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« S'ils rencontrent, c'est par hasard: leurs voix «<errent sans régle sur le tenor: qu'elles s'accordent, si Dieu le veut; ils jettent leurs sons à << l'aventure, comme la pierre que lance au but « une main maladroite, et qui de cent fois le << touche à peine une. » Le bon magister Muris apostrophe ensuite ces corrupteurs de la pure et simple harmonie, dont son siècle abondoit ainsi que le nôtre. « Heu! proh dolor! His temporibus << aliqui suum defectum inepto proverbio colorare moliuntur. Iste est, inquiunt, novus discan« tandi modus, novis scilicet uti consonantiis. « Offendunt ii intellectum eorum qui tales defec<< tus agnoscunt, offendunt sensum; nam inducere « cùm deberent delectationem, adducunt tris<< titiam. O incongruum proverbium! o mala coloratio! irrationabilis excusatio! o magnus «abusus, magna ruditas, magna bestialitas, ut << asinus sumatur pro homine, capra pro leone, "ovis pro pisce, serpens pro salmone! Sic enim « concordiæ confunduntur cum discordiis, ut nul<«< latenùs una distinguatur ab aliâ. O! si antiqui periti musica doctores tales audîssent discanta<< tores, quid dixissent? quid fecissent? Sic discan<< tantem increparent, et dicerent: Non hunc « discantum quo uteris de me sumis. Non tuum « cantum unum et concordantem cum me facis. « De quo te intromittis? Mihi non congruis, mihi

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adversarius, scandalum tu mihi es; ô utinam << taceres! Non concordas, sed deliras et dis<< cordas. >>

DISCORDANT, adj. On appelle ainsi tout instrument dont on joue et qui n'est pas d'accord, toute voix qui chante faux, toute partie qui ne s'accorde pas avec les autres. Une intonation qui n'est pas juste fait un ton faux. Une suite de tons faux fait un chant discordant: c'est la différence de ces deux mots.

DISDIAPASON, s. m. Nom que donnoient les Grecs à l'intervalle que nous appelons double octave.

Le disdiapason est à-peu-près la plus grande étendue que puissent parcourir les voix humaines sans se forcer: il y en a même assez peu qui l'entonnent bien pleinement. C'est pourquoi les Grecs avoient borné chacun de leurs modes à cette étendue, et lui donnoient le nom de système parfait. (Voyez MODE, GENRE, SYSTÈME.)

DISJOINT, adj. Les Grecs donnoient le nom relatif de disjoints à deux tétracordes qui se suivoient immédiatement, lorsque la corde la plus grave de l'aigu étoit un ton au-dessus de la plus aiguë du grave, au lieu d'être la même. Ainsi les deux tétracordes hypaton et diézeugménon étoient disjoints, et les deux tétracordes synnéménon et hyperboléon l'étoient aussi. (Voyez TÉTRACORDE.)

On donne parmi nous le nom de disjoints aux

intervalles qui ne se suivent pas immédiatement, mais sont séparés par un autre intervalle. Ainsi ces deux intervalles ut mi et sol si sont disjoints. Les degrés qui ne sont pas conjoints, mais qui sont composés de deux ou plusieurs degrés conjoints, s'appellent aussi degrés disjoints. Ainsi chacun des deux intervalles dont je viens de parler forme un degré disjoint.

DISJONCTION. C'étoit, dans l'ancienne musique, l'espace qui séparoit la mèse de la paramèse, ou en général un tétracorde du tétracorde voisin, lorsqu'ils n'étoient pas conjoints. Cet espace étoit d'un ton, et s'appeloit diazeuxis.

DISSONANCE, s. f. Tout son qui forme avec un autre un accord désagréable à l'oreille, ou mieux tout intervalle qui n'est pas consonnant. Or, comme il n'y a point d'autres consonnances que celles que forment entre eux et avec le fondamental les sons de l'accord parfait, il s'ensuit que tout autre intervalle est une véritable dissonance; même les anciens comptoient pour telles les tierces et les sixtes qu'ils retranchoient des accords conson

nants.

Le terme de dissonance vient de deux mots, l'un grec, l'autre latin, qui signifient sonner à double. En effet, ce qui rend la dissonance désagréable est les sons qui la forment, loin de s'unir à l'oreille, se repoussent, pour ainsi dire, et sont en

que

tendus par elle comme deux sons distincts, quoique frappés à-la-fois.

On donne le nom de dissonance tantôt à l'intervalle et tantôt à chacun des deux sons qui le forment. Mais quoique deux sons dissonent entre eux, le nom de dissonance se donne plus spécialement à celui des deux qui est étranger à l'accord.

Il y a une infinité de dissonances possibles; mais comme, dans la musique, on exclut tous les intervalles que le système reçu ne fournit pas, elles se réduisent à un petit nombre; encore pour la pratique ne doit-on choisir parmi celles-là que celles qui conviennent au genre et au mode, et enfin exclure même de ces dernières celles qui ne peuvent s'employer selon les règles prescrites. Quelles sont ces règles? ont-elles quelque fondement naturel, ou sont-elles purement arbitraires? Voilà ce que je me propose d'examiner dans cet article.

Le principe physique de l'harmonie se tire de la production de l'accord parfait par la résonnance d'un son quelconque; toutes les consonnances en naissent, et c'est la nature même qui les fournit. Il n'en va pas ainsi de la dissonance, du moins telle que nous la pratiquons. Nous trouvons bien, si l'on veut, sa génération dans les progressions des intervalles consonnants et dans leurs diffé

rences, mais nous n'apercevons pas de raison physique qui nous autorise à l'introduire dans le corps même de l'harmonie. Le P. Mersenne se contente de montrer la génération par le calcul et les divers rapports des dissonances, tant de celles qui sont rejetées, que de celles qui sont admises; mais il ne dit rien du droit de les employer. M. Rameau dit en termes formels que la dissonance n'est pas naturelle à l'harmonie, et qu'elle n'y peut être employée que par le secours de l'art; cependant, dans un autre ouvrage, il essaie d'en trouver le principe dans les rapports des nombres et les proportions harmonique et arithmétique, comme s'il y avoit quelque identité entre les propriétés de la quantité abstraite et les sensations de l'ouïe: mais après avoir bien épuisé des analogies, après bien des métamorphoses de ces diverses proportions les unes dans les autres, après bien des opérations et d'inutiles calculs, il finit par établir, sur de légères convenances, la dissonance qu'il s'est tant donné de peine à chercher. Ainsi, parceque dans l'ordre des sons harmoniques la proportion arithmétique lui donne, par les longueurs des cordes, une tierce mineure au grave (remarquez qu'elle la donne à l'aigu par le calcul des vibrations), il ajoute au grave de la sous-dominante une nouvelle tierce mineure. La proportion harmonique lui donne une tierce mineure à l'aigu (elle la donneroit au

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