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les applications en sont très-fréquentes et » de tous les jours.

› La seconde, très-bornée par le nombre › d'exemples, puisqu'elle porte sur des > sirops composés ou polyamiques, dont le chiffre est lui-même très-restreint, > tend à la fois à perfectionner et à remet> tre en crédit ces sortes de produits que › les idées de réforme par trop exclusives » ont fait singulièrement déchoir dans l'opinion du monde médical, sans aucune > espèce de considération pour les titres › incontestables qui les recommandent ⚫ pourtant si fortement à notre attention et à notre confiance.

› Nous sommes persuadé que ce nouveau mode opératoire pour la préparation » d'un assez grand nombre de sirops sera › généralement adopté par les pharmaciens dans la préparation de ceux dont les principes médicamenteux proviennent » de végétaux chargés de sels insolubles dans l'eau, ou d'alcaloïdes qui ne le sont › presque pas. En résumé, l'alcool nous › parait dans ces cas un excellent véhicule › et nous ne doutons pas que les préparations dues à ce procédé ne répondent › pleinement au besoin que M. Mouchon a > eu à la fois la sagacité de signaler et > l'honneur de satisfaire. >>

Après cette citation, nous pensons, Messieurs, pouvoir nous abstenir de toute autre réflexion et nous vous proposons de voter des remerciments à notre honorable correspondant pour la communication qu'il a bien voulu nous faire.

L'assemblée vote des remerciments à M. Mouchon et le dépôt de son ouvrage à la bibliothèque.

M. LE PRÉSIDENT accorde de nouveau la parole à M. Bougard qui donne lecture d'une analyse très-détaillée de la 2e édition que M. le docteur Van Holsbeek vient de publier de son Compendium d'électricité médicale (voir plus haut à la BIBLIOGRAPHIE).

Des remerciments sont votés à M. Van Holsbeek pour sa communication, et son ouvrage sera honorahlement déposé à la bibliothèque.

M. LEROY, tant au nom de MM. Gripekoven et Van den Corput qu'au sien, donne ensuite lecture du rapport suivant sur un travail manuscrit présenté par M. Schoonbroodt, pharmacien à Liége.

Messieurs, M. Schoonbroodt, pharmacien et docteur en sciences naturelles à Liége, vous a fait parvenir, sous forme de lettre, un travail dans lequel il nous informe qu'il est arrivé à obtenir la conversion du sucre en acides pectique et malique, et cela

sous l'influence de l'hypochlorite calcique.

Depuis longtemps, l'action énergique des hypochlorites sur les matières organiques est connue. Ainsi en solution, ils détruisent principalement les matières colorantes. C'est à cette propriété qu'ils doivent leur vertu blanchissante; ils détruisent en outre la plupart des matières odorantes produites par la putréfaction des corps organiques. A l'état solide, l'hypochlorite calcique exerce une action très-marquée sur les substances organiques, aussi faut-il éviter, dit Soubeiran, de les y adjoindre. M. Hunoux Fontenelle a cité le cas de pilules qui se sont enflammées spontanément quelques instants après leur préparation. Un mélange de sucre et de chlorure de chaux s'échauffe et détone s'il a été enfermé dans un flacon bouché. Enfin, qui ignore encore l'action de l'hypochlorite calcique sur l'alcool?

M. Schoonbroodt, qui connaît tous ces faits, a cherché à utiliser l'action oxydante de ce sel, propriété qu'il doit à la facilité avec laquelle il cède ses deux équivalents d'oxygène pour passer à l'état de simple pour faire chlorure CIO,CaO=CICa + O2, des mélanges en diverses proportions de sucre, de chaux hydratée, d'hypochlorite calcique sec et d'eau, qui lui ont donné artificiellement les acides pectique et malique.

D

Voici comment l'auteur opère: «il a mélangé dans un mortier deux parties de > sucre de canne en poudre avec une partic » de chaux hydratée et environ douze par»ties d'eau ; il y a ajouté ensuite trois par» ties de chlorure de chaux sec et pur, il › a mélangé vivement ces substances dans » le même mortier, à la température or» dinaire. Bientôt il s'est produit une » réaction très-vive avec un dégagement de >> chaleur considérable et d'abondantes va» peurs d'eau, qui ont produit un grand > boursoufflement de la masse. Il a ras» semblé le produit au fond du mortier et il » l'a délayé dans l'eau bouillante. Au bout » de peu de temps, le mélange a formé une » gelée volumineuse, qu'il a reconnue.com» posée de chlorure calcique et d'un sel de > chaux gélatineux qui présente toutes les » propriétés assignées à l'acide pectique. » Ce sel de chaux décomposé par l'acide » chlorhydrique lui a fourni un acide géla» tineux, présentant un aspect gommeux » après évaporation et dessiccation, soluble » dans les alcalis. Sa solution précipite les »sels alcalins terreux et les sels métalli» ques en masses gélatineuses; une ébulli» tion prolongée dans l'eau pure ou de » quelques instants seulement, en pré

» sence d'un excès de base alcaline, l'a >> rendu soluble et transformé en un acide » qui rougissait le tournesol d'une manière » prononcée et qui lui a donné les réactions » de l'acide parapectique.

» L'auteur se rend compte de cette trans>> formation du sucre par l'équation sui

>> vante :

= CH17023

2(C12H1111) + 3(CaO, CIO) +3(CaCl+5HO.

» (Dans cette équation, il a choisi la formule de l'acide parapectique, isomérique » de celle de l'acide pectique, en vue de la » simplifier, puisque les rapports sont les » mêmes). Il a recommencé l'opération, en » doublant la proportion de chlorure de » chaux, employant par conséquent six » parties au lieu de trois, et exécutant de » la même façon: la réaction a été plus » lente à s'effectuer et le produit, beaucoup » moins gélatineux, a pu être filtré au pa» pier. Il a évaporé le liquide filtré jusqu'à > consistance sirupeuse, à une tempéra»ture pcu élevée, il a délayé ce dernier >> produit avec de l'alcool à 89° centési» maux, qui en a séparé une poudre blan» che, présentant les propriétés chimiques » du malate de chaux. Décomposée par > l'acide sulfurique étendu, cette poudre » a produit un liquide d'une acidité pro» noncée, qui, par une évaporation ména» gée, a donné des lamelles ou croûtes » cristallines très-déliquescentes. Les sels » qu'il a préparés avec cet acide sont tous » très-solubles, déliquescents et cristal> lisent difficilement, excepté le sel plom>>bique qui forme de très-petites aiguilles » blanches et brillantes; et le sel ammo>nique avec réaction acide, obtenu par » l'évaporation de cet acide saturé exac» tement par l'ammoniaque liquide, qui a » produit de très-petits cristaux brillants, » qu'il a reconnus à la loupe pour des oc» taèdres réguliers et qui sont tout à fait » semblables à ceux qu'on remarque abon>> damment dans l'extrait de jusquiame »> non déféqué. Cetacide noircit très-promp>>tement quand on le chauffe avec un » acide minéral énergique ou un excès de » base alcaline minérale. Par la chaleur il >> fond facilement, se boursouffle ensuite » considérablement, puis noircit en déga>> geant des vapeurs blanches, acides, pi» quantes, se déposant sur les corps froids >> sous forme de poudre blanche et cris» talline. Ajouté en quantité suffisante à » du chlorure ferrique et à une solution » de sulfate de cuivre, il en a empêché la › précipitation par les alcalis.

La formation de l'acide malique dans

» ces circonstances, dit M. Schoonbroodt, >> est aussi facile à expliquer que celle de >> l'acide pectique C12H11O11+5(CaOCIO)= » 3 (C'H'0'. HO) + 2 HO + 3 Ca Cl. »

Nous venons de vous rapporter la majeure partie du travail de M. Schoonbroodt, et ce n'est là qu'un résumé très-succinct des recherches chimiques auquel il s'est livré.

Il est assez singulier que l'hypochlorite calcique dans la circonstance où le place M. Schoonbroodt et surtout en présence des acides qu'il forme, ne perde que ses deux équivalents d'oxygène et que le chlore reste uni au corps inorganique pour donner naissance à d'autres produits.

Quoi qu'il en soit de nos observations, nous vous proposons d'adresser à M. Schoonbroodt des remercîments pour sa communication en l'engageant à compléter son travail de manière à mettre la Société à même de juger de l'exactitude de ses résultats.

M. VAN DEN CORPUT. En prenant connaissance du travail de M. Schoonbroodt, je me suis demandé si l'auteur n'avait pas confondu l'acide malique avec l'acide saccharique qui se produit par l'oxydation du sucre? Déjà la même erreur avait été commise par Scheele qui avait cru observer la formation de l'acide malique dans l'action de l'acide azotique sur ce produit. Or, l'hypochlorite calcique agit ici de même qu'un oxydant énergique. C'est donc vraisemblablement une erreur analogue qui aura été commise par M. Schoonbroodt et c'est sans doute de l'acide saccharique qu'il aura obtenu, croyant recueillir de l'acide malique.

Quant à l'acide pectique qu'il dit avoir également produit par la transformation du sucre, je me demande aussi si ce ne serait pas plutôt du sucrate de chaux. Cette combinaison présente en effet avec l'eau bouillante une consistance gélatinense ou albuminoïde semblable à celle de l'acide pectique. Or, je ne vois pas que dans son travail M. Schoonbroodt insiste le moins du monde sur les caractères différentiels des acides qu'il croit avoir obtenus et de l'acide saccharique ou du sucrate de chaux. Je ne pense pas même qu'il ait fait mention de ces derniers produits et c'est ce qui me porte surtout à supposer qu'il pourrait y avoir erreur de sa part.

M. LEROY. Les observations que vient de faire M. Van den Corput me paraissent fondées, et je considère le travail qui nous a été présenté comme tout à fait incomplet. La commission n'a pas pu vérifier les faits avancés par l'auteur parce que j'ai été longtemps retenu au jury d'examen, et

ensuite parce qu'il est survenu dans ma famille un événement qui m'a empêché de m'occuper de ce travail comme je l'aurais voulu

M. VAN DEN CORPUT. Théoriquement les réactions établies par M Schoonbroodt ne sont pas impossibles. Mais dans les conditions où il opère, la réaction du chlore de l'hypochlorite sur le sucre a dû nécessairement engendrer de l'acide saccharique et je m'étonne qu'il ne soit rien dit de cette réaction dans le travail soumis à notre discussion, de même que j'ai été surpris que le précédent travail de M. Schoonbroodt n'ait soulevé aucune objection critique, dans l'intérêt même de l'auteur, au sein de l'Académie de médecine.

M. CROCQ. Il me semble résulter de la discussion que le travail de M. Schoonbroodt n'est pas assez étendu pour qu'on sache bien à quoi s'en tenir. Il conviendrait d'inviter l'auteur à fournir un travail plus détaillé, car c'est à lui de donner les éclaircissements et les renseignements nécessaires et non à la commission de répéter ses expériences et ses opérations.

La discussion est close et l'assemblée décide que l'on invitera l'auteur à répéter ses expériences et à compléter son travail.

M. LE PRÉSIDENT. M. le docteur Rieken n'ayant pu se rendre à la séance m'a fait parvenir une petite note relative aux bains à l'hydrofère dont il désire que lecture vous soit donnée. La voici :

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Bains à l'hydrofère. Trois litres et demi pour un bain d'une heure. Expériences physiologiques et observations cliniques, faites à l'hôpital Saint-Louis, par M. Hardy, médecin de cet hôpital, etc. Lettre au corps médical par M. Mathieu (de la Drôme). Tel est le titre d'une brochure qui fait connaître, selon l'expression de M. Gavarret, à l'Académie de médecine de Paris, une nouvelle conquête thérapeutique.

L'inventeur de ce nouveau mode de balnéation (1), M. Mathieu (de la Drôme), a cherché à obvier à l'extrême élévation du prix des bains d'eau minérale, administrés loin de leur lieu d'origine.

Se basant sur ce qu'il n'y a que les molécules aqueuses, immédiatement en contact avec le corps, qui mouillent ou qui agissent thérapeutiquement; qu'une pluie fine et continue, quoique ne consommant que trois à quatre litres d'eau, baigne par conséquent un homme nu aussi complétement qu'un bain général exigeant plusieurs hectolitres, M. Mathieu a été conduit, pour atteindre son but économique, à remplacer (1) Voir notre Cahier de juin 1860, p. 649.

les bains d'eau minérale par une pluie de cette eau et à imaginer l'hydrofère.

L'hydrofère est un appareil poussant un jet d'eau dans une boîte, où se trouve renfermé le malade; ce jet, préalablement pulvérisé par un courant d'air, entretenu au moyen d'une souffleric, s'élève jusqu'au sommet de la boite, puis retombe sur le corps du malade à l'état de poussière humide, de pluie fine.

Mais cette pulvérisation des liquides médicamenteux, que le docteur Sales-Girons avait le premier employée avec succès dans le traitement des affections des voies aériennes, peut-elle remplacer les bains ordinaires; l'affusion, en un mot, peut-elle être substituée à l'immersion?

Un des praticiens les plus éminents de Paris, dont la science fait autorité, a expérimenté ce nouveau système; il résulte des nombreuses expériences de M. le Dr Hardy, consignées dans un mémoire présenté à l'Académie de médecine de Paris, que les effets physiologiques des bains par immersion ou par affusion ne diffèrent point sensiblement, que les bains à l'hydrofère ont constamment produit les meilleurs effets, enfin qu'ils présentent certains avantages tout particuliers.

Ces avantages consistent :

1o En la possibilité d'administrer à trèspeu de frais des bains composés, dans lesquels entrent des substances d'un prix élevé, telles que l'iode, le sulfure de potassium, le mercure ou des essences aromatiques.

2o En ce que les bains de mer et d'eau minérale pourront être administrés en toute saison et en tout licu.

3o En ce que l'eau se renouvelant sans cesse, entraine avec plus de facilité les squammes et les matières étrangères adhérentes à la peau.

4o En ce que les malades peuvent aussi sans inconvénient exposer la tête à l'action du bain, ce qui est un avantage immense dans le traitement des maladies de la face et du cuir chevelu.

N'ayant voulu que brièvement analyser ce livre, je passerai sous silence les observations toutes favorables que M. le docteur Hardy a ajoutées à son mémoire, ainsi que le rapport de M. Gavarret ; cependant, je ne puis terminer ces quelques lignes sans féliciter l'inventeur de sa découverte, car par elle le médecin aura journellement sous la main une puissante arme de plus et le malade, que des motifs pécuniaires ou les affaires privaient de la bienfaisante action des bains minéraux, pourra aujourd'hui en retirer dans bien de cas tous les

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Un dessin lithographié et une table de matières sont annexés à la brochure. Des remerciments sont votés à M. Ricken pour sa communication.

M. DAUMERIE. Je désirerais appeler l'attention de la Société sur ce point-ci. Nous avons eu, depuis quatre ans, pour ainsi dire tous les excès de température atmosphérique. Nous avons eu l'année 1857 extrêmement sèche et chaude, il en fut de même en 1858; l'année 1859 se montra en partie humide et en partie sèche et chaude; l'année 1860. au contraire, se distingua par son humidité et sa température peu élevée. Je désirerais savoir de vous, Messieurs, dans le but de m'instruire, quelles sont les réflexions que ces divers états thermométriques et hygrométriques vous ont suggérées.

La localité où je réside en été est assez humide, elle renferme des marais et plusieurs cours d'eau ; les fièvres intermittentes y ont régné en très-grand nombre dans les années sèches et chaudes de 1857 et 1858 et même de 1859. Ces deux premières années, vous le savez, Messieurs, se sont fait remarquer par une température élevée et l'absence de pluie; les fièvres intermittentes ont sévi, avons-nous dit, d'une manière désolante. Nous avons eu également, avec cette condition atmosphérique, des affections gastriques et intestinales, des dyssenteries, des diarrhées intenses; durant cette année, au contraire (1860), qui est froide et humide, nous n'avons rencontré ni fièvres intermittentes ni affections intestinales; nous n'avons eu, en un mot, aucune maladie épidémique. Jamais peutêtre depuis plus de cent ans, notre état sanitaire n'a été aussi satisfaisant.

Vous me demanderez peut-être, Messieurs, à quoi nous sert-il de connaître l'influence que l'état de l'atmosphère exerce sur les maladies. Il me semble que cette connaissance peut éclairer et diriger le praticien dans une foule de circonstances. Par exemple, quelques-uns ont prétendu qu'il y avait antagonisme entre la fièvre intermittente, la fièvre typhoïde et la phthisie pulmonaire. Si l'observation et l'expérience établissaient qu'il y eût quelque chose de vrai et de fondé dans cette allégation, au lieu d'envoyer les phthisiques dans les pays chauds, dans le Midi de la France, etc., on ferait peut-être aussi bien de les faire séjourner dans des localités où la température est fraîche et humide.

Il serait curieux de savoir quel effet ces températures opposées ont déterminé dans

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les contrées montagneuses des environs de Liége, de Namur, de Spa. Si la température humide et froide est propre à produire, comme certains le soutiennent, la phthisie pulmonaire, il me semble que l'on aurait dû voir pendant les années de sécheresse et de chaleur cette maladie régner avec moins de fréquence et d'intensité, et l'année 1860, au contraire, où la température a été basse et l'atmosphère imprégnée d'eau, la maladie aurait dû y faire des ravages effrayants. Des renseignements dignes de foi pourraient nous procurer des données fort utiles. Il est impossible que ces températures excessives et opposées aient été indifférentes au corps de l'homme, car nous voyons qu'elles ont agi sur le règne végétal d'une manière excessivement marquée. Par exemple, cette année-ci, nous n'avons aucun fruit bien savoureux, les noix ne se sont pas développées, leur enveloppe ligneuse même ne s'est pas formée; les pommes sont aqueuses et manquent de principe sucré et acide; il en est de même des pêches, des betteraves, des navets, des carottes, rien ne s'est développé, la végétation a langui pour ainsi dire dans tous les végétaux en général. Si on excepte les graminées, tels que froment, seigle, avoine, etc., tous les autres produits du règne végétal ont considérablement souffert.

Il y a deux ans, j'ai attiré l'attention de la Société centrale d'agriculture sur l'état de la température sèche et chaude au point de vue de l'action qu'elle exerce sur les plantes; aujourd'hui je m'adresse à un corps médical dont la science vaste et spéciale pourra me fixer sur certaines causes propres à écarter ou à amener des maladies.

M. LEROY. M. Daumerie vient de nous montrer l'influence que pouvait exercer la température froide de l'été sur les végétaux, mais il y a une remarque qu'il n'a peutêtre pas faîte relativement à la betterave; c'est que si les betteraves ont été, cette année, d'un faible rendement en racines, elles ont beaucoup produit en sucre, malgré les pluies nombreuses de cet été.

M. DAUMERIE. Je crois avoir vu le contraire.

M. LE PRÉSIDENT. Les rapports publiés jusqu'à ce jour sur le rendement des betteraves en sucre confirment entièrement l'assertion de M. Leroy.

M. PIGEOLET. C'est le contraire pour les fruits, ils sont volumineux, très-abondants, mais ne contiennent pas de matière sucrée; ils sont fades.

M. CROCQ. Messieurs, je vais tàcher de répondre au moins en partie aux considé-rations qu'a fait valoir M. Daumerie. En

effet, la statistique des maladies, au point de vue de leur existence à certaines époques de l'année, est un point des plus importants. Je pense que personne ne peut révoquer cela en doute.

Je vais, pour autant que mes souvenirs me le permettront, vous rendre compte des observations que j'ai faites en 1859 et en 1860.

En 1859, ce qui m'a frappé principalement, c'est la fréquence plus grande de la fièvre typhoïde. Pendant toute cette année j'en ai constamment eu à traiter en nombre plus considérable qu'habituellement. De plus, vers l'automne de 1859, sont survenues des affections intestinales nombreuses, des entérites intenses et même quelques cas de dyssenterie.

Au commencement de 1860, en janvier, février et mars, nous avons eu simultanément la fièvre typhoïde, la pneumonie, les fièvres intermittentes. La pneumonie, d'après ce que j'ai vu à l'hôpital, doit être considérée comme ayant régné épidémiquement à cette époque; presque tous les jours il y entrait des pneumoniques. C'est vers la fin de cette épidémie, que notre regrettable bourgmestre, Charles de Brouckere, a contracté la pleuro-pneumonie qui l'a emporté dans la tombe. La fièvre intermittente régnait vers la même époque et, en même temps, nous avons eu des cas de fièvres typhoïdes beaucoup plus nombreux que d'habitude. La fièvre typhoïde et la fièvre intermittente régnaient simultanément avec une égale intensité; il n'y avait donc pas incompatibilité entre ces deux affections. En même temps aussi on rencontrait chez les enfants l'angine couenneuse. Quant au restant de l'année 1860, à partir de la fin d'avril et du commencement de mai, il y a eu très-peu de malades. A partir de la fin du printemps, cette année s'est distinguée par le nombre relativement fort peu considérable de maladies; toutes celles qui survenaient étaient accidentelles et aucune n'acquit le caractère d'affection régnante. Il y a moins de fièvres typhoïdes que d'ordinaire et, de même qu'en 1859, la moyenne de ces maladies s'est élevée, elle a baissé en 1860; elle est constamment restée audessous du chiffre habituel; on peut même dire qu'elle ne s'est rencontrée qu'exceptionnellement en 1860. Ceci est tellement vrai que nous nous sommes quelquefois trouvé à l'hôpital sans aucun cas de fièvre typhoïde, ce qui n'arrive presque jamais.

eu

La température mauvaise, détestable de l'année 1860, cette température si défavorable au règue végétal, et qui a mani

festé particulièrement son action sur les fruits, n'a donc exercé aucune action funeste sur l'économie humaine. Au contraire, cette influence a paru favorable, et

nous

avons échappé aux entérites, aux dyssenteries, que nous avons ordinairement à l'arrière-saison.

Voilà ce que ma mémoire me rappelle relativement à ces faits.

J'ajouterai encore un mot relativement à l'incompatibilité de la phthisie pulmonaire et de la fièvre intermittente.

Il y a certains endroits où la fièvre intermittente règne et où la phthisie pulmonaire existe en petite proportion. Ainsi, il paraît qu'en général sur les bords de la mer la phthisie pulmonaire est moins répandue qu'ailleurs; mais peut-on conclure que là, dans les endroits avoisinant la mer, où règnent les fièvres intermittentes, il y ait peu de poitrinaires? Est-ce à dire que la fièvre intermittente soit réellement l'antagoniste de la phthisie pulmonaire? Pas le moins du monde. Il est une chose qui m'a frappé : j'ai été très-souvent consulté par des personnes d'Anvers ou des environs de cette ville où la fièvre règne avec le plus d'intensité ; ces personnes étaient atteintes de phthisie pulmonaire bien avancée et bien caractérisée. Je dois en conclure que la phthisie doit être très-commune dans cette contrée où d'autre part la fièvre intermittente est endémique et sévit d'une manière presque continue. Ce fait ne vient pas à l'appui de l'incompatibilité signalée entre ces deux maladies.

M. PARIGOT. Dans les zones équatoriales il n'y a pas de pays mieux disposés aux fièvres intermittentes que ceux où se trouvent des marais; on sait que les émanations des marais salés font éclore, dans certaines circonstances, le typhus ictérode. Eh bien, là il y a des masses de phthisiques, les nègres sont très-souvent tuberculeux, et cependant en Afrique, dans les localités où se fait la traite, la fièvre intermittente pernicieuse y est tellement rapide, qu'un individu non acclimaté peut y être tué en deux ou trois jours s'il commet quelque imprudence.

M. VAN DEN CORPUT. Tous les praticiens ont constaté le nombre relativement peu élevé de maladies, telles que fièvres typhoïdes, fièvres intermittentes, dyssenteries, etc., qui ont régné cette année. Or, il est à remarquer que ces affections ont toutes cela de commun qu'elles résultent d'une intoxication spécifique de l'économie par des émanations telluriques, des miasmes, dont on n'a pu encore constater la nature, il est vrai, mais dont l'influence est

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