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heureuses applications qu'on en peut faire aux arts; c'est, si l'on veut, de former des établissemens où ces inventions soient sans retard examinées, discutées et employées. Ainsi, tout ce qui est possible dans ce genre se rapporte aux encouragemens à donner aux arts, et à certaines branches de l'instruction de la classe savante; mais ne peut être l'objet d'un enseignement direct à la classe ouvrière. Ce n'est donc pas ici le lieu d'en' parler.

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Restent les écoles primaires : il ne faut sans doute jamais sacrifier le présent à l'avenir, bien possible au désir du mieux ; c'est un principe qui a été trop souvent oublié mais aussi, dans aucun genre, l'homme ne peut devancer l'ordre des temps, ni récolter avant la maturité. Or, nous avons vu combien de choses nous manquent encore pour établir sur toute la surface de la République des écoles primaires vraiment bounes. Je crois donc que nous devons nous contenter d'en créer de passables, et le faire partiellement et successivement, à mesure que la possibilité s'en présentera. Je pense que dès que le ministre, ou par ses propres lumières, ou par les secours d'une société telle que celle dont j'ai parlé, se sera assuré de la capacité du jury d'instruction d'un département, il doit le charger d'accueillir, de provoquer même les vœux des communes de son ressort qui désireraient des écoles primaires, et qui, en en demandant, présenteraient un homme digne de les diriger, et offriraient de supporter la moitié ou les trois quarts de la dépense jugée par elle nécessaire à cet effet.

J'y mets ces deux conditions, la première, parce que ces écoles seraient plus nuisibles qu'utiles, si elles étaient en mauvaise main. Le jury serait juge du mérite de l'instituteur présenté.

La seconde me paraît tout aussi nécessaire, non pas seulement afin de soulager le trésor public d'une partie de cette immense dépense, mais parce que nulle leçon n'est utile que là où on désire la recevoir; or, la meilleure preuve qu'on la désire sincèrement est de consentirà en payer une partie. D'ailleurs, c'est le moyen de profiter de toutes les ressources locales ; de faire dans chaque endroit tout ce qui est possible, sans entreprendre ce qui ne l'est pas; d'exciter le zèle des particuliers, et de se procurer une grande économie sur le tout; l'intérêt local plus clairvoyant et plus actif, s'unissant à l'intérêt général au lieu de le sacrifier, comme il n'arrive que trop souvent. C'est ainsi que l'on a vu qu'on répandait mieux les belles races d'animaux en vendant les élèves qu'en les donnant ; et que l'on faisait des chemins vicinaux plus utiles et mieux entendus, en associant à la dépense ceux qui les demandaient.

En prenant cette voie, il n'est pas douteux que beaucoup de communes manqueront d'abord d'écoles primaires, ici faute de zèle, là faute d'hommes, ailleurs, faute de moyens pécuniaires; et il ne me paraît pas moins sûr que où il s'en établira elles ne seront pas en général excellentes dans les premiers momens; cela est inévitable. Mais enfin, on y apprendra toujours à lire et à écrire; on y recevra quelques notions

utiles; et il ne s'y donnera aucun enseignement pernicieux, puisque les instituteurs auront été choisis avec scrupule. Il s'opérera donc beaucoup de bien et point de mal; c'est tout ce que l'on peut espérer actuellement.

Pour que ces écoles deviennent plus nombreuses et meilleures, il faut qu'on ait rédigé pour elles des instructions et des livres élémentaires, et qu'on ait multiplié les hommes capables de les diriger. Mais ces biens ne peuvent résulter que de l'enseignement donné à la classe savante; car ce seront les hommes qu'il aura formés qui se chargeront avec succès d'instruire le peuple; et puisque l'instruction de celui-ci doit être l'abrégé et le résumé de l'instruction supérieure, il faut que cette instruction soit complétée, perfectionnée, et ait agi quelque temps avant que l'on puisse en extraire ce qu'il convient d'en transporter dans l'enseignement sommaire que doit recevoir la classe moins aisée.

Lorsqu'on sera arrivé à ce moment si désiré, ou du moins si désirable, il est aisé de voir tout le parti que l'on pourra tirer, et du plan d'études des écoles centrales, et des programmes de leurs cours, et des cahiers de leurs professeurs, et de tous les établissemens d'instruction dont j'ai parlé, et des talens des hommes qui y sont employés. On sent déjà combien il sera facile alors de répandre dans la masse des citoyens des lumières pures et assez étendues; je n'ai donc pas besoin d'entrer dans plus de détail sur des choses qui ne sont pas encore exécutables, et qui, lorsqu'elles seront possibles, se feront mieux que je

ne pourrais le dire. Il me suffit d'avoir indiqué la route qui me paraît seule conduire à un si heureux résultat ; et je terminerai ici ces réflexions, dont l'unique but est de prouver que les principes fondamentaux de nos institutions actuelles sont excellens, et que pour produire les meilleurs effets elles n'ont besoin que d'être achevées. Heureux si en en développant l'esprit j'en ai prévenu la désorganisation! J'aurais pu aisément faire un gros livre, et me donner l'air d'inventeur; mais je n'ai aspiré qu'à être utile; et si je me suis trompé, c'est de si bonne foi, que j'ai bien de la peine à le croire.

LOI

SUR L'ORGANISATION

DE

L'INSTRUCTION PUBLIQUE.

Du 3 Brumaire an 4 (1795).

La Convention nationale décrète :

TITRE PREMIER.

Ecoles primaires.

ARTICLE PREMIER.

Il sera établi dans chaque canton de la République, une ou plusieurs écoles primaires, dont les arrondissemens seront déterminés par les administrations de département.

II. Il sera établi dans chaque département plusieurs jurys d'instruction; le nombre de ces jurys sera de six au plus, et chacun sera composé de trois membres nommés par l'administration départementale.

III. Les instituteurs primaires seront examinés par l'un des jurys d'instruction; et sur la présentation des administrations municipales, ils seront nommés par les administrations de département.

IV. Ils ne pourront être destitués que par le

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