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ques-uns de nos imprimeurs, qui ne savent pas assembler un mot, ni dresser une ligne d'imprimerie, qui remplacent par le savoir-faire l'instruction classique qui leur manque presque radicalement, qui connaissent à peine le mécanisme de l'art qu'ils professent; ensuite quelques libraires qui peuvent à peine signer leur nom, qui, néanmoins, se parent du titre d'éditeur : tous ces gens là font cependant fortune, et de grosses fortunes encore!

« Mais de leur côté, dit un juge compétent, un maître, M. Ambroise-Firmin Didot, les libraires, alléguant l'exemple de Sweyheim et Pannartz, à Rome, qui, dès l'origine de l'Imprimerie, se ruinèrent par leur trop de zèle à entasser ouvrages sur ouvrages, peuvent présenter aussi le triste nécrologe de tous ceux de leurs confrères qui ont échoué. dans une carrière aussi aventureuse, et où, sur un grand nombre de concurrents égaux en zèle, en intelligence, en énergie, en probité, dix succombent pour un, qui ne doit souvent son succès qu'aux hazards de la fortune, aveugle en tout temps.

Depuis Louis XI, ce prince si défiant et si profond politique, qui donna des lettres de nationalité à Ulric Géring et à ses associés, qui exempta du droit d'aubaine les livres appartenant à P. Schoffer et Conrad Hanequis, par considération pour «< cet art et industrie de l'impression, et pour le prouffit et utilité qui en vient et peut

venir à toute chose publicque, tant pour l'augmentation de la science que aultrement, » jusqu'au roi Louis XVI, si généreux et si bienveillant pour l'Imprimerie, qui, pour subvenir à la gêne des libraires de Paris, leur accorda SIX MILLIONS sur sa cassette particulière, on a toujours vu les rois de France, tout en cherchant selon les mœurs du temps, à réprimer les abus de l'Imprimerie, encourager ses progrès et protéger les grandes entreprises littéraires qui font honneur à la France (1). »

Nous avons vu, dans le volume précédent, que l'Imprimerie fut introduite à Paris en 1470; la même année qu'elle le fut à Venise.

Encouragé par Louis XI, cet art se propagea rapidement, non seulement à Paris mais encore dans nos provinces: partout où il pénétra, il mit un terme aux erreurs, au fanatisme, à la superstition et à l'ignorance.

La date de l'établissement d'une imprimerie dans une des villes de la France, dit M. le Conseiller Beaupré, est un indice qui signale assez exactement le degré de civilisation de ses habitants.

A la fin du XVe siècle, l'Imprimerie était établie dans toutes les villes où les lettres étaient en honneur.

(1) Essai sur la Typographie, par M. A.-F. Didot.

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Parmi les nombreux imprimeurs qui s'établirent à Paris, après Ulric Géring, Crantz et Friburger, ces premiers fondateurs de l'art de la Typographie en France, il faut citer en première ligne : Pierre Kaiser ou Cæsaris, en 1473; il fut un concurrent redoutable et des plus actifs pour Géring; Marc Reinhard ou Reinhardi lequel, en 1482, possédait deux ateliers, l'un à Strasbourg, l'autre à Paris; Jean Maurand, en 1493 et 1494, qui fit paraître, rue Saint-Victor, les Grandes Chroniques de France, en trois volumes in-folio. Thielmann Ier Kerver, imprimeur du Compendium, de Robert Gaguin; Antoine Vérard, le magnifique vulgarisateur des chroniques de bravoure, et des romans de chevalerie, surnommé, avec raison, le Père de l'ancienne Librairie nommons parmi, cette courageuse et savante femme, Charlotte Guillard, veuve deux fois la première, de Rembolt, l'associé d'Ulric Géring; la seconde, de Chevalon; Charlotte Guillard qui, pendant cinquante-quatre années, porta en guise de sceptre le composteur. Pigouchet, dont les charmans livres d'Heures, aux pages encadrées d'arabesques, sont de nos jours pieusement et discrètement copiés par les éditeurs de semblables publications; mentionnons de plus, les Josse Bade d'Asch; Dupré Gailliot; Simon Vostre, et bien d'autres encore.

Vers ce temps, des presses de Christophe Val

darfer, à Venise, sortait en 1471, Il Decamerone, de Bocace, dont un exemplaire fut payé 52,000 fr., prix le plus élevé qu'un livre ait jamais atteint.

Par l'invention de l'Imprimerie, la production des livres se trouva tout à coup facilitée outre mesure et simplifiée à l'infini.

Le prix de fabrication diminuant au delà de toute attente, le capital dont pouvait disposer chaque industriel en ce genre, devint suffisant pour couvrir amplement les frais d'un plus grand nombre d'entreprises de librairie.

Tous les premiers imprimeurs furent aussi libraires.

L'Italie leur restitua leur vieux nom de Bibliopoles: c'est le titre que porte l'imprimeur-libraire, ou éditeur, dans les livres imprimés à Ferrare en 1474 et 1475, et dans ceux que Philippe Giunta fait paraître à Florence à la même époque, tandis que la dénomination de Librarius, figure uniquement sur le frontispice des impressions Bolonaises de 1477, et Trévisanes de 1480.

Dans la plupart des autres pays, l'imprimeurlibraire ne prend d'autre qualité que celle d'imprimeur, qui embrasse tout.

Longtemps, en effet, les libraires ne furent que de savants imprimeurs, s'attachant à reproduire, avec une fidélité scrupuleuse, les éditions les plus correctes des anciens auteurs, à l'imi

tation, pour ainsi dire, des copistes d'autrefois.

Force leur fut bientôt, cependant, de recourir à la plume des littérateurs et des savants de profession, pour enrichir d'abord leurs éditions nouvelles de gloses et commentaires inédits, puis pour allécher peu à peu le public lettré, par l'appât de quelques productions originales; ils durent donc traiter dès lors avec eux, soit pour acheter leurs soins, soit pour leur commander telle ou telle œuvre au goût du jour; et la Librairie moderne fut créée.

Désormais compagne fidèle de l'Imprimerie, elle se développe rapidement en France.

Ses premiers catalogues remontent à 1473 et 1474; ils proviennent d'une librairie de Strasbourg, de celle de Mentelin, et des presses de Baemler à Augsbourg.

A cette dernière date, une nouvelle entreprise est annoncée par le couvent de Saint-Ulric et de Saint-Affre à Augsbourg. C'est presque un prospectus destiné à attirer des souscripteurs.

Dès 1485, il existait à Francfort-sur-le-Mein une espèce de foire pour le commerce des livres dans le genre de la foire actuelle de Leipzig.

De 1473 à 1500, Antoine Koburger occupait vingt-quatre presses à Nuremberg; il avait, en outre, des magasins dans seize villes et des commis-voyageurs dans l'Europe entière.

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