question de savoir par quels moyens il a guéri la peste bovine en Hollande, passe à l'ordre du jour. » Je fais une seconde proposition : c'est de décider que la communication faite par M. Gaudy, n'ayant aucun caractère scientifique, ne sera pas insérée dans le Bulletin. - M. Thiry : J'appuie fortement cette dernière proposition que j'avais faite moi-même.' - M. Gaudy: Je n'ai pas la pretention de voir imprimer ma communication au Bulletin. J'ai seulement voulu répondre à l'insinuation de M. Thiernesse. Quant aux explications que l'on demande, elles nous entraineraient à une discussion sur la valeur des doctrines médicales. Or, M. Vleminckx a dit lui-même, ainsi que M. Fallot, qu'il ne fallait pas discuter sur la valeur des doctrines médicales, et c'est avec raison. M. Barella : Je demande que la communication de M. Gaudy soit insérée au Bulletin, mais comme annexe, dehors de nos annales, afin que le public ne puisse être induit en erreur, qu'on ne puisse dire que l'Académie a commis un acte d'intolérance vis-à-vis de M. Gaudy. Il ne faut pas que dans les journaux on exploite cet incident pour dire que nous avons étouffé la lumière, alors que M. Gaudy, mis en demeure de s'expliquer sur les prodiges qu'il dit avoir opérés et auxquels personne de nous n'ajoute et ne peut ajouter aucune foi, se refuse à justifier ses diagnostics et à nous faire connaître les moyens de traitement qu'il a employés. On dira peut-être qu'il s'agit ici d'une question de doctrine médicale, et que dès lors M. Gaudy ne peut discuter avec nous : erreur, profonde erreur! Personne d'entre nous n'a la moindre envie de soulever une discussion de ce genre avec M. Gaudy, mais nous ne sommes pas obligés de le croire sur parole, nous demandons des preuves scientifiques, et ces preuves M. Gaudy nous les en refuse. C'est pour ce motif que je voudrais que la communication de M. Gaudy reçût la publicité la plus étendue, afin que ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre sachent à quoi s'en tenir sur les brillantes et trompeuses réclames de certains organes de la presse politique en faveur de l'homeopathie. M. Vleminckx : Je n'entends pas faire acte d'intolérance vis-à-vis de M. Gaudy. Mais pourquoi l'avons-nous sollicité de venir nous rapporter ce qu'il avait fait en Hollande et comment il avait guéri? Ce n'est pas apparemment pour qu'il vint nous dire : j'ai guéri 73 animaux sur 100. Les journaux nous avaient révélé cela. Nous voulions obtenir quelque chose de plus, c'est notre droit. — M. Gaudy : Je n'ai rien fait publier. M. Vleminckx : Mon Dieu ! Je ne vous accuse pas ! Nous voulions savoir de vous quels ont été les agents, quels ont été les remèdes, comment et pourquoi ils avaient été prescrits, comment et pourquoi ils avaient guéri. Nous désirions que vous voulussiez au moins nous indiquer, puisqu'il s'agit d'homeopathie, quels médicaments vous aviez employés et à quelles doses. Je me contenterais de cela pour mon compte, abstraction faite de toute question scientifique. M. Crocq : Et les résultats? M. Vleminckx : Au fond, quelle est la communication que nous a faite M. Gaudy. Est-elle scientifique ? M. Gaudy : Je n'avais pas cette prétention. Ce n'était pas mon but. M. Vleminckx : Dès lors, je demande ce qu'elle viendra faire dans notre Bulletin, je demande si nous devons l'y tolérer. M. Michaux : Je crois qu'il est contraire au règle : ment de ne pas insérer au Bulletin ce qui se dit dans une discussion. M. Vleminckx : Cela dépend. M. Michaux : Je crois qu'il vaut même mieux, dans l'intérêt de l'Académie, que la communication de M. Gaudy soit insérée au Bulletin et suivie de la discussion. M. Vleminckx : Soit. M. Crocq : Je dois encore le répéter, le but qu'ont voulu atteindre les auteurs des interpellations n'a pas été atteint. Ils voulaient s'éclairer et en même temps éclairer le public. Ils ne se sont pas éclairés et ne peuvent éclairer le public. Que faut-il faire en conséquence? Publier la communication de M. Gaudy ? Lui-même n'insiste pas pour que cette publication ait lieu, parce qu'il reconnaît qu'elle n'a pas un caractère scientifique. Que devons-nous donc faire ? Nous pourrions mentionner purement et simplement la communication de M. Gaudy; résumer la discussion qui a eu lieu et passer à l'ordre du jour. Mais cet ordre du jour ne doit pas être un ordre du jour pur et simple et je viens vous proposer un ordre du jour motivé. Voici comment je voudrais qu'il fût conçu : l'Académie, considérant que M. Gaudy se trouve dans l'impossibilité d'exposer les moyens de traitement qu'il à employés en Hollande... i M. Laussedat : Pas : se trouve dans l'impossibilité; mais : ne veut pas. : M. Crocq : Pardon. M. Gaudy est sommé de nous exposer son mode de traitement. Il nous répond : fournissezmoi des animaux malades. Donc, il est dans l'impossibilité d'exposer son mode de traitement. Sans doute, c'est là un fait étrange. Que diriez-vous, en effet, si, dans la discussion sur le choléra que nous allons reprendre, un membre, appelé à don : ner son avis, répondait : je n'ai rien à vous dire; présentezmoi des cholériques et nous verrons. Sans doute, on ne peut traiter la maladie en l'absence des malades; mais ce qu'on peut faire, et sans cela les académies sont inutiles, c'est faire connaître une méthode de traitement, c'est exposer des vues générales applicables à la généralité des cas. Nous sommes assez intelligents et assez expérimentés pour comprendre qu'il peut y avoir des modifications dans la médication, selon les individus et les circonstances. De cela on ne parlé pas; on doit nous supposer au courant de la science et des exigences de la pratique. Par conséquent, M. Gaudy pourrait nous exposer sa méthode. Il ne le fait pas. Pourquoi? Parce qu'il est dans l'impossibilité de le faire. M. Laussedat : Cette longue et pénible discussion m'inspire des sentiments que je ne veux pas exprimer. Je ne la prolongerai pas. Les efforts parfois très-vifs des orateurs qui ont pris part à ce débat et qui voulaient atteindre un but utile, ont été impuissants. Il y a cependant une question qu'il est impossible de ne pas soulever ici : c'est celle de savoir si l'on peut, devant une Académie, quand on parle d'un fait scientifique, refuser la démonstration de ce fait et demander, pour le prouver, qu'on présente des malades sur lesquels on fera la démonstration, l'étude de la maladie. C'est là un fait tellement anormal, qu'il est pour moi comme monstrueux, que dans une société scientifique, un membre à qui l'on dit : exposez-nous dans quel état étaient les malades que vous avez traités, décrivez-nous les symptômes et dites-nous ensuite par quels moyens vous avez traité, vienne répondre systématiquement : non, et se contenter de nous renvoyer à ce qu'il appelle des documents officiels. Mais, en matière de science, quelle garantie trouvezvous dans ces documents dits officiels, qui ne sont après tout que la reproduction d'une opinion par un homme étranger à l'art et qui remplit une fonction purement administrative? Ce n'est pas avec des données pareilles que la science progresse, ce n'est pas par ces procédés qu'elle peut éclairer. Je respecte parfaitement la conscience de M. Gaudy. Assurément il est étranger aux mauvaises maneuvres qui ont été employées. Mais il doit comprendre que son silence prête énormément, malgré lui; à répandre et à entretenir l'erreur. Ce que M. Gaudy ne nous prouve pas, ce que les commissaires royaux et toutes les pièces officielles ne nous démontrent pas davantage, c'est qu'il a eu affaire à la peste bovine. Il y a plus, dans l'exposé qu'il nous a fait, M. Gaudy nous a parlé de prophylaxie, des suites du traitement, de malades laissés convalescents. Voilà les quelques points semi-scientifiques qui sont apparus dans son récit. Or, tous les jours on rencontre des difficultés à caractériser une maladie d'un nom déterminé, parce qu'il y a des formes diverses, dépendant de circonstances particulières. Eh bien ! en vérité! tout ceci n'a rien qui ressemble à une communication scientifique. Il y a un parti pris, qui résulte de je ne sais quoi, de ne pas vouloir parler science et c'est de cela seul que nous devrions parler. Quant au mode de traitement, il est impossible d'admettre qu'on vienne dire au sein d'une Académie : je ne vous montrerai mon traitement qu'en l'appliquant à des malades. Cela est tellement inadmissible que véritablement j'en suis confondu. Je cherche le sentiment qui anime M. Gaudy. Est-ce une timidité extrême? Est-ce indifférence ? Est-ce impuissance, comme le prétend M, Thiry? Plus je cherche, plus mon incertitude augmente. Comme conclusion, je demande qu'on publie la communication de M. Gaudy, lors même qu'il en ferait très-bon marché |