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talk of an officer, taciturn and authoritative, of set principles and rigid morals, former student at Cambridge, and an efficient orator in the House of Commons, Oliver Cromwell.

England, where the curtain has dropped on the literary scene as known to Elizabeth and the early Stuarts, was about to traverse a tragic crisis, the most extraordinary, perhaps, that any European nation had ever known since the fall of the Roman Empire.

APPENDIX I

TEXT OF

SULLY-PRUDHOMME'S
QUOTED p. 176.

LETTER

CHATENAY (SEINE)

...

18 Novembre, 1904.

MON CHER CONFRÈRE ET AMI, . . . Les grandes affaires .. vous éloignent de la France sans chasser de votre mémoire le souvenir de ceux qui parlent et cultivent au loin votre langue maternelle.

J'en ai exploité la forme la plus apte à l'expression des sentiments bien avant d'en avoir approfondi l'étude. J'ai d'ailleurs peu lu et je suis infiniment moins instruit que vous de la poésie étrangère. Je me console de ma première ignorance, car si j'avais connu, avant de versifier, tout ce qui s'est écrit sur l'amour, la plume me serait tombée des mains; j'aurais reconnu chez d'autres mes propres émotions et même, dans leur vie, des circonstances analogues à celles qui les ont fait naître dans la mienne. J'avoue, à ma honte, que j'étais trop ignorant pour être plagiaire. Quoi d'étonnant, en vérité, que le cœur humain qui se renouvelle à des millions d'exemplaires, avec ses caractères spécifiques dans des milieux sociaux semblables (du moins de même origine), communique à l'expression

poétique des sentiments ce que ceux-ci ont de commun chez tous les individus sous des climats peu différents? Je partage entièrement votre avis; on trouvera toujours à n'importe quelle œuvre d'art, littéraire ou autre, inspirée par le cœur, des antécédents qui pourront être donnés pour ses modèles et regardés comme imités. La critique, en s'attachant à des rapprochements de ce genre, fait suspecter bien à tort l'originalité du poète qu'elle examine. Cette originalité se reconnait moins à ce qu'il dit qu'au timbre inaliénable, absolument individuel de sa voix, à son accent et au mouvement que sa passion imprime à son chant. Il est d'autant plus personnel qu'il a mieux su reconquérir la vibration propre de sa sensibilité sur la mesure rhythmique du vers, laquelle est impersonnelle. Le vers peut se définir: la forme littéraire qui introduit dans le langage le plus de musique possible, c'est-à-dire la musique proprement dite moins les notes, dont le charme trop absorbant compromettrait la claire intelligence du sens des mots. C'est donc à l'expression musicale (expression non conventionnelle mais naturelle) de la phrase que le vers doit sa valeur propre. Il n'y a qu'à écouter un bon liseur, un bon orateur, surtout un bon acteur pour se rendre compte de tout ce que, dans le langage, le signe naturel (musique ou geste) apporte de personnel à l'œuvre littéraire. Un vrai poète communique à ses vers des ressources d'harmonie qui permettent à la diction d'en tirer des effets expressifs n'empruntant rien à aucun autre poème. Ce n'est, d'ailleurs, évidemment pas l'unique sorte d'originalité dont il soit capable. Il peut introduire du nouveau dans les parties narratives de son œuvre; il peut aussi se faire remarquer pour l'étrangeté de sa manière de sentir, mais dans ce dernier cas il doit renoncer à faire naître la sympathie et se contenter de surprendre. Ce n'est point par là surtout qu'il remplit sa fonction spéciale et qu'il plait; c'est plutôt par une finesse, une délicatesse

d'analyse qui, dans ses propres émotions, révèle les lecteurs à eux-mêmes. En réalité il ne leur apprend rien de nouveau et n'y prétend pas, il leur procure seulement la satisfaction de se reconnaître. Le cœur humain est le lieu commun exploité par la poésie; il offre chez tous les poètes la même gamme de sentiments mais avec des tonalités différentes.

Je ne peux qu'effleurer la question très intéressante que vous soulevez, je souffre presque sans relâche et j'ai dû différer de vous répondre, je n'étais pas en état d'écrire ces jours derniers. Voilà le quatrième hiver que je passe dans la retraite à la campagne, aux environs de Paris; je marche très difficilement et ne fais plus que de très rares apparitions aux séances de l'Académie. Je corrige, en ce moment, les épreuves d'un ouvrage commencé il y a dix ans et longtemps abandonné; je m'y suis remis enfin. a pour titre: La vraie religion selon Pascal, et pour sous-titre: Essai d'une ordonnance purement logique de ses pensées relatives à la religion. Il ne paraitra qu'en Janvier prochain. L'introduction a paru dans un numéro déjà fort ancien de la Revue des Deux Mondes. Je vous souhaite [etc.].

SULLY PRUDHOMME.

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