Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

fia en quelque façon fon peu d'obéïf fance. Il força les Espagnols à Felizan, prit Nonne en trois jours & la Septemb. Roque, enleva tous leurs quartiers, & le Duc de Rohan qui fe trouva par hazard alors en Piemont, dit dans fes Memoires que quatre mille cinq cens hommes furent pris aux Efpagnols par Lefdiguieres dans cette expedition.

4.Dec.

Affaires partuculieres.

1618.

Comme les Etats tenus en 1614. & 1615. n'avoient rien produit pour le reglement de l'Etat, on voulut fuppléer à ce défaut par une nouvelle Affemblée non pas des Etats, mais de ce qu'on appelloit les Notables; c'eftà-dire des principaux de la Nobleffe, du Clergé, & des Parlemens; elle fe tint à Rouen, le Roy préfida à l'ouverture, & Monfieur frere unique du Roy aux autres féances.

Le Marquis de Vitry Capitaine des Gardes fut fait Maréchal de France: François de la Grange Montigny honoré de la même dignité mourut cette année, auffi-bien que Jacques Augufte de Thou Prefident à Mortier au Parlement de Paris, auteur de l'Hiftoire de France depuis la mort de François I. jufqu'aux dernieres années du Regne de Henri IV. mais la plus grande perte que fit la France fut par la mort de Nicolas de Neuville Sieur de Villeroy Secretaire d'Etat, après plus de 50. ans de fervices très-importans rendus au Royaume fous quatre Rois, grand homme d'Etat; il mourut âgé de foixante dix-neuf ans, & ce qui ne fait pas la moindre partie de fon éloge, peu riche après avoir pendant fi longtemps eu tant de part au gouvernement.

L'Assemblée des Notables ne fut Affaires d'E- gueres plus utile, que l'avoit esté celle des derniers Etats; on y propofa les plus belles chofes du monde pour le reglement du Royaume, & l'on

tat de guerres

n'en vit gueres d'autres fruits que la fuppreffion de la Paulette, qui fur 15.Janv. les remontrances de l'Affemblée fut abolie au commencement de cette année, mais elle fut bien-toft restablie, fçavoir le 22. de Fevrier 1621.

Le Roy avoit extrêmement à cœur reftabliffement de la Religion Catholique dans le Bearn.

le

Il fe tint fans permiffion du Roy 15.May. une Affemblée de trois Provinces à Orthez une des principales Villes de cet Etat. Il y eut durant cette année plufieurs negociations entre les Deputez des Calviniftes du Pays & les Miniftres du Roy, tant fur la réunion du Bearn à la Couronne, que fur le reftablissement de la Religion Catholique. Le Roy tenant toûjours ferme envoya une Juffion au mois de Juillet au Tribunal de Pau contre l'Arreft qui y avoit efté rendu en faveur du Calvinifme, & qui tendoit à empêcher l'execution des Edits; les chofes ne furent pas pouffées plus loin cette année, ni même la fuivante, par divers incidens qui empêcherent de le fai

re.

Cependant le Roy travailloit à pacifier l'Italie, il s'eftoit fait dès l'année précedente mediateur avec le Pape entre le Roy d'Espagne & le Duc de Savoye, & avoit pour cet effet envoyé des Agens en Italie; on avoit conclu un Traité à Aft, & puis à Pavie, & enfin après bien des délais, il May. fut mis en execution, & entre autres chofes, Verceil fut rendu au Duc de Savoye. Henri de Savoye vint en France au mois de Novembre remercier le Roy de la protection qu'il avoit donnée au Duc fon pere.

Un Chaoux vers la fin du même mois vint de Conftantinople en France, & renouvella les anciens Traitez entre les deux Puiflances.

Le Roy s'eftoit auffi chargé de faire conclure la paix entre la Republi

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

21. Fevr.

Peu de jours après la joye de la Cour fut troublée par la nouvelle qu'on reçût de la fuite de la ReineMere qui s'échappa de Blois & fe retira à Angoulefme. Cette fuite avoit esté concertée avec le Duc d'Epernon. Ce Seigneur fçavoit qu'il eftoit fort mal à la Cour, & que même on y déliberoit de le faire arrefter; il partit de Metz malgré l'ordre qu'il reçût du Roy d'y demeurer,& vint à fon Gouvernement d'Angoulefme, & de là s'avança vers Blois : la Reine le fçachant à portée de la recevoir, fe fit defcendre par une feneftre dans le foffé, & alla le joindre; le Duc la conduifit de là jufqu'à Angoulef.

me.

Le Roy & le Duc de Luynes inquiets de cet incident, à caufe de la mauvaife difpofition de plufieurs Grands du Royaume à l'égard du miniftere, envoyerent auffi-toft à Angoulefme le Cardinal de la Roche

foucault & Monfieur de Bethune, pour retirer la Reine des mains du Duc d'Epernon, & faire fa reconciliation avec le Roy, qui cependant envoya fes ordres par tout pour faire avançer des troupes vers Angoulesme.

On jugea à propos de rappel'er Mr de Richelieu Evêque de Luçon, qui avoit efté relegué à Avignon, & de lui permettre de fe rendre auprès de la Reine qui avoit toûjours eu beaucoup de confiance en lui; la négociation réüffit, & il fe fit un Traité par lequel la Reine ayant pris tou- 30. Avril. tes fes füretez, pour elle & pour tous ceux qui avoient fuivi fon parti, elle devoit eftre reçûë dans les bonnes graces du Roy. Il y eut un article fecret par lequel la Reine devoit donner fa démiffion du Gouvernement de Normandie, au lieu duquel on lui donnoit celui d'Anjou, & en particulier la poffeffion des Chafteaux d'Angers, du Pont de Cé, & de Chinon; ce Traité fit beaucoup d'honneur à l'Evêque de Luçon; d'autres prirent la chofe autrement, & l'accuferent d'avoir dans cet échange trahi les interefts de la Reine pour le bien remettre à la Cour: le Roy publia une Declaration fur cette re- 20. Juin. conciliation, & fe mit quelque temps après en chemin pour la Touraine.

La premiere entrevûë de ce Prince 4.Sept.. & de la Reine-Mere fe fit à Coufieres en Touraine avec toutes les marques poffibles d'une tendreffe recipro

[blocks in formation]

toûjours en prifon au Chafteau de Vincennes, & qui d'ailleurs n'aimoit gueres la Reine-mere.Il perfuada au Roy de le mettre en liberté, & eut grand foin de lui faire connoître que c'eftoit lui qui eftoit l'Auteur de fa délivrance : Il le mena lui-même avec Mada20. me la Princeffe à Chantilly, faluer le Roy qui le reçut de la maniere la plus gracieufe: le Prince Charmé du bon office que le Miniftre lui avoit rendu, lui voua une amitié éternelle. Charles de Choifeuil Marquis de Aires par Praflin, Jean François de la Guiche Comte de Saint Geran furent honorez cette année du bafton de Maréchal de France.

ticulieres.

1620.

Afaires d'E. tat & de guerre.

2.Janv.

La Terre de Maillé proche de Tours qui appartenoit à Mr de Luynes, fut érigée en Duché Pairie fous le nom de Luynes le 14.de Novembre. Lucilio Vanini qui dogmatifoit & enfeignoit l'Atheisme en ayant efté convaincu à Toulouse fut condamné à la mort, il fut enfuite brûlé le neuviéme d'Avril, & mourut impeni

tent.

Le Parlement de Paris fignala auffi fon zele pour la Religion, en faifant arrefter le fameux libertin & l'impie Theophile, & en l'exilant par Arrest de tout le Royaume: il mourut peu de temps après.

L'an 1610. il s'eftoit fait un Traité d'alliance entre la France & l'Angleterre, par lequel le Roy s'obligeoit à confirmer ce même Traité, quand il feroit parvenu à fa majorité;cette confirmation avoit efté differée jufqu'alors, elle fe fit cette année avec beaucoup de celebrité.

Les Calviniftes dont les broüilleries de la Cour augmentoient l'indocilité, continuoient nonobftant les défenfes du Roy leur affemblée à Loudun, qui avoit déja duré cinq mois, & pendant laquelle on fçavoit qu'ils

Tome VII.

avoient commencé à traiter avec les étrangers le Roy declara les Députez de cette Affemblée criminels de Leze-Majefté, s'ils ne fe féparoient au 26.Fevr. jour qu'il leur marquoit.

Plus le Roy combloit d'honneurs & de biens le Duc de Luynes, fes parens & fes amis, plus la jaloufie croiffoit contre lui, & le nombre des jaloux augmentoit: la Reine-mere follicitée par les Seigneurs mécontens, laifla rallumer fon ancienne haine. contre le favori qui avoit efté la caufe de fa difgrace & de fon premier exil, & elle entra dans le complot.On vit bien-toft après difparoiftre à la Cour plufieurs Princes & Seigneurs, & l'on apprit que le Comte de Soiffons, le Duc de Vendôme, le Grand Prieur de France fon frere, les Ducs de Longueville, de Mayenne, de Nevers, de la Trimoüille, de Rohan, de Retz, de Roiiannez & quelques autres eftoient fur le point de fe declarer contre le Miniftre en faveur de la Reine-mere.

Le Roy prit fur le champ fon parti & marcha avec des troupes en Normandie, entra à Rouen, & diff. 9. Juillet. pa par fa prefence toutes les intrigues du Duc de Longueville Gouverneur de la Province, & les intelligences qu'il y avoit ménagées. Il alla de là à Caen, dont le Chafteau lui fut ren- 18. du après cinq jours de fiége.

N'y ayant plus gueres à craindre de ce cofté-là, il marcha en Anjou, fit attaquer le retranchement du Pont de Cé défendu par les troupes de la Reine qui s'eftoient déclarées ouvertement pour les Mécontens, & 8.Aouft. les força; cette victoire abattit le par

ti.

[blocks in formation]

18.Sept.

15.0&.

17.

19.

20.

ne de grands témoignages reciproques de tendreffe, de la fincerité defquels tout le monde ne fut pas perfuadé. Le parti eftant deconcerté par la victoire du Pont de Cé, & par la paix qui la fuivit, le Roy marcha avec fes troupes en Guyenne, & arriva à Bourdeaux, de là il paffe en Bearn & arrive à Pau; il y entre, ayant défendu qu'on lui fit une reception en ceremonie, parce qu'il n'y avoit point d'Eglife Catholique pour y defcendre.

Deux jours après il alla à Navarrins, il s'affura de cette place, & y fit dire la Meffe en fa prefence, cinquante ans après qu'elle y avoit efté

abolie.

Il revint à Pau, reftablit les Abbez & Ecclefiaftiques du païs dans le confeil de Bearn, & leur donna main-levée pour tous les biens d'Eglife qui leur avoient appartenu.

La grande Eglife de Pau fut auffi rendue aux Catholiques; tout cela fut fuivi de l'érection de la Chancellerie de Pau en Parlement, felon la forme des autres Parlemens duRoyaume, & de celui de la réunion de la Couronne de Navarre & de la Souveraineté de Bearn à la Couronne de France: il fut ordonné qu'on plaideroit en François dans le nouveau Parlement, & que tous les Actes judiciaires feroient faits, & tous les Arrefts prononcez en Langue Françoife, que les Capitaines des fix Parfans, c'est-à-dire des fix Cantons qui compofoient ou partageoient le Bearn feroient fupprimez. Ces Capitaines avoient chacun le commandement d'un canton pour les armes, & l'autorité de faire marcher en campagne tous ceux qui eftoient en eftat de le

faire.

Après une fi belle, fi heureufe & fi fainte expedition, Sa Majefté ayant mis de bonnes garnifons dans le pays, revint à Bourdeaux, alla à Xaintes,

[blocks in formation]

guerre

Les Calviniftes s'eftoient donné 1621. tant de mouvemens dans les dernie- Affaires d'Eres guerres civiles, ils avoient fait des tato de démarches fi hardies pour les fomenter; ils avoient paru fi indociles & fi fiers dans leurs affemblées qu'ils tenoient pour la plufpart fans la permiffion du Roy, & contre fes ordres, qu'on devoit s'attendre à leur voir bien-toft lever le mafque, & en venir à une revolte ouverte : ils le firent par le Siege du Chafteau de Privas en Vivarez, qu'ils prirent en qua- 8.Fevr.

torze jours.

Cela produifit diverfes entreprifes fur differentes Places, les unes fortifiées par la nature, les autres par l'art, dont ce pays & tout le Languedoc, la Guyenne la Guyenne, le Bearn font remplis, & dont les deux partis fe faififfoient, foient, foit pour couvrir les principales Villes, foit pour fe faciliter le tranfport des vivres, foit pour courir dans le païs ennemi, foit pour fe faire une communication entre les Places qu'ils tenoient.

Le Duc de Montmorenci Gouver neur du Languedoc prit fur les Calvi

Mars.

niftes Vals dans les Cevennes, & enfuite Valons durant le mois de Mars. 22. Avril. Le mois fuivant le Duc de Luynes avant que d'accompagner le Roy à l'Armée fut faitConnêtable de France.

Le Duc d'Efpernon entre dans le même temps en Bearn avec des troupes, où il diffipe celles des rebelles affemblées par le Marquis de la Force, & pacifie la Province.

C'eft une reflexion que tous ceux qui ont traité des affaires de France depuis le commencement des guerres de la Religion ont faite, que les Calviniftes ne pouvant s'accommoder de l'eftat Monarchique qui les contraint trop, ont toûjours eu en vûë d'eftablir un Eftat republiquain ; ils avoient déja fait connoiftre ce deffein en diverfes rencontres fous les précedens Regnes. Sous le Regne de Louis XIII. ils n'avoient encore ofé rien faire paroiftre de pareil jufqu'à cette année, que ce deffein fut non-feulement propofé, mais encore dreflé dans l'affemblée de la Rochelle.

Dans cette Republique qui renfermoit tous les Huguenots de France, l'affemblée generale compofée des Deputez de tous les quartiers du les quartiers du Royaume,devoit avoir l'autorité fouveraine, elle devoit nommer les Commandans dans les Provinces & dans les Armées, avoir la difpofition des Finances, toutes les affaires importantes devoient fe regler par fes ordres; il femble qu'on avoit pris pour modele de Gouvernement la Republique de Hollande; on commença pour l'execution à marquer les départemens des Seigneurs du parti, 10.May. & les lieux où chacun devoit commander; on fit battre monnoye à un coin particulier, &c.

Le Roy outré de cette infolence des Rebelles fe met en campagne accompagné du nouveau Conneftable; Monfieur le Prince, le Duc d'Angoulef

me, le Comte de Soiffons, les Maréchaux de Chaulnes, de Roquelaure, Dupleffis-Praflin, de Lefdiguieres, de Saint Geran, le Duc de Mayenne, devoient agir fous fes ordres en divers endroits. Il y avoit de la méfintelligence entre quelques-uns des chefs des Huguenots, & l'on avoit gagné quelques Gouverneurs.

Celui de Saumur qui eftoit Mon- 11. May. fieur Dupleffis Mornai n'eftoit pas de ce nombre, mais il fe laiffa furprendre, & le Roy fe faifit de la Place & du Chafteau, paffage très-important fur la Loire.

Soubize qui commandoit dans Saint 13. Jean d'Angely fe tint plus fur fes gardes, & pour fe délivrer d'inquietude fit fortir de la Place tous les Catholiques, & même les Proteftans qu'il fçavoit eftre fideles au Roy.

D'autre part, dès que le Roy fe fuft avancé dans le Poitou, les Villes de Fontenay, Saint Maixant, Chaftelleraut, l'Ile-Bouchard, Maille fais & Marans, Places de fûreté des Huguenots fe foûmirent à fon obéiffance. Il fut auffi reçû dans Niort, & Gergeau fut pris par le Comte de Saint Pol fur les rebelles.

Le Roy eftant à Niort declare les Villes de Niort & de Saint Jean d'Angely rebelles & criminelles de lezeMajefté.

Monfieur le Prince réduit Sancerre à l'obéïffance du Roy.

Le Duc de Mayenne prend le Château de Caumont, & contraint le Marquis de la Force à fortir du pays; le Chafteau de Caumont fut razé; mais le cours de ces conqueftes fut arresté par Saint Jean d'Angely.

23.

27.

30.

15.Juin.

Le Roy fut obligé d'en faire le fiege qui dura 35. jours, le Roy fit grace à la garnifon, mais fans capitula- 26. tion; les fortifications furent rafées, les murailles abbatuës, & les Habitans foûmis à la taille; Lavardin &

« VorigeDoorgaan »