Un bouillon de poulet est ordonné.

Le 14. Nuit passable, le pouls toujours à 120. La faiblesse n'est plus aussi prononcée, le ventre n'est pas douloureux. La malade accuse de l'appétit. Elle est sondée trois fois le jour.

On ajoute un jaune d'oeuf à son bouillon. Boissons rafraîchissantes.

Le 15. Nuit comme la précédente. Le pouls est à 110, la malade a uriné sans le secours de la sonde.

On cesse le sirop de morphine qui avait été administré chaque soir depuis l'opération à la dose de deux cuillerées à café.

Le 16. La malade a bien dormi. L'urine est assez rouge. Pas de selle encore depuis l'opération. Elle réclame de la nourriture.

Bouillon avec tartine. Gelée de viande. A dater du 17, le ventre est légèrement tendu et la pression modérément douloureuse, les urines sont troubles. On commence à administrer des lavements qui le 19 amènent une selle énorme composée de gros boudins et qui laisse à sa suite un état de faiblesse assez prononcé.

Le 20. La malade se trouve mieux, le ventre est affaissé, mais toujours un peu douloureux à l'endroit de la plaie qui présente, dans tout son pourtour, une induration assez étendue. Les sutures sont enlevées et la cicatrisation est complète. Le pouls se maintient toujours de 108 à 116.

Les jours suivants ne présentent rien de particulier. Notre malade prend quelques huîtres, suce une côtelette de mouton, etc. Le ventre se présente toujours dans le même état, lorsque dans la nuit du 23, je suis appelé pour constater qu'une collection purulente s'est faite jour par le trou de la

dernière suture. Le pus était rougeâtre et fétide et il s'en est écoulé environ un verre à vin (1).

Après avoir épongé et exercé une certaine pression, j'appliquai sur l'ouverture un gâteau de charpie.

Les jours suivants, le pus s'écoule mais en petite quantité. Pas de frissons. Le ventre toujours un peu tympanisé.

Malgré la sortie du pus par cette petite ouverture, je constate le 28, à ma visite, qu'il s'est écoulé une assez grande quantité de pus rougeâtre par une ouverture d'environ un centimètre pratiquée à la base de la plaie.

Dès ce moment, le pus s'est écoulé facilement et on se contenta de renouveler la charpie trois fois le jour. Le ballonnement du ventre diminua insensiblement et toute douleur disparut.

Enfin le 8 octobre, notre malade se trouvait dans un état très-satisfaisant; l'appétit était excellent, les forces renaissaient, le pouls était à 84 et elle put être placée sur une chaise longue.

Comme les collections purulentes à la suite de l'ovariotomie ne nécessitent qu'un pansement simple et qu'on doit bien se garder d'y opposer un traitement quelconque, la nature se chargeant de faire tous les frais, je n'eus plus dès lors qu'à attendre patiemment la guérison de l'abcès.

Les bourgeons charnus qui sortaient par la petite ouverture restée en dernier lieu, sont rentrés insensiblement et le 22 novembre la guérison était complète. Il ne restait qu'un léger enfoncement au niveau de la cicatrice.

(1) Cette suppuration avait son siége dans les parois abdominales, dans Je voisinage de la plaie, là où des adhérences existaient avec le kyste. Ces parties au lieu de contracter immédiatement des adhérences avec l'intestin ont suppuré.

Depuis lors sa santé se consolide chaque jour et le 15 janvier dernier, les règles sont apparues.

Ce cas de guérison, dans les circonstances défavorables de santé où se trouvait l'opérée, est digne de fixer l'attention. des praticiens, car il nous montre tout ce que l'on peut espérer de l'ovariotomie.

Puisse ce succès servir d'encouragement à ceux qui hésiteraient encore à avoir recours à cette opération.

SÉANCE DU 4 JUILLET 4872.

PRÉSIDENCE DE M. VLEMINCKX.

La séance est ouverte à onze heures.

Le procès-verbal de la réunion précédente est adopté.

M. le Ministre de l'Intérieur a fait parvenir à l'Académie une certaine quantité de cundur angu ainsi qu'une brochure traitant des propriétés médicinales de cette plante. Conformément à la décision prise dans la séance précédente, les membres, qui désirent faire des essais, peuvent en obtenir, en s'adressant au Bureau.

Donnant suite aux décisions qui ont été prises dans la dernière réunion de la Compagnie, le Bureau a désigné MM. Vleminckx, Crocq et Lefebvre pour l'examen à faire de la question soumise à l'Académie par le Gouvernement relativement aux mesures à prendre contre la propagation de la peste qui sévit actuellement en Perse. Il a chargé MM. Vleminckx, Depaire

et Gille d'examiner la question de réciprocité entre la France et la Belgique pour l'introduction des préparations pharmaceutiques et il a composé la Commission des prix de 300 francs de MM. Bribosia, De Roubaix, Lequime, Pigeolet et Thiernesse. La Commission directrice pour l'érection, à Leyde, d'une statue à Boerhaave, a invité l'Académie à se faire représenter à l'inauguration du monument par la lettre suivante :

Bois-le-Duc, 5 juin 1872.

<< Monsieur et très-honoré confrère !

« Nous avons l'honneur de vous faire part que l'inauguration de la statue de Boerhaave aura lieu à Leyde, mercredi le 26 juin, à une heure de relevée.

« Nous nous flattons que l'Académie royale de médecine de Belgique, qui a si largement contribué à la réussite de l'entreprise, voudra se faire représenter à cette cérémonie par quelques-uns de ses honorés membres.

« Vous nous obligerez, Monsieur et très-honoré confrère, en voulant nous communiquer avant le 15 juin les noms de ceux de vos membres qui seront désignés par l'Académie.

« Agréez l'assurance de nos sentiments très-distingués. « La Commission directrice pour l'érection d'une statue à Boerhaave.

Le Secrétaire,

Dr M. J. Godefroid. »

Deux membres du Bureau, M. le Président et M. le Secrétaire, ainsi que deux anciens vice-Présidents, MM. Fossion et Thiernesse, ont fait partie de la députation qui s'est rendue en Hollande.