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enfanglante fes mains fans raison. Etes-vous mufulmans, dit le Santon? Oui, mon père répondîmes-nous, nous le fommes, quoique grands pécheurs. Et les gens de votre navire font-ils auffi mufulmans, reprit-il ? Nous le croyons auffi, repartîmes-nous. Ne craignez donc rien, répliqua le Santon; paffez ici la nuit, demain vous verrez le génie. Il est à présent de l'autre côté de la montagne. Ce bon Santon nous fit faire, en fa compagnie, un repas frugal, plus agréable que les feftins des plus vo luptueux omerahs. Affis fur des peaux de gazelles, nous mangeâmes de bons fruits confervés dans du coton d'autres fruits fecs, & des cocos frais, dont la liqueur nous défaltéra & nous réjouit.

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En soupant, notre hôte nous entretint du caractère & des moeurs du génie. Il nous dit que c'étoit un des plus zélés & des plus fiers mufulmans qu'il y eût dans fa nation; & qu'il haïffoit tellement les adorateurs du feu & les autres idolâtres, qu'il les faifoit mourir dès qu'ils tomboient entre fes mains ; qu'il les discernoit, soit par une odeur infecte qui fortoit d'eux, foit autrement; & que, fans doute, le père de notre pilote, & ceux qui avoient péri avec lui, étoient mages, quoiqu'ils fiffent femblant de ne l'être point. Que ce n'étoit donc, ni le

caprice, ni une cruauté infenfée qui gouvernoit Feridoun; mais un zèle éclairé. Savez-vous interrompis-je, de quelle efpèce de génies il eft, & pourquoi il s'afflige fi déméfurément? Votre première queftion, reprit le Santon, eft la plus dangereufe que vous puiffiez faire ici: Dieu nous préferve de nous y arrêter. A l'égard de la feconde, j'y fatisferai avec plaifir. Feridoun aime que j'y réponde fort au long; & ce que j'ai à vous raconter, yous occupera, en attendant le fommeil.

Fin du douzième volume.

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