Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

CHAPITRE XIII.

PÉRICLES.

DÉCADENCE D'ATHÈNES.

SUITE DE RÉVOLUTIONS.

ALCIBIADE.

Depuis la défaite définitive de Xerxès jusqu'au commencement de la guerre du Péloponèse, Athènes eut cinquante années de puissance et d'éclat. Sa véritable prospérité ne dura qu'un demi-siècle. Auparavant Athènes luttait; plus tard elle déclina. C'est entre l'exil de Thémistocle et les derniers jours cruellement éprouvés de Périclès que fut concentrée sa splendeur. Alors les institutions telles que les avait remaniées Clisthène, eurent un libre développement jusqu'au moment où elles s'effacèrent devant la dictature du tuteur d'Alcibiade.

Le peuple était souverain. Dans ses assemblées,

il décrétait les lois que le conseil des cinq cents avait préparées, il examinait la conduite des généraux, la gestion des magistrats, entendait les ambassadeurs, et décidait de toutes choses suivant les impressions qu'il recevait de ceux qui occupaient la tribune. Ce n'était pas l'usage qu'un homme entièrement inconnu prît la parole. Dix orateurs étaient surtout en possession de parler au peuple; ils s'étaient voués dès leur jeunesse aux travaux et aux périls de la vie politique, athlètes toujours prêts. Néanmoins la tribune était accessible à tout citoyen. A côté de cette omnipotence populaire, le conseil des cinq cents représentait les hautes influences du talent ou de la fortune, et l'Aréopage, les traditions et l'antique gravité de l'aristocratie de race. En face de l'assemblée du peuple, du conseil des cinq cents et de l'Aréopage, le pouvoir exécutif, déjà très-subordonné, était encore affaibli par le nombre de ceux qui l'exerçaient. Neuf archontes se partageaient l'administration et se surveillaient mutuellement dans l'usage d'une autorité qui ne durait qu'un an.

Maintenant que dirons-nous de cet État popu

laire, si nous le comparons à la démocratie moderne telle que tendraient à la faire les principes de l'égalité et du suffrage universel? L'Attique comptait environ quatre cent quarante mille habitants'. Quatre cent mille étaient esclaves; dix à douze mille étaient des domiciliés, vivant sous le patronage et le bon plaisir des Athéniens. Enfin il y avait quinze à vingt mille citoyens en possession de tous les droits politiques, souverains privilégiés, traitant avec dureté les esclaves et avec insolence les domiciliés 2.

Cette démocratie, si restreinte pour le nombre, effrayait par son orgueil et sa pétulance tous ceux

1 Ces chiffres ne s'appliquent pas exactement à l'époque dont nous parlons, car ils sont le résultat d'un dénombrement fait au temps de Démétrius de Phalère (Athen., lib. VI). Mais la différence qu'on peut imaginer pour le total n'altère pas les proportions entre les trois classes. d'habitants.

'Les Athéniens obligeaient les filles des habitants nouvellement établis chez eux, à suivre les filles des citoyens dans les pompes sacrées, avec un parasol pour les garantir du soleil; les femmes à faire le même service auprès des femmes athéniennes, et les hommes à y porter des vases. (Elian. Hist. var., lib. VI, cap. 1.)

qui avaient affaire à elle, surtout depuis Thémistocle. Le souvenir de ses victoires, le sentiment de la puissance nouvelle qu'il leur devait, la vue de la mer dont il apercevait au loin les flots illuminés par le soleil, quand il tenait ses assemblées dans le Pnyx, tout avait fait monter au cœur du peuple une ivresse et une audace qui égaraient sa raison et finirent par perdre la république.

Cette licence effrénée inspira aux hommes politiques des dispositions différentes et une conduite opposée. Ceux qui avaient le génie des grandes entreprises flattèrent le peuple pour en obtenir la puissance de les accomplir, comme Thémistocle et Périclès. Ceux qu'alarmait surtout le fougueux despotisme de ce capricieux souverain, lui résistèrent en empruntant les principes de la politique lacédémonienne, comme Aristide et Cimon.

Des deux factions qui divisaient Athènes, le parti démocratique eut les hommes les plus brillants, et l'aristocratique les meilleurs citoyens. Les chefs se faisaient une guerre impitoyable. Aristide accusait le génie de Thémistocle de se mettre au-dessus des lois et de la vertu; Thémis

tocle disait qu'Aristide, en devenant l'arbitre de tous les différends, abolissait les tribunaux, et à force de justice se frayait un chemin vers la tyrannie.

Cimon, qui entra dans la vie politique avec l'appui et l'amitié d'Aristide, devint un des chefs de la faction aristocratique, et ne cachait pas son admiration pour le gouvernement de Lacédémone. On disait de lui qu'il ressemblait plutôt à un homme du Péloponèse qu'à un Athénien. Cependant Cimon trouva sa gloire dans l'imitation de Thémistocle. Il confirma la supériorité maritime d'Athènes, et par un traité solennel le grand roi s'obligea à ne plus naviguer dans la mer de la Grèce. Si après un aussi grand résultat, Cimon reprit le commandement d'une flotte et retourna dans les

parages de l'île de Cypre et de l'Égypte, ce fut pour tenir la promesse qu'il avait secrètement faite à Périclès de lui laisser le gouvernement intérieur de la république et d'aller guerroyer au loin. Seulement à ce prix Périclès ne s'opposa pas au retour de Cimon qu'il avait frappé d'ostracisme comme ami des Lacédémoniens et comme ennemi du peuple. Au siége de Citium, dans l'île de Cypre, Ci

« VorigeDoorgaan »