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avantageux que le dit M. Polli; qu'on ne lui a pas, en tout cas, accordé une bien grande confiance, puisque, dans l'épizootie de typhus bovin à l'occasion de laquelle elles ont été instituées, on a dû renoncer à toutes les tentatives de traitement relatives à cette maladie, et recourir enfin aux mesures qui étaient mises en pratique avec tant de succès dans notre pays, afin de parvenir aussi à se débarrasser du fléau qui avait déjà produit d'immenses désastres, et dont les progrès devenaient de plus en plus alarmants.

J'ajouterai que, dans un rapport qu'ils ont fait à ce sujet, en 1868, et qui n'a été publié qu'en 1870, MM. les professeurs Simonds et Brown, du Collège royal vétérinaire de Londres, exposent que les expériences auxquelles il se sont livrés à cet établissement ne sont pas favorables à la médication sulfitique, en ce qui concerne la rinderpest.

Vous trouverez peut-être un peu longs, Messieurs, les détails dans lesquels je suis entré relativement aux travaux imprimés que vous aviez renvoyés à mon appréciation; mais vous voudrez bien me pardonner cette petite dérogation à nos usages, en considération de l'importance du but que l'auteur de ces travaux a eu en vue en les publiant.

J'ai l'honneur de vous proposer, Messieurs, de voter des remerciments à M. le docteur Jean Polli, pour l'hommage qu'il a bien voulu nous faire des intéressantes brochures dont je viens de rendre compte, et qui seront naturellement classées dans la bibliothèque de la Compagnie.

M. Vleminckx: Cette communication me paraît avoir un grand intérêt. Je comprends qu'on repousse les assertions de son auteur et qu'on lui dise: « Vous ne faites qu'affirmer, mais vous ne prouvez pas. » Je comprends encore qu'on les repousse à raison des essais faits en Angleterre et d'où ré

sulterait que tous les remèdes préconisés contre la peste bovine, même ceux dont il est ici question, sont restés sans résultat ou n'ont pas eu les résultats qu'on en attendait.

Mais il y a dans cette communication autre chose; il y a l'indication de moyens prophylactiques. Or, il ne résulte pas de l'intéressant rapport que vient de nous faire l'honorable M. Thiernesse, que ces moyens ne seraient pas utiles jusqu'à un certain point.

Jusqu'à quel point la préservation a-t-elle été obtenue chez les animaux soumis au régime des sulfites et hyposulfites de soude? Voilà ce qu'il faudrait savoir. Il y a bien, je le répète, une affirmation de l'auteur de la communication, mais je n'ai pas entendu qu'il y eût un nombre suffisant de preuves. Je voudrais qu'on allåt à la recherche de ces preuves. Il y a ici un grand intérêt en jeu; aucune investigation ne peut être négligée, et à cette occasion je dois dire que quelque chose d'étrange se passe chez nous. Dans un pays voisin, en Hollande, deux de nos compatriotes semblent avoir fait merveille à l'aide de moyens préservatifs; ces moyens, a-t-on dit, appartiennent à la médecine homeopatique. On en a fait grand bruit à la Chambre des représentants et ailleurs. Il y a deux jours encore, nous avons tous lu, dans un journal une lettre affirmant de la manière la plus sérieuse que ces moyens avaient été couronnés du plus grand succès.

M. Gluge: Et soixante-dix guérisons sur cent!

M. Vleminckx Nous avons parmi nous un de ces : expérimentateurs. Il est évident que s'il venait nous dire, je me trompe, nous prouver qu'en effet, comme vient de le déclarer l'honorable M. Gluge, il est parvenu à guérir soixantedix pestiférés sur cent, tous tant que nous sommes, nous n'hésiterions pas à l'élever sur un pavois. Mais ce qui m'étonne, et ce qui doit vous étonner grandement tous, c'est qu'il ne soit

pas venu déjà, depuis longtemps, lui, notre collègue, nous apporter les résultats de ses observations et de son heureuse pratique, ici même, au sein de cette Compagnie dans laquelle se débattent toutes les questions qui se rapportent à l'art de guérir.

L'honorable collègue dont je parle, n'est pas présent à la séance, mais il lira ce que je viens de dire. Il nous donnera, je l'espère, la satisfaction que je réclame. On nous a bien dit que c'est l'homœopathie qui a fait des miracles entre ses mains; mais à nous qui ne sommes pas des profanes, il faut quelque chose de plus qu'une assertion; il nous faut les faits d'abord, les faits bien prouvés, non contestés et scientifiquement analysés; il nous faut ensuite les remèdes et les résultats obtenus par eux et à cause d'eux. Il nous importe enfin de savoir quels ont été les moyens de préservation ainsi que les effets qu'on en a obtenus. L'honorable M. Gaudy ne peut nous refuser cela, et je suis bien certain qu'il n'attend qu'une occasion pour nous en entretenir.

Quoi qu'il en soit, je demande à l'honorable M. Thiernesse de me dire s'il ne croit pas, lui aussi, qu'il y a lieu de rechercher avec soin, quels ont été, au point de vue pophylactique.. les résultats des moyens recommandés par l'auteur de la communication. Ce serait déjà une conquête immense, la peste bovine existant, d'avoir à sa disposition des moyens à l'aide desquels il serait possible de préserver les animaux non atteints.

Je prie M. Thiernesse de nous dire ce qu'il pense de la valeur de cette observation. Je me soumets volontiers à son jugement. · M. Gluge : J'avais demandé la parole pour le même objet que M. Vleminckx. Je voulais demander à M. Thiernesse, à l'occasion de son intéressant rapport, quelle est son opinion personnelle sur les cures merveilleuses que l'on dit avoir fait

en Hollande. On a parlé de 70 guérisons sur 100 cas de peste bovine. Si nous parvenions à guérir 70 p. c. de typhus aussi graves, on nous élèverait des statues.

Je voudrais bien connaitre l'opinion personnelle de M. Thiernesse, parce que j'ai la plus grande confiance dans son esprit scientifique et son expérience.

M. Graux: M. Thiernesse n'y croit pas, ni moi non plus.

M. Thiernesse: Je ferai une courte réponse aux questions de mes honorables collègues MM. Vleminckx et Gluge.

Je dirai d'abord que dans mon rapport je ne me suis pas prononcé contre les vues de M. Polli. J'ai émis l'avis, au contraire, que la médication sulfitique qu'il préconise, comme moyen préservatif de la peste bovine, pourrait être mise en usage à titre d'expérience, dans les localités limitrophes d'une contrée' envahie par cette maladie contagieuse, mais à la condition toutefois que, dans les étables où elle aurait été constatée, on y renonçât aussitôt pour recourir à l'assommement de toutes les bêtes suspectes de contamination, afin de procéder à la désinfection des étables et à l'extinction des foyers de contagion dont elles seraient le siége.

Je dois dire cependant que les expériences invoquées par M. Polli à l'appui de sa prophylaxie, celles surtout qui ont été faites dans la Grande Bretagne, ne me paraissent pas aussi concluantes qu'il le prétend.

M. Vieminckx: Comme moyen préservatif?

M. Thiernesse : Oui, même comme moyen préservatif. Ce n'est, du reste, qu'à ce titre que l'honorable médecin italien conseille l'emploi des sulfites sodiques contre le typhus contagieux des animaux ruminants. Bien qu'il leur attribue une action curative réelle contre cette grave affection, il ne

propose pas d'en faire usage: il reconnaît qu'il est préférable de sacrifier au plus tôt les bêtes malades; mais il voudrait qu'on n'abattit plus les bêtes suspectes d'infection, són remède bien employé devant, croit-il, leur assurer l'immunité.

Or, les expériences variées dont les sulfites sodiques ont été l'objet en Angleterre pendant l'épizootie typhique de 1865-1867, ne me paraissent pas de nature à les faire admettre comme moyen prophylactique, pas plus que comme remède curatif de la peste bovine. En effet, on les a administrés, non-seulement par les voies digestives, en boissons, breuvages, bols ou lavements, mais encore par injection dans la veine jugulaire, et d'abord cru, dans l'un et l'autre cas, avoir atteint le but désiré; mais les succès enregistrés un peu précipitamment ne se sont pas confirmés. On n'a pas tardé à reconnaître que les sels dont il s'agit ne pouvaient suffire pour conjurer le fléau des steppes.

on

D'un autre côté, je rappellerai que, d'après les expériences faites au Collége royal vétérinaire de Londres, sous la direction de M. Simonds, et dont les détails, rapportés par ce savant professeur de concert avec M. Brown, n'ont été publiés qu'en 4870, ces sels sulfureux ne seraient point doués de l'action thérapeutique que M. Polli leur attribue.

En ce qui concerne le traitement homoeopathique appliqué avec tant de succès apparemment à la peste bovine, par notre honorable collègue M. Gaudy, conjointement avec M. le pharmacien Seutin, vous comprenez, messieurs, qu'il m'est impossible de me prononcer d'une façon catégorique. N'ayant pas été dans le cas de suivre les expériences que ces honorables praticiens ont faites en Hollande, et dont ils auraient obtenu des succès inespérés, je ne suis pas en mesure ni d'en confirmer ni d'en infirmer les résultats merveilleux. Je dirai toutefois, puisque mon savant ami M. Gluge désire connaître mon avis à

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