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renseignements circonstanciés sur la question qui vient de donner lieu à de si tristes débats. Il ne peut donc manquer de vous intéresser. Le voici :

2. NOTE de M. DÈLE sur le traitement homeopathique de

la peste bovine et ses résultats en Angleterre en 18631866.

Lorsqu'en septembre 1865 on apprit en Angleterre, par la voie des journaux politiques, les résultats merveilleux attribués au traitement de la peste bovine en Hollande, par la méthode homeopathique, on ne tarda pas à y soumettre celle-ci à l'expérimentation. Une Association homeopathique s'y constitua et contribua largement à favoriser cette expérimentation. Elle se mit en rapport, le 18 novembre 1865, avec la Commission officielle de la peste bovine et lui demanda les résolutions qu'elle avait prises, à la suite des données qui avaient été fournies par le docteur Hamilton. On sait que ce médecin homeopathe s'était rendu en Hollande et qu'il avait appris :

1° Du professeur Hengeveld, président de la Commission officielle hollandaise, que le chiffre des guérisons des bêtes typhisées, par des traitements variés, était de 45 pour 100;

2. De M. Van Dyk, bourgmestre de Mathenisse, que le chiffre des guérisons dues à l'emploi exclusif de l'homeopathie, s'était élevé à 75 pour 100.

La Commission officielle anglaise répondit – 22 novembre à l'Association qu'elle avait décidé de tenter la méthode homeopathique, tant sur les animaux infectés naturellement que sur ceux infectés par inoculation.

Elle avait arrêté pour cette seconde catégorie les dispositions suivantes :

Quatre bêtes bovines seront inoculées en même temps et

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avec la même matière par le docteur Sanderson; le vétérinaire homeopathe pourra en choisir deux; il aura également le choix de l'étable, de la nourriture, etc. Il commencera le traitement d'une bête inoculée, dès qu'il le voudra, et de l'autre, dès que M. Sanderson la déclarera atteinte de la maladie. Il prescrira une dose double du médicament dont il voudra faire usage, et en remettra la moitié au docteur Sanderson, pour la soumettre à l'analyse, s'il y a lieu, etc., etc.

Ces expériences seront répétées trois fois au moins et plus; si on le désire. Quant aux animaux de la première catégorie, j'apprends

« du docteur Hamilton écrit le secrétaire de la Commission officielle — que les personnes avec lesquelles il s'est entendu, sont en correspondance avec des propriétaires de bétail dans différentes parties du pays, et espèrent bientôt être à même d'instituer les expériences désirables sur une grande échelle et sous une surveillance compétente. Il semble, d'après votre lettre, que l'Association poursuit ses tentatives dans ce but, et je suis autorisé à dire que la Commission examinera volontiers tout projet de l'espèce que l'Association voudra lui soumettre, etc., etc. »

L'Association soumit ces deux propositions à son Comité médical qui, après examen, élabora un rapport qu'il adressa à la Commission officielle le 30 novembre.

Il résulte de ce rapport que le Comité médical ne put nonseulement accepter, mais qu'il rejeta carrément la première proposition tendant à soumettre deux des quatre animaux inoculés au traitement homeopathique, parce qu'une affection inoculée n'a pas toujours la même gravité chez tous les êtres qui la contractent : témoin la variole de l'homme, etc. Il fonde encore le rejet de la proposition sur le petit nombre de vétérinaires homeopathes dont les services ne peuvent être

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absorbés par le traitement de quelques têtes de bétail. Il estime d'ailleurs que le nombre restreint d'animaux sur lequel la Commission propose d'expérimenter ne peut donner que des résultats non concluants, et qu'enfin, il y a trop de cas de peste par infection naturelle à combattre, sans devoir en créer d'artificiels, etc., etc.

Par rapport à la seconde proposition, le Comité fait observer que le but qu'il se propose n'est pas de satisfaire la curiosité de recherches scientifiques, mais de savoir si on ne parviendrait pas à mitiger jusqu'à un certain point la calamité nationale ; qu'il serait irrationnel de sacrifier l'objet primitif de l'Association à une considération moins urgente quoique trèsimportante; que, par conséquent, il importe surtout que le Gouvernement ne suscite aucun obstacle au traitement d'une affection de nature miasmatique, telle que la peste, dont le traitement doit être d'autant moins efficace qu'il est institué à une période plus avancée de cette maladie; enfin, qu'il redoute un désaccord entre le vétérinaire homeopathe et le vétérinaire officiel sur le diagnostic, etc.

Il formule donc la proposition de se mettre en rapport avec le Comité médical de la Commission pour s'entendre sur les signes caractéristiques de chaque période.

Il formule encore la proposition de soumettre dans un district infecté :

100 bêtes bovines au traitement homeopathique. 100

aux soins de la nature. 100

au traitement institué par les meilleurs praticiens, etc., etc.

Le rapporteur termine en faisant observer: d'abord, que les remèdes homeopathiques ne sont pas des remèdes secrets, et ensuite, que la désignation faite par la Commission, comme la méthode de MM. Gaudy et Seutin, peut donner lieu à croire

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que ce plan est particulier à ces derniers, tandis que c'est la méthode généralement connue comme homeopathique et que le Comité n'a pas l'intention de suivre les pas du vétérinaire et du pharmacien belges, mais de diriger le traitement d'après la loi qui a guidé les praticiens homeopathes depuis nombre d'années dans le traitement d'autres maladies sérieuses chez l'homme et les animaux (1). La Commission officielle répondit — 7 décembre

qu'elle ne pouvait admettre les raisons invoquées par l'Association pour rejeter ses propositions. Elle ajouta que M. Walton Mayer, son vétérinaire délégué, était d'accord avec les vétérinaires homeopathes, et que d'ailleurs les essais auxquels on se livrait étaient assez nombreux pour qu'elle jugeât inutile de s'occuper, quant à présent, des nouvelles propositions de l'Association.

Celle-ci, enfin 14 décembre - venant d'apprendre par deux de ses délégués qui avaient visité le Norfolk, que les expériences y marchaient bien et que les vétérinaires étaient d'accord, n'insista plus.

Quel fut le résultat des expériences tentées par MM. Moore, père et fils, et M. Emerton, vétérinaires homeopathes ? Nous allons l'apprendre par le rapport officiel du médecin vétérinaire délégué, M. Walton Mayer, en date du 1er janvier 1866, rapport reproduit en substance dans le troisième de la Commission officielle de l'Angleterre.

«.... Une Association s'établit sous la présidence du duc de Marlborough pour instituer ici les expériences sur une grande échelle. On trouva l'occasion de s'y livrer dans le Norfolk, où tout le bétail 45 bêtes de diverses sermes fut confié

(1) Le Comité médical de l'Association était composé de : MM. les docteurs J.J. Quin, Edouard Jamilton, Stephen Yeldham, Thos. Leadam, J.-B. Metcalfe, Rutherford Russell et du médecin vétérinaire Hugh Cameron (membres de la Société homeopathique britannique).

aux soins des médecins vétérinaires désignés par l'Association et soumis au traitement curatif et préventif.... »

Résultat... « Sur quarante-cinq animaux, un seul ne parait pas avoir contracté la maladie; parmi les autres, quatre ont guéri et quarante sont morts. Il semble que, depuis, l'homeopathie a été essayée ailleurs, mais nous n'avons pas eu l'occasion de vérifier les résultats que l'on dit en avoir obtenus, et les informations qui nous sont parvenues ne semblent pas telles qu'il faillo encourager des recherches ultérieures (1er mai 1866). »

Tels sont les seuls documents officiels qui aient paru en Angleterre au sujet des essais de la méthode homeopathique. Les résultats qui y sont consignés nous dispensent de tout commentaire sur la valeur de cette méthode.

Nous les complèterons par quelques renseignements puisés dans les journaux. Le Times annonça le 28 novembre 1865 que sur dix-sept bêtes bovines traitées secundum artem, par les vétérinaires homeopathes : Haycock, de Manchester, Patterson, de Dewsbury, et le docteur Ramsbotton, onze avaient succombé et que les autres se trouvaient dans un état désespéré.

Le comte de Leicester avait offert cent guinées à celui qui guerirait 60 pour 100 de bêtes typhisées. MM. les vétérinaires Moore, père et fils, traitèrent 21 des 42 bêtes malades. Toutes succombèrent.

Au sanatorium de Bradford, quatre bêtes typhisées sur cinq, traitées homeopathiquement, étaient mortes le 28 novembre 1865.

L'Association homeopathique, dont nous avons parlé, ne s'était pas bornée à essayer l'homeopathie dans le Norfolk : elle l'expérimenta dans l’Yorkshire et le Cheshire. Depuis le 9 novembre 1865, écrit le docteur Pope, médecin de l'hôpital homeopathique d'York, «117 animaux affectés de la peste à

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