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Modeste; Vandenweghe, Aimé; Dumont, Achille, et Denis, Jules. Ils ont été pour moi des témoins impartiaux, plus tard, sincèrement convaincus des conclusions que je formule. Dans les expériences que j'instituais, et qui réclament le concours de plusieurs personnes, ils ont pu voir combien les résultats étaient nets et constants. Aussi je viens offrir avec pleine confiance à l'Académie un Travail où l'illusion personnelle, les préoccupations intéressées, n'ont pu trouver place, et qui ainsi a subi déjà l'épreuve d'une certaine vérification.

3. HERNIE crurale irréductible depuis plusieurs années. Inflammation des parties herniées et étranglement consécutif. · Gangrène d'une anse intestinale de douze centimètres de longueur. Formation d'un anus contre nature. Guérison à la suite de l'entérotomie; par M. le docteur HAMBURSIN, correspondant de l'Académie.

La nommée Anne Rifflard, âgée de 47 ans, journalière, domiciliée à Namur, est entrée à l'hôpital St-Jacques de cette ville, le 19 avril 1860.

Cette femme portait, depuis plusieurs années, une tumeur à l'aîne gauche. Dans les premiers temps de cette affection, la tumeur n'était pas permanente, mais il y avait déjà longtemps qu'elle était devenue irréductible. Il n'en résultait du reste, d'autre incommodité que quelques troubles digestifs. Dix jours auparavant, la malade avait ressenti des douleurs dans la tumeur, circonstance qui ne l'avait pas, tout d'abord, empêchée de se livrer à ses occupations habituelles. Bientôt la tumeur avait augmenté de volume, et la malade avait eu des nausées, des vomissements, et une constipation invincible. Les douleurs devinrent de plus en plus vives, et la malade fut obligée de garder le lit. Elle appela un médecin qui fit des tentatives de taxis, lui prescrivit des lavements et des frictions avec une pommade brune. Les symptômes continuèrent à s'aggraver. Depuis plusieurs jours, la malade vomissait des matières à odeur stercorale. En dernier lieu, on appliqua de la glace sur la tumeur, après avoir réitéré plusieurs tentatives inutiles de taxis. La malade, découragée, se décida enfin, à entrer à l'hôpital.

Celle femme

Etat de la malade au moment de son entrée. est dans un état de prostration extrême. La figure est profondément altérée; le pouls est petit, filiforme; la peau est froide et visqueuse. Le ventre est balonné, mais peu doulou

reux à la pression. Il y a des vomissements de matières stercorales; le hoquet est continuel. Les douleurs ont diminué depuis la veille.

A la partie moyenne et un peu interne du pli de la cuisse gauche, se trouve une tumeur globuleuse du volume d'une orange. Cette tumeur, située au-dessous de l'arcade crurale qu'elle recouvre néanmoins par son bord supérieur, n'est pas très-sensible à la pression. La peau qui la recouvre est ridée et d'un rouge sombre. De dure qu'était la tumeur, il y a quelques jours, elle est devenue molle, non rénittente, et se laisse affaisser sous la pression des doigts; cette pression s'accompagne d'une sensation de crépitation. La percussion donne un son tympanique.

Le diagnostic ne nous parut pas douteux. Les commémoratifs et les symptômes locaux et généraux attestaient assez qu'il s'agissait d'une hernie crurale ancienne, irréductible, dont l'inflammation, méconnue et mal traitée, avait déterminé un étranglement des parties herniées, étranglement suivi de gangrène.

En présence de pareils accidents, la conduite à tenir n'était pas douteuse. M. Laforce et moi, nous fûmes d'avis qu'il y avait lieu de diviser les tissus vivants qui recouvraient les parties étranglées, afin de permettre l'élimination des parties. mortifiées, tout en conservant les téguments. En conséquence, je fis une incision parallèle au pli de l'aine sur la peau qui recouvrait la tumeur.

Les couches fibreuses sous-jacentes furent successivement divisées sur la sonde cannelée, comme si nous avions eu affaire à un étranglement ordinaire. La première couche aponévrotique divisée, il s'exhala une odeur de gangrène et de matière stercorale; ce qui confirma le diagnostic. Nous arrivàmes ainsi sur le sac qui était, en grande partie, adhérent

à l'intestin. Cependant, il me fut possible d'introduire la sonde entre l'intestin et le sac herniaire. Celui-ci divisé, nous vimes l'intestin affaissé, de couleur noirâtre, et présentant plusieurs plaques d'un gris cendré, de forme irrégulière, ayant deux ou trois centimètres d'étendue. Ces plaques étaient évidemment sphacelées. L'une d'elles présentait même un pertuis par lequel s'échappaient des gaz et des matières fécales. L'anse intestinale étranglée avait environ douze cenfimètres de longueur. Eile fut largement ouverte, ce qui me permit d'introduire l'index dans un des bouts de l'intestin, et de m'assurer que l'étranglement du pédicule par le collet du sac n'était pas assez considérable pour empêcher l'écoulement des matières stercorales. La plaie fut pansée à plat.

A dater de ce moment, les symptômes d'étranglement cessèrent. Les matières intestinales salissaient les pièces de pansement; elles consistaient en une bouillie claire, jaunâtre, légèrement odorante, comme celle qu'on rencontre vers la fin de l'intestin grèle. L'écoulement était presque incessant après les repas. La santé générale de la malade se rétablit promptement. Je prescrivis, sans tarder, une bonne alimentation. Il ne survint d'autre accident qu'un érythème trèsétendu sur la cuisse et la paroi abdominale sans cesse baignée par les matières fécales.

Quelques jours après, je m'assurais par le toucher des conditions nouvelles dans lesquelles cet accident avait mis les anses intestinales. J'introduisis l'index dans les bouts de l'intestin. Ceux-ci tombaient perpendiculairement sur l'orifice de la plaie. Les bouts supérieur et inférieur étaient adossés l'un à l'autre comme les canons d'un fusil à deux coups. La cloison qui séparait les lumières des deux bouls s'avançait jusqu'à l'ouverture, et, en introduisant l'index dans un orifice et le médius dans l'autre, on constatait parfaitement le

parallélisme des deux portions intestinales sur une longueur considérable. Cette disposition, résultant de la perte énorme qu'avait subie l'intestin, me paraissait de nature à mettre un obstacle presque invincible à la cure spontanée de l'anus anorinal. Toutefois, j'attendis, pendant un mois, avant d'intervenir. La plaie s'était beaucoup rétrécié, mais livrait toujours passage aux matières intestinales, sans que la malade fit un vent, ni éprouva la moindre envie d'aller à la selle.

Craignant, d'une part, l'atrophie du bout inférieur de l'intestin, et la difficulté qu'il pourrait y avoir à le retrouver, si je tardais trop longtemps à intervenir, voyant, d'autre part, la malade se décourager de plus en plus; bien convaincu, du reste, que la perte énorme subie par l'intestin et les dispositions anatomiques qui en étaient la conséquence, mettaient un obstacle invincible à la guérison spontanée, je me décidai, après avoir, au préalable, dilaté l'orifice à l'aide de l'éponge préparée, à détruire l'épéron.

A cet effet, je fis exécuter un entérolome de Dupuytren; mais je fis donner à ses branches une largeur de seize millimètres au lieu de buit. Une telle modification me paraissait avantageuse, en ce qu'elle donnerait lieu à une brêche beaucoup plus large, de manière à assurer davantage le succès. Je ne crois pas, du reste, que cette modification expose beaucoup plus à l'épanchement des matières intestinales dans la cavité péritonéale, l'inflammation adhésive ayant nécessairement lieu dans le pourtour des parties étreintes par l'instrument.

Les branches, guidées sur l'index, furent successivement introduites dans les deux bouts de l'intestin, à une longueur de six à sept centimètres, puis serrées assez fortement. La malade fut mise à la diète absolue.

Le lendemain, la malade se trouve bien. Quelques coliques

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