cuisinière de M. H. D. et tels et tels enfants et jeunes gens de la rue des Chaudronniers que je lui signalai. Elle me demanda s'il était nécessaire qu'elle retournât chez elle? je lui répondis qu'une rougeole était peu `contagieuse pour les grandes personnes et que ses maîtres n'ayant pas d'enfants, il devait lui suffire, pour toute précaution, de garder la chambre durant un jour ou deux. Mais cette conversation ayant été rapportée le lendemain à M. Loiseau, celui-ci appela un jeune médecin de Charleroi qui, en présence de quelques papules ou vésicules naissantes sur la figure et peut-être sur la poitrine, diagnostiqua une variole ou au moins une varioloïde, et fit renvoyer cette fille sur le champ à Fontaine-l'Évêque, avec une déclaration en bonne et due forme, signée en toutes lettres, attestant l'existence d'une affection variolique. Au moment de partir la malade étant revenue me trouver, je constatai de nouveau l'existence d'une rougeole anomale, dont les caractères insolites avaient pu induire en erreur mon jeune confrère. Ces caractères insolites persistèrent plus long-temps, parait-il, que les signes propres de la rougeole, puisque M. Bourguignon émit à ce propos l'opinion suivante dans une lettre qu'il me fit l'honneur de m'écrire le 30 août 1872 : « J'ai effectivement soigné une fille de Fontaine, en service chez M. le substitut Loiseau, à Charleroi, mais sa maladie n'a duré que trois jours. Pour moi, ce n'était ni une rougeole, ni une varioloïde, mais une suette miliaire. » M. Bourguignon ajoute que l'éruption miliaire occupait la poitrine et était « telle qu'elle ne pouvait laisser de doutes. » Voilà donc une maladie bénigne qui se présente à l'obser vation attentive de trois médecins différents dans l'espace de cinq jours, et qui est considérée par l'un comme une rougeole, par le second comme une varioloïde et par le troisième comme une suette miliaire des plus évidentes! Des cas semblables peuvent se passer de commentaire. VI J'avais promis, en commençant, de parler de la méthode thérapeutique que j'ai employée dans la dernière épidémie de variole qui a sévi à Charleroi en 1870 et 1871, mais, outre que ce serait un hors-d'œuvre, je m'aperçois que cette simple note tend à prendre les proportions d'un mémoire et je m'empresse de formuler pour finir, quelques-unes des idées que m'ont suggérées mes études sur les maladies virulentes. Je ne crois nullement à la fixité des virus, ni des maladies qu'ils engendrent. Je ne crois pas davantage à leur origine par voie de reproduction et de transmission de germes préexistants, je ne dirai pas de toute éternité, mais aux temps historiques. Il n'y a donc pas, selon moi, de virus immuables, ni de virus préhistoriques. Dans certaines conditions soit climatériques, soit hygiéniques, soit pathologiques, que l'avenir arrivera peut-être à déterminer, les virus de la syphilis, de la variole, de la scarlatine, de la suette, de la rougeole et du choléra, comme les effluves des marais européens et ceux des bords limoneux du Gange, comme les sporules de la teigne et les corpuscules du muguet, comme les animalcules spermatiques de tous les animaux, les sporules de toutes les plantes et tant de milliards de vibrions qui se meuvent à la surface du Globe, sont chaque jour, à chaque instant, tantôt ici et tantôt là, engendrés spon tanément. Telle est ma profession de foi, ma genèse en ce qui concerne les virus et les êtres ou les infiniment petits du monde microscopique. Et parmi ces virus, en apparence si distincts les uns des autres dans certaines manifestations morbides, il en est qui sont de même nature, de même famille, qui se croisent entr'eux, qui se supplantent les uns les autres, et qui finissent. tôt ou tard par se métamorphoser, s'absorber, s'annihiler tourà-tour, pour céder la place à ceux d'entr'eux dont les temps, les milieux et les circonstances extérieures favorisent le plus l'évolution, la croissance et la multiplication. Sont dans ce cas, selon moi : les virus de la variole, de la rougeole, de la scarlatine et de la suette. C'est ainsi que je comprends et que je m'explique l'existence des affections éruptives anomales ou irrégulières, ou mixtes, ou modifiées dont je viens de parler. VII J'avoue bien volontiers que ces conceptions ne peuvent s'appuyer encore sur des preuves palpables, mais je ne pense pas qu'on puisse leur opposer, d'un autre côté, des faits qui soient de nature à en démontrer l'inanité. En comparaison de l'âge qui peut être assigné à la terre ainsi qu'à l'humanité, et de l'avenir qui leur restent à parcourir à l'une et à l'autre, notre époque médicale, en comptant depuis Hippocrate jusqu'aux temps modernes, est trop courte, trop restreinte, et se rapporte à des périodes géologiques et climatériques trop uniformes, pour que nous y trouvions des points de comparaison propres à établir les variations qu'ont dû subir les maladies virulentes depuis l'origine des choses. C'est une œuvre qu'on pourra accomplir dans quelques milliers d'années. 3. NOTE sur un point d'hygiène publique relatif aux viandes d'animaux malades; par M. le docteur KUBORN, membre titulaire. La santé publique est un intérêt de premier ordre qui justifie les mesures de police les plus sévères à prendre en ce qui concerne le débit des viandes. Il y a quelques années, un boucher, des environs de Liége, fut accusé par la voix publique d'avoir livré de la viande provenant d'une vache enfouie. Les violations de sépulture sont peut-être plus fréquentes qu'on ne le croit dans les pays même où n'abondent ni les hyènes, ni les chacals. L'an dernier, j'eus à traiter, pour des dérangements de voies digestives, plusieurs personnes qui avaient mangé de la charcuterie, achetée dans une boutique jouissant d'une bonne réputation. Deux malades se trouvèrent dans un ménage voisin qui, sans s'approvisionner de viande à cette source avait dû jeter au fumier de la chair atteinte d'un commencement de putréfaction, et sur laquelle s'était abattu la veille un essaim de mouches carnassières. D'où venaient celles-ci? Du magasin du charcutier qui avait dû, précisément à ce moment là, enfouir la viande qu'il n'osait plus débiter. Ces faits et quelques autres de même nature, nous ont porté à examiner si la salubrité publique est suffisamment sauvegardée, lorsqu'on considère d'une part, avec la nature des maladies réputées redhibitoires, la latitude, laissée aux pro priétaires, d'user de certaines parties de la bête, de l'autre, les moyens de préservation mis en usage. Premier point. On sait que la ladrerie du porc est caractérisée par le développement de cysticerques, ayant principalement leur siége dans la chair musculaire ou le tissu connectif, mais qui se rencontrent aussi dans le cœur, le foie, la rate, les poumons, etc.; ces cysticerques ne sont autre chose que des larves de tænia solium qui se développent par leur introduction dans les voies digestives de l'homme. Un seul cas de tænia est susceptible d'amener, par le dépôt d'œufs déposés sur des excréments humains, entraînés dans des mares où les porcs s'abreuvent ou mêlés au fumier sur lequel ils se vautrent, l'infection de tout un troupeau. On reconnait une autre espèce de cysticerque chez le bœuf, le mouton, dont le kyste peut devenir énorme chez ces ruminants; ce cysticerque et le cœnure sont les scolex de deux espèces différentes de tænia. Certes, par une cuisson bien opérée, il n'y a pas de danger à manger la chair de porcs atteints de ladrerie, mais si l'on réfléchit que cette cuisson doit être prolongée pendant une heure, qu'elle doit intéresser les parties profondes, que tel n'est pas le cas pour la viande de porc fumée, pour la charcuterie en général, on comprendra qu'il ne faille pas livrer à la consommation un aliment de cette nature. La présence d'un autre parasite dans l'intestin et les faisceaux musculaires des mammifères, spécialement du porc, le trichina spiralis, provoque des accidents mortels. On lui doit certaines épidémies qui ont surtout été observées en Allemagne. Comme les cysticerques, la cuisson prolongée les tue, de même la fumée, pour autant que le kyste dans lequel l'animal est enroulé ne soit pas très-opaque. On sait fort bien que l'action de la fumée, sur les jambons surtout, ne pénètre pas |