Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Égyptiens les migrations ioniennes, nous com. prendrons la haine nationale des Athéniens contre les Spartiates, contre ces fiers Doriens, qui estimaient que le plus pur sang des Hellènes coulait dans leurs veines.

Nous avons suivi les Doriens tant à Corinthe qu'à Syracuse. Nous n'eussions tracé qu'une image incomplète de la liberté antique, si cette histoire eût passé sous silence cette cité de la Sicile, dont les destinées, les mœurs et les lois eurent avec Athènes et le Péloponèse de si intimes rapports. D'ailleurs, depuis longtemps, car ce souvenir remonte aux premières impressions de notre jeunesse, nous avions été attiré vers Syracuse par cette grande phrase de Montesquieu : « Cette ville, toujours dans la licence ou dans l'oppression, également travaillée par sa liberté et par sa servitude, recevant toujours l'une et l'autre comme une tempête, et malgré sa puissance au dehors, toujours déterminée à une révolution par la plus petite force étrangère, avait

dans son sein un peuple immense qui n'eut jamais que cette cruelle alternative de se donner un tyran ou de l'être lui-même '. » Nous nous étions toujours promis de constater, aux sources de l'histoire, la vérité de ce magnifique passage, et nous n'avons eu garde de négliger l'occasion que nous offrait notre sujet. Dans l'affirmation si synthétique de Montesquieu, il s'est trouvé que les antithèses non-seulement étaient brillantes, mais justes. A cette vérité générale, nous avons pu ajouter des traits particuliers. Nous avons aussi rencontré chemin faisant une terrible figure, Agathocle, avec lequel l'histoire de l'antique Sicile prend le caractère d'un drame pathétique et rempli d'aventures.

C'est dans la nature même des institutions de la Grèce que nous avons trouvé les causes de sa décadence, et cette étude nous a conduit au dénoûment. On verra combien dans la lutte des républiques contre les deux hommes qui

[blocks in formation]

portèrent si haut la Macédoine, la raison politique était du côté de Philippe et de son fils. Nous eussions voulu, par égard pour des réminiscences et des préjugés de jeunesse, voir Démosthène plus grand et plus pur; nous ne l'avons trouvé qu'éloquent.

Alexandre a été par nous considéré avec une religieuse attention. Il n'y a plus rien à dire après Sainte-Croix sur le mérite comparé de ses historiens, mais il restait à peindre l'homme même. Nous avons osé l'entreprendre en suivant avant tout Arrien, en second lieu Diodore et Plutarque, très-rarement Quinte-Curce. Puissent quelques traits être estimés ressemblants! Puissions-nous par la réalité des faits, non moins que par la simplicité de l'expression, n'être pas un trop indigne historien d'Alexandre!

Une Grèce macédonienne, et l'Orient devenu grec, voilà le véritable héritage du con

[ocr errors]

quérant. Nous avons représenté les principaux
aspects de cette situation si nouvelle dans la-
quelle la démocratie athénienne s'avilit aux
pieds de Démétrius le Preneur de villes. Les
peuples de l'Orient, pénétrés de toutes parts
par la civilisation
grecque, cette vaste diffu-
sion d'idées et de mœurs préparant pour le
monde une révolution morale, tel était le
terme auquel nous devions naturellement
nous arrêter.

Toutefois, il ne fallait pas oublier qu'à l'extrémité méridionale de l'Italie, il y eut, pour ainsi parler, une contre-épreuve de la civilisation grecque, où peut-être même certains principes de la société antique se trouvaient plus en saillie, parce que le cadre était plus resserré. D'ailleurs Pythagore, Zaleucus et Charondas appartenaient à notre sujet. Sur tout ce qu'on attribue à ces législateurs, nous nous sommes attaché, au milieu des systèmes et des hypothèses, à ce qui nous a paru vraisemblable et réel.

Au surplus, de nos jours les secours abondent pour qui veut étudier l'antiquité avec patience et bonne foi. C'est un précieux avantage pour l'historien de pouvoir s'autoriser des grands travaux d'une époque qui, s'ouvrant par Heyne, aboutit aux recherches si fécondes de Creuzer, de Boeckh et d'Otfried Müller, pour ne parler que de la philologie grecque'. Mais au milieu de toutes les richesses de l'érudition contemporaine, nous avons toujours demandé nos impressions, nos jugements et nos vues à l'intuition directe des monuments et des ouvrages antiques. Autant qu'il nous a été possible, nous avons toujours eu devant les yeux les meilleurs textes et les éditions qui ont le plus d'autorité 2. Nous n'a

1 Voy. dans Au delà du Rhin, t. II, le chapitre consacré à la philologie.

* Nous citons la Politique d'Aristote d'après l'édition de Paris, 1821, du savant Coray, qui lui-même avait profité de l'excellente édition de Schneider publiée deux ans auparavant. Nos citations de Plutarque se réfèrent à l'édition de Reiske; celles de Polybe à l'édition de Schweighouser; celles de Diodore à l'édition de Wesseling.

« VorigeDoorgaan »