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L'Académie se forme en comité secret à une heure et demie.

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4. M. le Président communique à l'Académie une dépêche par laquelle M. le ministre de l'intérieur consulte le Bureau au sujet d'une lettre d'un praticien demandant que le Gouvernement encourage, soit par un subside, soit par une souscription, la publication d'un recueil médical périodique. L'examen

de la question est renvoyé à une commission à nommer par le Bureau.

2. Rapport de la cinquième section sur la communication de M. Berth, relative à une dissolution titrée de goudron. M. Gille, rapporteur.

La Commission propose l'ordre du jour. — Adopté.

3. M. Crocq ayant annoncé qu'il se proposait de faire une communication sur la microcythémie, la Compagnie décide que la discussion du travail de MM. Vanlair et Masius sur le même sujet sera portée à l'ordre du jour, lorsque M. Crocq aura donné lecture de son travail.

4. M. Lefebvre dépose sur le bureau le rapport de la Com mission chargée de l'examen de la question de savoir s'il y a lieu de concourir aux mesures à prendre contre la propagation en Europe de la peste qui sévit en Perse. Ce rapport sera discuté dans le comité secret de la prochaine séance.

La séance est levée à 2 heures.

DÉCHIRURE des fibres circulaires du plan charnu de l'intestin; procidence de la muqueuse; par le docteur WEHENKEL, professeur d'anatomie pathologique, etc., à l'École de médecine de Cureghem.

Au mois de février dernier, M. Eug. André, médecin vétérinaire du Gouvernement à Court-St-Etienne, a eu l'obligeance d'adresser à l'École de médecine vétérinaire de Cureghem, une pièce pathologique des plus rares, non encore signalée, que je sache, dans les annales de la science. Cette pièce ayant été soumise à mon examen, je crois, vu la rareté de la lésion qu'elle présente, faire chose utile en relatant, d'après les renseignements qu'a bien voulu me fournir M. André, les manifestations morbides et les lésions nécropsiques, observées sur le cheval dont provient cette pièce pathologique.

Le fermier auquel appartenait l'animal malade, est un cultivateur très-actif et intelligent; il nourrit bien les animaux de sa ferme et les entretient dans de bonnes conditions d'hygiène, mais il exige de ses chevaux un travail fatigant, parfois excessif, la contrée où il est établi étant assez accidentée et l'état de plusieurs chemins laissant beaucoup à désirer.

Le malade, une magnifique jument indigène, provenant de parents parfaitement bien conformés, répondait au signale. ment suivant: trois ans; taille, 1 m. 65; poil, bai-clair; constitution légèrement lymphatique; état d'embonpoint trèssatisfaisant jusqu'au mois d'octobre 1870.

Depuis sa naissance (en avril 1868), jusqu'à l'âge de deux ans, cet animal a joui d'une très-bonne santé; en avril 1870, il éprouva des coliques dont la durée fut de douze jours environ. Les douleurs intestinales n'étaient pas permanentes, mais se manifestaient après chaque ingestion d'aliments solides. L'injection des muqueuses apparentes, la force et l'accélération du pouls réclamèrent un traitement antiphlogistique. Les

manifestations morbides ayant cédé à la diète et à l'emploi de saignées répétées, de mucilagineux et de purgatifs salins, on fit donner au malade des aliments de facile digestion jusqu'au moment où on put le mettre au régime du vert. Pendant tout le temps qu'il fut soumis à ce dernier régime, il ne présenta aucun symptôme morbide et fit fort bien son service.

Au mois de septembre, le régime alimentaire sec dut être substitué au vert et au mois d'octobre les coliques reparurent; les accès de douleurs intestinales se manifestèrent d'abord à des intervalles assez longs; plus tard ils se rapprochèrent de plus en plus, et, trois semaines avant la mort, les coliques. dont l'intensité s'était considérablement accrue, devinrent presque continues. Quatre à cinq jours avant la terminaison fatale, des symptômes cérébraux caractérisés par de la somnolence alternant avec des accès de délire, vinrent s'ajouter aux coliques.

C'est encore au traitement antiphlogistique et purgatif qu'on eut recours pour combattre ces manifestations.

Le malade a succombé le 16 février 1871 et l'autopsie faite 45 heures après la mort fit constater, outre les lésions d'une péritonite générale et récente, due à la pénétration de matières intestinales dans la cavité de la séreuse abdominale, l'altération fort intéressante que présente le morceau d'intestin grèle, joint à la présente communication; les organes thoraciques étaient normaux; les organes cérébro-rachidiens n'ont pas pu être examinés. L'intestin grèle dont une grande partie est déposée aux collections de l'École de médecine vétérinaire de l'État, est remarquable par une forte imprégnation sanguine, par le volume considérable et les bosselures qu'il présente dans une partie de son étendue et qui lui donnent une certaine ressemblance avec l'intestin colon; sur une longueur de deux mètres environ, cet intestin dont le diamètre normal est de 3 à 4 cen~

timètres, a acquis un contour de 24 centimètres en moyenne. Déjà par une simple inspection, mais mieux encore par un exa men de cet organe préalablement insufflé, on peut reconnaitre que la paroi de celui-ci ne présente pas partout la même épaisseur ni la même structure: dans la moitié supérieure (correspondante à l'insertion du mésentère) le plan charnu longitudinal fait défaut; dans la moitié opposée toutes les tuniques sont complètes; la transition de l'une des parties à l'autre est brusque et l'amincissement de la paroi supérieure est trèsévident. Aux extrémités de la partie anormale de l'intestin, les deux bords du plan charnu longitudinal se réunissent sous un angle assez aigu.

La solution de continuité dans le plan charnu longitudinal doit être rapportée à une distension outrée suivie de déchirure des fibres circulaires, mais la forte imprégnation sanguine de toutes les tuniques intestinales n'a pas permis d'établir, à l'aide du microscope, la nature des altérations survenues dans les éléments de la tunique intestinale.

Les bosselures que présente la surface de cet intestin ne s'étendent pas à tout le pourtour de l'organe, mais se bornent à la partie dans laquelle les fibres musculaires longitudinales font défaut. Les étranglements partiels auxquels cet aspect bosselé est dû, se trouvent à des distances assez régulières l'un de l'autre et correspondent aux endroits où les vaisseaux passent, en se bifurquant, du mésentère aux deux surfaces de l'intestin.

Le passage des matières intestinales dans la cavité péritonéale, a eu lieu par une perforation peu considérable d'une des bosselures.

Epicrise. De l'ensemble des faits que je viens de relater, il ressort, à mon avis, que cette lésion particulière du plan charnu de l'intestin date de l'époque à laquelle les premières coliques se sont produites chez ce cheval, et que cette lésion a

été la cause plus ou moins directe des douleurs intestinales subséquentes ainsi que de la terminaison fatale survenue à la suite de l'inflammation du péritoine. La santé parfaite dont cette jument a joui jusqu'à l'âge de deux ans, ne nous permet pas de reporter l'origine du mal à une date antérieure; tandis que la prédisposition aux troubles digestifs que nous constatons chez le malade, à partir de cette époque, nous prouve que malgré la disparition des phénomènes inflammatoires qui ont très-probablement été la cause des premières coliques, l'intestin n'a pas repris complètement ses caractères normaux.

Les manifestations morbides qu'on a pu saisir pendant la vie du malade, ne sont pas suffisamment caractéristiques pour qu'on ait pu en déduire la nature de toutes les altérations auxquelles elles étaient dues, mais, après avoir reconnu les lésions sur le cadavre, on peut facilement se rendre compte de presque tout le processus pathologique.

Les symptômes observés en même temps que les premières manifestations de coliques et l'heureuse influence exercée sur le trouble morbide par le traitement antiphlogistique nous font considérer le processus pathologique qui a existé en ce moment, commede nature inflammatoire. La réapparition des douleurs intestinales en avril 1870, après chaque ingestion de matières solides, peut avoir eu pour cause une irritabilité exagéréc de la muqueuse intestinale, mais le trouble des mouvements péristaltiques occasionné d'abord par l'infiltration inflammatoire, plus tard par cette même infiltration et la dissociation survenue entre les éléments musculaires de l'intestin ou par cette dernière lésion seule, n'a certes pas été étranger à ces accès de coliques, car ce trouble était une condition favorable à l'accumulation des matières alimentaires dans l'anse intestinale malade et à la distension de celle-ci, Je pense que

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