Images de page
PDF
ePub

pour l'examen de ce mémoire et des autres travaux qui pourront encore être envoyés avant l'expiration du terme fatal.

Sous la date du 22 de ce mois, M. Cambrelin adresse une lettre dans laquelle il traite la question de la contagiosité et de la non-contagiosité du choléra. Renvoi à l'avis du Bureau qui examinera cette communication au point de vue de son insertion dans le Bulletin.

[ocr errors]

M. le docteur Heyfelder adresse un exemplaire d'un rapport qu'il vient de publier sur le service sanitaire dont il a été chargé sur les bords du Rhin et en France, pendant la guerre de 1870-1871.

Le département de la guerre, à Washington, fait parvenir. comme suite à ses premiers envois, le troisième rapport publié sur les opérations chirurgicales pratiquées dans l'armée des Etats-Unis.

Il est fait hommage à l'Académie de quelques autres publications dont les titres seront insérés au Bulletin.

Des remerciments sont adressés aux auteurs des travaux offerts à la Compagnie.

M. Bonnewyn demande la parole à propos de la dernière séance de l'Académie.

Il a appris que, dans cette réunion, à laquelle il n'a pu assister, un incident a été soulevé dans la discussion sur la picrotoxine et que son nom a été prononcé. M. Bonnewyn déclare que, s'il eût été présent, il eût pris la parole et qu'il est prêt à la prendre soit dans la séance de ce jour, soit ultérieurement, au gré de l'Académie.

M. le Président fait observer que la Compagnie a pris, dans sa dernière réunion, une résolution dont l'exécution est confiée au Bureau, qui n'a pas encore statué, et qu'il y a lieu par conséquent de surseoir à toute discussion.

[blocks in formation]

1. RAPPORT de MM. CROCO et THIRY chargés de constater les résultats de l'expérience faite par M. le professeur GUILLERY, pour la conservation des cadavres,

Messieurs,

Vous nous avez chargés, M. Thiry et moi, de constater les résultats d'une expérience de conservation des cadavres, tentée à l'hôpital Saint-Pierre, par M. le professeur Guillery.

Notre confrère a été chargé, par le Comité belge pour l'assainissement des champs de bataille, de prendre part aux travaux entrepris pour désinfecter le champ de bataille de Sedan. Là, au milieu de ces cadavres d'hommes et d'animaux incomplètement et même pas du tout enterrés, il réfléchit aux moyens par lesquels on pourrait obvier aux inconvénients de semblables accumulations. Le procédé qui se présente tout d'abord à l'esprit, c'est la crémation; mais elle répugne à nos idées et à nos mœurs; souvent les parents, les amis tiennent à pouvoir retrouver les leurs pour leur procurer une sépulture convenable; le procédé rationnel, mais brutal, de l'incinération leur enlève cette dernière consolation. Tous les procédés dans lesquels on fait intervenir l'injection pratiquée avec des solutions phéniquées, salines ou métalliques, ne peuvent pas être adoptés, parce qu'ils exigent trop de temps et l'intervention d'hommes spéciaux. Il fallait donc trouver autre chose. M. Guillery imagina d'envelopper chaque cadavre, même sans qu'il fût nécessaire de le déshabiller, dans une pièce de coton, de toile ou de laine, d'un tissu épais, carrée, de 2 mètres de côté, trempée dans une solution d'acide phénique à 2 p. 100. Il s'agissait de voir jusqu'où pourrait s'étendre la portée d'un

semblable procédé de conservation, et l'expérience seule pouvait résoudre cette question.

Pour y parvenir, M. Guillery enveloppa, le 20 octobre 1871, dans une couverture de coton imbibée de la solution phéniquée, le cadavre d'un homme vigoureux, mort l'avant-veille. Il le coucha sur une table de bois, dans une des chambres de l'amphithéâtre de l'hôpital Saint-Pierre, et l'arrosa de temps en temps, tous les cinq ou six jours, avec un litre de cette même solution.

Ayant examiné ce cadavre il y a environ un mois, nous avons constaté qu'il se décomposait lentement, ce qu'attestaient de larges taches bleuâtres et violacées qui se produisaient vers les parties les plus déclives. Il y avait aussi de ces taches là où les mains reposaient sur la partie supérieure des cuisses et l'épiderme y était enlevé. Mais cette décomposition s'opérait d'une manière insensible, sans donner lieu à des émanations, sans vicier l'air par conséquent, et en même temps le corps s'était ratatiné, avait diminué de volume, et la peau était comme légèrement macérée.

Aujourd'hui le travail de décomposition a marché, mais toujours avec lenteur et sans dégagement de gaz nuisibles; les parties antérieures du tronc sont verdâtres et le ventre est légèrement ballonné; les parties postérieures sont violacées et offrent des phlyctènes brunâtres.

Voilà, Messieurs, ce que nous avons vu. Ce cadavre est donc là couché depuis quatre mois, et il se trouve encore actuellement dans un état de conservation très-convenable. Ce n'est pas, sans doute, une conservation parfaite, telle que celle obtenue par un embaumement bien réussi ou par l'application des procédés par lesquels on conserve les pièces anatomiques. Mais il ne faut pas demander à une méthode plus qu'elle ne peut donner, ni surtout plus qu'elle ne promet; il faut la

placer dans le cercle d'action qui lui convient, sans vouloir à toute force l'en faire sortir, pour ensuite lui attribuer des défauts qui sont uniquement dus à des exigences exagérées. Qu'a donc voulu M. Guillery? Il a voulu arriver à conserver des corps morts assez longtemps pour que, en temps de guerre, ou en temps d'épidémie, ou dans les voyages maritimes, on pût attendre qu'on eût le loisir de leur donner une sépulture convenable, de les restituer à leur famille, les laissant là aussi longtemps que les circonstances l'exigent, et cela sans aucun danger pour la santé publique. Il a voulu produire cette conservation par un procédé rapide, d'application facile, à la portée de tout le monde, que le premier venu, infirmier, soldat, garde-champêtre ou ouvrier, puisse mettre en œuvre.

Ce but a-t-il été atteint? Le fait est là qui le prouve sans réplique, et nous estimons que ce fait est destiné à recevoir de nombreuses et utiles applications. Indépendamment de celles indiquées plus haut, nous mentionnerons seulement encore celle que la médecine légale pourra en faire pour conserver pendant un temps suffisant les cadavres ou les pièces dont la justice peut avoir besoin dans ses investigations.

-M. le Président : M. Guillery est présent; il est prêt à donner des renseignements ultérieurs si l'on en désire. - M. Guillery: Messieurs, je dois à votre bienveillance la nomination d'une Commission chargée d'apprécier un procédé que je crois simple, peu coûteux et applicable par les mains les moins exercées. Votre Commission vous a dit si j'ai atteint le but proposé. Néanmoins, permettez-moi de vous donner sur mon procédé quelques explications nouvelles.

L'acide phénique ou carbolique, phénol ou spyrol, hydrate d'oxyde de phényle, dont la formule est C'H'O' est un produit de la distillation de la houille découvert il y a plus de qua

rante ans par Runge, chimiste allemand, et fabriqué en grand, pour la première fois, par M. Calvert, industriel de Manchester.

Il a plus d'un rapport avec la créosote, dont la formule est C'H'O et dont l'étymologie est xpsas σow, je conserve la chair. Ces deux corps ont une origine commune et des propriétés analogues: l'acide phénique aurait pu s'appeler l'acide créosotique.

Depuis longtemps déjà, il est employé en injections pour la conservation des cadavres; mais l'injection suppose un instrument injecteur et une main habile. Or, je désirais arriver au même but par un procédé plus élémentaire : je m'étais donné pour problème, la conservation, pendant quelques jours, des cadavres qui couvrent un champ de bataille.

Je fis donc l'expérience suivante : Le 20 octobre dernier, je pris une couverture de coton d'un lit à une personne et je l'humectai au moyen de 5 litres d'une solution d'acide phénique à deux pour cent, c'est-à-dire 100 grammes d'acide dissous dans 5 litres d'eau. Je l'étendis sur une table de bois; je déposai sur la table ainsi couverte le cadavre d'un homme vigoureux mort l'avant-veille, je repliai les bords de la couverture sur le cadavre qui se trouva ainsi enseveli. La couverture garda longtemps son humidité, je ne dus la rafraîchir au moyen de la solution phéniquée que tous les sept, huit ou dix jours. Chaque rafraîchissement fut d'un litre. Aujourd'hui, après quatre mois et quatre jours, le cadavre ne répand aucune odeur de putréfaction: la seule odeur appréciable est celle de l'acide phénique. Le cadavre se dessèche, on dirait qu'il a transpiré : l'acide phénique lui enlèverait-il son eau? Il est ratatiné. La peau est plissée. Les globes oculaires singulièrement réduits se trouvent au fond de leurs orbites : à cela près, les traits du visage sont peu altérés.

« PrécédentContinuer »