: Je dois vous faire observer, Messieurs, que les deux instruments que vous avez sous les yeux sont complétement dérangés. Probablement que des personnes qui n'avaient pas l'habitude d'en faire usage, ou plutôt qui n'en avaient pas examiné préalablement le mécanisme, auront forcé le déploiement des languettes pyramidales.

Je ne combattrai pas le rapport, mais je me réserve

de prouver plus tard combien mon instrument est précieux, surtout pour la chirurgie vétérinaire. Il est possible toutefois qu'il n'offre pas les mêmes avantages dans la chirurgie humaine.

M. LOMBARD: Je vois sans doute dans cet instrument beaucoup de génie inventif ; j'y vois aussi un perfectionnement réel, c'est celui d'agrandir, d'élargir à volonté la partie qui embrasse le col de l'utérus ; mais, d'autre part, un autre perfectionnement qui a rendu l'application du speculum si facile, ne me paraît pas exister dans celui que j'ai sous les yeux, c'est l'enbout.

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M. BROGNIEZ L'enbout doit aussi exister dans mon speculum.

-M. LOMBARD: Dans ce cas, mon observation n'a plus de valeur ; je la retire.

-M. BROGNIEZ: Ce n'est pas un instrument d'exploration que je vous ai présenté. Lorsque je l'ai inventé, j'avais pour but de trouver un moyen qui facilitât chez la femme une application d'un plus grand nombre de sangsues que celle qui peut se faire au moyen du speculum ordinaire. Il était question d'une personne qui m'était chère et qui portait depuis longtemps un engorgement utérin considérable. Avec le speculum ordinaire, on ne pouvait appliquer que six ou huit sangsues; avec le mien, je suis parvenu à en poser une trentaine à la fois.

-M. SEUTIN: Après vous avoir fait connaître, comme rapporteur, l'opinion de la troisième section sur le speculum de M. Brogniez, qu'il me soit permis de vous exposer celle qui m'est propre. Notre collègue a voulu avec raison faciliter l'application de certains agents thérapeutiques; mais il a perdu de vue que nous possédons des instruments qui remplissent parfaitement

le but qu'il s'est proposé. Nous avons le trivalve qui augmente l'ouverture du vagin du double au moins de sa dimension; le quadrivalve qui l'augmente à tel point qu'une petite tête d'enfant pourrait en quelque sorte y passer. Ces instruments offrent sur celui de M. Brogniez des avantages marqués.

L'idée qui a présidé à la confection du speculum, présenté par notre honorable collègue, est bonne; mais je pense qu'il devrait le simplifier considérablement : le jeu en est tellement compliqué qu'il doit très-souvent se déranger.

J'ai fait, en présence de M. Brogniez même, l'essai de son instrument, et il a pu voir qu'il offre beaucoup plus de complications que celui de madame Boivin et autres qui sont généralement en usage.

Aucun membre ne demandant plus la parole sur les conclusions de ce rapport, M. le président les déclare adoptées.

4. Rapport sur une observation communiquée par M. le docteur Limauge, et ayant pour titre : Extirpation d'une tumeur cartilagineuse (Enchondrôme de Muller), avec résection de l'épine de l'omoplate, opération pratiquée par le docteur Ch. Phillips.-M. VERBEECK, rapporteur de la troisième section.

«Messieurs,

« Le sujet de cette observation est âgé de trentecinq ans, grand et bien constitué, portant sur l'épaule droite une tumeur énorme, enclavant l'articulation scapulo-humérale. En 1850, la tumeur avait déjà acquis un certain volume; le malade ne savait à quelle cause

il devait en attribuer le développement; il y ressentait des douleurs lancinantes et de la gêne dans les mouvements du bras. De 1830 à 1841 la tumeur s'accrut extraordinairement.

« En 1844, il alla consulter quelques chirurgiens à Liége; en 1842, il se rendit dans le même but à Louvain, puis à Bruxelles; mais rien ne fut décidé, les uns jugeant l'opération impossible, les autres s'arrêtant à l'idée de l'extirpation du bras, opération à laquelle le malade refusa de se soumettre.

« Dans le courant de cette année, il vint se confier aux soins de notre collègue, M. Phillips.

« A cette époque la tumeur partait du tiers externe de la clavicule, remontait vers le cou, passait au-dessus de la fosse sus-épineuse, et suivant la même direction. elle touchait les apophyses épineuses du rachis; elle descendait en avant par le grand pectoral, remontait le long du grand dorsal, couvrait toute la fosse sousépineuse, pénétrait dans le creux de l'aisselle en poussant en avant le plexus brachial et les vaisseaux axillaires, dont l'artère était devenue sous-cutanée et était appuyée sur le devant de la tête de l'humérus.

<«<La tumeur, qui emboîtait toute l'épaule, pesait neuf livres et demie; elle contenait dans différents kystes deux livres d'un liquide huileux jaunâtre. Sa circonférence, prise dans son plus grand diamètre, était de cent quatre centimètres. Elle paraissait intimement adhérente tant à l'articulation scapulo - humérale qu'à l'omoplate; on crut, toutefois, reconnaître un peu de mouvement dans l'articulation de l'épaule.

« Quoique la nutrition générale du sujet fût altérée, on ne put découvrir aucune trace de maladie, ce qui,

joint à son désir ardent d'être débarrassé de son affection, décida M. Phillips à tenter l'opération.

« Celle-ci fut pratiquée le 27 mai, tout ayant été prévu, jusqu'à l'éventualité de la résection des surfaces articulaires. Deux incisions furent faites, l'une longue de cinquante-six centimètres, s'étendant de la partie supérieure de l'épaule jusque vers le milieu du bras; l'autre, longue de trente-trois centimètres, partant du bord supérieur du grand dorsal et venant se terminer à angle droit vers le milieu de la première. La peau n'adhérait à aucun point de la tumeur, aussi fut-il facile de la disséquer, et quoiqu'elle fût très-distendue et que l'on pût craindre qu'elle ne devînt un sujet de gêne pendant le pansement, à cause de son amincissement, on préféra la conserver en totalité, en comptant sur l'extrême contractilité de ce tissu, et afin de porter le moins d'obstacle possible au jeu de l'articulation après la guérison.

« La tumeur, mise à nu sur toute sa surface externe, fut ensuite détachée de ses adhérences profondes. Arrivé à sa partie postérieure et médiane, tout près de l'articulation de l'épaule, on vit qu'elle adhérait fortement à l'omoplate; le bistouri ne pénétrait plus, et la tumeur crépitait comme quand on entame une substance osseuse ramollie; on dut alors recourir à la scie et au sécateur de M. le docteur Seutin: toute l'épine de l'omoplate, à l'exception d'une petite partie de l'apophyse acromion, fut enlevée. Cette dernière partie a, toutefois, fini par se détacher d'elle-même vers le vingtième jour de l'opération, et on fut obligé de l'extraire avec des pinces.

« Quand on fut parvenu sur la tête de l'humérus, on

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